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La civilisation préhomérique (2). Mycènes. Les fouilles de Schliemann à Mycènes. Diehl, Excursions archéologiques.

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[i] [b][u][center]La civilisation préhomérique (2).[/center][/u][/b]

[b][u][center]Mycènes.[/center][/u][/b]

Peu de villes ont eu dans l'antiquité primitive un nom plus éclatant que Mycènes. L'histoire et la poésie attestent à l'envi la puissance et la richesse de ses princes. Homère appelle Mycènes la cité bien bâtie, la cité riche en or ; Thucydide mentionne de même cette réputation d'opulence. La légende en faisait remonter l'origine au fondateur lointain de la dynastie des Atrides, Pélops, l'Asiatique venu du pays du Pactole ; elle contait qu'Atrée et Agamemnon avaient étendu leur empire sur une grande partie du Péloponnèse. Les tragiques aventures de la famille des Pélopides n'attachaient pas au mur de Mycènes un moindre intérêt. Agamemnon massacré, au retour de Troie, par Clytemnestre et par Égisthe, Oreste revenant plus tard venger par le meurtre de sa mère la mort de son père, tous ces thèmes, devenus célèbres entre les mains des poètes tragiques, avaient eu pour cadre l'acropole même de Mycènes.

Au fond de la plaine d'Argos, au débouché de l'étroit défilé où passe la route de Corinthe à Argos, se dressent sur un grand plateau rocheux de forme triangulaire les débris de l'antique citadelle des princes de Mycènes. D'un côté, une gorge profonde défend l'accès de la forteresse ; tout le pourtour de l'acropole est ceint de hautes murailles, dont l'élévation varie de 4 à 10 mètres, et qui mesurent 5 mètres d'épaisseur. À l'intérieur une seconde enceinte, haute de 9 mètres, complète le système de défense. Deux entrées donnent accès dans la forteresse : sur le plan nord est ménagée une petite poterne, qui peut servir à faire sur les derrières des assiégeants des sorties inattendues ; la porte principale se trouve à l'angle nord-ouest de la citadelle. Là, entre le mur d'enceinte et une grande tour quadrangulaire qui dominait l'entrée, s'ouvre une avenue, longue de 15 mètres, large de 9 mètres, au fond de laquelle se dresse la fameuse Porte des Lions. C'est une ouverture presque carrée, formée de deux montants, sur lesquels repose un énorme linteau de pierre. Au-dessus, dans une niche triangulaire, une plaque de basalte est placée, sur laquelle deux lions affrontés appuient leurs pattes sur un autel surmonté d'une colonne : c'est une des œuvres les plus anciennes de la sculpture hellénique. Jadis la tête de bronze doré, qui faisaient face aux spectateurs, complétaient, paraît-il, et rehaussaient l'éclat du monument. Ainsi se trouvait en quelque sorte fixé à l'entrée de l'acropole l'écusson des princes de Mycènes.

Au-dessous de la citadelle se trouvait la ville basse, également entourée d'une enceinte fortifiée. Là aussi on rencontre des restes de constructions dites cyclopéennes, dont la plus remarquable est l'édifice appelé le Trésor d'Atrée. Une avenue longue de 30 mètres et larges de 6 mètres, bordée de murs assez élevés, conduit à une porte surmontée d'un énorme linteau de pierre : on pénètre par là dans une grande chambre circulaire, haute de 15 mètres, et couverte en forme de coupole. Jadis les parois étaient somptueusement revêtues de plaques de métal : les ornements de bronze fixés à la porte et un placage de marbre de couleur décoraient l'extérieur du monument. Dans ce riche édifice, la crédulité populaire voulut voir de bonne heure un trésor royal ; mais ce n'était sans doute qu'un tombeau.

[b][u][center]Les fouilles de Schliemann à Mycènes.[/center][/u][/b]

En 1876, l'Allemand Schliemann entreprit des fouilles dans l'acropole de Mycènes. Il y découvrit six tombeaux creusés dans le roc à une grande profondeur. Chacune de ces sépultures renfermait plusieurs corps : on y recueillit les ossements de dix-sept personnes, dont trois femmes et trois enfants ; parmi les cadavres, l'un était demeuré presque intact, grâce à une sorte d'embaumement.

Ce qui fait l'intérêt exceptionnel des fouilles, c'est la multitude de bijoux et d'objets précieux accumulés dans ces sépultures. C'est un usage fort ancien parmi les peuples de l'antiquité d'enterrer le mort avec les objets dont il s'est servi ou qu'il a aimé pendant sa vie. On le trouve chez les Égyptiens, et les fouilles de Tanagra montrent la longue persistance de cette habitude. Elle existait aussi dans la Grèce primitive. Non seulement on parait le mort de ses plus riches vêtements, on plaçait à côté de lui ses bijoux et ses armes, mais on se préoccupait même, quand c'était quelque grand personnage, de lui assurer dans la mort un cortège digne de lui. On voit dans l'Iliade Achille immoler sur la tombe de Patrocle des prisonniers qui serviront le mort dans sa vie souterraine : il est probable qu'une semblable raison explique le grand nombre de cadavres placés dans la sépulture de Mycènes.

Rien n'égale le luxe avec lequel ces morts ont été enterrés. Pour sortir du monde terrestre, on leur fait une toilette de parade, et c'est le diadème d'or au front et revêtus de leurs plus riches bijoux, de leurs vêtements les plus somptueux, qu'on les a déposés dans la tombe. Ils ont la couronne en tête, la ceinture et le baudrier d'or autour de la poitrine, et sur le visage, par un usage singulier qui paraît emprunté à l'Orient, un masque d'or reproduisant les traits mêmes du défunt. Leurs vêtements sont cousus de plaques d'or : on n'en a trouvé sept cents dans une tombe seulement ; leurs armes richement incrustées, au fourreau curieusement orné de boutons d'or, sont à portée de leurs mains. Les femmes ne sont pas moins parées : elles aussi ont le diadème sur la tête, des colliers au cou, des bagues aux doigts, des broches, des pendants d'oreilles, des bracelets d'or admirables. Enfin, auprès de chacun des cadavres, des vases, dont plusieurs sont en or et en argent, renfermaient les provisions destinées à la nourriture du défunt dans sa vie souterraine.

Au seul point de vue de la valeur vénale, les bijoux recueillis représentent plus de 100 000 francs d'or ; au point de vue artistique et scientifique, leur prix est inestimable. Ils nous révèlent, en effet, et d'une manière positive, ce qu'étaient, il y a quelque trois mille ans, la civilisation et la société de la Grèce primitive ; ils nous révèlent l'existence, bien avant l'invasion des Doriens dans le Péloponnèse, d'un riche et puissant empire auquel la tradition attachait le nom de Pélopides.

Schliemann croyait reconnaître parmi les morts qu'il avait retrouvé Agamemnon lui-même. Mais cette hypothèse est de pure fantaisie, et rien ne permet d'identifier ces morts. Tous ce qu'on peut affirmer, c'est que les sépultures sont destinées à des familles royales : on n'enterre point avec tant de luxe de simples particuliers. [/i]

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