Le ministre grec des Affaires étrangères, Petros Molyviatis, a rencontré vendredi l’Ambassadeur des Etats-Unis, Charles Ries, à Athènes pour une ultime mise au point sur le dossier « Turquie-UE », avant le Conseil des ministres européens devant statuer lundi sur l’ouverture des négociations pour l’adhésion définitive de la Turquie à l’Union européenne. L’un comme l’autre craignent de voir que certaines rivalités entre des Etats-membres de l’UE viennent à la dernière minute remettre en cause la « marche européenne de la Turquie ». A gauche, le président du PASOK, Giorgos Papandreou, a eu une nouvelle fois du mal à se détacher des « accords d’Helsinki », son « succès » lorsqu’il était ministre des Affaires étrangères, demandant, cette fois, un Helsinki 2.
"Tout dépendra [des rencontres] dimanche soir lors du Conseil extraordinaire des ministres des AE de l'UE à Luxembourg pour ce qui est de la marche européenne de la Turquie", a déclaré M. Molyviatis, à l'issue d'une rencontre vendredi avec le président de la République, Carolos Papoulias. M. Molyviatis était venu au palais présidentiel informer le chef de l'Etat "des derniers développements dans les grands dossiers de politique étrangère et sur les optiques qui se profilent".
Plus tard dans la journée, M. Molyviatis a eu un entretien avec l'ambassadeur des Etats-Unis en Grèce, Charles Ries, ce dernier soulignant à l'issue de l'entrevue l'espoir que les négociations d'adhésion de la Turquie avec l'UE seront bien engagées le 3 octobre, "comme cela a été décidé au Conseil européen de décembre".
Pour M. Ries, l'affaire est donc close et le 3 octobre ne devrait être qu'une formalité. Cette impatience se retrouve également chez le Premier ministre de la Grande-Bretagne, Tony Blair, qui, souhaitant, par ailleurs, que le dossier turc soit mentionné comme clos le 3 octobre, a écrit à ses homologues dans les pays-membres les pressant de parvenir à un accord au plus tard le 2 octobre. « Il ne faut pas que la question chypriote influence la dimension stratégique de l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne », a-t-il dit dans son interview au quotidien turc Hurriyet vendredi.
Interrogé sur l'attitude du gouvernement grec sur cette question, M. Ries a indiqué que la partie grecque a dit clairement depuis longtemps qu'elle "juge d'importance stratégique le soutien aux aspirations européennes de la Turquie".
Papandreou recommande au gouvernement de garantir un "Helsinki 2"
Dans un discours vendredi à la 4e réunion du Conseil national du PASOK, le président du PASOK, Georges Papandreou, a rappelé à quelques jours du Conseil des ministres sur l'avenir des relations UE-Turquie, que son parti avait été la force ayant crée la stratégie d'Helsinki, soulignant que "c'est nous qui avons réussi à associer nos propres questions avec l'optique européenne de la Turquie", pour critiquer ensuite "l'absence de plan stratégique" du gouvernement de la ND et d'aptitudes à négocier.
En raison de ces faiblesses, a observé M. Papandreou, la Grèce "n'est même pas en mesure de faire valoir l'adhésion de la République chypriote pour qu'elle soit reconnue diplomatiquement (par la Turquie)".
M. Papandreou a critiqué encore le gouvernement de suivre une tactique "de neutralité", tout en rappelant que son parti soutient la candidature de la Turquie et appelant la ND à viser un "Helsinki 2", à savoir faisant figurer des engagements, des garanties, un calendrier portant plus précisément sur la question du règlement du litige sur le plateau continental de l'Eger. M. Papandreou recommande au gouvernement de prenne l'initiative de proposer une clause selon laquelle en décembre 2006, si les deux parties ne parviennent pas à résoudre les questions en suspens, la Turquie devra accepter le recours à la Cour internationale de Justice de la Haye.
Par ailleurs, le gouvernement devrait demander une mention précise dans le mandat d'adhésion à un calendrier de règlement de la question chypriote, un laps de temps au cours duquel auraient lieu des concertations intensives entre les deux parties sous l'égide de l'ONU et la participation active de l'UE, étant donne que Chypre fait partie des "25",a soutenu le président du Pasok. Les concertations devraient se faire, a-t-il dit, sur la base d'une solution d'une fédération bizonale, bicommunautaire, harmonisée sur l'acquis communautaire. Le PASOK, a dit encore M. Papandreou, considère comme évident que la mise en application du Protocole d'Union douanière UE-Turquie s'étend aussi à Chypre.
i-GR/ANA