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Le 11 décembre 1999, le quotidien économique belge L'Écho évoque la perspective d'une adhésion de Chypre à l'Union européenne et décrit la difficile situation politique d'une île divisée en deux depuis l'intervention militaire de la Turquie en 1

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[b][u]Europe : Nicosie est apte « à relever le défi de l’intégration », selon la Commission européenne[/u][/b]

Chypre est prête à rejoindre l’Union depuis plusieurs années

L’occupation du nord par les Turcs depuis 74 entrave la perspective d’une adhésion à court terme

Chypre fait partie des six heureux pays qui négocient déjà, depuis mars 1998, les conditions de leur adhésion à l'Union européenne. Mais bien qu'étant la mieux placée parmi les candidats du point de vue économique, elle n'est toutefois pas généralement placée parmi les prochains probables adhérents, en raison de sa division depuis 25 ans.

La situation politique de l'île est en effet bloquée depuis des années. Chypre reste divisée en deux secteurs, turc au nord et grec au sud, depuis l'intervention militaire de la Turquie en 1974, en riposte à un coup d'Etat des nationalistes grecs à Nicosie qui visait à rattacher l'île à la Grèce. Ankara maintient 35.000 soldats dans la «République turque de Chypre du nord» (RTCN), autoproclamée en 1983 et que seule la Turquie a reconnue.

Certes, la tension est retombée depuis que le gouvernement chypriote a décidé en décembre 1998 de ne pas déployer les missiles sol-air achetés à la Russie. Mais le rapprochement constaté depuis quelques mois entre la Turquie et la Grèce tarde à produire ses effets sur l'île. Les dirigeants des deux communautés, Glafcos Cléridès et Rauf Denktash, qui viennent de décider de reprendre des contacts indirects dans le cadre de I'ONU, ne se sont plus rencontrés depuis 1997. Le second prône toujours une confédération entre deux Etats égaux, alors que les Chypriotes grecs et I'ONU soutiennent encore, du moins officiellement, l'idée d'une fédération bi-zonale et bi-communautaire, avec une large autonomie pour les deux communautés. Bref, constate la Commission européenne dans son rapport sur prête, et depuis plusieurs années. Dès 1993, la Commission européenne reconnaissait dans son avis sur le demande d'adhésion du pays que l'économie de Chypre avait montré sa capacité d'adaptation et apparaisssait «prête à relever le défi de l'intégration pour peu que se poursuivent les réformes et l'ouverture sur l'extérieur». Chypre dispose en effet «d'une économie de marché viable et devrait pouvoir faire le pays, si Chypre remplit les critères de Copenhague, «peu de progrès ont été accomplis au cours de l'année écoulée dans la recherche d'une solution juste et durable au problème global de Chypre».

Au niveau économique, Chypre, dont l'économie est dominée par le tourisme – qui génère près des trois quarts de la valeur ajoutée du pays – est en revanche face aux pressions concurrentielles et aux forces du marché» à l'intérieur de l'UE. Chômage faible

En 1998, la plupart des indicateurs macro-économiques sont restés dans le vert, la détérioration rapide du budget de l'Etat et des comptes extérieurs restant toutefois «préoccupante», selon l'exécutif européen, qui ne s'intéresse qu'à la partie sud de l'île dans son rapport. Chypre connaît depuis le début des années nonante une croissance économique moyenne de l'ordre de 4%, les deux dernières années ayant toutefois été quelque peu plus faibles. Mais le chômage est extrêmement faible, de l'ordre de 3,3%, alors que l'inflation a été ramenée à 2,2% en 98 et se trouve actuellement à un niveau de 2% en glissement annuel.

La livre chypriote est liée à l'euro depuis le l janvier dernier, avec une marge de fluctuation de 2,25%, qui n'a jamais dépassé en réalité 1% autour du taux pivot. Au cours des trois dernières années, le déficit a dérapé: il est passé de 1% du PIB en 1995 à 5% en 1998, la dette devant être maintenue, suivant les prévisions du gouvernement, en dessous de la barre des 60%.

Le gouvernement devra cependant consentir de nouveaux efforts pour ses réformes structurelles et l'adaptation de la réglementation. Ainsi, selon la Commission, l'adhésion nécessiterait «un réaménagement majeur du système financier et une réorientation des finances publiques». Le secteur des banques commerciales est en effet très protégé, la concurrence étant notamment entravée par la rigidité des taux d'intérêt, qui sont plafonnés à 9% par la loi. Chypre est loin d'avoir adopté tout l'acquis communautaire pour ce qui est de la libre circulation des capitaux; le pays impose encore des restrictions aux participations étrangères dans nombre de secteurs. La Commission constate également qu'il reste de nombreux monopoles d'Etat, ce dernier conservant une «participation anachronique dans l'économie». Ces dernières années, les privatisations ont progressé «lentement» et leur rythme devrait «être accéléré». De son côté, l'administration est pour ainsi dire aussi apte à intégrer l'Union. «Pour ce qui concerne les capacités administratives et juridiques de Chypre à intégrer l'acquis communautaire, il ne devrait pas y avoir de gros problèmes», conclut l'exécutif communautaire qui relève cependant que les capacités administratives doivent encore être renforcées dans un certain nombre de domaines, tels que le marché intérieur, les transports maritimes, les télécommunications ou la justice.

OLIVIER GOSSET [/i]