Héros d'Ithaque, Ulysse était, paraît-il, heureux d'avoir fait un long périple. La cuisine grecque, en revanche, n'a jamais vraiment bien voyagé. À Paris, son odyssée vire carrément pathétique. Des feuilles de vigne coriaces à la mâche, des moussakas lâchées comme de vieilles Spontex et ces vins résinés qui semblaient n'avoir d'utilité qu'à déboucher les tuyauteries encombrées par ce qu'on n'avait précédemment pas pu avaler. À part cela?
Une triste postérité de kebab baptisé «grec» alors même qu'il est turc et un quartier dédié, La Huchette, dont la réputation a longtemps consisté à racoler le passant en lui promettant le loisir de briser son assiette (on comprend pourquoi) sur de lamentables sirtakis. Bref, une cuisine qui n'avait de talent qu'à faire le trottoir. Comme quoi, sur ce coup, rien n'était mieux avant. Avant qu'une jeune génération portée par les nouveaux soleils, motivée par le sursaut transalpin, l'hyper ibère, l'éveil israélien comme le réveil levantin, se démène à révéler…