Le Premier ministre, Costas Caramanlis, faisant sa rentrée politique et donnant le cap de l'action économique du gouvernement, a situé l'ambition majeure de son gouvernement de libérer les forces vives et créatives de la société afin que la Grèce puisse optimiser le produit national. Mais le plus important point de son discours fut la force avec laquelle il a affirmé sa volonté de développer la périphérie et en premier lieu la capitale du Nord du pays, Thessalonique, qui, comme chaque année, accueille cette semaine la Foire internationale, plus important rendez-vous économique des Balkans.
"Notre ambition centrale est de libérer les forces créatives de la société afin qu'elles puissent avoir l'occasion de produire, de créer, de progresser, d'optimiser le produit national et réussir sa plus juste distribution. L'économie, la société, la renaissance de la province au plan des affaires et de la culture, ce sont là notre grand défi", a affirmé M. Caramanlis, dans son traditionnel discours de rentrée lors de l'inauguration de la Foire internationale de Thessalonique (FIT) vendredi soir dans le Palais des congrès "Ioannis Vellidis".
M. Caramanlis, qui a donné le ton de la politique gouvernementale marquée par un message d'optimisme et de confiance, a expliqué que dorénavant la Grèce planifie avec optimisme ses prochains pas, avance sur la base d'un programme réaliste et responsable approuvé par les citoyens grecs "et dont nous avons pris l'engagement de mettre en oeuvre dans le cadre de notre mandat de quatre ans". "La parole que nous avons donnée vaut jusqu'a la dernière virgule", a-t-il lancé.
Le chef du gouvernement a souhaité être très clair sur l'objectif central de la politique gouvernementale qui consiste à diffuser la croissance dans tout le pays, mais surtout en donnant la priorité en dehors du centre, dans un souci de parvenir à régler les problèmes quotidiens des citoyens. Le gouvernement, a-t-il affirmé, s'efforce de garantir "une société forte et juste, une société de confiance et de sécurité, une société de cohésion et de solidarité".
L'acquis des Jeux Olympiques
A ce point, M. Caramanlis s'est référé à l'héritage laisse par les Jeux olympiques d'Athènes en signalant que le gouvernement ne manquera pas de mettre en valeur "cet acquis" et à "investir dans la plus-value des Jeux".
"Le gouvernement doit attirer des investissements et des visiteurs. Démontrer que le grand été grec de 2004 n'est pas une parenthèse dans notre marche. C'est une étape et un point de départ, une étape dans le passage à une nouvelle ère, un point de départ d'une nouvelle perspective", a affirmé le Premier ministre, rendant hommage à cette occasion à la contribution de tous les gouvernements qui se sont succédés dans cette "victoire formidable" de la Grèce qui a organisé des JO réussis et à tous les "hommes capables" issus de tous les champs politiques qui ont travaille à ce succès.
M. Caramanlis ne pouvait pas manquer à ce point d'avoir une pensée pour les Jeux paralympiques qui viennent succéder comme grand événement mondial aux Jeux olympiques, pour bien mettre en avant que "c'est un défi pour les sociétés et les dirigeants du monde entier de remplir nos obligations vis-à-vis des personnes handicapées, d'être présent dans les stades où concourent nos concitoyens qui se surpassent".
Les relations avec la Turquie et question chypriote
Dressant au plan politique le présent et l'avenir de la Grèce, M. Caramanlis a parlé de l'ambition de créer un environnement de stabilité et de prospérité dans toute la région avoisinante, grâce à une Grèce jouant les premiers rôles au cœur de l'UE, laquelle soutiendra l'orientation européenne de la Turquie. "Nos voisins doivent savoir que nous soutenons leur orientation européenne. Nous soutenons l'adhésion de la Roumanie et de la Bulgarie d'ici 2007. Nous soutenons l'optique européenne de la Turquie et les efforts de son gouvernement d'adapter le pays à l'acquis (politique et économique) européen. Nous, les Grecs, nous voulons une Turquie européenne. Nous comptons sur la revalorisation de la coopération bilatérale et dans le rétablissement intégral des relations greco-turques", a-t-il dit.
Passant au chapitre de la question chypriote, M. Caramanlis a réitéré le souhait de la Grèce de voir un règlement du problème politique de l'île, sans toutefois faire référence au plan Annan.
"Tous les Grecs, nous recherchons le règlement le plus rapide du problème chypriote. Nous travaillons et nous coopérons tous (Athènes et Nicosie) pour conserver le vif intérêt de la communauté internationale en vue d'une solution vraiment fonctionnelle et viable, une solution dans l'environnement de sécurité et de coopération qu'offre l'UE", a-t-il souligne.
Thessalonique et développement régional
M. Caramanlis a réaffirmé depuis la tribune de la FIT le plein soutien du gouvernement à la candidature de la Ville de Thessalonique à l'EXPO 2008. "Les thèmes de la candidature grecque couvrent des intérêts vitaux de tous les pays voisins. La candidature de Thessalonique a une portée plus large: elle offre une occasion unique de promotion de l'Europe du Sud-Est et de la Méditerranée orientale. Une occasion de faire ressortir un espace où convergent et se brassent des peuples et des cultures différentes", a-t-il dit.
Dans ce contexte, mais également dans le cadre de la promotion de la politique gouvernementale des régions en dehors de l'Attique, M. Caramanlis a affiché sa détermination à doter Thessalonique des infrastructures dont elle a besoin pour jouer le rôle qui lui revient au cœur de la région de l'Europe du Sud-Est. A ce titre, M. Caramanlis a annoncé un calendrier précis des grands travaux, a savoir le métro de Thessalonique dont la phase de pré-sélection du contractant se clôturera à la fin octobre, pour passer ensuite à l'adjudication et au lancement des travaux durant l'été 2005, l'artère routière souterraine du bord de mer qui décongestionnera le trafic du centre-ville, avec un appel d'offres entrant dans sa 2e phase en octobre et la signature et ratification du contrat en vue à la mi-2005 (délai de construction de l'ouvrage de 3 ans et demi), les nouveaux aménagements de l'aéroport "Macédoine", avec dans un premier temps l'extension et la modernisation du terminal qui couvrira pleinement les besoins des passagers sur les 7 années à venir et l'extension de la piste d'atterrissage avec l'annulation de l'appel d'offres de 2001 qui était devenu un "cercle vicieux" et l'élaboration d'un nouvel appel d'offres ouvert avec le nouveau système du moins-disant qui sera institutionnalisé par voie législative courant septembre. Le contractant sera annonce en février-mars 2005.
M. Caramanlis a annoncé également la réorganisation du ministère de Macédoine-Thrace, l'accélération des travaux des tronçons de la voie Egnatia qui seront tous ouverts à la circulation d'ici 2008, et la transformation du Nord de la Grèce en un réseau énergétique international puissant grâce au gazoduc en place, à la construction de l'oléoduc Bourgas-Alexandroupolis, à la création à l'Est de la ville du "pôle des activités innovantes", au transfert à Thessalonique du service spécial de gestion du programme INTERREG, à la création d'une université internationale.
"Je sais combien vous, les habitants de Thessalonique, vous entendez depuis des années de grandes paroles a propos de grands travaux. Je comprends combien vous avez le droit d'être méfiants face à des déclarations et des promesses. Nous ne deviendrons pas les complices de l'eternalisation de cette situation de manque de foi. Le gouvernement a pris ses décisions pour les travaux d'infrastructure dont a besoin la ville. Et ces décisions sont très claires", a affirmé M. Caramanlis, qui est revenu sur le problème actuel d'une "Grèce à deux vitesses" pour exprimer une nouvelle fois son engagement irréversible de développement de la province.
Agriculture et PME
Enfin, au chapitre purement économique, M, Caramanlis a pris des engagements fermes pour un soutien avec des incitations et programmes aux PME, la colonne vertébrale de l'activité économique en Grèce, une réduction de la fiscalité des entreprises et l'inauguration d'une nouvelle politique agricole, faisant référence aux mesures courageuses prises par le gouvernement pour le réaménagement des arriérés des anciens prêts échus des agriculteurs.
i-GR/ANA