« La politique étrangère de la Grèce ambitionne d’avoir les relations les meilleures possibles avec ses partenaires, a fortiori avec la France avec laquelle il existe une amitié traditionnelle et une coopération excellente », a affirmé mardi le ministre des Affaires étrangères, Dora Bakoyannis, à l’issue d’une rencontre avec son homologue français, Philippe Douste-Blazy. Au cours de son passage à Paris, Mme Bakoyannis s’est également exprimée devant l'assemblée parlementaire de l'UEO (Union de l’Europe Occidentale) tandis que mercredi elle a rencontré le ministre français de l'Intérieur et président de l'UMP, Nicolas Sarkozy.
Mme Bakoyannis a dit avoir eu l’occasion de procéder à un tour d’horizon complet avec ses interlocuteurs à la fois des questions qui ont été récemment à l’ordre du jour du Conseil européen et des dossiers bilatéraux qui se trouvent « à un niveau excellent », selon son expression.
S'adressant mardi à l'Assemblée interparlementaire européenne de sécurité et de défense de l'UEO, Mme Bakoyannis a mis en relief le « rôle actif et majeur » de la Grèce dans la consolidation de la stabilité, le renforcement de la sécurité et la promotion de la croissance économique, notamment dans les Balkans.
« Les Balkans nous ont enseigné », a dit Mme Bakoyannis, « que l'Europe doit avoir la capacité d'entreprendre des opérations à grande échelle de renforcement de la paix, d'administration policière, de réplique rapide et efficace dans des crises d'urgence à caractère humanitaire, de stabilisation de sociétés vulnérables ; ils nous ont enseigné qu'il faut devenir meilleurs dans la planification et la distribution de l'aide pour la consolidation de la paix. »
Mettant l'accent sur le « rôle catalytique » que joue l'optique européenne des Balkans, Mme Bakoyannis a noté qu' « une Europe du Sud-Est stable reste une priorité pour l'UE, l'OTAN et, bien évidemment, pour la Grèce », pour signaler à cette occasion au sujet du dossier du Kosovo qu'une « pression constructive devra être exercée sur les deux parties (Kosovars et Serbes), afin qu'elles se conforment aux normes qui ont été posées, même s'il faut pour cela plus de temps, un délai qui devra être accordé s'il s’avère nécessaire. »
Mme Bakoyannis a évoqué le Monténégro, dont elle a salué l'indépendance, la Serbie qui ne doit pas être privée de son optique européenne car « aucun équilibre balkanique ne peut ignorer la Serbie », la FYROM dont la Grèce soutient la stabilité, l'intégrité territoriale, le progrès économique et l'optique européenne, faisant part sur cette dernière question de son espoir que le différend bilatéral sur le nom du pays voisin pourra être rapidement résolu afin qu'il n'existe plus aucun obstacle à la « consolidation des relations amicales des deux pays. »
Concernant la Turquie, le chef de la diplomatie grecque à renvoyé aux fréquents contacts bilatéraux pour bien mettre en relief l'attachement de la Grèce à l'avenir européen de la Turquie – « il s'agit d’une stratégie consciente », a-t-elle insisté, « laquelle toutefois n'est pas inconditionnelle. Elle dépend du respect par la Turquie de ses engagements et de ses promesses. »
A propos de Chypre, qui « devra devenir rapidement et dans les actes un pays européen uni », Mme Bakoyannis a rappelé que la question chypriote est une affaire « internationale » et que « les principes qui devront nous orienter dans la recherche d’une solution juste, fonctionnelle et viable, devront prendre en compte simultanément l’oeuvre qui a été réalisée par l’ONU, le droit international, les résolutions du Conseil de sécurité et l’acquis communautaire. »
Enfin, Mme Bakoyannis a souligné la nécessité de développer une « stratégie authentique de partenariat de l’UE avec la Russie », rappelé que la Grèce est un partenaire stratégique des Etats-Unis qui conserve en même temps des relations d’amitié de longue date avec l’Islam et le monde arabe.
Bakoyannis - Sarkozy
Le ministre des AE, Dora Bakoyannis, à Paris depuis deux jours pour l'Assemblée interparlementaire européenne de sécurité et de défense, a rencontré mercredi matin le ministre français de l'Intérieur et président de l'UMP, Nicolas Sarkozy, au ministère de l'Intérieur.
Si Mme Bakoyannis et son interlocuteur ont évoqué pendant leur entretien tous les sujets d'actualité concernant l'UE (élargissement, constitution européenne, relations euro-turques), le thème principal était cependant la question migratoire, qui concerne tous les pays de l'UE, et principalement les pays du sud.
Mme Bakoyannis a également donné une interview au quotidien Le Figaro publié le même jour où elle mentionne notamment a propos de la marche européenne de la Turquie que « la Turquie ne sera acceptée qu'après avoir reconnu l'acquis communautaire et avoir rempli tous les critères d'adhésion, c'est pour cela que le parcours vers l'UE est très important, il est tout aussi important que l'adhésion » et rappelle qu'en 1977, la commission européenne était contre l'adhésion de la Grèce tout en concluant que « quatre ans plus tard, et avec le soutien de Valéry Giscard d'Estaing, la Grèce est devenue membre de l'union européenne. »
Interrogée ensuite sur la constitution européenne, Mme Bakoyannis s'est référée à la décision des « 25 »» de se donner un délai de réflexion d'un an et a souligné qu'a son avis « cette année devrait être suffisante, après il faudra prendre des décisions et avoir le courage politique de continuer » avant de conclure « qu'en Grèce, nous avons ratifié la Constitution parce que nous pensons que c'est un bon texte. Si des ajouts s'imposent nous en débattrons. »
i-GR/ANA-MPA