Alors que la crise économique sera une nouvelle fois l'invité au menu des discussions des chefs d'état et de gouvernement lors du Conseil européen réuni ce week-end à Bruxelles, la Banque de Grèce annonçait vendredi un nouveau ralentissement du crédit aux entreprises et aux ménages en janvier 2009 contredisant le ministre de l'Economie et des Finances qui soutenait le même jour que le plan de soutien aux liquidités de l'économie bat son plein.
Les données communiquées par la Banque de Grèce (BdG) sur le financement des entreprises et des ménages en janvier 2009 montrent un nouveau ralentissement dans le rythme d'octroi de financements aux entreprises et aux ménages par les banques après une relative accélération en décembre 2008.
La hausse du crédit était de 15,1% en janvier 2009, contre 16,4% en décembre 2008, bien loin du rythme des 21,5% affiché un an plus tôt, en décembre 2007.
Plus précisément, la baisse nette des financements aux entreprises a été de l'ordre de 262 millions d'euros en janvier 2009, les financements progressant de 18,2% contre 19,8% un mois plus tôt, alors que le taux était de 20,6% en décembre 2007. Le rythme a baissé pour toutes les branches de l'activité économique, excepté pour le commerce, où il est resté quasiment stable et pour la marine où il a fortement accéléré.
Mais c'est surtout aux ménages - logement et consommation - que les banques ont fermé la manne du crédit en leur accordant moitié moins d'argent qu'en 2007. Le flux net des financements aux ménages s'est ainsi élevé en janvier 2009 à 93 millions d'euros, soit une croissance de 11,8% contre 12,8% en décembre 2008 et surtout 22,4% en décembre 2007.
Les financements accordés à titre de prêts au logement ont été de 121 millions d'euros en janvier 2009 (en taux annuel 10,6% en janvier 2009, 11,4% et 21,9% en décembre 2008 et 2007), les prêts à la consommation ont été de 30 millions d'euros (respectivement en glissement annuel pour les mêmes mois de référence 14,7%, 16,0%, 22,4%), alors que la catégorie "autres" prêts aux ménages ont diminué de 58 millions d'euros.
Dans un tel contexte, les présidents des Chambres de Commerce ont critiqué avec virulence la politique des banques, lors d'une AG extraordinaire de l'Union centrale des Chambres de Grèce (KEEE), en soutenant que dans la phase difficile dans laquelle est entrée l'économie nationale, les banques continuent à soumettre les PME à des conditions d'asphyxie de crédit, alors qu'en dépit des 10.000 approbations de prêts de la part du Fonds de garantie des petites et très petites entreprises (TEMPME), le programme n'est pas suffisant pour leur permettre de surmonter les problèmes existants.
Papathanassiou : le programme de soutien bat son plein
Malgré ces chiffres, le ministre de l'Economie et des Finances, Yannis Papathanassiou, s'exprimant à l'occasion de la désignation des représentants de l'Etat grec dans les Conseils d'administration des établissements de crédit, qui ont décidé d'intégrer le plan de soutien du gouvernement, a fait valoir que le programme de soutien aux liquidités de l'économie bat son plein.
M. Papathanassiou a été catégorique sur la détermination du gouvernement de veiller à ce que ce programme soit appliqué avec la plus grande efficacité afin que les bénéfices soient optimaux pour le marché, les entreprises et les ménages.
Les représentants de l'Etat sont: Alexandre Makridis, économiste, à la Banque Nationale de Grèce (BNG), Evripidis Abatzis, économiste, à ATEbank, Georges Rizos, économiste, à Attica Bank, Angelos Androulidakis, avocat, économiste, à Post Bank, Georges Mergos, professeur d'Université, à Alpha Bank, Georges Chiotis, ancien professeur d'Université, à Piraeus Bank, Damianos Damianos, ingénieur chimiste, économiste, à Eurobank, Vassilis Panagiotopoulos, avocat, à Panellinia Bank, Stamatis Mavros, économiste, à Proton Bank.
La loi prévoit que le représentant de l'Etat au CA des banques a le droit de veto dans la prise de toute décision concernant la distribution des dividendes et dans la politique de rémunération du président, du directeur-conseil et des autres membres du CA ainsi qu'aux directeurs généraux et à leurs adjoints.
Banque de Grèce : pas de 2e paquet
De son côté, le gouverneur de la Banque de Grèce, Georgios Provopoulos, ne prévoit pas de deuxième paquet de soutien des liquidités de l'économie comme il l'a expliqué jeudi à la commission des Finances du Parlement en présentant le rapport de la BdG sur la politique monétaire 2008-2009.
"Avec ce que nous avons à notre connaissance en ce moment, un second paquet n'est pas nécessaire", a affirmé M. Provopoulos.
Se référant en outre aux investissements des banques grecques dans des pays de l'Europe du Sud-Est, M. Provopoulos a estimé que ce serait une "erreur criminelle" que la Grèce dise "qu'ils [ces investissements, ndlr] ne m'intéressent pas et qu'elle les laisse se déprécier". Et dans un commentaire à une éventuelle contradiction de cette position avec sa déclaration, selon laquelle l'argent pour le soutien des liquidités (dans le cadre du plan gouvernemental) ne doit pas sortir de Grèce, M. Provopoulos a tranché que les banques grecques ont d'autres possibilités de financement de leurs investissements à l'étranger.
Caramanlis au sommet européen de Bruxelles dimanche
Le gouvernement tentera de convaincre ses partenaires européens de sa discipline budgétaire lors du sommet européen des 27 chefs d'Etat et de gouvernement, dimanche à Bruxelles. Si, affichant un taux de croissance supérieur à la moyenne européenne, la Grèce ne devrait pas avoir trop de mal à convaincre qu'à terme le déficit peut être ramené sous la barre des 3%, en revanche elle aura beaucoup du mal à expliquer l'explosion de la dette. Sur le premier point, elle pourrait compter sur le soutien de l'Allemagne qui ne serait pas mécontente d'un assouplissement de la règle des 3%, sur le deuxième point, à celui de la France, qui rencontre la même difficulté de maîtrise de la dette.
En tout cas, si le budget 2009 a la même destinée que celui de 2008 il est fort à craindre que les engagements ne seront que paroles : Selon les comptes annuels de la Comptabilité générale de l'Etat rendus publics cette semaine, les recettes de l'Etat en 2008 ont augmenté de seulement 5,1% au lieux des 10,1% prévues dans le budget. Dans le chapitre des dépenses publiques, le dérapage est de moindre ampleur, puisque augmentées de 9,3% au lieu des 8,5% prévus. Le déficit s'est ainsi élevé fin 2008 à 13,91 milliards d'euros tandis que la dette a explosé à 262,07 milliards d'euros.
i-GR/ANA-MPA/AE