En pleine protestation agricole depuis une semaine en Grèce, la Commission européenne a annoncé mercredi l'ouverture d'une enquête en ce qui concerne les paiements compensatoires de l'ordre de 425 millions d'euros versés aux agriculteurs grecs par l'Organisme des Assurances Agricoles (ELGA) au cours des années 2008-2009.
La Commission a des doutes en ce qui concerne la compatibilité de ces aides avec le marché interne, contestant l'ampleur des catastrophes naturelles telle que déclarée à l'époque.
Selon le communiqué de la Commission, l'ouverture de la procédure officielle d'enquête offrira la possibilité d'une part à la Commission de rassembler toutes les informations nécessaires en vue d'évaluer les aides accordées, et d'autre part aux parties intéressées de présenter leurs observations.
Une nouvelle qui tombe mal en pleine mobilisation des agriculteurs qui poursuivent le blocage des routes et des postes douaniers de la Grèce depuis le début le début de la semaine.
Des experts roumains et bulgares se sont rendus mercredi à Bruxelles pour informer les autorités communautaires compétentes des dommages subis par les produits de ces deux pays, en raison du blocus des frontières entre la Grèce et la Bulgarie par les mobilisations d'agriculteurs, a déclaré le porte-parole de la Commission pour l'Entreprise et l'Industrie, Ton Van Lierop qui a encore précisé que cette rencontre s'est tenue au niveau technique.
Par ailleurs, dans le point de presse de la Commission, le porte-parole de la Commission chargé de la Concurrence, Jonathan Todd, a rappelé que la libre circulation des biens entre les pays membres de l'UE est un des principes fondamentaux de l'UE.
Il a encore ajouté que selon le règlement communautaire, les autorités grecques étaient dans l'obligation d'informer à l'avance les pays-membres et la Commission d'éventuelles difficultés dans la circulation des biens. Il a par ailleurs précisé que la Commission étudie la situation et attend une information de la part des autorités grecques en ce qui concerne le rétablissement de la libre circulation des produits.
De son côté, la Chambre gréco-bulgare a adressé mercredi une lettre au premier ministre, Georges Papandréou, au sujet des mobilisations agricoles aux frontières gréco-bulgares lesquelles provoquent d'énormes problèmes aux entreprises-membres de la Chambre et par conséquent aux relations bilatérales.
"La fermeture des frontières crée des conditions d'incertitude pour les activités des entreprises d'intérêt grecs dans le pays voisin et pour les dommages subis au quotidien à cause des mobilisations", précise encore la lettre de la Chambre greco-bulgare.
Enfin, la ministre du Développement agricole et de l'Alimentation, Katerina Batzeli, et le secrétaire d'Etat, Michalis Karchimakis, ont reçu mercredi une délégation des éleveurs du Nord de la Grèce, se rendant par la suite dans un hôtel du centre d'Athènes ou étaient réunis les jeunes agriculteurs.
De ces longues discussions, rien de très positif n'est sorti, si ce n'est que les éleveurs ont annoncé que leurs assemblées générales décideraient si à leur tour ils placeraient leurs tracteurs sur les barrages routiers, expliquant que s'ils sont certes d'accord sur le volet institutionnel de la nouvelle politique du gouvernement, ils restent toujours dans l'attente d'un règlement de leurs problèmes les plus pressants.
Sur le front des barrages routiers, le mouvement se renforce avec en premier des rencontres entre agriculteurs du Nord de la Grèce et de la Thessalie en vue de former un front uni, de nouveaux barrages étant mis en place d'autre part sur la nationale Athènes-Thessalonique, avec ouverture et fermeture des routes par intermittence, alors que la situation aux frontières reste difficile pour les transporteurs et automobilistes, les Chemins de fer hellénique (OSE) ayant été contraints notamment mercredi d'annuler certains trajets entre Thessalonique et Sofia.
Notons par ailleurs qu’un accident ferroviaire a été évite de justesse au poste-frontière de Promachona (Serres), lorsque les agriculteurs qui bloquent le réseau routier de la région ont décidé de déplacer certains de leurs tracteurs sur la ligne ferroviaire sans en informer au préalable le chef de gare et alors qu’un train en provenance de Bulgarie s’apprêtait a entrer en gare.
i-GR/ANA-MPA