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Nikos Aliagas : être grec, c'est penser grec

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Niko's Academy
2e partie de notre interview avec Nikos Aliagas

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Nikos Aliagas

Le décor a changé, pas de spots, plus de paillettes. Par contre, des caisses de matos empilées, les secrétaires ont remplacé les maquilleuses. Il est midi, le livreur vient apporter les pizzas. Un technicien garde un œil distrait sur les moniteurs qui diffusent les scènes de la vie des futures stars en direct du château de Star Academy, probablement pour monter le fil de la journée pour le direct de 18h20. Avant qu'on n'aille s'enfermer dans le bureau, Nikos salue au passage l'équipe et, aussitôt après, il s'enquière du score de l'émission de la veille. Les nouvelles sont bonnes, l'audimètre est à la hausse, soulagement. "Vous savez, ce n'est pas seulement la course à l'audimat. Il y a tellement d'enjeux, d'intérêts, des gens qui vous attendent au tournant, que vous ne pouvez pas soupçonner la pression".

Nikos Aliagas dans son bureau

Il est vrai que le week-end avait été tendu. D'un côté départ en vacances de nombreux jeunes -cible privilégiée de l'émission - pour cause de Toussaint ; de l'autre, samedi soir à l'heure du grand direct hebdomadaire, "la deux", la chaîne publique concurrente, avait programmé les "7 d'or", équivalent télévisuel des "Césars" cinématographiques où officiait justement son ancien employeur d'Union Libre, Christine Bravo en personne. A la télé, il n'y a pas de cadeau. "Oui, elle aurait préféré que je continue avec Union Libre", dit Nikos, "mais je ne pouvais pas non plus refuser de faire cette émission. Pour moi, c'est un nouveau défi. J'ai donné mon meilleur pour Union Libre et cela s'est vu à l'écran, mais je n'allais pas rester l'éternel grec du service non plus".

"Méfie-toi de ceux qui ne chantent pas à table"

NIkos Aliagas © Greg Soussan

"Grec ?", le taquine-t-on, "mais il n'y a pas un soupçon d'accent !". "Effectivement, j'ai appris le français en France, puisque je suis né ici", nous répond-il, "le grec aussi", complète-t-il aussitôt. Une langue grecque qu'il parle aussi sans la moindre trace d'accent français. "Je m'en sers tous les jours", précise Nikos, "et d'abord pour les gros mots, ici, tous les jours. J'insulte beaucoup et toujours en grec". Derrière l'homme tranquille se cacherait donc un homme anxieux. "Mais, c'est pour rigoler", nous rassure-t-il. On veut bien le croire, personne dans l'entourage ne se vexe ; au contraire, on s'amuse beaucoup avec les "politesses" grecques de Nikos. Ses collaborateurs seront à jour pour les vacances d'été.

"Quand je suis en colère, je sors plein de gros mots ou alors je mets de la musique. J'écoute de tout. Du jazz au classique, du Clapton et du BB King, et bien sûr de la musique grecque". "Méfie-toi de ceux qui ne chantent pas à table", écrivait Nikos dans un article, il y a quelques années, dans la revue Historia Découvertes. C'est une phrase apprise par son grand-père Spyros. C'est sa façon d'être grec. "Etre grec, c'est penser grec", titrait alors l'article. Parce que, si Nikos est né, et a toujours habité, en France, il ne se sent pas moins grec. Sur les murs de son bureau, les photos des "seize" de Star Academy, ses compagnons du moment, mais aussi des photos de la Grèce et "Karaghiozis médécin", couverture d'une édition populaire du héros du théâtre d'ombres grec. "Mon identité intime est grecque, mais mon apprentissage de la vie passe par la France. On peut être grec partout. Surtout dans un pays comme la France. Tu as le même accès que les autres à la culture française et en plus tu peux garder ta culture. C'est formidable".

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Nikos Aliagas aux pieds de l'Acropole

Ses racines plongent à Stamna, petite bourgade près de Missolonghi, en Grèce centrale, la Roumeli. "Je suis un Rouméliotis". Des hypothèses sur son nom le conduisent en Asie Mineure du côté d'Ali Agha ; mais ce dont sa famille est sûre, c'est que ses arrière-grand-parents avaient participé à l'exode héroïque de Missolonghi, la ville martyre de Lord Byron, lors de son terrible siège par les turcs. "J'adore la maison de mes ancêtres. Tous les ans, je me rends à l'occasion du panigyri, la fête du village, le jour de la Sainte Agathi le 22 août. Je participe à toutes les festivités. J'endosse le costume traditionnel, la foustanella, et je danse le tsamiko. Le tsamiko du coin, au rythme lent". Nikos attrape derrière lui un… toubéléki (petite percussion traditionnelle recouverte de peau) et se met à nous jouer le rythme du tsamiko.

Très proche des communautés

Nikos Aliagas

Savoir qui on est, c'est capital. "Si je sais qui je suis, je peux aller partout". Et Nikos ne s'en est pas privé de naviguer dans les médias au fur et à mesure des envies, des occasions, des défis. "Je travaille, je travaille beaucoup. Il faut travailler beaucoup. J'ai commencé à 18 ans à éplucher de nuit les coupures de presse à Radio France International pour payer mes études de Lettres à la Sorbonne". Le diplôme en poche, il devient un des premiers journalistes d'Euronews qui vient installer son siège à Lyon. Un détour par Monte-Carlo où il présente le journal à RMC, puis, vient l'aventure d'Union Libre avec Christine Bravo. Pendant un temps, il vit entre Paris et Lyon et à peine (ré)installé à Paris, ce sera entre Paris et Athènes où il vient de prendre la responsabilité du journal du soir dans la toute nouvelle chaîne d'Alter TV. Nikos aime répéter la leçon de son ami écrivain Aris Fakions "je construis des ponts". Briseur de barrières aussi entre genres : journaliste politique, présentateur du journal, animateur de variétés. "Tout m'intéresse. Je suis encore jeune. A chaque fois j'apprends énormément".

"Avec Union Libre, c'était la première fois que j'assumais ma grécité à l'antenne", nous confia Nikos. Mais, cette grécité, même épanouie, même reconnue, ne cesse de le hanter. "Je suis lié aux communautés, je me sens très proche, même si je n'ai pas le temps de m'y investir. Je me sens très proche de toutes les communautés, pas seulement grecques. Je participe aux fêtes espagnoles… Les communautés m'intéressent. C'est là qu'on vit. Les salons où on refait le monde au caviar et au champagne, ce n'est pas mon affaire".

En effet, quelle surprise ! Il était presque minuit quand, samedi soir, nous avions quitté les plateaux de Star Academy. Le lendemain matin, dimanche, jour de fête nationale pour les grecs. Un 28 octobre 1940 ils opposaient un "non" ferme à l'ultimatum de Mussolini. Cela se célèbre avec fêtes communautaires, à commencer par la messe du matin. A la cathédrale orthodoxe de Saint Etienne à Paris, dans la file des fidèles, Nikos attend, anonyme, son tour pour recevoir de main du métropolite Jéremie l'antidoron, le pain bénit. Après la messe, quelques personnes le reconnaissent et, autre surprise, lui tendent une publicité d'iNFO-GRECE pour signer un autographe "pour nos enfants". Explications : "j'ai été élevé par l'église. Ce sont les curés, oi papades, qui m'ont appris le grec. J'ai été pendant plusieurs années pensionnaire de l'école de Chatenay Malabry [école franco-grecque gérée par l'église orthodoxe en banlieue parisienne]. C'était syrtaki au réveil, moussaka le soir !". On reconnaît là le meraki (intraduisible) de bien de popes grecs.

Etre soi-même

L'avis de la directrice

Alexia Laroche-Joubert, directrice de production de Star Academy et "directrice" de "l'école".

Il est très proche des jeunes de l'émission. Très chaleureux, il les écoute, les touche, les encourage sans arrêt. Et puis, la Grèce ! Il nous apporte une telle chaleur et bonne humeur !

Le conseil

Il manque encore un peu d'assurance. Il doit être plus sûr de lui. Il est sérieux et c'est un grand professionnel. Il faut qu'il le sache.

Il le répète sans cesse à ses "élèves" de Star Academy. "Soyez vous-mêmes, rester-soi-même". A tel point que cela finit par agacer certains journalistes en mal de comparaisons avec Loft Story, l'émission de real tv qui avait précédé Star Academy sur M6. "Ultime mimétisme", estimait ce journaliste du VSD, faisant le rapprochement avec un des candidats de Loft Story. Il suffirait pourtant de discuter une minute avec Nikos pour dissiper tout doute de la sincérité du propos. Rien à voir avec une technique d'animateur. "Star Academy est un jeu qui a ses règles. S'ils [les candidats] ne jouent pas franchement, ils vont perdre. Moi, je veux qu'ils gagnent, qu'ils soient récompensés de leur risque. S'ils trichent, ils sentent faux ; c'est un show, ça va se voir. On doit être soi même. La télé est une loupe. Etre soi même, c'est être à sa place, être honnête".

Voilà le défi de Nikos dans Star Academy. Etre honnête dans un jeu soupçonné de perversité. "Etre filmé 24 heures sur 24 n'est pas éthiquement facile à définir. Les règles par contre sont définies. Si la télé ne tire pas sur les ficelles, on peut faire une bonne émission, acceptable et distrayante. C'est à nous de la faire, ce n'est pas sans risque". N'est-il pas contradictoire de prétendre révéler des futures stars en les filmant sous tous les angles alors même que le propre d'une star c'est d'être entourée de mystère ? "C'est faux", répond Nikos, "aujourd'hui, on sait tout des stars. Le mystère arrive après la starification. Ce que nous faisons avec Star Academy, nous les mettons à l'antenne et nous les faisons connaître. Après, c'est à eux de jouer".

Nikos Aliagas

Et lui, ne craint-il pas d'être victime du star système ? D'être estampillé Star Academy ? "Ce que j'apprends aujourd'hui, c'est irremplaçable. La télé réalité est un exercice de style. C'est une télé d'aujourd'hui. C'est le défi de s'essayer à quelque chose de difficile. Mais, j'étais journaliste avant Star Academy et je le serais après ; c'est comme être grec: je serais grec toute ma vie", affirme-t-il. Après Star Academy, quels projets ? La réponse est au début évasive mais elle se précise au fur et à mesure. Nikos Aliagas sera sur les génériques de TF1 même après Star Academy. On n'en saura pas plus. "J'ai le temps". Nikos songe aussi aux JO d'Athènes dans trois ans. "La TV grecque évolue et je suis un homme du direct. Il y aura des choses à faire". En attendant, "je bosse, quoi qu'il arrive, j'endure. Vous savez, vous pouvez être le meilleur, faire mille choses intéressantes, nous sommes dans un monde qui, si vous faites une seule erreur, ne s'en souviendra que d'elle".

Propos recueillis par A.E.

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