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La Republika Makedonija – Skopje remplace la FYROM : Athènes et Skopje devant le nouveau défi de l'ONU

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Par iNFO-GRECE,

La proposition du coordinateur du Secrétaire Général de l'ONU pour la FYROM, Matthew Nimetz, pour rebaptiser l'ancienne République yougoslave de Macédoine (FYROM/ARYM) en "Republika Makedonija - Skopje", communiquée vendredi, "ne satisfait pas pleinement les désirs et les ambitions de la Grèce, mais constitue toutefois une base pour des négociations", a déclaré vendredi le ministre des Affaires étrangers, Petros Molyviatis.


Toutefois, si la Grèce est prête à "se rendre aux négociations avec des intentions positives", à Skopje on insiste au maintient de la double appellation : une à usage dans les relations avec la Grèce et l'autre à usage international.

M. Molyviatis a exprimé l'espoir que l'autre partie [Skopje] se présenterait dans les mêmes dispositions d'esprit "afin de trouver une solution qui conduira à la pleine normalisation des relations bilatérales, au soutien de la marche de Skopje vers les institutions euroatlantiques et qui renforcera la stabilité dans la région".

Le ministre grec des Affaires étrangères venait de clôturer ses entretiens avec les chefs des partis politiques parlementaires au cours duquel il les a informés des derniers développements dans les questions étrangères et, plus particulièrement, sur la question de la FYROM. "Le gouvernement a pour ferme objectif de parvenir a un consensus le plus large possible, notamment dans les grands dossiers nationaux. Le consensus, la ou il est possible, renforce la position internationale du pays et facilite ses ambitions", a dit M. Molyviatis.

L'appellation Republika Makedonija - Skopje – si elle est acceptée et adoptée par les Nations unies - sera accompagnée d'une recommandation de l'ONU pour qu'elle soit utilisée, telle quelle et sans traduction, par tous les pays membres de la communauté internationale et des organismes internationaux.

La proposition du médiateur de l'ONU pour la FYROM, Matthew Nimetz, pour l'appellation de la FYROM comme "Republika Makedonija - Skopje" "n'est pas distante de la réalité", a déclaré vendredi le porte-parole par intérim du gouvernement, Evanghelos Antonaros, précisant que M. Nimetz a exposé ses positions dans un document.

M. Antonaros a dit que "la procédure est en cours" et précisé que la proposition de M. Nimetz "n'a pas la forme d'une décision arrêtée, mais d'une proposition (formulée pour la première fois après de nombreuses années), et cela constitue un progrès important et une base pour des concertations à venir". Toutefois la procédure en question "ne saurait en aucun cas constituer 'un arbitrage'", a souligné M. Antonaros.

"Ces négociations se tiennent dans le cadre de l'ONU et sont encouragées par de nombreuses parties, notamment par l'UE (comme en atteste la décision en date du 14.9 de l'UE), par conséquent le climat international est encourageant pour la recherche d'un règlement qui sied aux souhaits du gouvernement", a ajouté M. Antonaros.

Skopje insiste sur la "double appellation"

La FYROM n'avait pas encore réagi officiellement vendredi à la proposition soumise par M. Nimetz quant à l'appellation du pays. Cependant, un peu plus tôt dans la journée, le Premier ministre de la FYROM, Vlado Buckovski, avait souligné que la position de Skopje pour "une double appellation" constitue un grand compromis pour le pays, "un plus grand compromis que celui que tente d'imposer la Grèce". "Nous restons calmes et attendons la poursuite des concertations à New York, ou notre représentant, Nikola Dimitrov, a reçu des instructions pour défendre les positions de la FYROM", a ajouté M. Buckovski.

Dans une interview à l'occasion du soixantième anniversaire du premier gouvernement macédonien, publiée ce matin, samedi 9 avril à MIA, l'agence nationale d'information, l'ancien Président de la FYROM, Kiro Gligorov, a carrément déclaré que "il n'est pas vrai que nous avons été admis aux Nations Unies sous la référence de FYROM", arguant que la "référence de FYROM a été lancée par la Grèce, évitant l'utilisation du mot 'Macédoine', mais elle n'est pas définie par la décision de l'ONU". "Je suis absolument sûr que la plupart de pays-membres de l'ONU ne pourraient pas se rendre compte qu'un nom d'une nation qui a créé un état il y a des siècles (sic), pourrait être contesté", conclu M. Gligorov estimant que "la Grèce n'est pas convaincue à abandonner sa politique illogique et sans perspective".

Washington fait pression pour l'adoption de la proposition Nimetz

Selon une dépêche de Washington, un haut officiel de l'administration américaine a déclaré à l'ANA que les Etats-Unis font pression pour que Skopje accepte la solution de compromis de M. Nimetz.

"Le gouvernement Bush salue et soutient cette nouvelle dynamique qui crée et encourage toutes les parties à continuer à se comporter de manière constructive", ont indiqué les sources américaines, soutenant que c'est justement dans cet état d'esprit que prendra position vendredi le Département d'Etat, une prise de position qui sera annoncée officiellement par son porte-parole, Richard Boucher. La position positive de M. Molyviatis, selon ces sources, transpose le poids sur la partie de Skopje, qui est appelée à faire preuve de la même "flexibilité".

La veille, le porte-parole du Département d'Etat avait recommande à Athènes et Skopje d'aboutir à une solution mutuellement acceptée, observant que l'administration américaine est prête à adopter un accord qui soit le produit d'un compromis. "Nous faisons bon accueil à ce nouvel élan dans le processus. Nous invitons les deux côtés à s'engager de manière constructive dans un esprit de compromis", a repris M. Boucher vendredi.

Les réactions des chefs de partis politiques grecs

"La Grèce doit continuer ses efforts (sur le nom de la FYROM) pour la recherche d'une solution mutuellement acceptée, et évidemment cela demande une attitude constructive, surtout du point de vue de l'ex-République yougoslave de Macédoine", a déclaré le président du PASOK (parti socialiste), Georges Papandreou, à l'issue de ses entretiens vendredi avec le ministre des Affaires étrangères, Petros Molyviatis.

Informant avoir entendu le chef de la diplomatie grecque exposer ses réflexions sur la question du nom et faire le point sur les concertations en cours à New York, M. Papandreou a encore précisé qu'avaient été examines d'autres dossiers de politique étrangère, tels que la question chypriote, les relations UE-Turquie, les relations Grèce-Turquie, sur fond de la visite de M. Molyviatis à Ankara les 12-13 avril.

Invité a commenter la proposition connue vendredi du représentant spécial du SG de l'ONU pour la FYROM, Matthew Nimetz, le chef du principal parti de l'opposition a simplement declaré ne pas vouloir procéder à des évaluations, étant donné que rien n'est définitif. "Je ne veux pas devancer M. Molyviatis, nous sommes dans une phase de concertations", a noté M. Papandreou.

De son côté, le SG du CC du KKE (parti communiste), Aleka Papariga, appelée à commenter la proposition Nimetz, a estimé que s'il y a un accord sur le nom où figure le mot "Macedoine", il aura un sens purement géographique sans connotation ethnique. "Le nom à lui seul", a-t-elle ajouté, "ne nous garantit en rien".

S'exprimant après sa réunion avec M. Molyviatis, Mme Papariga a fait part de son inquiétude sur la situation en général dans les Balkans, en citant l'intervention des Etats-Unis qui se fait "plus forte et, dans un sens, pire qu'avant". Mme Papariga a dit s'attendre à des nouveaux développements dans la région si des changements de frontières interviennent et en tout premier lieu avec le Kosovo devenant indépendant. Ainsi, pour le KKE, la question est de faire en sorte qu'il n'y ait pas de nouveaux changements de frontières, ceci pouvant conduire à une explosion.

Troisième à être informé par M. Molyviatis, le député de Synaspismos (gauche radicale) et ex-président du parti, Nicos Constantopoulos, s'est déclaré favorable à une appellation composée de la FYROM, qui soit toutefois acceptée par Athènes et Skopje. "Nous avons entendu la proposition (de Nimetz), et elle sera examinée par les organes compétents du parti", a indiqué M. Constantopoulos, soulignant la nécessité que la solution trouvée serve les intérêts de la Grèce et de toute la région.

Enfin, dans ses déclarations de presse, le président du LAOS (droite chrétienne) et eurodéputé, Georges Karatzaferis, a qualifié de "bombe à retardement" ce que "le gouvernement du PASOK avait transmis a la Nouvelle Democratie", estimant qu'aujourd'hui "elle explose".

i-GR/ANA

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