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Papandréou en appelle au patriotisme et à la levée des barrages routiers. Les agriculteurs fermement campés sur leurs positions.

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Par iNFO-GRECE,

Les agriculteurs restent inflexibles au 8e jour des barrages routiers, malgré un nouvel appel au "patriotisme" des agriculteurs du premier ministre, Georges Papandréou lancé vendredi depuis l'hémicycle (Parlement), alors que le blocage des postes-frontières a conduit le premier ministre bulgare à aller à la rencontre des agriculteurs grecs, une première !

La journée de vendredi n'a rien apporté de très nouveau au plan des mobilisations agricoles, les tracteurs restant sur les bas-côtés des routes pour bloquer pour quelque temps la circulation aux points névralgiques des grandes nationales dans le Nord et en Grèce centrale ainsi qu'aux frontières.

Répondre aux questions de l'opposition (KKE, LAOS et SYN), lors du débat sur l'agriculture au Parlement pendant "L'Heure du premier ministre", le premier ministre M. Papandreou, arguant sur la crédibilité de la Grèce à l'étranger, a demandé aux agriculteurs d'engager un dialogue et a déjà annoncé "une nouvelle politique agricole", sans toutefois en préciser les contours.

"Je ne fais pas appel au patriotisme pour occulter les problèmes", a déclaré M. Papandréou, "mais la vérité est que la crédibilité du pays est jugée tous les jours. Tout ce qui se dit est enregistré et filtre dans les bureaux de toutes les instances financières internationales. Les images font le tour du monde et la Grèce devient une cible. Ce qui nous impose d'être plus responsables encore, l'absence d'un effort patriotique nous fera du mal à tous, et plus particulièrement aux plus faibles, aux agriculteurs".

Les barrages ne règlent rien, a encore affirmé le premier ministre, soulignant toutefois qu'en ce qui concerne les revendications de revalorisation de revenus "il n'y a absolument aucune marge pour les satisfaire", précisant vouloir mettre fin à des politiques du passé ne réglant les problèmes que de manière sporadique, avec quelques versements puis reprise des mobilisations.

"L'heure est venue des grands changements qui assureront un avenir sécurisé au monde agricole, et c'est à cette lutte qui demande du courage que nous appelons les agriculteurs à y participer", a conclu M. Papandréou.

"Mieux vaut les routes barrées que les maisons fermées", a répondu la SG du CC du KKE (communiste), Aléka Papariga, critiquant l'alignement des politiques des deux grands partis toutes ces années aux directives communautaires et en particulier la PAC.

Le KKE propose en priorité d'interdire l'importation de produits agricoles cultivés en Grèce, d'adopter une législation anti-monopoles, de libérer l'agriculture des géants industriels, "suceurs de sang".

De son côté, le président du LAOS (droite traditionaliste), Georges Karadzaféris, a estimé que le mouvement coopératif en Grèce était devenu "une source de corruption", recommandant au gouvernement de tout reprendre "à partir de zéro", complimentant par la suite la ministre du Développement agricole, Katerina Batzéli, comme la première ministre ayant des compétences reconnues pour traiter de ces problèmes.

Alexis Tsipras, au nom de la Coalition (gauche radicale), a parlé aussi d'un déficit de la représentation dans le dialogue annoncé, qualifiant les interlocuteurs à venir de "bureaucrates et de co-responsables des problèmes" d'aujourd'hui, et proposant la création de nouvelles associations collectives d'agriculteurs.

Pour sa part, le président de la ND (centre-droite), Antonis Samaras, a reçu vendredi les présidents des grandes associations d'agriculteurs du Nord de la Grèce, la Confédération Panhellénique des Unions des Coopératives Agricoles (PASEGES) et de la Confédération des Associations Agricoles Démocratiques (SYDASE).

A l'issue de ces entretiens, le chef du principal parti de l'opposition a observé que "le refus du gouvernement d'aller de l'avant vers un dialogue de fond conduit à une situation d'impasse dangereuse", rappelant avoir été dès le premier jour opposé aux barrages routiers, mais soulignant toutefois que "il nous faut tous comprendre pourquoi les agriculteurs ont été acculés à de telles méthodes de mobilisation".

M. Samaras a critiqué l'absence de politique agricole de la part du gouvernement, les interviews télévisées de ministres, les promesses pré-électorales du PASOK faisant état d'un milliard d'euros aux agriculteurs.

"Je demande au premier ministre", a ajouté M. Samarfas, de "laisser de côté les "fiesta" médiatiques et de coordonner lui-même le dialogue franc et substantiel avec les agriculteurs sur tous les problèmes qui les concernent".

Rendant compte à la presse de leurs entretiens, les délégués agricoles ont tous relevé avec satisfaction le fait que M. Samaras soit très informé de la situation et des problèmes du monde agricole et qu'il se dit prêt à faire des propositions au gouvernement pour des solutions durables.

Sur le terrain, le barrages restent nombreux. A Lamia, Kastro et Elateia, avec des températures en dessous de zéro et de la neige, les agriculteurs se remplacent à tour de rôle aux barrages et attendent une nouvelle rencontre du comité de coordination samedi ou dimanche devant faire le point après le discours au Parlement vendredi du premier ministre, Georges Papandréou. Les syndicalistes évitent de commenter cette intervention du chef du gouvernement, insistant toutefois encore sur leur refus de ne pas participer au dialogue au Palais du Zappeion prévu les 25 et 26 janvier.

Les agriculteurs du blocus de Nikaias ont décidé de descendre lundi à Athènes, non pas pour participer au dialogue au Zappeion, mais pour manifester.

Lundi, les agriculteurs affiliés aux Fédérations des Unions agricoles de Thessalie viendront à Athènes pour protester aux portes du Palais du Zappeion ou le gouvernement a invité les agriculteurs à prendre part au dialogue national sur la question.

Entre temps, les agriculteurs du nord d'Evros ont décidé de fermer sine die le poste-frontière de Ormenio, alors qu'actuellement la circulation est normale au poste frontière de Kipi et Kornofolias.

La situation reste également grave est à la frontière gréco-bulgare à Promochona où des files entières de camions transportant des produits agricoles en majorité restent immobilisés, alors que les éleveurs ont déclaré se joindre à ce mouvement dans le Nord de la Grèce en solidarité avec les producteurs.

Le premier ministre bulgare rencontre les agriculteurs grecs

Le premier ministre de Bulgarie, Boïko Borissov, s'est rendu vendredi en fin d'après-midi sur le barrage des agriculteurs qui bloquent le poste-frontière de Promachona pour s'entretenir avec eux obtenant de ceux-ci -en geste de bonne volonté- d'ouvrir le blocus du poste-frontière de 17 à 22 heures pour permettre le passage des véhicules.

Par la suite, les agriculteurs ont décidé de se réunir à nouveau pour décider de leur position ultérieure.

M. Borissov a déclaré à la délégation des agriculteurs grecs, qu'il a rencontré sur le territoire bulgare, avoir eu un entretien téléphonique tant avec le premier ministre, Georges Papandréou, qui ne s'opposait pas à cette rencontre à la frontière, qu'avec le président du principal parti de l'oppsition, Antonis Samaras.

Le premier ministre bulgare a invité les agriculteurs grecs, "au nom de l'amitié greco-bulgare", d'ouvrir la frontière ce que ceux-ci ont accepté jusqu'à 22 heures.

En effet, dans la journée, les premiers ministres de Grèce et de Bulgarie, Georges Papandréou et Boïko Borissov, ont eu un entretien téléphonique qui l'avait informé de son intention de se rendre à Promachona pour discuter avec les transporteurs bulgares des problèmes auxquels ils font face.

De son côté, M. Papandréou a approuvé l'intention de M. Borissov et l'a invité à s'entretenir avec une délégation des agriculteurs grecs qui ont fermé le poste-frontière pour leur expliquer les problèmes causés à la Bulgarie par leurs mobilisations.

A Bruxelles, la Commission européenne est en contact constant avec les autorités grecques en ce qui concerne l'évolution des mobilisations agricoles dans le pays, a déclaré vendredi le porte-parole de la Commission pour l'entreprise et l'industrie, Ton Van Lierop.

M. Van Lierop a explicité qu'après la plainte du premier ministre bulgare auprès du président de la Commission, Jose Manuel Barroso, au sujet du blocus du poste-frontière greco-bulgare, les autorités communautaires compétentes ont requis des précisions auprès des autorités grecques. Selon M. Van Lierop, si les agriculteurs grecs ne retirent pas leurs blocus d'ici la semaine prochaine, une rencontre aura lieu à Bruxelles avec des experts grecs au niveau technique. "Nous oeuvrons tous pour un règlement rapide du problème, car la préoccupation majeure de la Commission est de garantir la libre circulation des marchandises et des biens", a-t-il conclu.

i-GR/ANA-MPA

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