Lundi 7 mars, le Président de la République hellénique remettra une nouvelle fois, les Prix des Médias grecs de l'étranger. Il y a 4 ans, iNFO-GRECE concourant dans la toute nouvelle catégorie de "wabpages" avait l'honneur de la distinction et de sa part du gâteau, car il faut bien parler de gâteau à… partager parmi quelques initiés. Un scandale qui dure depuis 1998, malgré plusieurs dénonciations, mais faut dire bien discrètes et inaudibles.
Aussitôt après la cérémonie de remise de prix de 2000, j'ai cherché à attirer l'attention sur la comédie des Prix en soulignant que le ministre d'alors avait annulé la conférence de presse prévue pour présenter les lauréats ; probablement pour que ces derniers n'étalent pas à l'occasion les problèmes de fond que rencontre la presse grecque de l'étranger. Peut-être aussi pour éviter quelques questions gênantes qui commençaient à émerger ici et là chez les confrères de Grèce sur la confidentialité des procédures.
Il ne restait donc pour les reporters présents à la cérémonie de remise des Prix que les potins sur la nouvelle fiancée du ministre d'alors et les allocutions des officiels qui, bien entendu, entre les habituelles injonctions de promouvoir les intérêts de la Grèce à l'étranger, ont eu les meilleurs mots pour les lauréats, "ambassadeurs de l'image de la Grèce à l'étranger".
"Si la Politeia veut nous aider dans ce rôle, elle le peut, en nous montrant des oeuvres pour lesquels nous pourrions parler la tête haute, plutôt qu'en nous transmettant des slogans à répéter tête baissée", répliquai-je aussitôt dans les webpages d'iNFO-GRECE.
Il est vrai que je débarquais un peu par hasard, à la fois dans le milieu des "médias de l'hellénisme de l'étranger" et dans celui des "primés et autres nominés". Un "ami" bien informé et habitué des méandres administratifs des différents ministères (les politiques passent, les administratifs restent) m'avait informé de l'existence des prix. Combien cette information a coûté une fois les résultats proclamés, et comment la dénomination du lauréat a été transformée entre-temps, pour permettre d'acquitter ce prix, est une autre histoire que nous garderons pour une prochaine fois.
Revenons à la fête, pardon à la cérémonie.
Habituellement, elle a lieu en juin-juillet afin de permettre aux lauréats venant des quatre coins du monde d'apprécier la Grèce sous le meilleur climat possible. Mais calendrier olympique oblige, cette année, les fameux médias grecs de l'étranger n'étant pas une priorité et les agendas des officiels sans doute trop chargés à cette époque, la cérémonie 2004 (remise des prix 2003) est reportée en ce début mars 2005.
J'avais eu plus de chance en 2000 car un début juillet est effectivement idéal pour une mini-croisière dans le golf Saronique, et avec un peu de chance on pouvait aussi assister à quelques représentations au théâtre d'Epidaure. Logés aussi dans un grand hôtel de la place Syntagma, les conditions étaient idéales pour faire connaissance et autres échanges d'expérience avec les collègues venant d'Allemagne, du Canada, d'Australie, d'Ukraine, etc. Mais quelle n'est ma surprise de constater que certains se connaissent déjà pour avoir participé les années précédentes ! On découvre ainsi des habitués des Prix qui une année vont postuler dans la catégorie "média de l'année", l'année suivante "pour le meilleur reportage", et ainsi de suite, ça tourne entre les mêmes. Va encore quand on tente ses chances dans une nouvelle catégorie, ou que l'on postule avec un nouveau reportage. Il y a bien des cinéastes qui vont chaque année dans les mêmes festivals, mais avec un film différent ; et des écrivains dans les Prix littéraires avec un nouveau livre. Ce n'est pourtant pas là où ça se passe. Peu des journalistes proposent à nouveau leur candidature avec un nouveau reportage. Non, là où les choses se gâtent, c'est quant on postule pour "le média de l'année", d'une année sur l'autre jusqu'à l'obtention, avec le même média, la même formule, la même maquette ! Qu'attend-on ? que le jury soit plus clément, plus sensible cette année que l'année dernières ? que le niveau de la compétition baisse ? ou que le jury s'en lasse de voir les mêmes candidatures ?
Certes, les jurys composés habituellement de professionnels qu'on espère jaloux de leur indépendance ne sont pas en cause. Ils ont à évaluer des candidats qui leur sont proposés. Or, l'information diffusée par les Bureaux de Presse des Ambassades à destination des intéressés circule mal. Le nombre des médias qui postulent aux Prix se compte en quelques dizaines, autant dire pas grand-chose par rapport au nombre réel de gazettes qui existent dans toute la Diaspora grecque. J'ai rencontré plusieurs collègues et éditeurs de "médias grecs de l'étranger" travaillant dans différents pays de l'Europe qui ne savaient même pas l'existence des Prix, d'autres pour qui "toute cela" demeurait bien opaque.
Pas étonnant alors que l'on retrouve des habitués des prix : des lauréats (ou la structure à laquelle ils appartenaient) de 1998 sont primés en 1999 et de nouveau en 2000 et 2001 ! Quatre années de suite, un record ! Mais ce ne pas un cas isolé. Un autre primé de 2000 était déjà présent en 1999. Bien sûr, le mal ne s'arrête pas en l'an 2000. Un des primés de 2002, était déjà lauréat en 2000. Et un primé de 2003 (objet des remises de cette année) était déjà lauréat en 2002 !
Les "médias grecs de l'étranger" sont le plus souvent animés par deux ou trois personnes, rarement plus, voire même une seule. Et quand ce ne sont pas les mêmes qui postulent pour les Prix, ce sont leurs camarades travaillant dans le même média, où des amis à qui l'on a "vendu la mèche" (un lauréat m'a même confié qu'avec ses associés, ils avaient constitué une caisse commune pour se partager le butin annuel).
C'est que le jeu en vaut la chandelle : à 24.000 euros pour la dotation du Média de l'année, il y a de quoi s'accrocher. D'autant que les mêmes personnes sont expertes sur les voies du subventionnement et d'aides de toute sorte, restées impénétrables aux non initiés. Quelle surprise, en hiver dernier, alors que la Grèce préparait la campagne de promotion internationale des Jeux Olympiques, de recevoir un soir un coup de fil d'un des "habitués", travaillant dans un grand pays voisin de la France, qui était scandalisé que la campagne grecque dans son pays ne passe plus par lui. Croyant iNFO-GRECE faire partie du "réseau des initiés", il souhaitait savoir si cette nouvelle donne était aussi valable en France ! Pas de chance pour lui, je n'y connaissais rien (et, surtout, personne !) que puisse lui être utile.
Les autres catégories de Prix sont un peu moins dotées : 9.000 euros pour le meilleur reportage de radiotélévision, 5.000 euros pour le meilleur article de la presse écrite et 6.000 euros pour les webpages. Et tout y passe, tout le monde dans le même sac : du bulletin paroissial mensuel polycopié au journal hebdomadaire de quelques dizaines de pages, et nouveauté cette année, aux magazines littéraires spécialistes de la nécrologie (Cavafy, Elytis, Seferis pour ne rester qu'à nos fameux nobélisés disparus) considérés désormais comme des médias d'information ; de la webpage associative publiant la "lettre de son président" et dix nouvelles dans l'année, aux médias Internet à mise à jour quotidienne, comme iNFO-GRECE.
Pour attirer l'attention des responsables, iNFO-GRECE a déposé l'année dernière sa candidature "exprès" dans une catégorie où il n'avait pas droit de concourir. Pas pour gagner. J'estime qu'un média ne devrait avoir droit de se présenter à la compétition qu'une seule fois, tant qu'il n'a pas changé radicalement de formule ou de maquette. Non, c'était par provocation ! Une candidature qui s'énonçait comme telle. Pour dénoncer un système. Pour la… pédagogie aussi (que voulez-vous déformation professionnelle…) "Pour attirer l'attention que le rôle des médias Internet à notre époque peut être égal, voire plus important que celui des médias traditionnels", écrivais-je dans l'argumentaire qui accompagnait la candidature. Pour dire qu'un média Internet peut être soumis aux mêmes coûts de production qu'un média traditionnel. Qu'entre une webpage et un website, la différence n'était pas qu'une question de vocabulaire. Pour signifier enfin que les catégories des "Prix des médias grecs de l'étranger" étaient caduques et qu'elles ne permettaient pas de récompenser avec justesse des réalités fort différentes.
Croyez-vous que nous avons reçu une réponse argumentée ? Non, il nous a simplement été répondu qu'il existait une catégorie dans laquelle nous pouvions concourir, celle des webpages, mais qu'étant donné que nous avions déjà été primés, nous ne pouvions pas être à nouveaux candidats avant trois ans. Autrement dit, ils nous disaient "Allez vous faire voir…", on vous laisse le soin de compléter.
Et, à l'année prochaine. Kai tou chronou !
Athanassios Evanghelou
Les Prix distribués en 2005 (année de référence 2003) sont:
- Média de l'année (nombre de candidats inconnu)
à partager entre le journal Orama (Albanie), la revue Desmos (France) et le magazine Mesogeios (France). Mention à Elopia TV (Etats-Unis)
- Meilleur reportage de radiotélévision (nombre de candidats inconnu)
à partager entre Zoula TEllidi (CFMB, Canada), Andreas Doumas (Nea Panellinia phoni, Afrique du Sud) et Marios Mankousos (Universidad Santo Tomas, Chili)
- Meilleur article de la presse écrite (nombre de candidats inconnu)
à partager entre Sotiris Hatzimanolis (Neos Cosmos, Australie) et Andreas Boukas (Pergamini, Suède)
- Meilleure webpage (6 candidats de 5 pays)
à égalité entre echofm.com (Australie) et sofiatimes.com (Bulgarie) avec mention honorifique à tileorasi.com (Canada)
Le jury était constitué de Dimitrios Gklavas (président de POESY), Stathis Eustathiadis (To Vima), Stelios Papathanassopoulos (Faculté communication, Université d'Athènes), Athanassios Papandropoulos (vice-président Union des rédacteurs de la presse périodique et électronique), Charalombos Papasotiriou (Faculté des Sciences politiques, Panteios), Andreas Christodoulidis (ancien directeur de l'Agence Athénienne de Presse) et le président Panos Leivadas (Secrétaire Général à l'Information)