Le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, Olli Rehn, a souligné lundi à Athènes que "le moment est crucial" pour la Grèce, exhortant toutes les forces politiques du pays et les citoyens à soutenir les mesures annoncées par le gouvernement et assurant que l'UE a les moyens de soutenir la Grèce à condition que les mesures qui seront prises reçoivent l'approbation de la Commission européenne.
"Toutes les forces politiques et les citoyens doivent soutenir les mesures", a estimé M. Rehn, tranchant que de son côté la Commission européenne soutient pleinement la Grèce pour qu'elle surmonte les difficultés, se félicitant de ce fait d'avoir pu constater une forte détermination de la part du gouvernement grec pour mettre de l'ordre dans les affaires budgétaires.
"Cette situation qui existe avec la dette publique ne peut perdurer, et il n'y a rien de plus anti-social que le fait que les finances publiques soient dans cet état", a expliqué M. Rehn, ajoutant que "les mesures qui doivent être prises pour réduire le déficit de 4% ne doivent pas être prises simplement pour faire plaisir à la Commission européenne ou à la Banque centrale européenne ou à tout autre, mais parce qu'elles doivent être prises".
Répondant à une série de question, M. Rehn a soutenu entre autres qu'il faudra des mesures supplémentaires pour la réduction du déficit et que ces mesures ont été discutées avec les représentants du gouvernement grec, faisant valoir qu'il faut bien poser les priorités dans les finances publiques et que l'accent devra être mis sur le volet des dépenses.
Par ailleurs, M. Rehn a confirmé que le gouvernement grec n'a pas demandé de soutien économique et affirmé que la zone euro est décidée à entreprendre une action coordonnée pour sa stabilité, explicitant qu'il revient au gouvernement grec d'annoncer les mesures et rappelé que la Grèce soumettra le 15 mars à Bruxelles son rapport sur les mesures et leur efficacité, alors qu'une évaluation d'ensemble est attendue en mai. "Aucun pays de la zone Euro ne peut vivre au dessus de ses moyens", a-t-il averti.
Interrogé sur des rumeurs faisant état de pressions de la Commission européenne pour la suppression du 14e salaire, M. Rehn a dit avoir discuté avec le gouvernement grec diverses mesures et proposé, à ce titre, une baisse des coûts salariaux, tout en précisant bien toutefois qu'il revient exclusivement au gouvernement grec de décider quelles mesures il doit prendre pour atteindre l'objectif visé.
"Que les marchés soient certains que la Grèce pourra réussir ses objectifs de réduction du déficit si le plan du gouvernement et les mesures supplémentaires sont approuvées par la Commission européenne, le Fonds monétaire international et la Banque centrale européenne", a encore relevé M. Rehn dans une allusion aux jeux spéculatifs sur les marchés, alors qu'interrogé si la Commission a l'intention de garantir les émissions d'obligations grecques, il a réitéré que la zone Euro est prête à créer un cadre de coordination pour la stabilité économique en Europe.
A l'issue de son entretien avec le commissaire européen, le ministre des Finances, Georges Papaconstantinou, a déclaré que le gouvernement fera ce qui est nécessaire, y compris adopter de nouvelles mesures, pour la réussite du Programme de stabilité et de croissance, dont l'objectif est une réduction du déficit public de 4% en 2010.
Cet effort n'est pas facile, a reconnu M. Rehn, mais la Commission européenne continuera à soutenir les autorités grecques pour remettre l'économie sur la bonne voie, ce qui est en faveur de tous les Grecs.
Les mesures préconisées par la Commission, du moins telles qu'elles auront été acceptées par le gouvernement de Georges Papandréou, seront annoncées, selon toute probabilité, mercredi à l'issue du Conseil des ministres.
De son côté, le président de l'ADEDY (centrale syndicale des fonctionnaires), Spyros Papaspyros, a annoncé des nouvelles mobilisations contre notamment la suppression du 14e mois de salaire, "une initiative qui serait perçue comme un casus belli pour les syndicats", a-t-il dit à l'occasion d'un entretien avec le chef de la ND Antonis Samaras (conservateurs, principal parti de l'opposition).
M. Samaras, a été très critique sur la politique salariale du gouvernement, dénonçant que le gouvernement rend responsables, à la fois le précédent gouvernement, la Commission européenne, les spéculateurs et les agences de notation. "Le gouvernement n'est responsable en rien", a-t-il dit, pour enchaîner que "cinq mois durant, les seules mesures prises vont dans le sens d'une hausse des impôts indirects", toutes les autres mesures annoncées étant remises à plus tard".
Par ailleurs, les recettes du fisc seront fermées les 8-9 avril, les employés du fisc ayant annoncé, lors d'une réunion extraordinaire lundi du comité exécutif de leur syndicat POE-DOY, une nouvelle grève de 48h, afin de protester contre la politique salariale du gouvernement pour 2010 et la suppression des primes.
i-GR/ANA-MPA