
Pas moyen d'entrer au camp de Moria à Lesbos. Un camp d'accueil devenu, selon les ONG présentes sur l'île, une prison pour migrants, depuis l'accord signé entre l'Union européenne et la Turquie en mars 2016 qui prévoit le renvoi - déportation serait le mot le plus approprié - de ceux et celles qui n'ont pas obtenu le statut de réfugié.
Pour parler à ces damnés de la terre, il faut contourner le camp, éviter les guérites des forces antiémeutes qui montent la garde et aller à l'opposé de l'entrée principale. Là, la journaliste n'est pas vraiment accueillie à bras ouverts. Pas question de photos : "Pourquoi vous parler ? Qu'est-ce que cela va changer pour nous ?" Andoua, la trentaine, originaire de Sierra Leone, est en colère. Il n'est ni syrien ni irakien. Il n'a aucune chance de voir sa demande d'asile aboutir. "J'ai tout vendu, tout enduré pour venir en Europe. Chez nous, c'est la guerre. Avec les milices, on ne peut pas vivre. Mais cela ne compte pas. On nous renvoie d'où on est venu."
A côté de lui, Djemil, un jeune Algérien de 24 ans déverse la même colère. Il affirme qu'il a été mis directement en prison dans le camp, dès son arrivée, "comme tous les...