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Corruption : démission du président de l'Electricité de Grèce (DEH) dénonçant une 'sale guerre' au sein de l'entreprise

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Par iNFO-GRECE,

Pour avoir dénoncé l'existence de noyaux de pression formés par des syndicalistes et des cadres politiques au sein de l'entreprise de l'Electricité de Grèce (DEH), son président, l'ancien ministre de l'Economie, Ioannis Palaiocrassas, a été acculé à la démission ce jeudi. M. Palaiocrassas, en a informé le Premier ministre, Costas Caramanlis, par un très bref entretien téléphonique mais ce dernier a réfusé de soutenir celui qu'il a nommé à la tête de la première entreprise publique du pays, il a tout juste deux ans.


La décision de M. Paliocrassas a été annoncé à l'issue de sa rencontre avec le ministre du Développement, Dimitris Sioufas, qui l'avait appelé à remettre toutes les preuves en sa possession sous trois heures au procureur ou, dans le cas contraire, à démissionner. Ce qu'il a fait. M. Caramanlis a souligné à son interlocuteur que s'il n'a pas de preuves de ce qu'il avance, il ne lui reste plus qu'à démissionner de son poste.

Le président de la DEH avait déclaré dans une conférence de presse que des personnes haut placées dans le gouvernement étaient mêlées à des affaires de corruption, allant jusqu'à parler d'une forme de mafia, alors qu'interrogé la veille par la presse, il avait maintenu ses accusations. Selon le ministre du Développement, M. Sioufas, le président de la DEH a précisé que ses accusations ne concernaient pas des cadres du gouvernement et que toutes ces déclarations renvoient au passé, mais M. Palaiocrassas a précisé par la suite que les faits se référaient également au présent.

Après son entrevue avec M. Sioufas, M. Palaiocrassas a demandé d'être reçu au Palais Maximou, mais ce n'est finalement qu'une communication téléphonique extrêmement brève que lui a été accordé par le Premier ministre.

"Je ne comprends pas pourquoi le fait que j'aie donné sept dossiers à la justice, correspondant à autant des cas suspects afin que les recherches des coupables aient lieu, soit gênant", écrit M. Palaiocrassas dans sa lettre de démission adressée par la au Premier ministre, interpellé à la deuxième personne du singulier. Sept dossiers mettant en cause des membres du Conseil d'administration de l'entreprise.

"Qu'est-ce que j'ai fait d'autre que suivre ta politique pour la répression de la corruption et essayer de corriger ce que les cadres du gouvernement actuel avaient dénoncé avec pléthore de questions au Parlement au temps où ils étaient dans l'opposition ?", conclue-t-il, terminant qu'il quitte ses fonction la tête haute de ne pas avoir été conciliant avec la corruption et de ne pas avoir trahi ses idéaux et les attentes des Grecs.

"Cette lettre de démission contenant des accusations et faisant référence à des questions d'importance majeure et d'intérêt public plus général requiert peut-être une enquête judiciaire, nous l'avons transmise au procureur de la Cour de cassation, afin qu'il prenne toutes les mesures de sa compétence", ont indiqué les ministres de l'Economie et des Finances, Georges Alogoskoufis, et du Développement, Dimitris Sioufas.

Toutefois, si la crise éclose en ce moment, elle cuvait depuis l'été où M. Palaiocrassas avait fait déjà part des difficultés à réunir le Conseil d'Administration de l'entreprise avec pour conséquence la perte d'importantes opportunités pour la DEH. En parallèle, le président de l'Electricité de Grèce mettait en cause des entreprises qui s'activaient dans le secteur de l'énergie en Grèce alliées à des groupes de médias et des cadres politiques appartenant aussi bien au gouvernement et à l'opposition. Mais la véritable difficulté relevait du fait que le président de l'entreprise public ne voulait pas avoir juste un titre "décoratif", comme disait lui-même, et tenait à contrôler les agissements de l'exécutif. Pour des raisons politiques liées à l'organisation des Jeux Olympiques, l'ancien directeur conseil proche du PASOK, M. Nezis, avait été maintenu à son poste jusqu'à la fin des JO. Enseuite, une partie des directeurs généraux a été nommé sans son consentement et le nouveau Conseil d'administration, fidèle désormais à Nea Dimokratia, se réunissait et décidait sans le président !

Le PASOK (opposition socialiste) qui n'oublie pas les relations étroites du président de DEH avec les "cercles ecclésiastiques", ni son acharnement à obtenir l'éloignement du "leur" Nezis, avait à plusieurs reprises demandé la démission de M. Palaiocrassas, traité de "escroc politique" dans l'enseigne du Parlement. "Il aurait dû partir il y a longtemps", s'est d'ailleurs félicité aussitôt la démission connue le porte-parole du PASOK, Nikos Athanassiadis.

M. Palaiocrassas a informé de son côté qu'il s'expliquera publiquement lundi à l'occasion d'une conférence de presse. Ironie du sort, la démission de M. Paiocrassas intervient au moment où s'ouvre le procès en appel de l'organisation terroriste du 17 Novembre, dont il a été la cible manquée en juillet 1992 alors qu'il était ministre de l'Economie.

M. Palaiocrassas, 73 ans, plusieurs fois ministre et député, ainsi que Commissaire européen à l'énergie, avait été nommé au poste de président de DEH par M. Caramanlis au lendemain de la victoire de Nea Dimokratia sur le Pasok en 2004. A droite, certains soupçonnent Palaiocrassas d'être un proche des Mitsotakis, la famille rivale des Caramanlis au sein de Nea Dimocratia, mais une chose est sûre, le Premier ministre n'a plus les moyens de s'opposer aux intérêts des ministres de son gouvernement et doit ainsi supporter le limogeage de ceux que lui-même avait nommé il y a deux ans. Le gouvernement a annoncé qu'il proposera l'ex-directeur général d'Alpha Bank, Konstantinos Kyriakopoulos, en replacement de M. Palaiocrassas.

i-GR/ANA

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