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Le roi Otto et la reine Angela

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Par iNFO-GRECE,

Nous, les Grecs, nous avions déjà le roi Otto. Otto Rehaggel, l'entraîneur allemand de l'équipe nationale grecque de football et artisan de la conquête de l'Euro 2004, celui qui d'une équipe insignifiante jusque-là sur le plan international, en a fait le champion d'Europe ; depuis que la crise de confiance internationale envers le gouvernement socialiste de Georges Papandréou a éclaté, nous avons aussi hérité d’une reine, Angela Merkel, qui dicte sa loi à la politique économique de la Grèce.

En réponse aux attaques tous azimuts, la presse populiste grecque (et pas seulement) s'est amusée ces dernières semaines à se faire peur en titrant « Les Allemands reviennent », parodiant le titre d’un célèbre film de 1948, avec Vassilis Logothetidis et Mimis Fotopoulos. Non sans quelques bonnes raisons d’ailleurs. La presse germanique, de son côté, s'acharnait sur la Grèce et les Grecs. Un peuple entier était stigmatisé : fainéant, tricheur, fraudeur, etc. Une étoile jaune était épinglée sur tout un pays. J'avais répondu, sur iNFO-GRECE, par un « Ça suffit ! » où je m'efforçais de démontrer que le problème n'était pas la Grèce mais son premier ministre, Georges Papandréou, qui, pour justifier que la route devant lui était beaucoup trop étroite pour tenir ses promesses électorales, a cherché une explication dans le bilan du gouvernement sortant, noircissant à outrance l'inventaire de l'héritage laissé par ses prédécesseurs.

Cela dit, la Grèce n’en était pas à son premier inventaire. Ici, comme ailleurs, tout nouveau gouvernement se plaint de l'état dans lequel le précédent gouvernement a laissé le pays. Cela fait partie du jeu. Mais à oublier qu'un jeu est un jeu, on en devient addict à tel point que ce n'est plus un jeu. Le noircissement du passé n'est plus un petit accommodement avec les difficultés du présent, mais la base même d'une politique de l'immobilisme. La droite, en accédant au pouvoir, en 2004, s’était vue presser par Eurostat de fournir des précisions sur les comptes publics. Le verdict était tombé en octobre, une fois les Jeux Olympiques d'Athènes terminés : c'est toute la mandature du gouvernement PASOK qui fut révisée ! Le déficit 2000 fut porté à -4,1% du PIB (et non plus -2%), celui de 2001 et 2002 à -3,7% (au lieu de -1,4%), et celui de 2003 à -4,6% (au lieu de -1,7%, soit deux fois et demi ce qui avait été présenté à l'office statistique de l'UE). Relisez dans les archives d’iNFO-GRECE, l'actualité de la période octobre-décembre 2004. Comme aujourd'hui, les journaux britanniques et allemands s’étaient déchaînés et d’aucuns voulaient, déjà, que la Grèce quitte l'Union monétaire où elle venait d’entrer. Mais, à cette époque, point de spéculation sur les taux d'intérêt ni de crise de confiance envers la capacité de remboursement de la Grèce.

La crise de confiance qui a suivi l'élection de Papandréou, en octobre 2009, était d'abord une crise de confiance en son programme de gouvernement basé sur les taxes et l'augmentation des dépenses publiques, notamment la hausse des salaires dans la fonction publique, alors que tout un chacun sait que les fonctionnaires grecs sont déjà bien mieux rémunérée que les employés du privé. L'empressement de Papandréou à dénoncer son prédécesseur comme un vulgaire menteur, auprès de Bruxelles, n'a fait que renforcer la méfiance des dirigeants étrangers, des milieux financiers et de la Commission envers la capacité de ce premier ministre à gérer une situation qui, économiquement, devenait de plus en plus délicate. Si à Bruxelles on se doutait que les comptes grecs n'étaient pas tout à fait justes, on pensait que ce n'était qu'un maquillage un peu trop exagéré par rapport à la coutume de tout comptable à embellir son bilan. Mais, cette fois, c'était le chef du gouvernement qui faisait son coming out en évoquant un déficit de son pays sans rapport avec la situation officielle.

Imagine-t-on un seul moment que le nouveau PDG d'une grande société annonce du jour au lendemain que l'endettement de celle-ci est le double de ce que son prédécesseur avait annoncé ? La réaction de la Bourse serait sans pitié, le cours s'effondrerait en quelques minutes et la société deviendrait la proie de la spéculation et des acheteurs à bon compte.

C'est exactement ce qui s'est passé avec la Grèce. Le cours de la valeur Grèce s'est effondré. Les taux des emprunts d'Etat se sont envolés, le prix du refinancement est devenu rédhibitoire. Le coût de la « bêtise » de Papandréou est faramineux. Les Grecs sont aujourd'hui appelés à se saigner aux quatre veines pour le payer. Déjà, l'Europe entière, du moins celle de la zone Euro, ressent les conséquences. La crise ainsi déclenchée a eu pour effet de faire perdre à chaque euro se trouvant dans notre poche 15 centimes face au dollar. L'ensemble de la zone Euro s'est donc appauvri de 15% en l'espace de trois mois. A long terme, cela peut s’avérer une bonne affaire : un euro moins cher dope les exportations et crée des emplois. En attendant, l'Europe de la zone Euro doit payer plus cher les achats facturés en dollars, comme le pétrole, et, en même temps, les encaissements des exportations, déjà réalisées, vers la zone dollar rapportent moins d'euros.

 « Les Allemands ont-ils oublié que nous avons reconstruit leurs pays en leur envoyant nos travailleurs ? » Aigreurs et rancunes ont refait surface de tous côtés. 

Notre premier ministre peine à réaliser cet état de fait, et, par conséquent, à comprendre les raisons de la pression que lui met l'Union européenne, l'Allemagne en tête. On a voulu voir dans les réactions ­- il est vrai, extrêmes - des Allemands, une résurgence du nationalisme germanique. Et nos dirigeants grecs ont répondu au nationalisme par le nationalisme. « Les Allemands ont-ils oublié 1940 ? », « Les Allemands ont-ils oublié que nous avons reconstruit leurs pays en leur envoyant nos travailleurs ? » Aigreurs et rancunes ont refait surface de tous côtés. Et les Allemands de répondre : « Si nous devons vous donner notre argent, vous devez nous donner vos îles ! »

Mais quels Allemands et quels Grecs ? Nous voilà entraînés dans les amalgames et les généralisations… Les Allemands ? Deux députés sur les 622 que compte le Bundestag. Des députés opportunistes et farfelus, il y en a partout, dans tous les pays. De même pour la presse de caniveau. Des torchons à sensation, il y en a dans tous les pays, aussi. Leur délire méritait-il les réactions officielles de la part d’Athènes ? Et ce, au niveau du président du Parlement et du vice-président du gouvernement ! Au risque de se couvrir de ridicule ou d'apparaître tels des ayatollahs s'offusquant des caricatures de Mahomet ? Il vaut mieux parfois savoir se taire et laisser les blogueurs donner libre cours à leur verve satirique et à leur habituel humour, empreints parfois d’exquise impertinence. A ne pas confondre avec insultes et rodomontades à bon marché.

Heureusement, Georges Papandréou a eu la sagesse de la modération et a trouvé les mots justes pour répondre aux interpellations de la presse, lors de son voyage, vendredi, à Berlin. « Nos îles ne sont pas à vendre », a-t-il coupé court, rappelant que « Nous nous sommes battus [en 1940] pour les libérer ». Belle réplique lapidaire !

Il eut été de bon aloi qu'il eut saisi de la même manière les enjeux économiques. Au lieu de se raidir devant la… raideur d'Angela Merkel, il aurait dû songer que l'Allemagne est le premier exportateur européen et qu'elle a déjà payé un lourd tribut à cause de l'affaiblissement de l'euro, consécutif à la crise grecque. Comme nous l'avons dit plus haut, un euro faible, si à terme il dope les exportations, à court terme il renchérit les importations et fait perdre de la valeur aux exportations en attente de paiement. Au lieu de cela, Papandréou se pose en victime face aux exigences de la Commission et à l'intransigeance allemande.

Acte II. Promis, Papandréou fera mieux que ses prédécesseurs avec les mêmes recettes que... ses prédécesseurs, à savoir la "comptabilité créative".

Le 23 février, Papandréou reçoit les contrôleurs dépêchés par Bruxelles et annonce que, oh miracle !, l'exécution du budget du mois de janvier était, enfin, excédentaire ! Voyons comment :
- Recettes : 5.593 millions d'euros, en augmentation de 16,6% sur le même mois de l'année précédente.
- Dépenses : 4.971 millions d'euros, en diminution de 10,7% sur la même période 2009.
Passons sur les recettes qui correspondent à 9,9% des recettes annuelles prévues dans le budget, ce qui est dans la moyenne attendue (1/12e).
Si nous considérons les dépenses courantes (salaires, etc.), seuls 5,5% des dépenses du budget ont été réalisées, aucune dépense pour les enseignants contractuels payés à l'heure n'a été engagée (sur les 100 millions prévus), il en est de même pour les médecins de garde dans les dispensaires (sur les 395 millions prévus). Allocations familles nombreuses : zéro (au lieu des 795 millions prévus). Dépenses militaires : zéro au lieu des 2 milliards prévus. Comment cela s’explique-t-il ? Deux hypothèses : soit, en janvier, aucun enseignant n'est tombé malade et donc n’a pas eu à être remplacé, aucune garde n'a été assurée par les médecins, les familles nombreuses ont disparu du paysage et l'armée n'a rien dépensé ; soit le gouvernement a tout bonnement reporté le paiement de ces dépenses afin de présenter un bilan positif à la Commission européenne.

Ne nous arrêtons pas en si bon chemin ! Examinons l'exécution du budget des investissements publics. Part de réalisation sur le budget prévisionnel annuel : zéro pour le Parlement, zéro pour le ministère de l'Intérieur, zéro pour les Finances, zéro pour les Affaires étrangères, zéro pour la Défense, zéro pour l'Environnement, zéro pour le ministère du Travail et de la Sécurité sociale, zéro pour la Justice, zéro pour l'Ordre public, zéro pour le Tourisme et zéro pour la Culture ! Taux de réalisation par rapport au budget annuel : 1,3% au lieu du 1/12e (8,3%). Là encore, soit aucun investissement n'a été fait, en janvier, dans tous ces ministères, et, nous sommes en train d'assister au démantèlement de l'appareil de l'Etat grec, soit les paiements ont là aussi été reportés pour arriver à présenter un solde positif.

A moins d'appeler cela une cessation de paiement, ce n’est pas sérieux ! Et Papandréou ne peut plus être pris au sérieux ! N’oublions pas que tout cet opprobre jeté sur la Grèce a commencé lorsque Papandréou a dénoncé allégrement son prédécesseur auprès de Bruxelles, l’accusant d'avoir maquillé les comptes publics.

papandreou attitude


La Papandréou attitude : avec Merkel ou Sarkozy, le doigt pointé vers le haut, Papandréou ne cesse de mettre en garde ses interlocuteurs.

Papandréou ne joue pas le jeu. Depuis novembre dernier, la Commission européenne lui a demandé un plan d'austérité. Il aura fallu le revoir par trois fois, avec, en désespoir de cause, une Commission réduite à lui dicter mot à mot ce qu'il doit faire. Tout cela pour arriver au mois de mars sans qu'aucune mesure ne soit encore appliquée, et sans que les taux d'intérêt des emprunts de l'Etat grec baissent. Trois trains de mesures, dont les dernières particulièrement drastiques, sans que la confiance des milieux financiers internationaux revienne. A ce prix-là, le problème n'est pas la Grèce, le problème c'est Papandréou.

Et, tel un seigneur sûr de son bon droit, il tente de faire chanter l’Europe : « ou l’Europe m'aide ou je me tourne vers le Fonds monétaire international ! » Inacceptable pour Merkel. On ne peut pas faire appel à la solidarité européenne et menacer de porter un coup fatal à l’euro.

La chancelière allemande décide alors de prendre les choses en main. A peine Papandréou annonce-t-il son voyage aux Etats-Unis, « invité par Obama », que Merkel décroche le téléphone et exige que le premier ministre grec passe d'abord par Berlin. L'Europe s’est évanouie. Herman Van Rompuy, le tout nouveau président permanent du Conseil européen, cherche encore ses marques ; la présidence tournante espagnole est taciturne ; Barroso, à la Commission, dépassé ; Sarkozy ? Il a égaré son élan européen entre le Salon de l'agriculture et les élections régionales en France. Seul le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, le Finlandais Olli Rehn, s'agite, se rend en Grèce et assujettit Papandréou à un plan draconien de coupes budgétaires : 30% sur les 13e et 14e mois de salaire, hausse de la TVA, etc. Le plan passe, mais les taux d'intérêt des obligations à 10 ans de l'Etat grec restent à un niveau élevé. La confiance n'est pas tout à fait au rendez-vous. La zone euro ne peut supporter de tels écarts entre les Etats sans que l'euro n'en pâtisse.

La stabilité de l'euro, c'est l'affaire de l'Allemagne. Hors de question de laisser la Grèce faire faillite ni la laisser passer sous la coupe du FMI. Merkel échafaude des plans de soutien à l'économie grecque. Elle dépêche à Athènes le PDG de la Deutsche Bank. Des rumeurs courent sur un plan européen conduit par Berlin, qui y injecterait 25 millions d'euros et soutenu par Paris. Mais Papandréou s'obstine à refuser toute aide financière. « Nous ne demandons pas de l'argent », ne cesse-t-il de seriner. Et pour mieux le démontrer, il emprunte sur le marché cinq milliards d'euros au taux exorbitant de 6,25%. Ensuite, il se plaint que les taux sont élevés : « Ce que nous demandons c’est un soutien politique pour pouvoir emprunter à des taux supportables ». Dans la foulée, il rend responsable la presse, pensant sans doute qu'il suffit que les politiques ordonnent pour qu’elle se taise, qu'il suffit que l'Union européenne lui déclare sa confiance pour que la prime de risque des emprunts grecs baisse. Naïveté ou credo socialiste d'une autre époque ? En tout cas, personne ne comprend ce que Papandréou entend par « soutien politique ».

Le seul soutien politique dont un chef de gouvernement peut disposer, et le faire valoir légitimement, c'est celui de son peuple. Or, le peuple, ce jour-là précisément, est dans la rue en train de protester contre son plan d'austérité. Le pays est paralysé par de multiples grèves qui éclatent dès le lendemain de l'annonce de ce dernier. A Berlin, comme à Paris, Papandréou s'obstine à refuser la main tendue de Merkel et de Sarkozy, et continue à réclamer un « soutien politique » et à menacer de recourir à l'aide du FMI.

 Le seul soutien politique dont un chef de gouvernement peut disposer, et le faire valoir légitimement, c'est celui de son peuple. 

Certes, l'aide allemande ou française ne sera pas gratuite. Certes, Merkel ne demande pas Corfou ou la concession de l'Acropole en échange. Mais un arrangement sur le paquet d'actions détenu par l'Etat grec dans l'OTE (l'opérateur historique grec de téléphonie) au profit de la Deutsche Telekom ne serait pas pour lui déplaire... ainsi que l'achat de quelques chars Leopard ; de même l’acquisition de quelques frégates serait de bon augure pour Sarkozy, à défaut d'un Rafale, dont l'achat, vu le coût, ne serait pas opportun pour l'instant. En fait, il n’y a rien de neuf ni pour les chars ni et les frégates, elles sont inscrites dans le programme. Par contre, concernant l'OTE, ce que Papandréou refuse dans les négociations, la Deutsche Telekom peut se l'offrir à n'importe quel moment sur le marché. L'argument massue de Papandréou pour se tourner vers le FMI est de ressasser que l'austérité exigée par le FMI n'est pas pire que celle de la Commission européenne, mais qu'au moins le FMI lui donnera de l'argent bon marché. Mais lorsque l'Union européenne lui propose de l'argent, il rétorque « La Grèce n’en a pas besoin ! »

 Lorsque chaque famille a "un cousin" qui travaille quelque part dans un service public, toute sorte d'arrangements fiscaux et autres passe-droits deviennent possibles. 

Nous l'avons souvent dit et répété, Papandréou doit démissionner pour laisser la place à un gouvernement d'union nationale. Le seul qui puisse rassurer les marchés et les partenaires européens sur les chances d'aboutir d'un quelconque plan d'austérité. Un gouvernement d'union nationale devrait pouvoir renégocier ce plan bâclé, uniquement fondé sur les prélèvements brutaux, et l'accompagner d'un véritable plan de développement économique. Mais le plus important restera encore à faire : la modernisation d'une politique dominée par le clientélisme et les services rendus. La première cause de la situation actuelle, ce ne sont ni les salaires "élevés" de la fonction publique ni la fraude fiscale, mais l'étendue du secteur public. Lorsque les places dans les entreprises publiques de toute sorte sont légion, elles deviennent la monnaie d'échange du clientélisme politique. Et, lorsque chaque famille a "un cousin" qui travaille quelque part dans un service public, toute sorte d'arrangements fiscaux et autres passe-droits deviennent possibles.

Les gouvernements européens doivent cesser de voir en Papandréou l'homme de la situation, en pensant qu'un socialiste soit le mieux placé pour faire passer la pilule au peuple et contenir la colère des syndicats. Il n'y a pas calcul plus risqué. De même, le chef de l'opposition conservatrice, Antonis Samaras, doit assumer ses responsabilités et cesser de se cacher derrière un « Laissons Papandréou faire le sale boulot ». Car, demain, ce sera celui qui aura assumé le sale boulot, fut-ce malgré lui, qui récoltera les fruits. Sauf que vu la manière dont  le boulot est engagé, rien n'est moins sûr qu'il y aura des fruits à récolter. Au passage, des millions d'employés du public auront subi l’anathème, et, autant du privé auront casqué pour rien.

 Les craintes sont fondées de voir ce plan d'austérité provoquer une telle récession qui anéantira tous les efforts et sacrifices et annulera finalement tous les bénéfices escomptés. 

La casse a commencé : on a divisé la population entre privé et public. Le stigmate de nantis et le soupçon de privilégiés pèsent désormais sur tous les fonctionnaires du pays, alors qu'ils ne sont pour rien dans la situation que connaissent les finances de l'Etat grec. Oui, ils étaient bien payés, mais pas plus que ce qu'il faudrait à tout un chacun pour vivre honnêtement : acheter une maison, une voiture et élever ses enfants. Vous parlez de privilèges ! L'argent qu'on va leur prélever ne proviendra pas de leurs surplus boursiers. Il sera pris sur leur salaire mensuel, celui qui leur sert à payer leurs crédits et à faire leurs courses quotidiennes. Incontestablement, ils ont la responsabilité d'avoir porté au pouvoir des politiques sur les promesses faciles payées à crédit et non par la production de biens. Ils se sont portés caution d'une politique. Cette politique a fait faillite. Mais méritent-ils, aujourd'hui, ce qui ressemble fort à une saisie sur salaire, alors que les hommes politiques qui ont bénéficié de la caution des fonctionnaires sont toujours aux manettes du pouvoir. D'autant que l'issue est, on ne peut plus, incertaine tant les craintes sont fondées de voir ce plan d'austérité provoquer une telle récession qui anéantira tous les efforts et les sacrifices et annulera finalement tous les bénéfices escomptés.

Le père de Georges Papandréou, Andréas, a inauguré ce jeu de rachat des consciences des fonctionnaires en 1981. On se souvient encore de sa fameuse phrase : « Τσοβόλα, δώστα όλα / Tsovolas, donne leur tout ». Tsovolas était alors son ministre des Finances jusqu’à ce qu’il sombre, éclaboussé par le scandale  Koskotas, et condamné à trois ans de prison avec sursis. Georges Papandréou a repris l'esprit de ce slogan dans sa dernière campagne électorale, tout en le remettant au goût du jour : « Παπακωνσταντίνου, πάρτα όλα / Papakonstantinou (l’actuel ministre des Finances), (re)prends tout ». Un slogan qui a toutes les chances de passer, aussi, à l'Histoire.

Et, pour en revenir à notre titre, quand, en 2004, l'entraîneur allemand Otto Rehaggel a conduit l'équipe nationale du football sur le glorieux chemin de la conquête de la Coupe d'Europe, il disposait d'une équipe joyeuse et soudée ainsi que des joueurs de talent. Les Grecs le lui ont rendu au centuple et lui ont donné le titre affectueux de roi en calquant son nom sur celui du premier roi de Grèce, Othon (déjà un Bavarois). Angela Merkel a proposé à Papandréou le savoir-faire de l'Allemagne dans l'organisation de l'Etat et dans l'art de la négociation sociale. Mais pour devenir un jour la reine Angela, elle ne dispose ni d'une équipe soudée, ni de joueurs de talent. Dommage. Notre parallèle footballistique s'arrête ici.

i-GR/AE

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