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Les affrontements s'essoufflent après les obsèques de l'adolescent

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Par iNFO-GRECE,

Une nouvelle vague de violences au centre d'Athènes a suivi mardi après-midi les funérailles d’Alexis Grigoropoulos, le jeune homme tué samedi soir par la police, mais, cette fois, la police semblait décidée à intervenir limitant ainsi le déferlement des émeutiers, alors que la population commençait à s'impatienter de l'inertie du gouvernement et à s'organiser en autodéfense, notamment dans les ville de province.

Les amis et camarades d'école, mais aussi près de 2.000 personnes, les larmes aux yeux, se sont rassemblés au cimetière du Vieux-Phalère pour le dernier adieu au jeune Alexis, apportant un peu de réconfort à sa famille.

Les associations, les partis politiques, les établissements scolaires, des particuliers aussi, avaient déposé en grand nombre des gerbes et des fleurs.

Mais à l'extérieur du cimetière et dans les rues aux alentours s'étaient des larmes provoquées par les grenades lacrymogènes qui coulaient. Les bandes d'émeutiers qui avaient mis à sac le centre d'Athènes la veille étaient venus jusqu'ici provoquer les forces de l'ordre scandant des slogans contre la police et les journalistes, d’autres lançant des pierres contre les forces de police anti-émeutes.

Une manifestation convoquée place Omonia a connuquelques débordements mardi après-midi, mais les soi-disant anarchistes ou "anti-pouvoir" n'ont pas réussi à entraîner dans la spirale de la violence la grande masse des jeunes. Alors que les manifestants amorçaient un défilé vers le Parlement, des groupes de jeunes ont commencé à incendier des rez-de-chaussée d'immeubles abritant des magasins, des hôtels et des services publics, la situation s'embrasant dans le centre-ville, de la place Omonia en passant par la place Kaniggos et jusqu'à la place Syntagma, située tout juste devant le Parlement, avec de violents heurts entre les groupes de jeunes et les forces anti-émeutes, qui ont dû faire usage à grande échelle de gaz lacrymogènes.

Les pompiers sont à pied d'œuvre partout dans le centre d'Athènes, intervenant même pour sauver la vie de deux personnes dans un institut de cours privés place Kaniggos.

L'appel au calme et à l'unité de la nation lancé dans la matinée par le premier ministre Costas Caramanlis était visiblement tombé dans le vide, bien que mardi soir l'intensité des heurts n'avait rien à voir avec la flambée de violence de la veille. Il ne restait qu'une centaine de jeunes à Athènes, autour de 'Ecole polytechnqiue, et quelques dizaines dans les villes de province à continuer le cache-cache avec la police. Dans plusieurs quartiers, par ailleurs, notamment dans les centres-villes de Patras et de Larissa, les commerçants ont commencé à s'organiser en groupes d'autodéfense afin de protéger leurs commerces de la casse et du pillage. La retransmission à la télé, mardi et mercredi soir, des... matchs de la Ligue des Champions du football devrait aussi contribuer à ce que les prochaines nuits soient plus calmes.

M. Caramanlis a eu des entretiens successifs mardi matin avec le président de la République, Carolos Papoulias, et les dirigeants des partis politiques, demandant "dans ces moments tragiques que chacun condamne ces événements comme l'impose le devoir démocratique de tous". De même, M. Caramanlis, dans une lettre adressée aux syndicats, a demandé le report des manifestations de mercredi.

Mais ni les partis politiques, ni les syndicats n'étaient disposés à faire un tel cadeau au premier ministre, d'autant qu'il n'avait pas brillé par ses initiatives pour ramener le calme durant ces 48 heures, ni par la force, ni par une quelconque ouverture envers les jeunes manifestants.

La Confédération générale des Travailleurs de Grèce (GSEE, principale centrale syndicale du pays) a décidé de maintenir l'appel à manifester mercredi au centre d'Athènes, a fait savoir son président, Yannis Panagopoulos. Seule concession du syndicat, la tenue du rassemblement, place Syntagma, devant le parlement, au lieu du Pedio tou Areos, une place plus ouverte "au risque d'exploitation [de la manifestation] et de violence aveugle".

Sur le plan politique, le chef du PASOK (socialiste), premier parti de l'opposition, M. Papandreou, a appelé à des élections anticipées, prenant la parole mardi devant son groupe parlementaire, peu après avoir été reçu au Palais Maximou à la demande du premier ministre. Ce n'est pas nouveau, puisque le leader socialiste a commencé à demander des élections anticipées dès les lendemain des dernières élections, mais dans le contexte actuel marqué par la faiblesse du gouvernement Caramnlis, la réitération de la demande prend une dimension particulière.

"Le seul service que peut rendre ce gouvernement est de partir", a notamment affirmé M. Papandreou, parmi des propos très durs envers le gouvernement et dressant une image noire de la situation actuelle dominée par un sentiment de peur, d'insécurité des citoyens, dont il a rendu responsable la Nouvelle Démocratie (ND).

Le chef du principal parti de l'opposition a dénoncé la flambée des violences urbaines, provenant soit des organes de l'Etat, soit des dits "cagoulés", soulignant que le PASOK répondra à la violence par des manifestations pacifiques, qui auront lieu l'après-midi dans toutes les municipalités à l'initiative du parti.

"Pour le KKE (parti communiste de Grèce), la situation actuelle a une issue", a déclaré le secrétaire générale du parti, Aleka Papariga, après son entretien mardi avec le premier ministre. Mme Papariga a souligné les effets de la crise financière internationale "prise comme prétexte pour la dégradation de la sécurité sociale et des droits des travailleurs", la solution étant alors "le renforcement du mouvement de masse bien encadré et n'ayant pas besoin des corps de sécurité".

"Notre colère pour la mort de l'adolescent n'a rien à voir avec celle du noyau dur des individus cagoulés ", a-t-elle dit, relevant que ce noyau dur "provient des cercles du pouvoir central et est utilisé pour diffamer et casser le mouvement populaire", ce dont Mme Papariga rend responsable le SYRIZA (parti de la gauche radicale, généralement compréhensif envers les casseurs) qu'elle a appelé à cesser de "caresser les oreilles" des individus cagoulés, toute en accusant ses dirigeants de "songer aux urnes ou aux fauteuils de hautes fonctions".

La réponse à la dirigeante communiste est venue du président du groupe parlementaire de du SYRIZA, Alecos Alvanos, lequel a dénoncé "la politique incendiaire de la Nouvelle Démocratie (ND, majorité gouvernementale)", autant que l'impuissance du gouvernement alors que "les villes brûlent sans que le gouvernement puisse faire quelque chose", et appelant à des solutions politiques capables d'assurer "de nouveaux emplois, la protection des droits du travail et une démocratisation des forces de police".

Plus tard dans l'après-midi, le premier ministre a informé également le président du Parlement, Dimitris Sioufas, sur la façon dont le gouvernement gère la situation actuelle de violence, soulignant dans des déclarations de presse que "ce qui compte avant tout, ce sont les vies humaines" et recommandant à tous consensus et sang-froid.

Pour sa part, le président de la République, M. Papoulias a recommandé le respect des institutions et des lois, déclarant plus précisément "aujourd'hui, jour de l'enterrement d'Alexis Grigoropoulos, est pour tous un jour de deuil. Ce crime a profondément blessé notre démocratie. Les jours qui ont précédé nous ont amené à réfléchir sur le pourquoi . Si notre société ne répond pas instamment en donnant des solutions, les plaies resteront ouvertes". Le chef de l'Etat a ajouté, plus personnellement, que "faisant partie d'une génération ayant vécu de lourdes années de notre histoire, j'appelle à respecter dans le calme la mémoire d'Alexis".

i-GR/ANA-MPA

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