Encore un ministre du gouvernement de Costas Caramanlis soupçonné de pots de vin après qu'une large majorité de députés ait décidé mardi de renvoyer devant une commission parlementaire l'affaire dite "Pavlidis", du nom de l'ancien ministre de la Marine Marchande accusé par un armateur d'avoir fait chantage lors de l'attribution du marché des liaisons subventionnées entre les îles en mer Egée.
Sept députés de la ND, trois du PASOK, un du KKE, un de la SYRIZA et un du LAOS, au total 13 députés, formeront la commission parlementaire d'instruction préliminaire examinant l'affaire de l'ancien ministre de la Marine marchande, Aristotelis Pavlidis, leur rapport devant être transmis au président du Parlement d'ici le 27 avril.
Dans la nuit de lundi à mardi, les députés ont voté la proposition du PASOK demandant la constitution d'une commission parlementaire spéciale d'instruction préliminaire chargée de l'examen d'une affaire concernant les lignes maritimes qui desservent les petites îles de l'Egée et bénéficient d'une subvention de l'Etat, l'armateur M. Manoussis impliquant dans ses dénonciations à la justice M. Pavlidis.
Après un vote à bulletin secret, les députés ont voté à une forte majorité le renvoi de M. Pavlidis en commission parlementaire d'enquête, et sur les 294 votants, 215 se sont prononcés pour, 67 contre, six votant blanc et six autres votant nul. Le fort taux de participation de la majorité gouvernementale s'explique par le fait que M. Pavlidis a refusé de démissionner malgré les pressions du parti de Nea Dimokratia.
Le premier témoin qui sera entendu dans cette affaire sera mercredi à 13h l'armateur M. Manoussis, comme en a décidé la commission parlementaire spéciale, alors que plus tôt, les partis devront avoir soumis une liste des témoins qu'ils souhaitent faire convoquer.
Une affaire qui arrive on ne peut plus mal dans le calendrier alors qu'après la Pâque orthodoxe s'ouvre la campagne pour les élections européennes.
Selon les conclusions du juge d'instruction fondées sur la déposition de l'armateur Fotis Manoussis, M. Pavlidis est accusé d'incitation à l'extorsion de fonds lors de l'attribution des marchés des lignes subventionnées des ferries sur les lignes non rentables entre les îles de la mer Egée alors qu'il était ministre de la Marine marchande.
M. Manoussis soutient s'être acquitté de 100.000 euros en espèces et de 525.000 en traites à un proche collaborateur de l'ancien ministre afin que sa compagnie Saos soit retenue dans l'appel d'offres. Le juge souligne que deux jours après la date du versement des fonds, le collaborateur du ministre soldait des dettes personnelles à hauteur de 40.000 euros, tandis que, trois mois après, le ministre remboursait un emprunt de sa fille contracté quelques mois plus tôt sur une durée de vingt ans pour l'acquisition d'une maison.
En février dernier, le ministre d'Etat et porte-parole du gouvernement Theodoros Roussopoulos a dû démissionner après avoir été mis en cause dans l'affaire Vatopediou, une affaire de transactions immobilières entre le privé, l'Etat et un monastère du Mont Athos.
En septebre 2008, c'était un autre ministre de la Marine marchande, de l'Egée et de la Politique insulaire, Georgios Voulgarakis, accusé par l'opposition de fraude fiscale, qui avait dû présenter sa démission, suivi quelques jours plus tard de la condamnation en première instance de Yannis Kefalogiannis, un conseiller du premier ministre pour trafic d'influence dans une affaire de stupéfiants.
i-GR/AE/ANA-MPA