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Chypre : Pourquoi les chypriotes-turcs ont refusé les propositions de l'ONU.

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Par iNFO-GRECE,

Alors que ce week-end à Bruxelles, les ministres des Affaires étrangères des pays membres de l'Union européenne invitent les ministres des affaires étrangères des pays candidats à l'Union - dont Chypre est le plus avancé dans le processus d'adhésion - pour un déjeuner de travail, iNFO-GRECE révèle les motivations des turco-chypriotes qui, mercredi 5 septembre, ont conduit à l'échec une semaine d'efforts d'Alvaro de Soto, le Conseiller spécial du Secrétaire Général de l'ONU, pour les faire revenir à la table des discussions sur le règlement du problème de la division de Chypre.

Si les grecs et les greco-chypriotes ont rejeté la responsabilité de l'échec à la partie turco-chypriote, aucun communiqué officiel de l'ONU ou de l'autoproclamée République turque de Chypre de Nord n'est venu expliquer l'échec. De sources bien informées des coulisses turco-chypriotes, iNFO-GRECE a réussi à savoir que le point d'achoppement entre Alvaro de Soto et Raouf Denktash aura été le refus de l'émissaire de l'ONU de reprendre la déclaration du Secrétaire Général de l'ONU Cofi Annan, il y a un an lors du quatrième tour des pourparlers indirects, demandant une égalité de statut des parties greco-chypriote et turco-chypriote (déclaration du 12 septembre 2000).

Une déclaration jugée maladroite à l'époque et que l'ONU s'est empressée de rectifier peu après, en novembre 2000, dans un document officieux divulgué par la presse grecque et jugé cette fois inacceptable par les turco-chypriotes. Les rapports de la République de Chypre et de la communauté turco-chypriote avec l'ONU devaient par la suite se détériorer conduisant à la rupture du processus de discussions.

Raouf Denktash a donc demandé mardi dernier 4 septembre à Alvaro de Soto de réaffirmer la validité de la déclaration du 12 septembre et d'ajouter que chaque partie ne représente qu'elle-même et rien d'autre. Alvaro de Soto voyant la ruse diplomatique de Denktash qui revenait à reconnaître de facto la division de l'île en restreignant la souveraineté de la République de Chypre sur la seule partie libre, a esquivé la réponse et a refusé de reconnaître l'identité de l'Etat autoproclamé. C'est alors que Raouf Denktash s'est emporté en lançant à de Soto : "dites nous qui nous sommes, alors".

Denktash a également demandé à de Soto qu'il pouvait annoncer l'invitation de Cofi Annan aux deux partis à se rendre à New York, mais qu'il ne devait pas annoncer de date précise tant qu'un terrain d'entente avec les grecs n'était pas trouvé au préalable. Or l'ONU avait déjà fixé la date du 12 septembre… date anniversaire de la fameuse gaffe de Cofi Annan ! Cependant, Denktash en resta sur le fait que Alvaro de Soto avait fixé la date "de manière impolie", sans son consentement.

A cela, Denktash a demandé à de Soto d'organiser une rencontre secrète entre lui et le Président de Chypre, Glafkos Cléridès, sur l'île afin d'examiner s'il y avait un "terrain commun" pour les entretiens. Pour Denktash, une réunion à New York serait un fiasco s'il n'y avait pas un terrain d'entente préalable. Ces discussions secrètes devraient porter sur la définition du statut de chaque partie lors des discussions de New York, le but de Denktash étant de faire reconnaître une égalité de son statu avec celui de Cléridès.

Toutefois, le premier objectif de la partie turco-chypriote est de gagner du temps. Le mandat du Président chypriote expire en 2003 et les milieux diplomatiques espèrent parvenir à un accord avant ce terme. De son côté, l'Union Européenne s'impatiente devant le règlement du problème pour conclure l'adhésion de Chypre à l'Union, Chypre étant le pays le plus avancé dans le respect des critères d'adhésion parmi les pays candidats. Or, du côté turco-chypriote on estime que si la question n'est pas réglée avant la fin de 2002 - date où s'achèveront les négociations pour l'adhésion de Chypre à l'UE -, il y aura une réelle opportunité pour faire admettre à la communauté internationale la division de l'île !

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