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Une semaine après Costas Simitis, le Premier ministre turc rentre aussi bredouille des Etats-Unis.

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Par iNFO-GRECE,

Bénéficiant du soutien des Etats-Unis, qui voient en la Turquie un levier de la politique américaine au Moyen Orient, le Premier Ministre turc, Bülent Ecevit, a remercié, jeudi 17 devant les journalistes turcs qui l'accompagnaient à Washington, Georges W. Bush de son aide dans les négociations de la Turquie avec l'Union Européenne dans le cadre de la Politique européenne de Sécurité et de Défense. Mais, les américains défendant une politique circonstancielle plus qu'une vision à long terme, c'est le plus qu'il pouvait espérer.

Les accords en discussion entre l'Union européenne et l'Otan prévoient que le commandement européen de la future armée de l'Union aura accès aux bases militaires de l'Otan et donc à celles se trouvant en sol turc. La Turquie, qui n'est pas membre de l'UE, entend mettre à profit cette situation pour renforcer ses liens avec l'Europe sans céder aux pressions sur le respect des droits de l'homme et le fonctionnement démocratique de son régime qui bloquent actuellement sa demande d'adhésion à l'Union. La Turquie demande ainsi un droit de regard allant jusqu'au veto sur les opérations de la future armée européenne. Malgré les pressions américaines et britanniques, l'Union Européenne s'y est opposée pour le moment et la Turquie reproche à la Grèce d'être l'instigateur de la demarche européenne. "Il est surprennent que la Grèce s'oppose. Cela nous amène à la soupçonner de préparer une opération [militaire] contre la Turquie", a analysé le Premier Ministre turc devant ses compatriotes journalistes !

L'habilité de Bülent Ecevit à médiatiser périodiquement de la manière les différents greco-turcs atteint dans le mil la sensibilité grecque et conduit Athènes à surestimer l'amitié américano-turque. Idéologiquement antiaméricain, le gouvernement socialiste d'Athènes fait face avec une certaine fatalité à la supposée option turque de la politique américaine.

Or, le Premier Ministre turc avouait lui-même que lors de sa rencontre avec Georges W. Bush les relations greco-turques et même turco-européennes n'ont pas été abordées en profondeur. "J'ai abordé ces questions une ou deux fois dans mes contacts", a dit M. Ecevit.

Avec la crise économique qui traverse son pays, le gouvernement turc était en premier lieu préoccupé par la signature d'un accord avec le Fond Monétaire International portant sur un prêt de 12 milliards de dollars qui devait intervenir vendredi 18. Pour le reste, M. Ecevit espérait un engagement des Etats-Unis à relancer leurs investissements et les échanges commerciaux avec la Turquie, mais les circonstances actuelles et la crise propre de l'économie américaine n'étaient pas propices pour des avancées plus significatives que les déclarations de bonnes intentions.

Les Etats-Unis sont actuellement davantage intéressés par la contribution de la Turquie sur le front afghan que par sa place en Europe. La Turquie s'est proposée à prendre le relais du commandement britannique des forces de paix en Afghanistan. Les militaires turcs pensent bénéficier d'une meilleure écoute que les britanniques auprès du chef de guerre uzbek et un des leaders de l'Alliance du Nord devenu ministre de la Défense de l'Afghanistan, le Général Rashid Dostum, dont la famille vit toujours à Ankara. Mais Georges W. Bush s'est montré préoccupé par la capacité de la Turquie à supporter le coût d'une telle opération étant donné sa situation économique. Bülent Ecevit qui y voyait son armée intervenir comme des mercenaires rémunérés par les Etats-Unis a dû réviser son empressement en écoutant le Président Bush lui répondre par presse interposée "J'apprécie leur [des turcs] manière de voir cette question importante. Mais je pense que les discussions budgétaires devraient avoir lieu après qu'un engagement aura été fait". Autrement dit, montrez ce que vous êtes capables de faire, nous discuterons de la paie après.

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