La dégradation de la note du crédit de la Grèce à A-/A-2 par l'agence internationale Standard & Poor's, pour cause de "perte de compétitivité sous-jacente de l'économie grecque", a contribué à faire retomber mercredi les grandes places boursières dans le cauchemar qu'elles avaient connue à la fin de l'année dernière, avec, notamment, le cours du secteur bancaire chutant jusqu'à 10%.
Certes la note de la Grèce n'était pas seule dans les causes de la nouvelle déferlante des grandes places boursières : Athènes cédait 5,47% à la clôture mercredi, New York 2,94%, Londres 4,97%, Francfort 4,63% et Paris 4,56%, avec le secteur bancaire qui cédait en moyenne 10%, le record du jour étant détenu par Citigroup qui dégringolait de 23,22%. La déprime des marchés se poursuivait jeudi avec -1,94% à Athènes, -1,84% pour le CAC40 à Paris, -1,42% au FTSE à Londres, le DAX abandonnant lui 1,94%.
Un chiffre plus mauvais qu'attendu des vente de détail aux Etats-Unis et l'entrée officielle en récession de l'Allemagne au quatrième trimestre ont alimenté de leur côté l'anxiété des marchés.
Cependant, la Grèce envoie le plus mauvais signal et les places boursières craignent qu'elle ne soit que le premier des pays de l'Union européenne à manifester ses faiblesses et qu'elle pourrait être rapidement rejointe par l'Espagne, le Portugal et l'Irlande, autres pays de la zone euro, qui ont été placés sous surveillance négative par Standard & Poor's. Et, cette fois, ce ne sont pas les banques ou les industries qui risquent la faillite mais des Etats de l'Union européenne. La nouvelle a, ainsi, fait plonger aussi l'euro à 1,31 dollar.
"La principale raison pour laquelle Standard & Poor's a ramené l'évaluation de notre pays à une catégorie inférieure, c'est que la Grèce fait face à la crise économique internationale avec une dette publique élevée et un déficit élevé", a commenté le nouveau ministre de l'Economie et des Finances Yannis Papathanassiou, promu de secrétaire d'Etat au même poste à ministre de plein titre, à l'occasion d'un remaniement ministériel il y a tout juste une semaine.
"Concernant la dette publique, je souhaite souligner qu'elle a été ramenée de presque 100% du PIB en 2004 à 93% du PIB aujourd'hui. Le déficit aussi a été réduit bien en deçà des 7,5% du PIB où il était en 2004. Il reste néanmoins élevé, en raison de la décision du gouvernement d'accorder la priorité à l'économie réelle et au renforcement des groupes sociaux les plus faibles", a dit encore le ministre.
Or, sans changements structurels, S & P note dans son rapport que le déficit devrait dépasser les 4 % en 2009 et la dette devrait retrouver les 100 % de PIB en 2011.
Déjà en 2009, la Grèce devra consacrer l'équivalent de l'impôt récolté sur le revenu pour rembourser 12 milliards d'euros de sa dette. La dégradation de la note de S&P va tendre encore plus les taux d'intérêt sur les marchés obligataires à long terme alors que mercredi ceux-ci dépassaient les 5%, soit 2 points de plus que les taux consentis à l'Allemagne.
A ce prix, la Grèce ne pourra continuer à vivre longtemps au dessus de ses moyens. Néanmoins, le ministre assure que l'effort pour ramener le déficit en dessous des 3% continuera, mais concédant que "dans une conjoncture internationale difficile, comme celle que nous traversons, ce qui est visé en premier ne peut être de ramener à zéro les déficits, en ignorant les conséquences sociales", a-t-il dit prenant à témoin que "plusieurs pays de la zone euro dépasseront de beaucoup le plafond de 3% du PIB".
La réponse gouvernementale à l'équation entre cohésion sociale et équilibres budgétaires sera un peu mieux connue d'ici la fin du mois où le ministère de l'Economie et des Finances doit présenter une version actualisée du Programme de stabilité et de croissance. Voulant jusqu'ici éviter qu'une dégradation du climat social n'alimente une des émeutes comme celles qui ont mis à sac le centre d'Athènes en décembre dernier, le ministre aura sans doute à réactualiser une nouvelle fois la copie pour éviter, cette fois, des gifles comme celle infligée, hier, par les experts de Standard & Poor's.
i-GR/ANA-MPA