Robes en papier
Riche, belle, insouciante, étonnante… on serait presque à cours d'adjectif tant l'exposition, "Scraatch! Mode en papier", qui vient d'être inaugurée au Musée Benaki à Athènes, est remarquable. On la doit a un passionné du tissu et des créations : Vassilis Zidianakis qui s'était déjà illustré avec la fantastique exposition Ptichossis en 2004 sur l'histoire du drapé de l'antiquité à nos jours où des statues antiques cotoyaient des créations modernes en passant par la boukha afghane ou le boubou africain ! Aujourd'hui, il expose plus de 200 petites robes en papiers. Un délice avec un goût d'Amérique.
Les robes en papier ont connu un succès aussi massif qu'éphémère dans l'Amérique des années 1960 puisque elle a duré deux ans de 1966 à 1968. Outre le côté artistique, ludique même, l'exposition se veut aussi didactique.
On apprend ainsi que la mode des robes en papier a été lancée par une campagne de publicité de l'industrie du papier Scott qui les proposait à l'époque au prix d'1,5 dollars et demi. En deux ans plusieurs centaines de milliers d'exemplaires on été crées. Les robes toutes simples en forme de A s'arrêtant juste au dessus du genou tranchaient avec les tailleurs compliqués cintrés que portaient les femmes jusqu' alors, et les mamans notamment.
Détonantes, pleines de couleur, délires de graphisme elles étaient faites pour les fêtes entre copains. Les filles pouvaient les emporter dans leur sac ; pas toujours pratiques pour danser, mais faciles à retirer au bout de la soirée. C'est toute une époque consumériste, subversive et joyeuse qui se déroule sous nos yeux en parcourant l'exposition.
Mais le papier a toujours été utilisé dans la mode, notamment au Japon également très présent dans cette exposition.
Un gilet crocheté à partir de chutes torsadées de l'époque EDO du 19eme siècle atteste que l'on faisait au pays du soleil levant, des sous-vêtements en papiers tressé car ils absorbaient mieux la sueur. Les moines aussi portaient des robes en papiers. Ils allaient méditer en foret puis rentraient au monastère et faisaient un bûcher des leur robes en lambeaux.
Dans la partie contemporaine, on peut voir les créations les plus récentes de John Galliano, Hussein Chalayan, Issey Miyake ou Rei Kawakubo (Comme des garçons), sans oublier les robes politique à l'effigie de Robert Kennedy ou du canadien Pierre Trudeau, ou ce superbe costume d'homme en papier braille !
L'exposition "Scraatch!" offre aussi un podium aux stars du stylisme grec, avec des modèles de Georges
Elefthériadis ou du duo Deux hommes, mais aussi de jeunes créateurs et créatrices françaises et belges à qui Vassilis Zidianakis a demandé de dessiner des robes en papier et créer pour cette expositions des models spéciaux.
Enfin, l'exposition vous propose des ateliers de couture où vous pouvez exercer vos talents et laisser libre cours à votre imagination et où vous aurez peut-être la chance de croiser Vassilis Zidianakis qui vous expliquera comment il a parcouru le monde pendant deux et demi pour racheter toutes ces robes (il possède la plus grande collection au monde). Le must, assortir sa robe à la nappe et aux serviette en papier, voire aux tapisseries, pour recevoir les amis en dîner !
« Scraatch » doit être présentée à l'automne à la Fashion week de Londres avant d'être hébergée en 2008 au Musée d'art moderne de Luxembourg. Elle est en négociation avec des partenaires français notamment la Fondations Cartier pour venir exposer en France.
A Athènes, l'exposition est ouverte au public les mercredis, jeudis et dimanches de 10h à 18h et les vendrediset samedis de 10h à 22h au musée Bénaki b^qtiment de l'odos/rue Piréos et doit durer jusqu'au 15 avril.
i-GR/Angelique Kourounis