Pressé à sa droite par la monté des traditionalistes de Georgios Karatzaferis, et à sa gauche par le bon résultat des socialistes du PASOK, le premier ministre, Costas Caramanlis, a tiré les conclusions des résultats des euro-élections en réunion mardi du Conseil des ministres, assurant qu'il s'engageait à changer tout ce qui déçoit les citoyens, il a appelé l'équipe gouvernementale à être plus rapide et plus efficace dans leurs actions.
Fort de son score de 7,15% dimanche dernier, le président du LAOS, Georges Karadzaféris, a appelé ouvertement les députés déçus de la ND (Nea Dimokratia, majorité gouvernementale) à une alliance électorale.
Que "ceux qui sentent la catastrophe venir", s'allient au LAOS, leur a lancé M. Karatzaferis lors d'une conférence de presse mercredi, et ce uniquement en vue des élections législatives et pour faire échec au principal parti de l'opposition - le PASOK.
M. Karatzaféris a estimé que le premier ministre, Costas Caramanlis, "semble ne pas comprendre, voire, pire, il défend la montée au pouvoir du PASOK", ajoutant que "le PASOK a montré aux élections européennes qu'il n'avait pas les forces pour arriver au pouvoir".
Intervenant au conseil des ministres, M. Caramanlis a reconnu que "les euro-élections nous ont adressé un avertissement sévère et un message très fort".
"Notre choix et notre décision est de changer ce qui rend amer les citoyens et ce qui les déçoit", a souligné le premier ministres, ajoutant que "nous pouvons y répondre […] c'est notre devoir et notre sens de responsabilité".
Se référant au taux d'abstention, "du jamais vu", a-t-il rappelé, M. Caramanlis a avancé le fait qu'un électeur sur deux n'a pas voté par l'absence d'un enjeu politique, insistant sur le message concernant le système politique dans son ensemble. Les électeurs ont exprimé leur déception pour tous les aspects de la vie politique, et nous devons tous voir quelles ont été nos responsabilités, a-t-il dit.
Plus précisément, en commentaire du recul de la Nouvelle Démocratie à ces élections, des bouleversements de ses relations avec la société, M. Caramanlis en a tiré la leçon que les Grecs demandent des solutions, citant notamment les dysfonctionnements dans l'administration, une question qui concerne tous les ministères.
Sans perdre de vue la crise économique, qui reste prioritaire, M. Caramanlis a recommandé aux ministres et secrétaires d'Etat de veiller à des économies de dépenses publiques, déclarant que nous sommes responsables des résultats des élections et qu'il faut en conséquence y remédier. Ce qui rend amer le citoyen doit changer et je suis décidé à prendre toutes les initiatives qui s'imposeront.
Il s'agit de voir ce qu'il faut changer et de le changer, a-t-il insisté, parlant de l'examen prochainement de la proposition de la SYRIZA sur l'immunité ministérielle, et appelant à la mise en application rapide des projets dans la sécurité sociale, dans le domaine de la santé, demandant en outre aux responsables ministeriels d'informer les partis poltiques sur leurs actions et de les inviter à discuter des propositions qui sont faites.
Enfin, M. Caramanlis, se référant au principal parti de l'opposition, a rappelé que le PASOK avait donné une couleur de référendum à ce scrutin, soulignant que la moitié des électeurs ne s'étaient pas rendu aux urnes, et critiqué à ce point la demande d'élections législatives, excluant aussi une alliance avec d'autres formations politiques. La ND peut renouveler ses forces, a-t-il conclu avec confiance.
A gauche, le PASOK assure, par la voix de son président Georgios Papandreou, avoir une proposition crédible de sortie de la crise économique et pour la prospérité des citoyens.
S'adressant mardi en réunion de l'état-major économique du parti, M. Papandreou a tracé le cadre d'actions à court terme, à savoir l'examen de la politique économique du gouvernement et la spécification des propositions du parti.
Le gaspillage des dépenses publiques et l'absence d'investissements dans des projets de développement doivent être retenus pour dénoncer la politique gouvernementale, a estimé M. Papandreou, alors qu'à propos des élections il a caractérisé d'arrogance la position prise par la ND sur les résultats, estimant que tout ce que peut faire le premier ministre est purement médiatique et sans profondeur.
Saluant enfin la victoire de son parti aux euro-élections, le président du PASOK a rappelé qu'elle était la conséquence du travail fait, de ses propositions de gouvernement, du fait que ce parti avait associé la situation économique avec le mode de fonctionnement de l'Etat, l'anomie et l'impunité.
L'immobilisme institutionnel et politique ont été les facteurs, selon M. Papandreou, des mauvais résultats des partis socio-démocrates en Europe, seules la Grèce et Malte pouvant redonner du courage à ces partis pour qu'ils ne cèdent pas notamment au misérabilisme de la xénophobie que certains conservateurs souhaitent faire passer.