Des nouveaux affrontements violents ont eu lieu à la fin des manifestations au 13e jour des troubles sociales qui secouent la Grèce, atteignant jusqu'à l'Institut français d'Athènes, cible d'un groupe d'une vingtaine de personnes cagoulées qui ont pénétré dans la cour de l'Institut, brisé des vitres et tenté d'y mettre le feu.
Le groupe des jeunes cagoulés, visiblement échappées des manifestations estudiantines qui avaient lieu vendredi dans le centre de la capitale grecque, ont ceinturé le gardien de l'Institut, puis brisé toutes les vitres à leur porté : le hall d'entrée, le café-bar et la guérite du gardien.
Un cocktail Molotov jeté à l'intérieur du bâtiment n'a pas explosé évitant à l'Institut des dégâts plus importants.
En partant, les jeunes ont laissé deux tags sur les murs, signés du "A" anarchiste et de l'étoile communiste : "Liberté pour les prisonniers de l'Etat français", en grec, et l'autre en français "Etincelle à Athènes, incendie à Paris, c'est l'insurrection", peut-on lire.
Il n'y avait pas d'élèves au moment des incidents et aucun blessé n'a été signalé.
L'Institut français d'Athènes est à la fois une vitrine culturelle de la France en Grèce, abritant une intéressante bibliothèque et un centre de documentation, coordinateur de l'enseignement du français en Grèce et lieu de retrouvailles des la communauté française d'Athènes et des francophiles grecs.
Les dommages ont été limités aux vitres brisées, mais l'Institut a échappé de peu au pire, l'incendie.
La direction de l'Institut a annoncé qu'il restera fermé au public jusqu'à la fin des travaux de remise en état, tandis que l'Ambassade de France en Grèce a demandé la fermeture préventive de tous les établissements culturels français en Grèce. Dans un communiqué, l'Ambassade recommande "vigilance de prudence lors des déplacements dans certains quartiers du centre d’Athènes et des principales villes de Grèce, en particulier les quartiers étudiants où se sont concentrées les violences des derniers jours".
Des sources diplomatiques françaises rapportées par l'AFP (Agence France Presse) font état d'une demande de renforcement de la protection de l'Institut français auprès des autorités grecques dès le début des émeutes le 6 décembre mais qui n'aurait pas été suivie d'effets visibles. La demande sera réitérée après cet incident, a dit l'ambassadeur français Christophe Farnaud.
L'Institut françaiss, situé rue Sina, est proche de la faculté de Droit, un des foyers de la contestation étudiante et actuellement occupée par les groupes d'étudiants insurgés.
Une semaine avant que les incidents émeutiers éclatent à Athènes, un attentat avait visé les bureaux de l'AFP dans le quartier de Kolonaki à Athènes, revendiqué par un groupe se réclamant de la solidarité aux saboteurs des lignes de TGV en France.
L'intérêt pour le ciblage des symboles français en Grèce s'explique par l'augmentation de la population d'origine française, notamment à Athènes, ces dernières années, venue avec l'ouverture de filiales des chaînes commerciales et des réseaux bancaires français.
Une certaine fascination mutuelle existe par ailleurs entre les gauchistes français et le milieu anarchisant d'Exarcheia, le quartier estudiantin d'Athènes, due aux similitudes des symboles du passé : le mai 68 parisien et le novembre 73 athénien.
Quelques activistes français "altermodialistes" participent activement aux émeutes qui ont éclaté ce décembre au centre d'Athènes, à la suite de la bavure policière qui a coûté la vie à un adolescent dans le quartier d'Exarcheia le 6 décembre.
Des nouvelles manifestations de protestation ont eu lieu hier à Athènes au centre du faubourg de Peristeri où les élèves, enseignants et parents ont exprimé leur inquiétude et leur préoccupation au sujet du deuxième incident violent aux dépens d'un lycéen de 17 ans qui a été blessé par balle à la main.
Au centre d'Athènes, place Syntagma, les syndicats et les enseignants ont protesté contre le budget de l'Etat 2009 qui est débattu en ce moment au parlement. Une nouvelle fois, la manifestation s'est terminée par des affrontements violents entre groupes cagoulés et forces de l'ordre. Le soir un concert avait lieu aux Propylées de l'Université réunissant des vedettes de la scène rock grecque comme Lavrentis Mahairitsas, Dionysis Tsaknis, Foivos Delivorias, et quelques autres. Annoncé comme un "mega concert contre la répression étatique", il n'a pas réuni au-delà de quelques centaines de sympathisants, militants et curieux réunis.
i-GR