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Visite de M. Papoulias en Arabie saoudite. Les Etats de la péninsule inquiets du bras de fer de l’Iran avec la communauté internationale

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Par iNFO-GRECE,

La délégation grecque conduite par le Président de la République, Carolos Papoulias, en visite officielle de trois jours dans la péninsule arabe, a été accueillie avec tous les honneurs samedi, en fin d'après-midi à Ryad, par le roi d'Arabie saoudite Abdallah, et le gouverneur de Ryad. Outre d’importants accords commerciaux qui ont été signés, les entretiens ont été dominés par la question iranienne, les dirigeants arabes s'inquiétant des répercutions pour la stabilité régionale du nouveau climat de tension entre la communauté internationale et l’Iran a propos du programme nucléaire de ce dernier. Questions sur lesquelles le Président Papoulias a pu s’exprimer lors d’une interview à la chaîne arabe Al-Jazeera.


La nombreuse délégation grecque accueillie par le conseil des ministres au grand complet et les membres de la famille royale comprend notamment les ministres du Développement et de la Marine marchande, MM. Sioufas et Kefalogiannis, les secrétaires d'Etat aux Affaires étrangères et à l'Economie et aux Finances, M. Kassimis et Doukas, le SG au Développement, Nicos Stefanou, et des hommes d'affaires grecs.

L'ambassadeur de Grèce à Ryad, M. Ikonomou, a offert une réception à la délégation grecque qui, par la suite, s'est rendue au Palais pour un dîner officiel, des entretiens ayant lieu entre M. Papoulias et le roi Abdallah en présence de MM. Sioufas, Kefalogiannis et Kassimis.

Dimanche matin, M. Papoulias a assisté à une réunion du Conseil consultatif, où il devait rencontrer notamment son président et des membres de la commission d'amitié Grèce-Arabie Saoudite. Un déjeuner a suivi, auquel participait le ministre de la Défense, Sultan ben Abdel Aziz al-Saoud.

M. Papoulias et la délégation grecque ont quitte Ryad en début d'après-midi pour le Qatar.

Ryad et Doha expriment leurs inquiétudes a propos de l'Iran dans des entretiens avec M. Papoulias 

Le monde arabe s'inquiète de la situation actuelle créée par le programme nucléaire de l'Iran et les réactions de la communauté internationale. C'est ce que les interlocuteurs en Arabie saoudite et au Qatar de Carolos Papoulias ont exprimé lors de la visite du Président de la République samedi, dimanche et lundi, tant le roi d'Arabie saoudite que l'Emir du Qatar estimant que cette crise "prenant le mauvais chemin" pourrait généraliser le climat d'instabilité et d'insécurité dans la région.

Les dirigeants des deux Etats visités par M. Papoulias se sont dits convaincus que la solution à la crise ne peut être instamment que diplomatique, déclarant qu'ils s'efforcent de contribuer en ce sens en exerçant même des pressions économiques sur les Etats-Unis. Pour la première fois, l'Arabie saoudite a émis un emprunt obligataire en euros, Ryad signant un accord avec "Saudi British Bank" pour 325 millions d'euros.

Preuve aussi de la grande mobilité diplomatique est le fait que l'émir de Qatar s'est rendu à Téhéran, peu de temps après le déjeuner offert lundi à ses hôtes grecs, à la tête d'une délégation des gouvernements des Etats de la péninsule.

L'Irak est aussi, comme rapporté dans les entretiens de la délégation grecque, sujet d'inquiétude, la possibilité d'une division du pays étant interprétée comme une nouvelle source de risques de conflit, alors que les regards du monde arabe se tournent aussi à l'heure actuelle vers les Kurdes d'Irak.

M. Papoulias a convenu avec ses interlocuteurs des risques éventuels de nouvelles explosions de violence, soulignant lui aussi que la seule solution passe par le processus diplomatique. Se referant à la politique étrangère de la Grèce, le chef de l'Etat a évoqué les relations greco-turques, mais aussi l'optique européenne de la Turquie et ses engagements contractés en vue de son adhésion, mentionnant en outre Chypre et présentant les thèses politiques d'Athènes et de Nicosie sur la question chypriote. M. Papoulias attache une importance toute spéciale à informer le monde arabe des développements dans la question chypriote, étant donne que certains pays arabes ont posé la question d'une revalorisation des relations du monde musulman avec le soi-disant Etat autoproclamé turco-chypriote dans le Nord de l’île occupé par l’armée turque.

Interview de M. Papoulias à Al-Jazeera

Dans une interview lundi a Al-Jazeera depuis Doha (Qatar), au troisième jour de sa visite officielle dans la péninsule arabe, le président de la République grecque, a déclaré craindre une catastrophe dans le cas d'une escalade de la tension dans la crise avec Téhéran, estimant difficile cette question et appelant à l'unité de toutes les forces pour éviter "de sombrer dans le chaos" et à un respect intégral du Traité international sur la non-prolifération des armes nucléaires.

La solution, a dit M. Papoulias, doit être uniquement diplomatique et ne pas être pire que le problème lui-même.

A propos de sa visite en Arabie saoudite et au Qatar, le chef de l'Etat a rappelé l'intérêt tout particulier de la Grèce depuis toujours pour les Etats de la région et les liens étroits existants aux plans économique, commercial et culturel, se referant aussi aux initiatives d'Athènes, à titre de membre de l'UE, pour promouvoir les relations entre l'Europe et le monde arabe.

Pour le problème palestinien, M. Papoulias a souligné que son règlement est le noyau central du règlement du problème plus général du Moyen Orient, ajoutant que la solution ne peut être que la coexistence de deux Etats indépendants, la sécurité des frontières et les relations de bon voisinage.

Interroge sur les relations UE-Turquie, M. Papoulias a rappelé la position de la Grèce qui préconise l'adhésion de ce pays voisin à l’UE, alors que se referant au choc des civilisations, le chef de l'Etat a déclaré ne pas y croire et estimé que le terrorisme nous concerne tous et qu'il est contraire aussi aux principes de l'Islam. Ce que recherche l'UE, a conclu M. Papoulias, est l'éradication du terrorisme pour qu'il ne détruise pas les libertés démocratiques.

Satisfaction de la délégation ministérielle grecque de ses contacts à Ryad et Doha

La délégation ministérielle accompagnant le Président de la République en Arabie saoudite et au Qatar et attendue mardi au Bahrein, dernière étape de cette visite officielle du chef de l'Etat, a d'ores et déjà retenu les résultats très positifs des entretiens à haut niveau dans ces deux pays, le message étant que la Grèce s'offre pour être la porte d'entrée des investissements dans les pays balkaniques, en mer Noire et dans l'UE.

Un premier accord pour éviter la double fiscalité en matière de transports aériens, a été signé dès samedi entre la Grèce et l'Arabie saoudite en marge de la visite officielle du Président de la République.

Cette visite dans la péninsule arabe est la première d'un Président de la République hellène, mais n'est pas la première de M. Papoulias, lequel entretient des relations amicales avec de nombreux hommes politiques dans la région. Ces relations de l'actuel chef de l'Etat se sont avérées être particulièrement précieuses pour la délégation grecque, les ministres l'accompagnant étant entendus déclarer que le président "leur avait ouvert des portes".

Reconnaissant l'importance de la présence de M. Papoulias dans leurs divers contacts dans la péninsule, les ministres du Développement et de la Marine marchande, MM. Sioufas et Kefalogiannis, le secrétaire d'Etat à l'Economie et aux Finances, Petros Doukas, ont tous trois exprimé leur entière satisfaction, caractérisant de très réussies leurs visites à Ryad et Doha.

M. Sioufas, après ses entretiens lundi avec le Premier ministre du Qatar, Cheikh Abdallah Bin Khalifa Al-Thani, et des membres du gouvernement, a informé plus précisément la presse qu'il avait été convenu de mettre en place deux commissions pour discuter de questions d'intérêt mutuel et aboutir à des accords, la Grèce en particulier s'intéressant a des fournitures de gaz naturel liquéfié mais aussi de pétrole. Une coopération qui d'une certaine manière a déjà débuté puisque deux navires ultramodernes battant pavillon grec se sont chargés du transport de gaz naturel liquéfié pour des pays autres que la Grèce, alors que sont mis en chantier trois autres tankers.

Comme l'a indiqué pour sa part M. Kefalogianis, la collaboration en matière de transports maritimes est prometteuse à l'avenir, les pays arabes souhaitant coopérer avec la Grèce et "parlant ouvertement d'investissements en commun et de sociétés mixtes en Grèce". Le tourisme et, en particulier, le tourisme de croisière est également un secteur intéressant les hommes d'affaires de ces pays, recherchant aussi dans la région des îles Ioniennes un site pour construire une marina de grandes dimensions. Selon le ministre, la question de coopérer dans les ports du Pirée, de Thessalonique, d'Igoumenista et de Tymbaki (Crète) a également retenu l'attention de ses interlocuteurs.

Les ministres ont par ailleurs souligné être certains des grandes possibilités pour les constructeurs grecs d'être présents dans les immenses travaux qui se réalisent et, en particulier, sur le chantier de la nouvelle ville en construction s'étendant sur 55 millions de m2.

A l'inventaire d'autres ouvertures commerciales ont figuré aussi dans les entretiens d'affaires au Qatar, le transfert de savoir-faire en matière de sécurité des grands événements sportifs (le Qatar devant organiser les Jeux panasiatiques), mais aussi les transports aériens, M. Doukas informant à ce sujet un accord de coopération entre Olympic Airlines et Qatar Airways en matière de marketing, destinations communes, et confirmant l'intérêt d'investisseurs arabes pour le transporteur public grec.

i-GR/ANA-MPA

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