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Négociations sur Chypre: Annan annonce la fin des prolongations

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Par iNFO-GRECE,

Le Secrétaire Général de l'ONU, M. Cofi Annan, a rencontré ce midi, vendredi 6, à l'hôtel où il résidait à Paris, le Président de Chypre M. Glafkos Cléridès et le leader chyproturc M. Raouf Denktash. Après avoir reçu séparément les deux hommes, M. Annan les a invités à un déjeuner commun au cours duquel il a insisté sur l'urgence de parvenir à un accord sur l'avenir de Chypre. A l'approche des élections législatives en Turquie et l'imminence de l'adhésion de Chypre à l'Union Européenne, la communauté internationale voudrait éviter un dérapage incontrôlable des rapports dans la région.

"J'ai demandé aux deux leaders de retourner sur l'île et de travailler avec mon Conseiller spécial, M. de Soto, sur les sujets que je leur ai soulignés aujourd'hui, puis de me rencontrer une nouvelle fois à New York le 3 et 4 octobre", a déclaré M. Annan.

Le Secrétaire Général de l'ONU a "exprimé [son] espoir que les leaders aborderont [ces] sujets avec un sentiment d'urgence avant notre prochain rendez-vous". M. Annan a indiqué que M. de Soto travaillera avec les deux hommes pour "les aider à atteindre le progrès nécessaire".

M. Annan s'est voulu optimiste sur l'issue du différent, au contraire du ton donné par la presse. "J'ai vu beaucoup de spéculations dans la presse, pour la plupart pessimistes", a-t-il dit avant de préciser que "[sa] discussion aujourd'hui confirme [sa] foi que, bien que des différences sérieuses demeurent, les éléments pour un règlement complet qui satisfera les besoins essentiels des deux parties existent réellement".

"Chaque partie a son propre distincte perspective, distincte et bien tenue, tant sur l'Histoire de Chypre que sur l'avenir. Néanmoins je continue de croire que nous pouvons construire des ponts au-dessus du fossé qui sépare les parties peut être. Sur certains sujets, j'ai le sentiment que les différences sont beaucoup plus petites que quand ont commencé les pourparlers. Il y a une opportunité à porté de main qui attend d'être saisie", a terminé M. Annan.

Le leader cyproturc Raouf Denktash, plutôt à l'aise à son arrivé à l'hôtel du rendez-vous avec M. Annan, était un eu plus retenu à la sortie, se contentant de dire l'essentiel du compte-rendu de sa rencontre avec M. Annan et du déjeuner avec le Président de Chypre Glafkos Cléridès: "Nous espérons et nous allons continuer à œuvrer à la recherche d'une solution", a-t-il dit exprimant sa satisfaction pour le bon climat de lequel s'est déroulé la rencontre laquelle "a eu lieu au bon moment".

M. Cléridès, lui, a indiqué qu'il a immédiatement accepté l'invitation du Secrétaire Général pour la nouvelle rencontre du 3-4 octobre à New York. Il a dit qu'il a exposé les positions des greco-chypriotes sur les différents points de friction. Interrogé sur l'éventualité d'un plan de règlement imposé par l'ONU en cas d'échec, M. Cléridès a dit que "une telle chose n'a pas été décidée aujourd'hui mais cela n'est pas exclu".

Dans une déclaration à iNFO-GRECE, le porte-parole du gouvernement de Chypre M. Michalis Papapetrou a estimé que "la rencontre de Paris a marqué la réhabilitation du rôle des Nations Unies dans les efforts de résolution de la question chypriote".

"Le rôle de l'ONU devient primordial. Monsieur Annan a exigé qu'il y ait des progrès d'ici trois semaines", nous a dit M. Papapetrou précisant que "pour cela il est indispensable que la Turquie revienne sur la table des discussions avec des propositions qui respectent la lettre et l'esprit des résolutions de l'ONU sur le sujet".

A la question de savoir si ce retour en force de l'ONU était une bonne chose pour Chypre, M. Papapetrou a indiqué que "tant que le rôle de l'ONU est revalorisé, notre position se renforce".

La position de la République de Chypre tout comme celle de la Grèce était de s'en remettre aux instances internationales pour le règlement des problèmes avec leurs voisins turcs ou chyproturcs. Ce n'est que après l'impasse de plusieurs tours de pourparlers depuis 20 ans sous l'égide des Nations Unies, que le Président Cléridès a accepté en janvier dernier des pourparlers directs avec le leader chyproturc Raouf Denktash. Or, c'est le peu de productivité de ces entretiens et la perspective d'une adhésion de Chypre en l'état à l'Union Européenne qui ont amené M. Annan à reprendre de l'initiative mettant fin aux prolongations incessantes.

Questionné sur ce que le Ministre des Affaires Etrangères de la Grèce, M. Papandreou, a laissé entendre dernièrement, à savoir qu'il pourrait proposer au sommet européen de Copenhague une date pour le début des discussions sur l'adhésion de la Turquie à l'Union Européenne - ce qui est très attendu en Turquie – M. Papapetrou a rappellé que "ni Chypre, ni la Grèce ne s'opposent à l'entrée de la Turquie à l'Union Européenne, si elle remplit les conditions nécessaires. Pourvu qu'il leur [les Turcs] suffise d'une date de début des discussions, pour changer de position sur Chypre…"

De l'avis de sources proches des négociateurs la pression internationale sur Ankara pourrait augmenter à l'approche des élections législatives le 3 novembre en Turquie. En cas d'échec lors de la nouvelle convocation de Cofi Annan le 3-4 octobre, le principal souci de la communauté internationale reste le risque d'une exploitation électorale de la question chypriote en Turquie avec des conséquences aussi imprévues qu'incontrôlables.

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