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Grèce, Russie et Bulgarie s’engagent à accélérer la construction de l'oléoduc Bourgas-Alexandroupolis

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Par iNFO-GRECE,

Le premier ministre grec, Costas Caramanlis, et les présidents russe et bulgare, Vladimir Poutine et Georgui Parvanov, ont exprimé leur volonté de signer d'ici à la fin 2006 un accord interétatique pour la construction de l'oléoduc Bourgas-Alexandroupolis, a l'issue de leur rencontre tripartite lundi à Athènes axée sur la coopération énergétique et économique. Si beaucoup de zones d’ombre restent encore à éclaircir dans ce projet, dont le retard, estimé à plus de 10 ans, a permis la construction d’autres réseaux alternatifs et concurrents, les trois dirigeants ont néanmoins mis l’accent sur le caractère « historique » que constitue leur rencontre pour l’avancée du projet.


Le président de la République, Carolos Papoulias, a qualifié l'oléoduc Bourgas-Alexandroupolis de « lien d'amitié et de coopération » dans un discours prononcé en accueillant lundi le président russe, Vladimir Poutine, au Palais présidentiel, immédiatement après la rencontre tripartite Caramanlis-Poutine-Parvanov. Recevant ensuite le président bulgare, Gueorgui Parvanov, M. Papoulias a rappelé que « pour [lui], c'est une journée importante, car en tant que ministre des Affaires étrangères [il avait] fait de grands efforts pour la construction de l'oléoduc » et exprimé aussi à l’époque l'espoir « que les procédures soient vite terminées pour que nous passions à la phase de la construction ». « Vous êtes l'histoire vivante de ce projet », a répondu M. Parvanov, caractérisent à son tour cette journée d'historique.

« Il ne faut épargner aucun effort pour garantir le transport d'énergie afin de couvrir les besoins de l'économie mondiale », a affirmé M. Caramanlis lors de la conférence de presse commune, qui s'est félicité de la coopération très étroite entre les trois pays pour la matérialisation de l'oléoduc Bourgas-Alexandroupolis et l'extension encore plus poussée dans les domaines du gaz naturel et de l'électricité.

M. Caramanlis a souligné que l'oléoduc Bourgas-Alexandroupolis sera un réseau supplémentaire pour le transport du pétrole russe depuis la mer Noire, un réseau complémentaire au Bosphore, et sa construction donnera une impulsion puissante pour l'élargissement plus étendu des relations commerciales entre les trois pays.

Aussi bien côté grec que bulgare, les bénéfices économiques et les retombées politiques sur la scène intérieure l’emportent sur les questions géopolitiques et les doutes sur la sécurité des approvisionnements au cas où la Russie serait tentée d’user de la maîtrise des vannes pour faire pression sur les pays tiers comme ce fut le cas l’hiver dernier avec l’approvisionnement en gaz de l’Ukraine.

La sécurité de l'accès à l'énergie est une garantie pour le développement de notre culture, a voulu rassurer M. Poutine, qui a tenu à préciser qu'il faut prendre à la fois en compte les intérêts des pays d'origine (des sources d'énergie), des pays de transport et des pays de consommation. La Grèce et la Bulgarie sont des partenaires crédibles et de longue date, a-t-il ajouté, évoquant également à cette occasion les possibilités de construire de grands centres de stockage, traitement et transport de l'énergie.

La sphère énergétique, a encore insisté M. Poutine, peut devenir la force motrice de nos relations, alors que M. Parvanov soulignait pour sa part ses craintes qu'un retard supplémentaire dans la matérialisation du projet Bourgas-Alexandroupolis, en présence d'un aussi grand nombre de plans alternatifs, pourrait s'avérer fatal. « Maintenant ou jamais », a dit M. Parvanov, rappelant que le retard remonte à présent à plus de 10 ans.

A ce point, les trois dirigeants ont souhaité mettre tout l'accent sur l'importance de cet ouvrage, pour bien montrer ne pas souhaiter entrer dans les détails que pose chacune des parties, M. Parvanov observant d'ailleurs à ce sujet que l'une des raisons du retard a été justement la discussion excessive de points de détail.

Interrogé par la presse bulgare si a été garantie l'équité de participation des trois pays à ce projet, M. Parvanov a estimé que « la Bulgarie est gagnante en terme de sécurité, tout comme les entreprises qui participent, sans omettre les bienfaits pour le développement économique et le profit social », alors qu'à ce même sujet, M. Poutine a assuré que la partie russe ne pose pas de « conditions dures », renchérissant que Moscou souhaite fermement la construction de cet oléoduc avec ses partenaires traditionnels, tels que la Bulgarie et la Grèce, en rappelant que l'oléoduc Bakou-Ceyhan et l'oléoduc "Blue Stream" ont été construits pour mieux faire ressortir le risque qu'en cas de nouveau retard, l'oléoduc Bourgas-Alexandroupolis sera court-circuité par d'autres réseaux.

Déclaration commune pour l'énergie par la Grèce, la Russie et la Bulgarie

Dans la déclaration commune pour la coopération dans le secteur de l'énergie publiée lundi par les présidents de Russie et de Bulgarie, Vladimir Poutine et Georgui Parvanov, et le premier ministre grec, Costas Caramanlis, à l’issue de leur rencontre dans la capitale grecque, la Grèce, la Bulgarie et la Russie s'engagent à accélérer les procédures pour la création d'une entreprise internationale et la signature d'un accord interétatique de soutien aux travaux de construction de l'oléoduc Bourgas-Alexandroupolis d'ici la fin 2006.

Dans cette déclaration pour « la coopération dans le secteur de l'énergie », les trois dirigeants jugent indispensable de faciliter l'entrée de capitaux dans la production de l'énergie électrique et, plus particulièrement, dans la construction de nouvelles unités plus efficaces et la modernisation de celles qui existent. Les trois pays estiment importants les secteurs de coopération dans la construction de lignes d'acheminement de l'énergie électrique, le développement des infrastructures énergétiques transrégionales.

La Grèce, la Russie et la Bulgarie déclarent encore accorder une très grande importance à la création de nouveaux réseaux d'acheminement du gaz naturel et son stockage souterrain, affirmant qu'ils continueront à étudier des travaux communs de transfert de gaz naturel qui contribueront à l'acheminement sûr de quantités suffisantes.

Enfin, les trois hommes soulignent l'importance-clé de l'énergie pour la croissance économique et se déclarent décidés à promouvoir la coopération mutuelle dans ce secteur, sur la base de l'égalité et de l'intérêt mutuel, selon les engagements pris dans le cadre des accords internationaux auxquels ils participent.

Les socialistes rappellent leur rôle dans le dossier, les communistes critiquent

« L'importance évidente de la création de solutions alternatives pour l'acheminement du pétrole et du gaz naturel pour un pays dépendant dans le secteur de l'énergie, tel que la Grèce, ne peut en aucun cas couvrir la question principale: qui tirera profit de la construction et du fonctionnement des oléoducs et gazoducs », s'interroge le KKE dans un communiqué commentant la rencontre de M. Caramanlis avec les présidents Poutine et Parvanov lundi à Athènes.

Le KKE soutient notamment qu' « avant tout, les gagnants dans cette affaire seront les grosses entreprises, tant en ce qui concerne la construction qu'en ce qui concerne la gestion de l'ouvrage. Le nombre d'emplois - qui sont cités pour faire impression - sera de 500 pour la construction et de 300 pour le fonctionnement », précise le communiqué du parti communiste.

« Le rôle de la Grèce en tant que centre énergétique a été préparé pendant les gouvernements du PASOK avec l'oléoduc Bourgas-Alexandroupolis et le gazoduc reliant la Turquie à l'Italie », a affirmé de son côté le porte-parole socialiste, Nikos Athanassakis.

« Nous souhaitons que les rencontres d'aujourd'hui apportent des résultats concrets dans l'intérêt des économies des pays de la région, dans l'intérêt de la coopération de la Grèce avec la Russie et la Bulgarie. Nous voulons que les ressources énergétiques et les voies de l'énergie soient un secteur de coopération et de croissance et non un secteur de confrontation et de conflit entre les pays », a-t-il encore précisé.

Poutine souligne les relations stratégiques greco-russes au-delà de l'énergie

Lors de leur entretien séparé en marge de la rencontre tripartite lundi à Athènes, MM. Caramanlis et Poutine ont eu l'occasion de confirmer l'excellent niveau des relations bilatérales et d'examiner les moyens d'élargir encore davantage les relations économiques, relevant dans le même temps une quasi identité de vues dans les affaires régionales et internationales,.

Interrogé sur le caractère stratégique des relations Grèce-Russie, outre que M. Poutine a convenu sur ce point, il a ajouté que les relations entre les deux pays ne se limitent pas seulement à l'énergie et a expliqué qu'il existe des marges de relations économiques et commerciales encore plus qualitatives et équilibrées, de coopération militaire technique et de coordination de la Grèce et de la Russie sur l'échiquier international, étant donné que leurs vues coïncident dans une très large mesure.

Enfin, et en revenant à la question énergétique phare de ce rendez-vous à Athènes, M. Poutine a noté que l'oléoduc Bourgas-Alexandroupolis et la coopération énergétique plus étendue revalorisent la place des pays qui y participent, étant donne que ces pays n'ont plus uniquement un droit de parole sur le traitement des problèmes énergétiques paneuropéens, mais agissent par leur politique sur ces problèmes, tandis que dans le même temps ils profitent des taxes qu'ils perçoivent du fait de l'existence sur leur territoire d'infrastructures de stockage, de traitement et de transport.

Caramanlis réitère le ferme soutien de la Grèce à l'adhésion de la Bulgarie à l'UE

Le premier ministre, Costas Caramanlis, a eu un entretien en tête-à-tête lundi avec le président bulgare, Gueorgui Parvanov, à l'issue de la rencontre tripartite Grèce-Bulgarie-Russie, qualifiant d'excellentes les relations bilatérales et évoquant les bonnes relations personnelles qu'il a développées avec le chef d'Etat bulgare.

M. Caramanlis a encore réitéré le ferme soutien de la Grèce à l'adhésion de la Bulgarie et de la Roumanie à l'UE, alors que M. Parvanov a évoqué les résultats positifs apportés par le dialogue politique entre les deux pays au niveau économique en particulier, mais aussi à tous les autres niveaux, exprimant sa reconnaissance au sujet du soutien de la Grèce à l'orientation européenne de son pays.

i-GR/ANA-MPA

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