Un ministre grec promet l’éclatement prochain de la Macédoine

Un ministre grec promet l’éclatement prochain de la Macédoine

La Macédoine a officiellement protesté devant la Commission européenne à Bruxelles, suite aux propos du ministre grec de la Culture. Celui-ci a prédit que la Macédoine se désintégrerait bientôt, et que son territoire serait partagé entre la « Grande Albanie » et la Grande Bulgarie ».

Antonis Samaras

La mission diplomatique macédonienne à Bruxelles a condamné cette déclaration d’Antonis Samaras et l’a qualifiée de « contre-productive » du point de vue des relations bilatérales, avant d’exprimer son inquiétude à propos du fait que personne à Athènes - du moins jusqu’à présent - n’avait dénoncé ces propos.

Skopje et Athènes sont empêtrés depuis 18 ans dans une querelle au sujet du nom de la Macédoine. Ainsi, en avril 2008, la Grèce a bloqué l’invitation de l’Otan faite à la Macédoine de rejoindre l’Alliance, estimant que le seul emploi de ce nom impliquait des revendications territoriales sur sa propre province septentrionale, laquelle porte le même nom.

Nouvellement nommé, le ministre de la Culture a déclaré, lors d’une entrevue accordée le samedi le 10 janvier 2009 à la télévision nationale grecque ERT, que le différend s’éteindrait naturellement, puisque la République de Macédoine - que les Grecs désignent uniquement du nom de « Skopje » - se désintégrait et serait progressivement avalée par ses voisins.


« Le temps joue en notre faveur », a expliqué Antonis Samaras. « Je crois que Skopje ne survivra pas en tant que pays unifié et que la Grèce n’a rien à craindre d’une « Grande Albanie », ni d’une « Grande Bulgarie » ».


Le ministre Samaras est depuis longtemps connu pour ses positions très dures sur la « question macédonienne » et d’autres enjeux nationaux grecs. Il a par exemple publiquement défendu l’idée d’un « axe orthodoxe » pendant les guerres qui ont ravagé les Balkans, dans les années 90.

Skopje a averti que de telles déclarations pouvaient entraver la tenue de la prochaine session de négociations sous les auspices de l’ONU, prévue le 11 février.

C’est la quatrième fois que la Macédoine dépose une plainte officielle contre la Grèce au cours des derniers mois. Skopje a déjà porté plainte contre Athènes après le bannissement de l’espace aérien grec de son transporteur aérien, MAT, puis à cause d’allégations de cruauté de la part de la police envers des membres de la minorité macédonienne vivant en Grèce, et enfin suite à l’arrestation de journalistes macédoniens qui tentaient de faire un reportage sur la question.


Skopje s’est à l’inverse attiré des critiques en raison de sa décision de renommer la principale autoroute du pays « Alexandre de Macédoine », du nom de l’ancien conquérant, dont l’origine constitue justement une partie de la polémique qui mobilise à la fois l’histoire, la géographie et la génétique.