Le premier ministre, Georges Papandréou, est arrivé mardi soir à Paris où il doit rencontrer mercredi midi le président de la République française, Nicolas Sarkozy, pour discuter de la situation économique de la Grèce en vue du Sommet européen de jeudi et explorer "d'autres voies" d'intervention européenne.
M. Papandréou devrait donner une interview mercredi matin au journal Le Monde et au magazine Politique internationale, alors que par la suite, il rencontrera le président de l'assemblée nationale française, Bernard Accoyer, avant d'assister à un déjeuner d'affaires avec M. Sarkozy, puis à 17 heures, il rencontrera son homologue français, François Fillon et se rendra par la suite à Bruxelles pour prendre part au Sommet informel de l'UE le 11 février.
La veille de son départ pour Paris et de ses entretiens avec le président français, Nicolas Sarkozy, le premier ministre, Georges Papandréou, a présidé mardi un Conseil des ministres informel sur le projet de loi fiscale et la politique salariale, résumant les trois objectifs pressants et prioritaires au calendrier économique du gouvernement.
M. Papandréou a rappelé que le gouvernement actuellement cible trois objectifs, qui sont d'une part "sauver l'économie et réduire la dette" en adoptant des solutions justes ne fragilisant pas les personnes économiquement faibles et la classe moyenne, d'autre part "appuyer sur la pédale d'accélérateur" pour relancer la croissance - faute de réformes, a-t-il dit, les conséquences de la crise se feront ressentir encore davantage -, et, enfin, et "sans grand coût", progresser plus rapidement au plan des réformes institutionnelles, pour de meilleurs services aux citoyens et l'amélioration de la qualité de la vie.
Le premier ministre a par ailleurs critiqué sévèrement les erreurs des politiques du précédent gouvernement ayant conduit le pays aujourd'hui dans une crise économique sans précédent, qualifiant même de "criminelles" les politiques de la ND ayant amené le pays "au bord du précipice", mais souligné aussi que la Grèce est actuellement la victime d'attaques spéculatives se jouant sur les marchés internationaux tout puissants, qui ne sont toujours soumis à aucun contrôle, malgré les dommages qu'ils provoquèrent il y a moins de un an et demi.
A propos de sa rencontre avec le président français, M. Papandréou a mentionné le fait qu'au Sommet informel de l'UE, M. Sarkozy "avait parlé de la nécessité d'autres règles qui régiront les marchés".
C'est visiblement l'exploration de ces "autres règles" que M. Papandréou évoquera avec M. Sarkozy et notamment l'hypothèse d'un axe franco-allemand de soutient à la Grèce. Les banques françaises et allemandes sont parmi les plus exposées par l'endettement de la Grèce. L'offensive habituelle de la diplomatie française pour placer un avion Rafale dans le système grec de défense aérienne ne sera sans doute pas d'actualité, cette fois.
Les rumeurs d'une intervention européenne allaient bon train mardi après l'annonce de l'avancement d'un jour du voyage retour du président de la Banque centrale européenne Jean-Claude Trichet, actuellement en Australie, afin de participer au Sommet de Bruxelles jeudi.
En dernier ressort, et afin de contourner le principe européen de non intervention, l'aide apportée à la Grèce pourrait prendre la forme d'aides bilatérales. Selon les Financial Times, cité par l'agence Reuters, l'Allemagne aurait déjà préparé un paquet de soutien à la Grèce. Il reste que la Grande Bretagne et le Suède restent fermement opposés à tout concours de l'Union européenne à la Grèce estimant que cela est du ressort du Fonds monétaire international. Il restera à connaître les termes des uns et des autres et s'ils seront moins asphyxiants que ceux des marchés. Ce qui est certain, c'est que "le soutien ne sera pas gratuit", a avertit le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, Joaquin Almunia.
Le porte-parole du gouvernement, Georges Petalotis, invité à préciser s'il existe, et s'il en sera question au Sommet extraordinaire de l'UE jeudi, un plan de "l'axe franco-allemand" pour sauver l'économie grecque, a affirmé que "nous arriverons seuls à surmonter la crise", ajoutant toutefois que, ceci dit, la solidarité européenne joue aussi "dans le cadre de laquelle nous évoluons".
Amené à informer en outre si le premier ministre, Georges Papandréou, compte discuter avec le président français, Nicolas Sarkozy, qu'il doit rencontrer mercredi, de la question de l'émission d'obligations européennes, M. Petalotis a renvoyé à ce qu'avait dit le premier ministre, à savoir être ouvert en général à cette question, et relevé que dans la période actuelle "toutes les questions sont ouvertes".
Enfin, à propos de l'existence d'ores et déjà d'une plateforme précise entre la Grèce, l'Espagne et le Portugal en vue du Sommet extraordinaire de l'UE sur l'économie, le porte-parole du gouvernement a déclaré que "pour le moment, nous ne pouvons annoncer l'existence d'une plateforme commune", soulignant le fait que d'autres pays européens traversent une crise, une question "objective" qui devra être réglée par les instances communautaires.
La BEI ne procède pas à des opérations de sauvetage
Le président de la Banque européenne d'Investissement (BEI), Philippe Maystadt, a déclaré mardi à l'intention des médias que la BEI finance uniquement des investissements économiquement viables.
"La mission de la BEI, ainsi que ses statuts, ne permettent pas de soutien pour la couverture de déficits budgétaires ou de la balance des paiements de pays membres", a souligné M. Maystadt, ajoutant que la BEI appartient aux pays membres de l'UE et représente l'organe de l'UE pour l'octroi de financements à long terme.
"Sa mission est de financer des investissements qui visent à promouvoir le développement économique et l'unification de l'UE, ainsi que le financement d'investissements dans les futurs pays membres de l'UE ou dans des partenaires de l'UE".
i-GR/ANA-MPA