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Au camp de Lesbos, « les gens ont quitté un enfer pour un autre »

Publié dans Le Monde le
Au camp de Lesbos, « les gens ont quitté un enfer pour un autre ».

Stephan Oberreit est chef de mission en Grèce pour Médecins sans frontières (MSF). Il revient sur la situation sur l'île grecque de Lesbos après les deux incendies qui ont ravagé, les 8 et 9 septembre, le camp surpeuplé de Moria, où près de 12 000 demandeurs d'asile (dont 4 000 enfants, selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés) étaient entassés dans des conditions d'insalubrité et de promiscuité extrêmes.

Le double incendie de Moria n'a fait aucune victime, mais a laissé le camp presque entièrement détruit. Vous êtes sur place. Une semaine après, quelle est la situation ?

Les 12 000 demandeurs d'asile de Moria se retrouvent sans abri. Certains sont allés dans les champs, d'autres sur des parkings de supermarchés ou en bord de mer. Une bonne partie se sont installés sur la route qui mène de Moria vers la côte, dans des tentes, parfois sous de simples bâches. Ils y sont tellement entassés qu'on ne trouve plus un centimètre carré disponible. Le spectacle est désolant.

Cette route, devenue une « restricted area » [une zone à l'accès limité], est contrôlée par deux checkpoints pour filtrer les entrées et les sorties. La police...