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Première incarcération dans l’affaire du racket de MEVGAL

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Par iNFO-GRECE,

Le juge d'instruction a ordonné l’incarcération de Panagiotis Anagnostopoulos, l'un des trois prévenus dans l'affaire du racket de l’industriel de produits laitiers MEVGAL, à l’issue d’un interrogatoire qui aura duré plus de 6 heures. L’affaire a pris des dimensions politiques, M. Anagnostopoulos étant un cadre de Nea Dimokratia, le parti au gouvernement, et proche du préfet de Thessalonique, M. Psomiadis. Le directeur de la Commission de la concurrence, M. Adamopoulos, est soupçonné d'être le cerveau d'une tentative d’extorquer 2,5 millions d’euro du laitier en échange du... dédouanement d’une amende de 10 millions d’euro pour infraction aux règles de la concurrence.

M. Anagnostopoulos est accusé de chantage et de complicité de chantage, de corruption passive et de collaboration directe en matière de corruption passive.

Le prévenu est resté sur ses déclarations initiales, qu'il a seulement été un simple intermédiaire pour faire entrer en contact les dirigeants de la société MEVGAL avec le commerçant et co-accusé, Constantinos Constantinidis.

Visés par la presse athénienne, le ministre de l’Emploi et de la Protection sociale, Savvas Tsitouridis, et le ministre du Développement, M. Sioufas, sont passés à la contre-attaque, le premier envoyant une lettre au ESP (Conseil National de Radiotélévision) et à ESHEA (Union des rédacteurs de la presse quotidienne) pour leur demander de le protéger contre les articles calomnieux le concernant, le second soutenant que c’est son ministère qui a « organisé en commun avec le ministère de l’Ordre public le dévoilement de l’affaire. »

M. Tsitouridis a réagi vendredi aux dires et aux écrits de la presse qui ont cité à plusieurs reprises son nom dans le cadre de l'affaire de corruption à la commission de la concurrence avec un mémoire intitulé «  24 mensonges » qui, selon lui, dépassent les limites de la critique politique et violent le code de déontologie de la profession.

M. Tsitouridis écrit notamment ne pas connaître autre que professionnellement les 3 inculpés, n'avoir jamais été un proche du principal inculpé, le directeur général de la commission de la concurrence, et récuse toutes les accusations portant sur son frère et sur lui-même, déplorant que la presse en publiant des écrits et des photos le concernant ait bafoué son honneur et sa réputation.

Est notamment visé par ces déclarations le quotidien Ethnos, lequel persiste dans son édition de ce samedi sur les liens de M. Tsitouridis avec les principaux acteurs du scandale, de même que le quotidien rappelle que M. Sioufas avait signé le décret pour l’embauche de M. Adamopoulos au poste du directeur de la Commission de la concurrence, un décret « spécial » qui déchargeait les candidats de l’obligation du service militaire applicable à tous les fonctionnaires. A noter que M. Adamopoulos, le candidat retenu, n’avait pas rempli cette obligation, ayant été exempté en tant que fonctionnaire de l’Union européenne.

De même le quotidien rappelle les services que M. Anagnostopoulos avait rendu au préfet de Thessalonique, M. Psomiadis, dont il dirigeait la prochaine campagne électorale pour les élections locales.

Toutefois, l’ombre principale de l’affaire reste un coup de fil de M. Konstantinidis à Evgenios Papadopoulos, secrétaire spécial du ministre de l’Emploi, une heure avant de recevoir la valise de billets qui a conduit à l’éclatement de l’affaire. Le ministre Tsitoutidis a reconnu que son secrétaire avait reçu cet appel mais qu’il n’y avait pas repondu.

Le président de la Commission de la Concurrence entendu comme témoin par le juge d'instruction

Le président de la Commission de la Concurrence, Spyros Zissimopoulos, a été longuement entendu vendredi par le juge d'instruction en tant que témoin dans l'affaire de chantage envers la compagnie laitière MEVGAL impliquant le directeur général de la Commission, Panagiotis Adamopoulos. Le juge lui a également demandé de fournir tous les documents nécessaires à l'instruction.

Les trois inculpés dans cette affaire étaient appelés à comparaître dans la journée, mais MM. Constantinos Constantinidis et Panagiotis Adamopoulos ont obtenu un délai de comparution, le premier jusqu'à samedi matin et le second pour dimanche matin. M. Constantinidis est représenté par l'avocat pénaliste, Alexis Kougias.

La Commission de la Concurrence réunie jeudi en séance plénière a décidé de constituer un comité tripartite chargé de revoir toutes les affaires traitées par son directeur général, P. Adamopoulos, accusé de trafic d'influence et de chantage au détriment d'une compagnie laitière, et a exprimé sa confiance envers son président, Spyridon Zissimopoulos.

Ce dernier a déclaré à la suite de cette réunion que « les membres de la commission, tout comme les cadres de la DG de la Commission de la Concurrence sont résolus de par leur travail et leur moralité à servir la loi et les intérêts du consommateur grec » et que « ce cas précis, malgré sa gravité, ne doit pas résulter au dénigrement de l'ensemble du travail, de l'intégrité, de l'autorité et du rôle de la Commission », concluant ensuite que « notre volonté et notre détermination est d'appliquer la loi et de mener à bien toutes les affaires que nous traitons, et c'est ce que nous faisons. »

De son côté, la Fédération des Industries grecques (SEB) citée dans la presse dans des précédentes affaires d'Anagnostopoulos où il était accusé d'importations illégales de sucre brézilien, a publié jeudi un communiqué dans lequel elle insiste que le monde des affaires a intérêt à ce que la loi sur la Protection de la concurrence soit efficacement appliquée et dans ce but, une commission de la concurrence forte, indépendante, intègre et bénéficiant d'un personnel d'encadrement adéquat, est absolument indispensable.

La SEB mentionne entre autres que l'article 4 de la Charte des Droits et des Obligations des entreprises, votée par son assemblée générale en 2005, contient notamment un article stipulant que « l'entreprise est dans l'obligation de ne pas recourir à des pratiques irrégulières et ne pas porter atteinte à la concurrence au détriment du consommateur».

Le gouvernement rappelle sa tolérance zéro dans les affaires de corruption

Le porte-parole par intérim du gouvernement, Evanghelos Antonaros, a déclaré vendredi à la presse que le ministre de l'Emploi et de la Protection sociale, Savvas Tsitouridis, a envoyé deux lettres portant le titre «24 mensonges» au Conseil national de l'audiovisuel (ESP) et au syndicat des journalistes (ESHEA), dans lesquels il souligne une série d'erreurs le concernant qui ont été dites ou écrites autour de l'affaire MEVGAL.

M. Antonaros a rappelé que le gouvernement actuel ne laisse passer aucun phénomène de corruption, que celui qui est arrêté de ce fait, quelle que soit sa position ou son appartenance, en subira les conséquences légales, car le gouvernement applique «la tolérance zéro».

Interrogé sur un possible engagement de la responsabilité politique de M.Tsitouridis du fait de l'implication éventuelle du secrétaire spécial de son ministère, Evgenios Papadopoulos dans l'affaire MEVGAL, M. Antonaros a répondu que le gouvernement saisit la justice pour toutes les affaires de corruption et n'en couvrira aucune.

Sur la question du cartel des compagnies laitières, M. Antonaros a répondu qu'une enquête est en cours et, au plan du fonctionnement de la Commission de la Concurrence, M. Antonaros a rappelé que le comportement répréhensible d'un de ses membres ne remet pas en cause toute l'institution, et conclu qu'en démocratie il existe des autorités chargées d'appliquer la loi et de décider des sanctions. « Laissons les donc faire leur travail », a-t-il lancé.

i-GR/ANA-MPA

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