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L'Europe signe sa Constitution à Rome et entame le processus de ratification

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Par iNFO-GRECE,

Quarante-sept ans après la naissance de la Communauté économique européenne (CEE), le 25 mars 1957, les chefs d'Etat et de gouvernement des 25 Etats membres de l'UE - et deux pays en voie d'adhésion à l'UE, la Bulgarie et la Roumanie, ainsi que la Turquie, qui est candidate à l'adhésion - ont signé vendredi 29 octobre 2004, la première Constitution européenne. Déclarations du Premier ministre de Grèce, du Président de Chypre et de l'opposition grecque.


Dès 10h (heure locale), le président en exercice du Conseil européen, le Premier ministre néerlandais, Jan Peter Balkenende, et le Premier ministre italien, Silvio Berlusconi, ont accueilli les dirigeants européens venus au Capitole pour signer la Constitution de l'Europe.

La cérémonie, qui était filmée par le réalisateur italien, Franco Zeffirelli, s'est déroulée au Capitole, l'hôtel de ville de Rome, sous l'œil du pape Innocent X, alors que le Vatican, situé à quelques kilomètres, a une nouvelle fois manifesté son mécontentement sur l'absence de références aux racines chrétiennes de l'Europe dans le Traité constitutionnel.

Un pas historique pour l'Union Européenne, selon Caramanlis. Un argument supplémentaire pour la résolution de la question chypriote, pour M. Papadopoulos

Karamanlis Zapatero Shroedr


Costas Karamanlis (g) au cours de la cérémonie avec son homologue espagnol, José Luis Zapatero (h-d), et le chancellier allemand Gerhart (b-d) Shroeder

Le Premier ministre grec, Costas Caramanlis, a salué la signature de la Constitution européenne vendredi à Rome par les 25 Etats membres de l'UE comme un moment historique de l'UE.

"La journée d'aujourd'hui constitue un pas historique pour l'UE. L'Europe se dote de son premier traité constitutionnel. Une Constitution qui comporte de nombreux éléments positifs pour que l'Europe des '25' devienne davantage créative et plus efficace", a affirmé M. Caramanlis dans des déclarations à l'issue de la cérémonie de signature de la Constitution européenne.

M. Caramanlis a retenu comme points majeurs le renforcement de la coopération en matière de défense et de sécurité, entre autres, grâce à la clause de solidarité, sans manquer pour autant de faire référence à deux domaines intéressant de très près la Grèce, à savoir le développement du tourisme et la promotion des régions périphériques.

"Il est très important que le tourisme soit compris dans les politiques de soutien de l'UE et que des actions soient prévues pour son renforcement, tout comme le fait que les régions insulaires, frontalières et montagneuses bénéficient de mesures et de politiques spéciales pour leur développement", a-t-il conclu.

En introduction, M. Caramanlis n'avait pas manqué d'observer que "la route de l'Europe n'est pas facile et ne l'a jamais été. Les problèmes doivent être traités à travers un cadre institutionnel puissant et dans un esprit d'échange de vues et de concertation qui est d'ailleurs un constituant fondamental de l'édifice européen. Il est important que le traite constitutionnel observe le principe d'un commissaire par Etat membre au moins jusqu'en 2014".

Certainement que M. Caramanlis pensait au risque d'une Commission resserrée autour d'un noyau dur dont la Grèce pourrait être exclue, mais l'allusion à une route difficile vers l'Europe n'était pas sans faire écho aux difficultés de la candidature turque qui pourrait s'avérer plus compliquée si la Grèce se montrait moins fervente partisane après les récentes provocations en mer Egée.

En tout cas M. Caramanlis a eu un bref tête-à-tête avec son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, présent aussi aux cérémonies de Rome. Les deux hommes se sont entretenus pendant quelques minutes en marge du déjeuner officiel offert par le président de la République italienne, Carlo Azeglio Ciampi.

Toutefois, le contenu de cet entretien n'a pas été communiqué, des sources gouvernementales se limitant à noter qu'il est tout à fait normal et logique que les Premiers ministres de Grèce et de Turquie se rencontrent et discutent.

Papadopoulos Ergodan


Le Président de Chypre Tassos Papadopoulos (premier plan à droite) à son arrivée au Capitol, et quelqes pas en arrière le Premier ministre turc Recep Tayyip Ergodan (ext. g.)

"La nouvelle constitution de l'Europe offre une base plus puissante de force de négociation, un argument supplémentaire aux efforts de résolution de la question chypriote pour la partie gréco-cypriote", a déclaré pour sa part le Président de la République de Chypre, Tassos Papadopoulos, soulignant aussi le caractère historique de cette journée.

"Je crois que la nouvelle Constitution contient des prévoyances renforcées pour les droits de l'homme, assure la transparence aux procédures de l'Union européenne, donne un rôle accru au Parlement européen mais aussi aux Parlements nationaux", a dit M. Papadopoulos, qui, philosophe un peu plus tard, analysait "La constitution contient de nombreuses opinions et elle est un compromis entre des opinions divergentes […] en Europe ce qui compte n'est pas si tu as obtenu ce que tu veux, mais si l'accord final contient des choses avec lesquelles tu puis vivre."

Débat public sur la Constitution en Grèce et ratification par le Parlement

Le porte-parole du gouvernement et ministre d'Etat, Theodore Roussopoulos, se félicitant qu'avec la signature du Traité constitutionnel par les "25" Etats membres, l'UE "allonge le pas vers son avenir", a annoncé, vendredi, que le gouvernement ouvrira prochainement un grand débat public sur la Constitution européenne.

M. Roussopoulos a précisé qu'au terme de ce débat, ce sera le Parlement grec qui "ratifiera dans un court laps de temps la Constitution européenne."

Rendant compte de toute l'importance de cet acte pour l'Europe, M. Roussopoulos a souligné que "la majorité écrasante des Grecs était et est en faveur du progrès et du renforcement de l'Europe et de l'UE. Et cela, parce que c'est de cette façon que sont garantis un présent fort et un avenir meilleur de stabilité, de paix et de prospérité pour le pays. Lorsque l'Europe va de l'avant, c'est la Grèce aussi qui va de l'avant. Cette prise de position sera confirmée aussi lors du débat public, qui commencera sur-le champ, à l'initiative du gouvernement, sur cette question."

Le PASOK demande un referendum

Le président du PASOK, Georgios Papandreou, a demandé l'organisation d'un referendum en Grèce sur la Constitution européenne et invite le gouvernement à ne pas se limiter à une procédure de pure forme de ratification, mais de soumettre la nouvelle Constitution européenne au jugement du peuple grec.

M. Papandreou a critiqué à l'occasion le Premier ministre, Costas Caramanlis, de ne pas avoir, jusqu'à présent, informé le Parlement sur cette question, soulignant qu'alors qu'un dialogue a commencé à se développer dans l'Europe toute entière en vue de la ratification de la Constitution, soit par les parlements nationaux, soit par l'organisation de référendums, aucun débat n'a lieu en Grèce.

M. Papandreou a également rappelé que c'est la Grèce qui a fait passer la clause contraignante de manifestation d'une solidarité de l'UE à tout Etat-membre étant agressé à partir de l'étranger.

Pour Synaspismos, la Constitution constitutionnalise le néolibéralisme

manifestations opposants à Athènes


Manifestation d'opposants au Traité constitutionnel à Athènes

"Le Traite pour l'institutionnalisation d'une Constitution, qui est signé aujourd'hui à Rome par les dirigeants de l'UE, est en réalité "une construction par le haut" qui vise à constitutionnaliser le néolibéralisme, à porter atteinte aux droits sociaux et à renforcer l'euro-atlantisme", soulignait vendredi un communiqué de Synaspismos, poursuivant que pour ces raisons, le parti "avec d'autres forces de la Gauche européenne, exprime son opposition à la Convention."

La Coalition, poursuit le communiqué, "revendique l'organisation d'un referendum en Grèce pour que les citoyens grecs aient la possibilité d'être informés et de décider au sujet de la Convention."

i-GR/ANA
photos ANA

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