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La mort de Diakos, chant grec et traduction de Claude Fauriel

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Année

Athanassios Diakos est un héros de la guerre d'indépendance grecque. Il entre dans les ordres dès l’âge de 12 ansmais ayant tué un Turc au cours d’une dispute, il part dans les montagnes rejoindre les Grecs en liberté, les fameux kleftes. Dans son recueil de « Chants populaires de la Grèce moderne », Claude Fauriel rapporte un de ces poèmes populaires qui ont perduré la mémoire des exploits de Diakos contre les Turcs et de sa mort tragique.

La mort de Diakos

Argument

Voici une pièce où le mérite poétique de l'exécution se trouve réuni à l'intérêt bien supérieur encore du sujet. Ici du moins le poète populaire ne sera pas le seul historien de son héros ; et lorsque, comme tant d'autres , cette franche et naïve inspiration de la Muse nationale de la Grèce moderne, tombera dans l'oubli, le fait et l'homme auxquels elle est consacrée ne seront pas entraînés dans cet oubli. L'Europe entière aura appris auparavant le nom de Diakos ; elle saura que Diakos fut, dans la lutte actuelle de la Grèce, le premier brave qui secoua le joug des Turks, le premier qui combattit pour l'indépendance de la terre natale , le premier qui mourut pour elle.

Diakos était un ancien Klephte ou Armatole de la Livadie, très-renommé pour sa bravoure, pour la noble loyauté de son caractère, et même pour l'étonnante beauté de sa personne. Lorsque Odyssée fut envoyé par Ali pacha en Livadie, en qualité de commandant militaire ou de chef d'Armatoles, Diakos fut désigné pour son lieutenant, ou commandant en second, se leva bientôt entre les deux braves un démêlé sérieux , dans lequel Odyssée, qui n'était alors que le capitaine d'Ali pacha, n'eut pas l'avantage. Heureusement pour la Grèce, ces débats durèrent peu ; et les deux héros unis par les mêmes sentiments et par le même intérêt, se trouvèrent prêts d'avance à combattre pour la même cause.

En 1820, Odyssée ayant été obligé de se rendre à Iannina auprès d'Ali pacha, qui avait à se défendre contre l'armée turke, Diakos se réfugia dans les montagnes , et se trouva, en son absence, le seul commandant militaire de la Livadie, avec toute l'influence que lui assuraient sa probité et son courage. Durant toute l'année 1820, il se tint tranquille, et se contenta d'attendre les événements et l'issue douteuse encore du siège de Iannina, dont la conduite venait d'être confiée à Khourchid, pacha de la Morée. Ce fut au milieu des difficultés et des incertitudes de ce siège fameux, que les Souliotes, réconciliés avec Ali pacha, recouvrèrent la possession des montagnes dont ils avaient été chassés , il y avait seize ans ; et levèrent les premiers , contre la Porte, l'étendard de l'indépendance. Presque au même instant, Diakos stimulé par des instigations téméraires, proclamait, de son côté , la liberté grecque, en Livadie, et donnait à la Morée l'exemple et le signal de l'insurrection. Tous ces mouvements coïncidaient avec ceux de la Valachie et de la Moldavie ; et ils éclataient tous si à propos pour Ali pacha, alors serré de près dans sa forteresse de Iannina, qu'ils avaient l'air d'être suscités par lui.

Khourchid pacha pensa qu'en envoyant de suite des troupes dans les parties insurgées de la Grèce, il ferait aussitôt rentrer ce pays dans l'obéissance, et préviendrait , par-là , de nouveaux troubles. En conséquence, il détacha du siège de Iannina huit ou dix mille hommes, avec lesquels il ordonna à Omer Vrionis de se porter en Morée pour y réprimer la sédition, et de châtier, en passant, les Livadiens et Diakos.

Informé de la marche d'Omer Vrionis, Diakos se prépara à la défense, et leva, dans le pays, quelques troupes dont il renforça sa bande d'Armatoles. A la tête de cette petite armée, il alla occuper le pont d'Alamanna sur le Sperchius, poste naturellement avantageux, et de plus fortifié par quelques mauvais ouvrages réputés redoutables par les Turks. A peine Diakos s'était-il établi dans ce poste, qu'il y fut attaqué par Omer Vrionis ; mais les milices qu'il commandait, n'ayant aucune idée de la guerre, et épouvantées de l'énorme disproportion de leur nombre avec celui des Turks, lâchèrent pied au premier feu. Diakos resta seul au milieu des ennemis, avec une vingtaine de ses Pallikares , et le reste se passa comme le raconte la chanson.

J'ai eu deux copies de cette pièce, dont je dois l'une aux soins d'un Grec dont l'amitié m'est chère, et qui l'a prise sur les lieux mêmes où la pièce a été composée: j'ai choisi dans chacune de ces deux copies les leçons qui m'ont paru les meilleures.

Ο ΘΑΝΑΤΟΣ ΤΟΥ ΔΙΑΚΟΥ

Πολλή μαυρύλλα πλάκωσε, μαύρη σαν καλιακούδα:
Κ΄αν ο Καλύβας έρχεται, καν ο Λεβεντοϊάννης,
Ουδ΄ο Καλύβας έρχεται, ουδ΄ο Λεβεντοϊαννης:
Ομέρ Βριόνης πλάκωσε με δεκοχτώ χιλιάδαις.
Ο Διάκος σαν τ΄αγροίκησε, πολύ του κακοφάνη:
Ψηλήν φωνήν εσήκωσε, τον πρώτον του φωνάζει:
“Το στράτευμά μου σύναξε, μάσε τα παλληκάρια.
“Δος τους μπαρούτην περισσήν, και βόλια με ταις φούχταις.
“Γλίγωρα: και να πιάσωμεν κάτω ΄σ΄την Αλαμάνναν,
“Όπου ταμπόρια δυνατά έχει και μετερίζια.” -
Επήραν τ΄αλαφρά σπαθιά και τα βαρεά τουφέκια,
΄Σ΄την Αλαμάνναν έφθασαν, κ΄έπιασαν τα ταμπόρια:
“Καρδιά, παιδιά μου, φώναξε, παιδιά, μη φοβηθήτε:
“Ανδρεία, ωσάν Έλληνες, ωσάν Γραικοί, σταθήτε.” -
Εκείνοι εφοβήθηκαν, κ΄εσκόρπισαν΄σ τους λόγκους.
Έμειν΄ο Διάκος ΄σ την φωτιάν με δεκοχτώ λεβένταις.
Τρεις ώραις επολέμαε με δεκοχτώ χιλιάδαις.
Σχίσθηκε το τουφέκι του, κ΄άγίνηκε κομμάτια.
Και το σπαθί του έσυρε, και στην φωτιάν εμβήκεν.
Έκοψε Τούρκους άπειρους κ΄εφτά μπουλούκμπασάδαις.
Πλην το σπαθί του έσπασεν απάν΄ από την χούφταν,
Κ΄έπεσ΄ ο Διάκος ζωντανός εις των εχθρών τα χέρια.
Χίλιοι τον πήραν απ΄εμπρός και δυό χιλιάδες πίσω.
Κ΄ Ομέρ Βριόνης μυστικά ΄σ τον δρόμον τον ερώτα
“Γένεσαι Τούρκος, Διάκο μου, την πίστιν σου ν΄αλλάξης;” -
“Να προσκυνάς εις το τσαμί, την εκκλησιάν ν΄αφήσης;” -
Κ΄εκείνος τ΄απεκρίθηκε, και με θυμόν του λέγει:
“Πάτε, κ΄εσείς κ΄η πίστις σας, μουρτάτες, να χαθήτε.
“Εγώ Φραικός γεννήθηκα, Γραικός θελ΄απαιθάνω.
“Αν θέλετε χίλια φλωριά και χίλιους μαχμουτιέδαις,
“Μόνον πέντ΄έξη ημερών ζωήν να μου χαρίστε,
“Όσον να φθάσ΄ ο Οδυσσεύς και ο Θανάσης Βάϊας.” -
Σαν τ΄ άκουσ΄ο Χαλίλμπεης, με δάκρυα φωνάζει:
“Χίλια πουγγιά σας δίνω΄ γω, κ΄ ακόμα πεντακόσια,
“Τον Διάκον να χαλάσετε, τον φοβερόν τον κλέφτην:
“Ότι θα σβύση την Τουρκιάν και όλον το Δεβλέτι.” -
Τον Διάκον τότε πήρανε, και σ΄ το σουβλί τον βάλαν:
Ολόρθον τον εστήσανε, κ΄ αυτός χαμογελούσε.
Την πίστιν τους τους ύβριζε, τους έλεγε μουρτάταις:
“Εμέν΄ αν εσουβλίσετε, ένας Γραικός εχάθη:
“Ας ην΄ καλά ο Οδυσσεύς κ΄ ο καπιτάν Νικήτας.
“Αυτοί θα κάψουν την Τουρκιάν κ΄όλον σας το Δεβλέτι.”

LA MORT DE DIAKOS

Une grosse nuée de combattants s'avance; noire comme (une nuée de) corbeaux.
- «Est-ce Kalyvas qui arrive ? est-ce Leventoïannis ? »
- « Ce n'est point Kalyvas qui arrive; ce n'est point Leventoïannis
- C'est Orner-Vrionis qui fond (sur les Grecs), avec dix-huit mille Turks.»
- Aussitôt que Diakos l'apprend, il en est en grand souci;
- il élève fortement la voix, il dit à son lieutenant :
- «Rassemble mon armée, réunis mes braves;
- donne-leur de la poudre en abondance, des balles à poignées.
- Vite! allons nous poster là-bas, dans Alamanna,
- où il y a de forts retranchements, où il y a des abris. »
- Ils prirent leurs sabres légers, (ils prirent) leurs pesants mousquets,
- s'en allèrent à Alamanna, et occupèrent les retranchements.
- « Courage, mes enfants, s'écrie Diakos ; ( mes ) enfants, n'ayez point peur :
- soyez vaillants comme des Hellènes; tenez ferme comme des Grecs.»
- Ils eurent peur; ils se dispersèrent dans les bois ;
- et Diakos resta dans le feu avec dix-huit braves :
- il combattit trois heures contre dix-huit mille.
- Son fusil éclata et se mit en pièces;
- il tira son sabre, s'élança dans le feu,
- tua des Turks sans nombre, et sept bouloukbachis.
- Mais son sabre se brisa par le haut, par la poignée,
- et Diakos tomba vivant entre les mains des ennemis.
- Mille le tenaient par-devant deux mille par-derrière;
- et Omer Vrionis le questionne secrètement en chemin:
- « Veux-tu te faire turk, Diakos? Veux-tu changer de croyance?
- Abandonner l'église, et adorer (Dieu) dans la mosquée? »
- et Diakos lui répond; il lui dit avec colère:
« Laissez-moi, vous et votre religion; Turks impurs, puissiez-vous périr!
- Je suis né Grec, et Grec je veux mourir.
- Mais si vous voulez mille pièces d'or et mille makhmoutis (je vous les donne),
- pour me laisser la vie seulement quatre ou cinq jours,
- jusqu'à ce que vienne Odyssée au Athanase-Vaias. »
- Khalil-bey, dès qu'il entendit ces paroles, est dit en pleurant :
- « Et moi, je vous donne mille bourses, et cinq cents en sus,
- pour que vous fassiez périr Diakos, c'est terrible Klephte :
- il détruira les Turks, et tout leur pouvoir. »
- Ils prirent alors Diakos et le mirent au pal ;
- ils le levèrent tout droit, et lui souriait :
- il insultait à leur croyance, il les nommait impurs :
- « Si vous m'avez empalé, ce n'est qu'un Grec de mort.
- Que le capitaine Odyssée, que le capitaine et Nikitas soient saufs ;
-et ils extermineront la Turquie, et tout votre pouvoir ! »

La mort de Diakos

Argument

Voici une pièce où le mérite poétique de l'exécution se trouve réuni à l'intérêt bien supérieur encore du sujet. Ici du moins le poète populaire ne sera pas le seul historien de son héros ; et lorsque, comme tant d'autres , cette franche et naïve inspiration de la Muse nationale de la Grèce moderne, tombera dans l'oubli, le fait et l'homme auxquels elle est consacrée ne seront pas entraînés dans cet oubli. L'Europe entière aura appris auparavant le nom de Diakos ; elle saura que Diakos fut, dans la lutte actuelle de la Grèce, le premier brave qui secoua le joug des Turks, le premier qui combattit pour l'indépendance de la terre natale , le premier qui mourut pour elle.

Diakos était un ancien Klephte ou Armatole de la Livadie, très-renommé pour sa bravoure, pour la noble loyauté de son caractère, et même pour l'étonnante beauté de sa personne. Lorsque Odyssée fut envoyé par Ali pacha en Livadie, en qualité de commandant militaire ou de chef d'Armatoles, Diakos fut désigné pour son lieutenant, ou commandant en second, se leva bientôt entre les deux braves un démêlé sérieux , dans lequel Odyssée, qui n'était alors que le capitaine d'Ali pacha, n'eut pas l'avantage. Heureusement pour la Grèce, ces débats durèrent peu ; et les deux héros unis par les mêmes sentiments et par le même intérêt, se trouvèrent prêts d'avance à combattre pour la même cause.

En 1820, Odyssée ayant été obligé de se rendre à Iannina auprès d'Ali pacha, qui avait à se défendre contre l'armée turke, Diakos se réfugia dans les montagnes , et se trouva, en son absence, le seul commandant militaire de la Livadie, avec toute l'influence que lui assuraient sa probité et son courage. Durant toute l'année 1820, il se tint tranquille, et se contenta d'attendre les événements et l'issue douteuse encore du siège de Iannina, dont la conduite venait d'être confiée à Khourchid, pacha de la Morée. Ce fut au milieu des difficultés et des incertitudes de ce siège fameux, que les Souliotes, réconciliés avec Ali pacha, recouvrèrent la possession des montagnes dont ils avaient été chassés , il y avait seize ans ; et levèrent les premiers , contre la Porte, l'étendard de l'indépendance. Presque au même instant, Diakos stimulé par des instigations téméraires, proclamait, de son côté , la liberté grecque, en Livadie, et donnait à la Morée l'exemple et le signal de l'insurrection. Tous ces mouvements coïncidaient avec ceux de la Valachie et de la Moldavie ; et ils éclataient tous si à propos pour Ali pacha, alors serré de près dans sa forteresse de Iannina, qu'ils avaient l'air d'être suscités par lui.

Khourchid pacha pensa qu'en envoyant de suite des troupes dans les parties insurgées de la Grèce, il ferait aussitôt rentrer ce pays dans l'obéissance, et préviendrait , par-là , de nouveaux troubles. En conséquence, il détacha du siège de Iannina huit ou dix mille hommes, avec lesquels il ordonna à Omer Vrionis de se porter en Morée pour y réprimer la sédition, et de châtier, en passant, les Livadiens et Diakos.

Informé de la marche d'Omer Vrionis, Diakos se prépara à la défense, et leva, dans le pays, quelques troupes dont il renforça sa bande d'Armatoles. A la tête de cette petite armée, il alla occuper le pont d'Alamanna sur le Sperchius, poste naturellement avantageux, et de plus fortifié par quelques mauvais ouvrages réputés redoutables par les Turks. A peine Diakos s'était-il établi dans ce poste, qu'il y fut attaqué par Omer Vrionis ; mais les milices qu'il commandait, n'ayant aucune idée de la guerre, et épouvantées de l'énorme disproportion de leur nombre avec celui des Turks, lâchèrent pied au premier feu. Diakos resta seul au milieu des ennemis, avec une vingtaine de ses Pallikares , et le reste se passa comme le raconte la chanson.

J'ai eu deux copies de cette pièce, dont je dois l'une aux soins d'un Grec dont l'amitié m'est chère, et qui l'a prise sur les lieux mêmes où la pièce a été composée: j'ai choisi dans chacune de ces deux copies les leçons qui m'ont paru les meilleures.

Ο ΘΑΝΑΤΟΣ ΤΟΥ ΔΙΑΚΟΥ

Πολλή μαυρύλλα πλάκωσε, μαύρη σαν καλιακούδα:
Κ΄αν ο Καλύβας έρχεται, καν ο Λεβεντοϊάννης,
Ουδ΄ο Καλύβας έρχεται, ουδ΄ο Λεβεντοϊαννης:
Ομέρ Βριόνης πλάκωσε με δεκοχτώ χιλιάδαις.
Ο Διάκος σαν τ΄αγροίκησε, πολύ του κακοφάνη:
Ψηλήν φωνήν εσήκωσε, τον πρώτον του φωνάζει:
“Το στράτευμά μου σύναξε, μάσε τα παλληκάρια.
“Δος τους μπαρούτην περισσήν, και βόλια με ταις φούχταις.
“Γλίγωρα: και να πιάσωμεν κάτω ΄σ΄την Αλαμάνναν,
“Όπου ταμπόρια δυνατά έχει και μετερίζια.” -
Επήραν τ΄αλαφρά σπαθιά και τα βαρεά τουφέκια,
΄Σ΄την Αλαμάνναν έφθασαν, κ΄έπιασαν τα ταμπόρια:
“Καρδιά, παιδιά μου, φώναξε, παιδιά, μη φοβηθήτε:
“Ανδρεία, ωσάν Έλληνες, ωσάν Γραικοί, σταθήτε.” -
Εκείνοι εφοβήθηκαν, κ΄εσκόρπισαν΄σ τους λόγκους.
Έμειν΄ο Διάκος ΄σ την φωτιάν με δεκοχτώ λεβένταις.
Τρεις ώραις επολέμαε με δεκοχτώ χιλιάδαις.
Σχίσθηκε το τουφέκι του, κ΄άγίνηκε κομμάτια.
Και το σπαθί του έσυρε, και στην φωτιάν εμβήκεν.
Έκοψε Τούρκους άπειρους κ΄εφτά μπουλούκμπασάδαις.
Πλην το σπαθί του έσπασεν απάν΄ από την χούφταν,
Κ΄έπεσ΄ ο Διάκος ζωντανός εις των εχθρών τα χέρια.
Χίλιοι τον πήραν απ΄εμπρός και δυό χιλιάδες πίσω.
Κ΄ Ομέρ Βριόνης μυστικά ΄σ τον δρόμον τον ερώτα
“Γένεσαι Τούρκος, Διάκο μου, την πίστιν σου ν΄αλλάξης;” -
“Να προσκυνάς εις το τσαμί, την εκκλησιάν ν΄αφήσης;” -
Κ΄εκείνος τ΄απεκρίθηκε, και με θυμόν του λέγει:
“Πάτε, κ΄εσείς κ΄η πίστις σας, μουρτάτες, να χαθήτε.
“Εγώ Φραικός γεννήθηκα, Γραικός θελ΄απαιθάνω.
“Αν θέλετε χίλια φλωριά και χίλιους μαχμουτιέδαις,
“Μόνον πέντ΄έξη ημερών ζωήν να μου χαρίστε,
“Όσον να φθάσ΄ ο Οδυσσεύς και ο Θανάσης Βάϊας.” -
Σαν τ΄ άκουσ΄ο Χαλίλμπεης, με δάκρυα φωνάζει:
“Χίλια πουγγιά σας δίνω΄ γω, κ΄ ακόμα πεντακόσια,
“Τον Διάκον να χαλάσετε, τον φοβερόν τον κλέφτην:
“Ότι θα σβύση την Τουρκιάν και όλον το Δεβλέτι.” -
Τον Διάκον τότε πήρανε, και σ΄ το σουβλί τον βάλαν:
Ολόρθον τον εστήσανε, κ΄ αυτός χαμογελούσε.
Την πίστιν τους τους ύβριζε, τους έλεγε μουρτάταις:
“Εμέν΄ αν εσουβλίσετε, ένας Γραικός εχάθη:
“Ας ην΄ καλά ο Οδυσσεύς κ΄ ο καπιτάν Νικήτας.
“Αυτοί θα κάψουν την Τουρκιάν κ΄όλον σας το Δεβλέτι.”

LA MORT DE DIAKOS

Une grosse nuée de combattants s'avance; noire comme (une nuée de) corbeaux.
- «Est-ce Kalyvas qui arrive ? est-ce Leventoïannis ? »
- « Ce n'est point Kalyvas qui arrive; ce n'est point Leventoïannis
- C'est Orner-Vrionis qui fond (sur les Grecs), avec dix-huit mille Turks.»
- Aussitôt que Diakos l'apprend, il en est en grand souci;
- il élève fortement la voix, il dit à son lieutenant :
- «Rassemble mon armée, réunis mes braves;
- donne-leur de la poudre en abondance, des balles à poignées.
- Vite! allons nous poster là-bas, dans Alamanna,
- où il y a de forts retranchements, où il y a des abris. »
- Ils prirent leurs sabres légers, (ils prirent) leurs pesants mousquets,
- s'en allèrent à Alamanna, et occupèrent les retranchements.
- « Courage, mes enfants, s'écrie Diakos ; ( mes ) enfants, n'ayez point peur :
- soyez vaillants comme des Hellènes; tenez ferme comme des Grecs.»
- Ils eurent peur; ils se dispersèrent dans les bois ;
- et Diakos resta dans le feu avec dix-huit braves :
- il combattit trois heures contre dix-huit mille.
- Son fusil éclata et se mit en pièces;
- il tira son sabre, s'élança dans le feu,
- tua des Turks sans nombre, et sept bouloukbachis.
- Mais son sabre se brisa par le haut, par la poignée,
- et Diakos tomba vivant entre les mains des ennemis.
- Mille le tenaient par-devant deux mille par-derrière;
- et Omer Vrionis le questionne secrètement en chemin:
- « Veux-tu te faire turk, Diakos? Veux-tu changer de croyance?
- Abandonner l'église, et adorer (Dieu) dans la mosquée? »
- et Diakos lui répond; il lui dit avec colère:
« Laissez-moi, vous et votre religion; Turks impurs, puissiez-vous périr!
- Je suis né Grec, et Grec je veux mourir.
- Mais si vous voulez mille pièces d'or et mille makhmoutis (je vous les donne),
- pour me laisser la vie seulement quatre ou cinq jours,
- jusqu'à ce que vienne Odyssée au Athanase-Vaias. »
- Khalil-bey, dès qu'il entendit ces paroles, est dit en pleurant :
- « Et moi, je vous donne mille bourses, et cinq cents en sus,
- pour que vous fassiez périr Diakos, c'est terrible Klephte :
- il détruira les Turks, et tout leur pouvoir. »
- Ils prirent alors Diakos et le mirent au pal ;
- ils le levèrent tout droit, et lui souriait :
- il insultait à leur croyance, il les nommait impurs :
- « Si vous m'avez empalé, ce n'est qu'un Grec de mort.
- Que le capitaine Odyssée, que le capitaine et Nikitas soient saufs ;
-et ils extermineront la Turquie, et tout votre pouvoir ! »

Athanassios Diakos (Αθανάσιος Διάκος) (1788–1821) est un héros de la guerre d'indépendance grecque. Il entre dans les ordres dès l’âge de 12 ans d’où son surnom (Διάκος qui signifie diacre). Ayant tué un Turc au cours d’une dispute, il part dans les montagnes rejoindre les Grecs en liberté, les fameux kleftes, les « voleurs », ainsi appelés du fait de leurs descentes chez les riches des pleines et des pillages des propriétés des Turcs où ils s’approvisionnaient du nécessaire de leur vie en montagne. Les exploits d’Athanassios Diakos contre les Turcs et sa mort tragique – embroché et brulé par les Turcs après une bataille perdue – ont donné lieu à plusieurs légendes et chants populaires et c’est un de ces chants-là que Claude Fauriel rapporte dans son recueil de « Chants populaires de la Grèce moderne ».

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