Des nouveaux heurts ont eu lieu entre la Police et les jeunes au centre d'Athènes, le lundi, avant et après un rassemblement de protestation prévu pour le premier anniversaire de la mort d'un jeune de 15 ans, en décembre de l'année dernière, au cours d'une bavure policière, alors que depuis trois jours les arrestations de manifestants approchent le millier dégageant une odeur de la capitale grecque en état de siège.
Les soi-disant activistes "anti-pouvoir" ont lancé des pierres et autres objets sur les policiers qui gardaient l'Université d'Athènes, qui, après intensification des attaques, ont répliqué avec utilisation de gaz lacrymogènes et procédé à plusieurs arrestations manifestants.
La police avait reçu l'ordre de garder le bâtiment néo-classique du rectorat de l'Université, un repère des activistes à Athènes, un jour après que des jeunes cagoulés eurent forcé sa porte et procédé à un vaste saccage, blessant légèrement le recteur.
Des incidents similaires ont eu lieu au Pirée, quand un groupe d'environ 500 jeunes manifestants, rassemblés devant un commissariat de Police, ont lancé des bouteilles et autres objets.
Face à face tendu entre activistes et policiers devant l'Université d'Athènes.
Dans la matinée, plusieurs postes de police dans toute la région d'Athènes ont été pris pour cible de jets de pierres et de… mandarines, par les jeunes qui ont convergé par la suite vers le centre d'Athènes pour un rassemblement principal.
Près de 4.000 personnes ont participé à la manifestation appelée par les syndicats des enseignants et des lycéens scandant le slogan "la jeunesse n'oublie pas" et réclamant une meilleure éducation mais aussi la protection de l'asile dont jouissent les enceintes universitaires.
Plus de 140 personnes ont été arrêtées et près de 800 emmenés pour interrogatoire au milieu des incidents de toute la Grèce au cours des 48 dernières heures, dont plus d'une douzaine de ressortissants étrangers, parmi lesquels 3 Français, ainsi que des nombreux adolescents mineurs. Parmi les personnes arrêtées dans un "centre culturel" squatté par les "anarchiste", où selon la police se préparaient les cocktails molotov, la fille et le fils du vice-président du Parlement, 30 et 28 ans, député du Pirée, Grigoris Niotis. Selon leur père, ses enfants se trouvaient là pour prendre un… café. La plupart des personnes arrêtées étaient libérées lundi soir, quelques dizaines étant convoquées à comparaître devant les juges mardi.
Bien qu'une grande partie du centre de la capitale grecque est restée fermée à la circulation dans l'après-midi, quelque 20 vitrines et des façades ont été endommagées, les incidents restant toutefois moins nombreux et moins violents par rapport à l'an dernier.
En début de soirée, lundi, le calme semblait revenir et plusieurs artères du centre d'Athènes étaient rouvertes à la circulation.
Dans une déclaration en fin d'après-midi, le porte-parole du gouvernement Giorgos Petalotis a réitéré que le gouvernement "avait fait clairement comprendre qu'il y aura tolérance zéro pour ceux qui, prenant prétexte des événements en souvenir de Alexandros Grigoropoulos, seraient tentés d'ériger à nouveau un paysage de terreur et de chaos, comme l'an dernier, dans le centre d'Athènes."
Il n'en reste pas moins que la politique répressive du gouvernement conduit par le socialiste Giorgos Papandreou, deux mois seulement après ses prises de fonction, crée un malaise dans le pays par l'ampleur des arrestations et envoie une image déplorable du pays à l'étranger.
Le coût, ensuite : 10.000 policiers déployés avec leurs primes et heures supplémentaires, en se basant sur un surcoût moyen de 500 euros par policier, la facture s'élèvera à 5.000.000 d'euros pour les trois jours. Dans un contexte où les finances publiques de la Grèce sont surveillées de très près par l'Union européenne et les agences internationales de notation, un tel déploiement était-ce la meilleure option ?
Enfin, avec un bilan de 1.000 arrestations en trois jours, on ne peut plus parler de quelques éléments isolés, d'anarchistes, ou de bandes d'encagoulés d'Exarcheia, d'autant qu'une grande partie des interrogatoires conclus par des arrestations formelles concernent des mineurs. Soit, les troubles sont l'oeuvre de quelques dizaines d'extrémistes et, alors, il se pose un problème de libertés publiques pour le reste, la gande majorité de manifestants qui auraient été arrêtés sans raison ; soit la grogne est beaucoup plus profonde et populaire et, là, la répression n'est pas le moyen le plus indiqué pour ramener le calme. Le gouvernement devra rapidement clarifier l'idée qu'il se fait des émeutes et de leurs auteurs. Le maintient dans le flou actuel ne fera qu'aggraver la situation en poussant une large frange de la jeunesse dans les rangs des extrémistes.
i-GR/ANA-MPA