Dans le discours traditionnel de rentrée politique samedi soir en marge de la 75e FIT, le premier ministre, Georges Papandréou, a adressé un message d'optimisme, l'enjeu étant, a-t-il souligné, "patriotique" et rappelé le travail effectué pendant ses 11 mois de gouvernement pour sauver la Grèce de l'endettement, pour réussir à ce qui était considéré comme "inévitable", mais qui l'a pu l'être grâce aux efforts et sacrifices de tous les Grecs.
M. Papandréou a appelé à un effort national, une responsabilité et des décisions collectives pour régénérer la Grèce, affirmant que "le combat que nous livrons est pour la survie de la Grèce. Ce combat nous le gagnerons tous ensemble ou tous ensemble nous perdrons".
Enchaînant sur le long bilan de l'oeuvre gouvernementale pour "changer radicalement la Grèce", et tout en premier à mettre de l'ordre dans le Budget et les finances - ce que beaucoup même à l'étranger jugeait impossible -, à entreprendre des grandes réformes structurelles en quelques mois, M. Papandréou a assuré que les fondements étaient posés pour "renverser un climat négatif" et entendre dire que "la Grèce réussirait plus qu'attendu". La confiance et la crédibilité sont de retour, a-t-il dit, citant notamment l'augmentation toute récente de capital de la Banque nationale de Grèce, et l'intérêt d'investisseurs étrangers pour les obligations d'Etat.
A propos des prochaines initiatives, le premier ministre a évoqué la libération des professions fermées, le plan de réorganisation des Chemins de fer helléniques (OSE) et la rationalisation d'autres entreprises d'utilité publiques (DEKO) déficitaires, la révision du système d'imposition contre l'évasion fiscale, des démarches plus rapides au plan de la justice, une nouvelle loi de développement, la spécification du plan de dénationalisation et mise en valeur des biens publics, la libération du marché de l'énergie, le plan de restructuration du système bancaire, l'unification des paiements des fonctionnaires, un nouveau cadre pour les fournitures hospitalières.
A ceux qui disaient dans le passé "on ne peut pas", M. Papandréou a répondu fortement si "évidemment on le peut", spécifiant les grandes lignes de sa politique que sont la transformation de l'Etat, la protection des économiquement faibles, l'ouverture de la voie pour des investissements, des entreprises plus saines, la croissance verte, une réforme en profondeur de l'enseignement, la création d'une carte des droits sociaux pour en particulier l'égalité des femmes à l'emploi, un service hospitalier 24h sur 24, de nouvelles simplifications pour la création d'entreprises, un nouveau plan pour la recherche et l'innovation.
Ces incantations, M. Papandréou les a prêchées de nouveau dimanche dans ce rendez-vous avec la presse qui est devenu traditionnel pour un chef de gouvernement le lendemain de l'inauguration de la Foire internationale de Thessalonique (FIT). Pressé par els questions des journalistes, le premier ministre a nié qu'il y aurait de nouvelles mesures d'austérité et prévu la fin de l'application du Mémorandum de la "troïka" en 2013, soit quelques mois avant les prochaines élections législatives.
M. Papandréou a démenti les rumeurs sur un 2e mémorandum - qu'alimentent la visite une nouvelle fois des experts de l'UE-BCE-FMI à Athènes -, et tranché "il n'y aura pas de nouvelles mesures. Il n'y a que ce qui est prévu dans le contrat. Tant que nous allons bien, il n'est pas besoin de nouvelles mesures". Le problème est que nous allons mal et les retards dans les recettes publiques prévues dans le contrat avec la troïka sont importants.
Le premier ministre a recommandé aux médias de cesser de semer la panique dans l'opinion publique par leurs commentaires et leur chiffrage "excessivement négatif" de la situation économique. Mais M. Papandréou a déjà oublié qu'il a été le premier à chiffrer négativement de façon excessive la situation économique héritée par son prédécesseur il y a 11 mois, créant ainsi la panique dans les marchés financiers internationaux avec l'incapacité d'emprunt qui s'en est suivie.
Aux questions des journalistes le pressant sur de nouvelles interventions concernant le niveau de vie, M. Papandréou a d'une part affirmé qu'aucune décision n'avait encore été prise sur une taxe spéciale de consommation sur les carburants et le fuel de chauffage, alors qu'à propos des hausses de tarifs sur les factures d'électricité, il a assuré qu'elles ne concerneraient pas les petits et moyens revenus.
Reconnaissant certaines erreurs faites au cours des 11 mois de gouvernement, le premier ministre a souligné qu'on ne pouvait pas reprocher à son gouvernement d'être resté immobile, rappelant aussi que le slogan du PASOK aux législatives en octobre 2009 était "soit on change, soit on se noie", alors qu'aujourd'hui il est remplacé par… "soit on change la Grèce, soit la Grèce est condamnée" (sic, ndlr). M. Papandréou a écarté toutefois toute idée de restructuration de la dette publique.
A propos du tout récent remaniement ministériel et de la nouvelle répartition des compétences entre ministres et les 7 nouveaux ministres adjoint, ce qui pour la presse reste encore à l'état de flou, M. Papandréou a expliqué que ces choix n'ont rien à voir avec les personnes mais avec le fonctionnement du mécanisme de l'Etat et nié qu'il y ait à l'heure actuelle des vides dans la composition du gouvernement.
En référence à la première réunion du Conseil des ministres à Thessalonique vendredi, dont la presse avait dénoncé le coût exorbitant aux seules fins de communication, le chef du gouvernement a souligné que cette session avait été une session de travail effectif.
Les réactions des partis de l'opposition à la conférence de presse de M. Papandréou ont été plutôt laconiques, le porte-parole de la Nouvelle Démocratie (ND, centre-droit), Panos Panagiotopoulos, jugeant les déclarations du premier ministre incomplètes et contradictoires, et que "ses déclarations tranquillisantes inquiètent davantage".
Pour le KKE (communiste) tout ce qu'a annoncé le premier ministre sur "ce qui va de soi", sur "le patriotisme", "les changements nécessaires" ce sont des mensonges, puisque les "mesures barbares prises contre le peuple (grec) sont appliquées dans tous les Etats membres de l'UE et ont partout le même résultat tragique".
Le LAOS (droite traditionaliste) a trouvé "soporifique" la conférence de presse de M. Papandréou et "sans fonds", et conclue sur l'évidence que le premier ministre est dans l'impossibilité de répondre aux problèmes qui préoccupent le pays.
i-GR/ANA-MPA