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Désastre d'Aïvali, in Beautés de l'histoire de la Grèce mpderne, de Mme Dufrénoy

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[i] [b][u][center]Désastre d'Aïvali[/center][/u][/b]

[center][u]Reprise d'Athènes par les Turcs ; combats sous les murs de Salonique ;
les juifs armés en faveur des Ottomans ; siège du château de Naples de Malvoisie.[/u][/center]

La retraite de l'escadre turque enhardit les Grecs ; ils se présentèrent devant la ville de Scio dont ils voulaient punir l'égoïsme, et la sommèrent de se rendre à discrétion ; le canon de la forteresse répondit à cette demande. Après l'avoir bombardée, ils allèrent à Smyrne ; mais ils abandonnèrent bientôt cette ville pour courir au secours d'Aïvali où les Turcs exerçaient leurs ravages. La nouvelle de leur marche augmenta encore le désordre dans la ville ; les autorités la quittèrent et vinrent à Mosconissi où les Grecs s'étaient arrêtés, dans la crainte de s'engager avec irréflexion. La garnison turque d'Aïvali avait reçu de nouveaux renforts. Cela ne l'empêcha pas que le matin suivant, la mer se trouva couverte de barques grecques, armées de canons, qui s'avançaient au devant de l'ennemi ; ils parvinrent à s'approcher du quai, y jetèrent trois ou quatre mille hommes qui chassèrent les Turcs. Les Hellènes l'emportèrent ; mais ils ne purent empêcher les vaincus d'incendier dans leur fuite les restes de cette malheureuse ville.

Le pillage auquel on l'abandonna ne nuisait aux intérêts de personne, puisque les flammes allaient tout dévorer ; néanmoins on restitua tout aux propriétaires. Les maisons consulaires de France, d'Angleterre et de Russie furent détruites les dernières. Personne ne toucha aux pavillons nationaux qui ne disparurent que dans les flammes. Les vainqueurs pénétrèrent dans la chancellerie et ils y enlevèrent les archives.

Pendant l'affaire, les insurgés sauvèrent le plus grand nombre d'habitants qu'ils purent ; très peu périrent sous les coups des Turcs, mais plusieurs se noyèrent en s'embarquant avec précipitation. On conduisit le reste aux îles, où ils se mirent à l'abri de la vengeance de l'ennemi. Il ne resta qu'un monceau de cendres de cette grande ville, qui comptait plus de trente-cinq mille habitants.

Les Turcs reprirent une cruelle revanche sur les habitants grecs des villages voisins ; ils les massacrèrent ou les réduisirent en esclavage. Des Européens compatissants achetèrent une partie de ces malheureux, pour les rendre la liberté. Les campagnes dévastées attestaient les ravages de la guerre. Les Aïvalites dispersés, errants, passèrent tout à coup du sein de l'aisance dans un exil déplorable, funeste résultat des révolutions !

Pendant que les Grecs soutenaient le siège d'Athènes sans aucun avantage, les Turcs emparèrent des environs. Le pacha de la Livadie soumit quelques provinces, et les insurgés se virent un moment en danger ; mais le péril de leur inspirant que plus de courage, ils détruisirent toutes les divisions ottomanes, et n'épargnèrent même pas le pacha.

Peu de temps après, de nouvelles troupes parurent dans l'Attique. Ses habitants épouvantés s'empressèrent de fuir, et l'armée ennemie se trouva la maîtresse d'Athènes. Les Hellènes qui occupaient l'Acropolis prirent aussi la fuite, saisis d'une terreur panique. Le sort d'Aïvali faisait tout trembler, et la domination du croissant se rétablit de nouveau. Les Grecs se retirèrent dans les montagnes, et le Pirée et fut le seul point qui leur resta. Leur flotte en assurait la possession. Cependant le malheur ne les poursuivait pas en tous lieux. Leurs succès en Éolide forcèrent les Ottomans à se renfermer dans Salonique, seule place qu'il leur restât ; les Hellènes la menaçaient. Alors le pacha fit armer toute la population ; les juifs mêmes furent enrôlés sous l'étendard de Mahomet. L'artillerie des assiégés devait leur assurer le succès. Ils hasardèrent une sortie. Les Grecs, qui n'avaient pas les mêmes ressources, se virent contraints, après un combat vif et long, de se retirer à Galyata. Les deux parties éprouvèrent des pertes considérables ; le nombre des morts resta ignoré , parce que le pacha fit sur-le-champ couper les têtes de toutes les victimes, pour en envoyer les oreilles à Constantinople. Cet affreux hommage annonça à la Porte le triomphe de ses généraux. On a remarqué que ce fut la première fois que les juifs et les Turcs combattirent sous les mêmes enseignes. Ayme reçut un renfort ; Ahmed-Bey, qui jusqu'alors s'était tenue sur les frontières de la Romélie, se dirigea sur Vassilico. Après une défense opiniâtre il s'en rendit maître. Tous les Grecs furent passés au fil de l'épée, les femmes et les enfants réduits en esclavage. Le même sort fut partagé par Galyata et Polycros. Les insurgés se retirèrent au Mont-Athos et dans la presqu'île de Cassandre : ils étaient à même d'y recevoir des secours efficaces ; on essaya de les en chasser, mais inutilement.

Tantôt vaincus sur un point et vainqueurs sur l'autre, les Grecs ne se laissèrent pas abattre par les revers ou endormir par la prospérité. Les armées de Morée et de Thessalie remportaient des victoires décisives, et si les Grecs avaient pu se maintenir quelque jours de plus devant Salonique, Ahmed-Bey était forcé de se rendre. La défaite de leurs compatriotes leur ôtant les moyens de combattre plus longtemps, ils se retirèrent du côté de l'Épire ; les habitants se réfugièrent dans les cavernes du mont Olympe, et les musulmans ne trouvèrent qu'un désert devant eux. Pendant qu'Achmet opérait sa jonction à Larisse avec le corps de Mahmoud-Pacha, l'armée du Péloponnèse pressait la réduction importante de Naples de Malvoisie. Ils cherchèrent à persuader aux habitants que les peuples de la Grèce avaient secoué le joug et qu'ils devaient s'attendre à les voir marcher tous contre eux ; mais ces insinuations furent inutiles ; les Malvoisiens, résolus à se défendre, poussèrent la fermeté au plus haut point, et la famine la plus horrible ne put ralentir leur ardeur. Ils essayèrent vainement des sorties ; aucune leur réussit. La disette devint si épouvantable qu'ils mangèrent les cadavres des deux parties, dont la chair se vendait trois et quatre francs la livre. Les Turcs, accablés par la faim et par les maladies, eurent la constance de soutenir plusieurs mois cette terrible situation. [/i]

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