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To trelovaporo (Le navire fou), poème d'Odysséas Elytis

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Trelovaporo, le navire fou, a traversé les temps et les tempêtes, changé mille fois de capitaine mais sur le mat le soleil pointe toujours le soleil majestueux. Un navire qui pourrait bien s’appeler « Grèce ».

Το τρελοβάπορο

Βαπόρι στολισμένο βγαίνει στα βουνά
κι αρχίζει τις μανούβρες « βίρα-μάινα »

Την άγκυρα φουντάρει στις κουκουναριές
φορτώνει φρέσκο αέρα κι απ ' τις δυο μεριές

Είναι από μαύρη πέτρα κι είναι απ ' όνειρο
κι έχει λοστρόμο αθώο ναύτη πονηρό

από τα βάθη φτάνει στους παλιούς καιρούς
βάσανα ξεφορτώνει κι αναστεναγμούς

Έλα Χριστέ και Κύριε λέω κι απορώ
τέτοιο τρελό βαπόρι τρελοβάπορο

χρόνους μας ταξιδεύει δε βουλιάξαμε
χίλιους καπεταναίους τους αλλάξαμε

Κατακλυσμούς ποτέ δε λογαριάσαμε
μπήκαμε μες στα όλα και περάσαμε

κι έχουμε στο κατάρτι μας βιγλάτορα
παντοτινό τον Ήλιο τον Ηλιάτορα

Le navire fou

Un navire ornementé apparaît dans les monts,
Commence la manœuvre « Lève l'ancre ! Cargue les voiles ! »

Il mouille son ancre dans les pins,
Et une brise fraîche gonfle ses voiles par les deux bords.

Il est fait d'une pierre noire et d'un rêve,
Son maître d'équipage, marin adroit, est irréprochable.

Par les bas-fonds il parvient aux temps anciens
Et y débarque épreuves et gémissements.

Viens, Jésus et Seigneur, dis-je, et m'étonne :
Un tel navire fou, fantasque navire,

Nous transporte depuis des années, et nous n'eûmes de naufrage,
Mille capitaines avons-nous remplacés.

Nous n'avons jamais tenu compte des cataclysmes,
Dans tous, nous sommes-nous engagés.

Nous avons sur notre mat, gabier de vigie,
Continuement, le Soleil, le Soleil en majesté.

Trelovaporo, le navire fou, a été publié la première fois sous l’occupation allemande. Il a traversé les temps et les tempêtes, changé mille fois de capitaine mais sur le mat le soleil pointe toujours le soleil majestueux. Un navire qui pourrait bien s’appeler « Grèce », si on veut admettre que le pays a la capacité de dépasser les dangers qui le guettent et qu'au bout du compte pourrait s'en sortir victorieux des épreuves. Elytis, en tout cas, semble y croire en cette période difficile de l'histoire de la Grèce et il nous offre un poème tout empreint d'optimisme.

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