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La Grèce se donne trois ans de plus pour acquérir Eurofighter

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Par iNFO-GRECE,

Le Conseil gouvernemental de Défense Nationale (KYSEA) a prolongé son programme initial d'équipement militaire de cinq à huit ans lors de sa réunion du 24 mai. Le budget d'un montant de 1 billion de drachmes qui comprenait notamment l'acquisition de l'avion de combat européen Eurofighter n'est pas remis en cause mais sera étalé sur une plus longue période.


La décision du KYSEA prend la forme d'un compromis entre le ministre de la défense Akis Tsohatzopoulos qui demandait le maintient de son plan d'équipement et le Premier ministre Costas Simitis partisan d'un ralentissement des dépenses d'armement. Le Premier ministre avait surpris son ministre de la Défense en mars dernier en annonçant le report de l'achat des Eurofighters.

D'un côté, les risques d'un conflit greco-turc en vue de l'adhésion de Chypre à l'Union européenne en 2003 pour laquelle la Turquie rappelle régulièrement son opposition militait pour une préparation spéciale des forces grecques. Dernièrement encore, le ministre des Affaires étrangères turc Ismaïl Cem prévoyait que les réactions de son pays seront "sans limite" et "sans obstacles" en cas de réalisation de l'adhésion de Chypre.

De l'autre, les difficultés internes, économiques et sociales, que la Turquie rencontre actuellement, de même que celles rencontrées sur le plan extérieur avec les pressions croissantes de l'Union européenne sur le voisin des grecs, plaidaient pour davantage de confiance aux forces actuelles de la Grèce et au soutien international en cas de réactions turques. Le ministre des Affaires étrangères grec, Giorgos Papandréou, sous conseil américain, milite également dans ce sens et a engagé ces dernières années une politique de rapprochement dite des "petits pas" avec la Turquie, laissant de côté les problèmes de fond et privilégiant la coopération sur les questions pratiques et ordinaires.

En même temps, "l'orgueil turc" a montré que même affaiblie la Turquie n'est pas disposée à baisser la tête devant les pressions internationales. Nous l'avons vu dernièrement avec la virulence des réactions turques au moment de la reconnaissance du génocide arménien par la France.

Mais, le réétallement des dépenses militaires grecques répond surtout à la difficulté du gouvernement à faire face aux dépenses liées à son programme social et les investissements nécessaires à l'organisation des Jeux Olympiques d'Athènes en 2004 dont le coût s'élève à cinq milliards d'euros. La réussite de ces deux chantiers devient primordiale politiquement alors que le gouvernement Simitis, très malmené dans les sondages, a dû faire face à deux grèves générales en deux mois. Les élections législatives sont justement prévues en 2004.

En tout cas, le réétalement des dépenses grecques de cinq à huit ans n'arrange pas les affaires du consortium européen pour Eurofighter conduit par EADS qui comptait sur une vente de 60 appareils à la Grèce. Le fait que la décision du KYSEA ne remet pas en cause le choix de l'avion face à ses concurrents n'est qu'une maigre consolation alors que EADS vient de renoncer à concourir à l'appel d'offres du ministère tchèque de la Défense, portant sur l'acquisition d'au moins 24 avions de combat supersoniques. Les entreprises grecques qui participent au programme devront également attendre alors que le ministre de la Défense misait justement sur ces contrats pour donner une nouvelle impulsion à l'industrie d'armement grecque.

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