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Traité de Lisbonne : le Parlement grec rejette la demande de l'opposition pour l'organisation d'un référendum

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Par iNFO-GRECE,

Le Parlement a rejeté mardi, par 152 voix contre et 144 voix pour sur 296 députés votants, les demandes formulées par les partis de l'opposition pour l'organisation d'un référendum sur le Traité de Lisbonne, un texte qui avait été entériné la semaine dernière en assemblée plénière de la Chambre à la majorité des voix des députés de la ND et du PASOK.

Dans son intervention, le ministre des Affaires étrangères, Dora Bakoyannis, a estimé que l'optique européenne de la Grèce ne saurait être mise en doute et que l'édifice européen devra rester stable.

"L'optique européenne de la Grèce ne peut et ne doit pas être mise en doute. L'édifice européen devra rester stable, et il restera stable, dès lors que les gouvernements et les parlements prennent leurs responsabilités et sont à la hauteur de leurs responsabilités", a affirmé Mme Bakoyannis, insistant que les hommes politiques ne doivent pas opter pour "l'alibi d'un référendum" lorsqu'ils ont l'avenir du pays entre leurs mains.

Se référant à l'attitude qu'observera le gouvernement grec lors du prochain Sommet de l'UE suite au "Non" du référendum irlandais, Mme Bakoyannis a indiqué que la Grece prônera une évaluation et un bilan les plus rapides de la situation de façon à ce que l'UE prenne au plus vite des décisions qui lui permettront de ne pas s'auto-piéger dans un cycle d'introspection et d'inertie. Nous espérons, a-t-elle ajouté, que les huit Etats membres qui n'ont pas ratifié le Traité de Lisbonne continueront conformément à la procédure prévue en vue de sa ratification.

A ce point, Mme Bakoyannis a évoqué les grands défis auxquels est confrontée l'UE aujourd'hui, en s'interrogeant si la Grèce sans l'UE pourrait faire face plus efficacement aux problèmes qui ne connaissent pas de frontières. Non, a tranché Mme Bakoyannis, faisant valoir que le renforcement et le progrès de l'UE sont l'arme la plus puissante dont disposent les peuples européens pour s'assurer un avenir meilleur dans le monde fluctuant dans lequel nous vivons.

Commentant plus précisément la pratique suivie par la Grèce, Mme Bakoyannis a indiqué que la ratification des traités par le Parlement garantit la marche européenne de la Grèce. "Le Parlement grec, a-t-elle ajouté, a la responsabilité de garantir la marche de développement et la sécurité de notre pays". Mme Bakoyannis a encore souligné qu'avec la ratification du Traité par le Parlement, personne ne peut parler de déphasage avec la volonté populaire et rappelé que tous les précédents gouvernements ont utilisé la procédure parlementaire, à la fois de la ND et du PASOK, où "participait" aussi M. Papandréou.

Enfin, Mme Bakoyannis a critiqué le PASOK de ratifier d'une part le Traité et d'autre part de demander l'organisation d'un référendum, y voyant un "cas unique" qui n'a jamais eu lieu dans aucun autre endroit dans le monde et taxant le PASOK de choisir ainsi une attitude qui n'est pas celle d'un parti de responsabilité et de pouvoir, mais de refus et de protestation.

Le président du PASOK, Georges Papandréou, a donné un contenu symbolique, mais tout à la fois substantiel, à la proposition pour l'organisation d'un référendum sur le Traité de Lisbonne.

La proposition de référendum constitue le point d'orgue d'une politique qui place le citoyen au coeur de tous ses efforts - une politique qui "constitue la nouvelle physionomie du discours de programme du PASOK", a affirmé M. Papandréou qui, passant à l'essence de la proposition cette fois, a expliqué qu'elle constitue une réponse au dilemme entre l'euroscepticisme et l'unification européenne bureaucratique, entre la tendance de renationalisation et la tendance d'une Europe unie qui a peur de ses citoyens.

"La réponse au dilemme, c'es celle qui dit un Oui décisif à l'unification, mais qui place aussi le citoyen au coeur des décisions et ouvre la voie à un avenir qui ne peut pas attendre", a lancé M. Papandréou.

"Dans le référendum irlandais, ce sont tous les défenseurs européens du Oui qui se sont cachés de leurs peuples - y compris M. Caramanlis - qui ont échoué. Qu'avez-vous à cacher du peuple grec? Vous avez eu peur de l'informer?", s'est interrogé M. Papandréou, critiquant l'option retenue par le gouvernement pour la ratification du texte.

Au nom du KKE, son représentant parlementaire, Achilléas Kantartzis, a attaqué à la fois le gouvernement pour son refus de soutenir la proposition d'organisation d'un référendum, que le PASOK mais aussi le Synaspismos pour leur "intérêt tardif".

"Tout le monde sait la position hostile de la ND contre les référendums, mais aussi du PASOK qui s'en est souvenu tardivement, puisque en tant que gouvernement il a ratifié tous les Traités à l'insu du peuple grec", a dit M. Kantartzis, critiquant aussi la Coalition "de n'avoir rien vu, rien entendu, lorsqu'ils se déclaraient présents pour le Traité d'Amsterdam".

"Nous voulons pour notre part le référendum, non pas pour donner un alibi à l'UE et rendre le peuple grec complice, mais dans le but de créer des brassages au sein de la société pour renverser les choix anti-populaires", a-t-il conclu.

Le président du groupe parlementaire du Synaspismos, Alecos Alavanos, a mis l'accent sur le référendum irlandais qui a dit "Non" à la ratification du Traité de Lisbonne, parlant de "la grande victoire qui sauve l'honneur de toute l'Europe".

M. Alavanos, qui a soutenu qu'après le "Non" irlandais la question du Traité européen ne se pose plus, a critiqué le gouvernement "d'avoir peur" et "d'éviter le choix de laisser le peuple grec décider par référendum".

M. Alavanos a souligné que les citoyens grecs attendent du gouvernement, au lieu de dire que le Traité n'est pas mort, d'expliquer pourquoi il ne passe pas auprès des agriculteurs, des travailleurs, au sein de la société. "Les citoyens veulent des actions concrètes dans les questions qui les préoccupent, telles que la cherté de la vie, le contrôle asphyxiant des multinationales et des banques, ou le chômage, et non pas qu'on leur dise pourquoi le Traité n'est pas mort", a-t-il dit.

Le président du LAOS, Georges Karadzaferis, a parlé à propos du Traité de Lisbonne, d'une "Constitution impitoyable" qui viole la logique, les principes démocratiques et les libertés des peuples, appelant le gouvernement, "s'il n'a pas peur du peuple" a-t-il insisté, à dire "Oui" au référendum.

M. Karadzaferis n'a pas hésité à parler d'un texte rédigé selon les méthodes de la "Cosa Nostra" lors de rencontres secrètes d'un certain nombre de dirigeants et à l'insu des peuples qui, "s'ils savaient", ne l'accepteraient jamais. A ce point, M. Karadzaferis a indiqué que 84% du peuple grec veut le référendum, invoquant une sondage de l'UE.

"Si vous considérez que les 83% des députés qui ont voté en faveur de la ratification du Traité de Lisbonne n'expriment pas la volonté du peuple, alors vous estimez qu'il existe un autre problème, plus important que la ratifiction du Traité", avait déclaré plus tôt le secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères, Petros Doukas, dans son intervention.

M. Doukas s'est interrogé si l'objectif du PASOK est "de surprendre l'Europe par l'originalité d'organiser un référendum sans qu'il soit exigé", et que "nous soyons le premier Parlement à ratifier le Traité et à demander ensuite un référendum".

De son côté, le rapporteur du PASOK, Mariliza Xenogiannacopoulou, a soutenu que le référendum sur le Traité est nécessaire, car l'UE a besoin de renforcer sa légitimation politique après les blessures subies lors des autres référendums en Europe.

Selon Mme Xenogiannakopoulou, "la ND a suivi la voie tracée par les autres gouvernements européens, de choisir à huis clos, sans aucune autocritique sur les politiques qui ont été suivies jusqu'à présent, au lieu de se tourner vers leurs peuples. Le résultat est qu'au lieu d'avoir un mouvement pour le "Oui", pour l'Europe que demandent les peuples et les citoyens, nous avons vu une procédure amorphe, purement pour boucler le dossier".

Le KKE a organisé dans l'après-midi une manifestation contre le Traité de Lisbonne, place Omonia, au centre d'Athènes, suivie d'un défilé vers le Parlement et les bureaux de la Représentation de la Commission européenne en Grèce.

i-GR/ANA-MPA

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