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Nikos Oikonomopoulos

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Dans les coulisses du Laïko
Le prince de la chanson populaire et des nuits athéniennes
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(photo i-GR/KT)

par Cassandre Toscani

Sa voix – extraordinaire – s'identifie à merveille avec la chanson populaire. Puissante et mélodieuse, elle met aussi en valeur le répertoire du chanteur, déjà riche et varié. A 27 ans, Nikos Oikonomopoulos est incontestablement l'artiste le plus brillant de sa génération. Le talent à l'état pur ! Les meilleurs paroliers et compositeurs écrivent pour lui. Son nouvel album, Θα είμαι εδώ (Tha eimai edo), quatorze chansons de fort belle facture, crée l'événement artistique de la fin de l'année 2011 : une semaine à peine après sa sortie, il devient double platine ! Un sourire séducteur aux lèvres, le plus charmant et le plus charmeur des chanteurs grecs nous a reçus dans sa loge de Fever, célèbre boîte de nuit athénienne, où il se produit tout l'hiver.

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« Tha eimai edo », son nouvel album

Nikos Oikonomopoulos chante depuis dix ans. Originaire de Patras, il passe son enfance et son adolescence dans la proche banlieue, à Kato Achaïa. A 17 ans, il débute en sillonnant le Péloponnèse et le Nord de la Grèce, jusqu'au jour où il décide de se présenter au télé-crochet de la chaîne privée grecque Alpha, Dream Show The Music 2 – l'équivalent de la Star Academy de TF1. Pendant toute la saison, son talent crève le petit écran. Les votes du public et du jury sont un vrai plébiscite. Il en est tout naturellement le grand vainqueur. Nous sommes en 2006. Sa carrière discographique démarre sur des chapeaux de roues. Nikos signe chez Sony son premier cd single, Matia mou, et ses trois albums suivants, Proti agapi, Akoussa (disque d'or), Katathesi psychis (disque de platine). En juin 2008, il reçoit le Prix de la meilleure révélation, et, l'année suivante, celui du meilleur vidéo-clip, dans la catégorie Musique populaire d'aujourd'hui pour Ola gia sena, deux prix décernés par la chaîne musicale MAD. En 2010, il passe chez EMI et sort Doro gia sena, triple disque de platine, et, fin décembre 2011, Tha eimai edo, déjà double disque de platine. Une ascension fulgurante qui repose sur un travail acharné, sur le défi de s'améliorer sans cesse et sur son amour pour le laïko. Le public ne s'y trompe pas, il sait reconnaître qui l'exprime avec son âme, dans la meilleure tradition.

couverture du CD Tha eimai edo

Tha eimai edo, présenté à la mi-décembre, à Athènes, comprend quatorze superbes chansons. Des chansons qui touchent l'âme, qui parlent d'amour, de passion et de chagrin, qui expriment les peines et les souffrances de tout un chacun. Certains titres se sont immédiatement distingués et passent en boucle sur toutes les radios grecques. Tha eimai edo, est un superbe zeïmbekiko, qui a aussi donné son titre à l'album. Grâce à une interprétation très inspirée, sur une musique de Giorgos Sampanis et des paroles d'Eleni Giannatsoulias, cet émouvant morceau fera un jour très prochain partie intégrante des chansons d'amour mythiques de ce genre. Kai ti egine marque sa première collaboration avec le compositeur et parolier grec le plus réputé du moment, Phoivos, qui signe cette ballade typique où se mêlent les notes des instruments populaires traditionnels et les sons techno. I kali kardia, dont Christodoulos Siganos a composé la musique et écrit les paroles avec Valentino, est un mélodieux hassapiko, devenu, avant même sa sortie sur le marché, un grand succès radiophonique.

Comme dans son précédent CD, Nikos interprète, sur des paroles de Spyros Giatras et la musique d'Alekos Chrysoverghis, un morceau social, Chanomaste (Nous coulons), imprégné d'un état d'esprit dans l'air du temps, reflet d'une crise fatale qui anéantit la Grèce. Il était impossible que le plus « lourd » zeïmbekiko du CD, Poutana stin psychi (Putain dans l'âme) passe inaperçu. Ne serait-ce que par son titre. Comme ses premières et dernières notes, cette belle chanson écrite par Panagiotis Mandilaris sur une musique de Dimitris Paraskevopoulos a fait l'effet d'un coup de tonnerre dans un ciel serein, le jour de la présentation. L'artiste a aussitôt souligné que ce morceau exprime ce que pensent certains hommes et n'a, en aucun cas, pour but de férir les femmes… Pour ce cinquième travail discographique, Nikos Oikonomopoulos tire son inspiration de différents genres musicaux – le rock est également présent, Psakse me est un petit bonheur à savourer avec délectation.

Tha eimai edo est finalement un joli coffret renfermant un précieux collier de quatorze perles, déclinées sur tous les tons du blanc-argent au noir velouté , légèrement irisées ; un collier au fermoir de platine, contrôlé, poinçonné et délivré avec un certificat d'authenticité…

i-GR – Un nouvel album, qui est donc devenu, cher Niko, double platine en une semaine, et, qui a également conquis les premières places des Airplay Charts en Grèce.

Nikos Oikonomopoulos – C'est le public qui juge. J'ai coutume de dire que je veux que mon prochain travail soit meilleur que le précédent. C'est ce que j'essaie de faire. Je dis mille fois merci au public. Je le remercie de me soutenir à chaque instant de ma carrière. Vraiment mille fois merci !

Sur la scène de Fever

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25 novembre 2011. Le soir de la première, sur la scène de Fever. (photo i-GR/KT)

i-GR – Tout l'hiver, vous serez, sur la scène de Fever, avec Despina Vandi et Elli Kokkinou.

N. Oi. – Collaborer avec Despina et Elli m'a été proposé par l'homme d'affaires Thanassis Papageorgiou, avec qui je travaille depuis cinq ans. J'ai trouvé que c'était une très belle idée, et, en ces temps de crise, je pense que nous devons tous contribuer. De toute façon, dans notre métier quand trois artistes se produisent ensemble le public est gagnant. Il peut voir davantage de programme, davantage de qualité, davantage d'artistes, et, qui plus est, aux prix les plus bas du marché. Je pense que cette façon de faire attire davantage de monde.

i-GR – Quelques mots sur le programme ?

N. Oi. – Chaque artiste décide pour ses propres chansons en accord avec le maestro qui établit le programme. Chacun a son propre maestro. Le mien c'est Nikos Gouros. Mon programme est composé de chansons populaires parce que j'aime le laïko. Despina et Elli chantent aussi des chansons populaires, mais elles sont davantage tournées vers la musique pop.

i-GR – Vous collaborez avec de nombreux artistes, Stamatis Gonidis est l'un d'entre eux.

N. Oi. – Stamatis a été le premier artiste que j'ai connu après le télé-crochet DreamShow. Un an et demi plus tard, nous avons travaillé ensemble à Thea. Nous avons passé un très bon moment. C'est un chanteur confirmé et je ne peux que me réjouir d'avoir chanté avec lui.

i-GR – Ainsi est sorti I agapi einai tragoudi ?

N. Oi. – Oui, c'est dans Doro gia sena. Il s'est amené avec une chanson dont il avait écrit les paroles et m'a dit : « Viens, on va la chanter ensemble ». Et je lui ai répondu : « Allons-y. Avec joie. C'est un honneur pour moi ».

i-GR – Votre collaboration avec Giannis Parios en 2009, toujours sur la scène de Fever, est un rêve devenu réalité ?

N. Oi. – Ah, c'est le summum, lorsque l'on a à chanter avec le plus grand – à mon avis – chanteur de Grèce, l'une des meilleures voix que la Grèce ait jamais produites, pour ne pas dire la meilleure. Je pense que ce moment restera comme une distinction honorifique dans ma carrière. Je pourrai ainsi raconter plus tard à mes enfants, dans quelques années, quand, moi aussi, j'aurai fondé ma propre famille, que j'ai eu l'honneur et la joie de chanter avec un si grand artiste. Je l'aime beaucoup. Je l'appelle aussi mon père. Je le considère comme mon père parce qu'il m'a soutenu, il était à mes côtés et m'a aidé tant sur le plan personnel que sur le plan artistique.

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Avec Giannis Parios (photo Manolis Chiotis).

i-GR – Peu avant que vous ne chantiez ensemble, vous aviez interprété deux de ses chansons à l'émission de la chaîne de télévision grecque Net, Stin ygeia mas.

N. Oi. – C'étaient deux émissions spéciales dédiées à Giannis Parios. J'ai chanté Lypisou me et Aponi kardia. Ainsi à travers ma propre voix, un autre public, plus jeune, les a connues et les a aimées comme si elles étaient miennes. Je dis toujours que les chansons que nous chantons, nous les artistes, ne nous appartiennent pas à proprement parler. Elles appartiennent au public. C'est le public qui en fait des succès, c'est le public qui les chante, qui participe et qui vit les chansons plus que nous.

i-GR – Vous considérez-vous comme quelqu'un de chanceux ?

N. Oi. – Je fais partie des gens qui ont de la chance, même si je ne crois pas à la chance. Bien sûr, certaines personnes m'ont aidé. Mais la chance, c'est autre chose. Moi, je crois aux personnes, à la volonté des personnes. Quand on veut très fort quelque chose, il est très facile de l'obtenir. Je voulais vraiment devenir chanteur dès mon plus jeune âge. J'ai réussi. En travaillant énormément. Et je travaillerai toujours d'arrache-pied car ce métier est difficile.

Κοίτα να μαθαίνεις / Koita na mathaineis

Κοίτα να μαθαίνεις πως είναι να πεθαίνεις
και μιας ζωής χαμένης σημάδια να μετράς
Κοίτα να μαθαίνεις πως είναι να πεθαίνεις
πώς είναι όταν χάνεις αυτόν που αγαπάς

Τι με κοιτάς δεν κάνεις λάθος είμαι εκείνος που ζητάς
είμαι αυτός που αν θυμάσαι του είχες πει πως αγαπάς
δε με μπερδεύεις με κανέναν έτσι με έκανες εσύ
τι με κοιτάς δεν κάνεις λάθος ήμουνα όλη σου η ζωή

Κοίτα να μαθαίνεις πως είναι να πεθαίνεις
και μιας ζωής χαμένης σημάδια να μετράς
Κοίτα να μαθαίνεις πώς είναι όταν μένεις
χωρίς ζωή κι αγάπη βοήθεια να ζητάς
κοίτα με και πες μου δικαιολογία βρες μου
αν πρέπει αν αξίζω που τώρα με ξεχνάς

Τι με κοιτάς δεν κάνεις λάθος είμαι εκείνος που ζητάς
είμαι αυτός που αν θυμάσαι του είχες πει πως αγαπάς
δε με μπερδεύεις με κανέναν έτσι με έκανες εσύ
τι με κοιτάς δεν κάνεις λάθος ήμουνα όλη σου η ζωή

Κοίτα να μαθαίνεις πως είναι να πεθαίνεις
και μιας ζωής χαμένης σημάδια να μετράς

Paroles : Phontas Theodorou / Musique : Panos Kapiris
(du cd single Matia mou)

Avant et après DreamShow

iNFO-GRECE
Durant l'émission DreamShow qui l'a révélé au grand public en 2006.

i-GR – Vous avez dit que vous vouliez devenir chanteur depuis votre plus jeune âge. Depuis quand ?

N. Oi. – Depuis l'âge de 6 ans. C'est à cette époque que j'ai compris que je voulais devenir chanteur. De 15 à 17 ans, j'ai participé à divers concerts que nous organisions au lycée. A 17 ans, j'ai démarré en chantant dans une boîte de nuit, à Pyrgos Ilias, qui se trouve à soixante kilomètres de Patras, ma ville natale.

i-GR – Que chantiez-vous à l'époque ?

N. Oi. – Des chansons populaires. J'ai toujours aimé le laïko parce qu'il exprime les sentiments de la majorité des gens.

i-GR – Vous parveniez à vivre de la chanson ?

N. Oi. – De la chanson, aussi. Je travaillais également dans une pizzeria et à la poissonnerie de mon grand-père.

i-GR – Que reste-t-il aujourd'hui de ces années où vous sillonniez le Péloponnèse et le Nord de la Grèce ?

N. Oi. – Le fait que j'aie commencé à faire ce que j'aime, ce qui me plaît : chanter ! Et à le faire professionnellement ; simplement, je n'avais pas de discographie jusqu'en 2006.

i-GR – Où vous descendez, à 22 ans, à Athènes.

N. Oi. – Pour participer au DreamShow.

i-GR – Pourquoi cette décision ?

N. Oi. – Parce qu'il n'y avait pas d'autre possibilité pour un chanteur de révéler sa voix. Pour aller de l'avant aujourd'hui, il n'existe qu'une seule façon : participer à ce genre de jeu télévisé. Bien sûr, cela peut ne pas être un bon choix dans l'absolu car certains peuvent ne pas l'exploiter à bon escient ou certains parents n'ont pas su gérer correctement la carrière de leurs enfants. En ce qui me concerne, je pense avoir géré la situation au mieux ; je me suis consacré corps et âme à la chanson et à rien autre. Une fois l'émission terminée, j'en ai fait autant. Je ne me suis jamais occupé d'autre chose que de la chanson.

i-GR – Quand vous dites que vous ne vous êtes pas occupé d'autre chose, qu'entendez-vous par là ?

N. Oi. – Je pourrais occuper les médias avec ma vie privée, ce que je ne fais jamais. Je veux les occuper de temps à autre avec mon travail. Ce que je fais. Et continuerai à faire.

i-GR – Et cependant on a beaucoup parlé de votre vie personnelle au télé-crochet.

N. Oi. – Eh ! C'était logique, je m'y attendais. Comme d'innombrables parents qui se sont séparés, les miens l'étaient aussi. Enfant, j'ai passé des moments difficiles. Des événements désagréables se sont produits, ce qui explique que de 8 à 21 ans je n'avais ni vu ni entendu ma mère… Bref, à 21 ans, nous nous sommes rencontrés et depuis tout va bien. Dieu soit loué ! J'ai grandi avec mon grand-père, qui s'en est allé il y a cinq ans, et avec ma grand-mère.

i-GR – Votre grand-mère adorée...

N. Oi. – Oui, c'est la mère de mon papa. Du côté de ma mère, les deux sont partis.

i-GR – Peut-on considérer qu'il y a un avant et un après DreamShow ?

N. Oi. – Avant j'étais un chanteur qui chantait tous les soirs et que personne ne connaissait. Après DreamShow, j'ai commencé à faire des CD, à interpréter mes propres chansons, à me faire un nom, ainsi les gens connaissent désormais le chanteur Nikos Oikonomopoulos.

i-GR – Parce que vous avez été sacré grand vainqueur.

N. Oi. – Cela n'a aucune importance. Je pouvais être classé quatrième ou dixième et faire un parcours analogue à celui qui est mien aujourd'hui. Comme je l'ai déjà dit, il s'agit de savoir ce que l'on veut faire, ce que l'on veut réussir. Moi je savais ce que je voulais. Pour cette raison sans doute, j'ai pu continuer et réaliser certaines choses jusqu'à ce jour. Je suis ravi de ne pas m'être fourvoyé, de ne jamais avoir oublié mes objectifs et de ne pas avoir changé d'avis.

De l'or, du platine et des Prix

i-GR – Vous avez signé tout de suite, à la fin de l'émission, avec Sony.

N. Oi. – Oui et j'ai fait quatre disques : Matia mou, Proti agapi, Akoussa et Katathessi psychis.

i-GR – Akoussa, votre premier album est devenu disque d'or, les suivants, disques de platine. Que ressentez-vous quand l'un de vos albums est primé ?

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Avec le parolier et dj Valentino lors de la remise du double disque de platine pour "Tha eimai edo", en décembre 2011. (photo Manolis Chiotis)

N. Oi. – C'est alors que tu te rends compte que l'on t'aime, que l'on achète tes CD pour t'écouter, parce qu'on apprécie tes chansons… c'est-à-dire mes chansons. Tu te dis que quelque chose de Nikos Oikonomopoulos plaît. C'est un sentiment très beau parce que la récompense vient du public.

i-GR –En juin 2008, vous recevez le Prix de la meilleure révélation, décerné par la chaîne musicale MAD…

N. Oi. – ... et, en juin 2009, celui du meilleur vidéo-clip, dans la catégorie Musique populaire d'aujourd'hui.

i-GR – Pour quelle chanson ?

N. Oi.Ola gia sena.

i-GR –MAD est pourtant davantage une chaîne de musique pop…

N. Oi. – Oui, et grâce à ces prix elle aurait pu faire du bien meilleur travail en ce qui concerne la chanson populaire, car celle-ci tend à disparaître des récompenses. Il n'y en a que pour la musique pop. Autrement dit, seuls les artistes de musique pop sont primés. Pour ce qui est de la chanson populaire, l'année dernière, il n'y avait, si je ne m'abuse, qu'une seule catégorie ; tout le reste était consacré à la pop. Ce n'est pas normal pour un pays dont le laïko est l'emblème.

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Avec le directeur de Minos-EMI, Margarita Matsa, lors de la cérémonie de remise du triple disque de platine pour « Doro gia sena », en mai 2011. (photo Manolis Chiotis)

i-GR – Quoi qu'il en soit, vous volez de succès en succès, pourquoi décidez-vous de changer de maison de disques ?

N. Oi. – Tout s'est bien passé. Nous avons fait du bon boulot et de belles chansons. A un moment, cependant, j'ai décidé de commun accord avec Thanassis Papageorgeiou, qui se trouve être également mon producteur, de mettre fin à notre collaboration avec Sony, de changer pour peut-être quelque chose de mieux.

i-GR – Et quel est ce mieux que vous souhaitez en rejoignant EMI ?

N. Oi. – Aller le plus loin possible dans ma carrière. L'objectif de la maison de disques est de promouvoir et d'exploiter dans le bon sens du terme le chanteur, de le mettre en avant de la bonne manière. Voilà tout !

i-GR – Votre ascension se poursuit de plus belle : Doro gia sena, sorti donc chez EMI en 2010, devient trois fois disque de platine en un mois. Et, votre dernier album, Tha eimai edo, est déjà, en une semaine, double disque de platine, fin décembre 2011.

N. Oi. – J'espère qu'il en sera toujours ainsi.

Le Laïko, « la » chanson populaire

i-GR – Parlez-nous de la chanson populaire.

N. Oi. – Elle traverse une crise. Je suis quelqu'un qui aime les traditions de la Grèce. Et la chanson populaire en est une. Elle me plaît parce qu'elle exprime, mieux que tout autre genre, l'âme des gens, comme je l'ai déjà dit. Quand on écoute une chanson populaire, on sait de quoi elle parle, on la ressent au plus profond de soi. La pop, elle, a tout simplement une musique plus moderne, en revanche, elle n'offre pas les paroles. Celles-ci n'existent que dans la chanson populaire. Et les gens en Grèce, du moins la plupart d'entre eux, l'aiment vraiment, bien que les radios ne la soutiennent pratiquement pas.

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Nikos Oikonomopoulos dans le vidéo-clip de la chanson "Ximeronei".

i-GR – Il existe pourtant des radios qui passent de la chanson populaire, certaines même lui sont carrément dédiées.

N. Oi. – Oui, il y en a. Mais elles sont peu nombreuses. La plupart des radios ne soutiennent pas la chanson populaire. Je ne voudrais pas avoir l'air de me plaindre. Jusqu'à présent, Dieu soit loué, tout va bien pour moi. Mais il ne s'agit pas seulement de ma personne. Il existe aussi d'autres chanteurs de laïka qui ont également de très jolies chansons que l'on n'entend jamais. Je suis ravi de faire partie de ce petit nombre de jeunes chanteurs qui défend la chanson populaire. J'espère qu'il y en d'autres comme moi, chanteurs et chanteuses, car jusqu'ici, je ne vois rien venir...

i-GR – A quelle catégorie de la chanson populaire appartenez-vous ?

N. Oi. – Je ne veux pas entrer dans ces considérations : « lourd » ou « léger ». Laïko. Tout simplement !

i-GR – Vos chansons, on les écrit pour vous ou bien vous les choisissez ?

N. Oi. – D'après ce que l'on me dit, on les écrit pour moi. Il en est d'autres qui sont écrites sans vraiment savoir qui les interprétera. Quand j'en écoute une qui me plaît, on me dit « On l'a apportée pour toi ». Cela aussi me fait honneur. Si une belle chanson m'exprime alors je la chante.

i-GR – Et qu'est-ce qui vous exprime ?

N. Oi. – Les mots. Les chansons d'amour. Les chansons qui compatissent aux peines des autres. Les chansons qui font danser. Le zeïmbekiko. Le tsifteteli, divertissant, qui te fait bouger de ta chaise.

i-GR – Et la chanson sociale.

N. Oi. – Comme dans mon précédent album, avec Alla mou taksane (On m'a promis autre chose) et Trelos ki anapodos kairos (Temps déments et néfastes), deux chansons qui parlent de la situation actuelle que vivent notamment les jeunes, qui n'ont pas de travail et qui sont confrontés à tant de problèmes, il y en a également une dans le nouveau, Chanomaste (Nous coulons) qui concerne également la crise. Je considère que nous, les chanteurs, nous devons exprimer, à travers nos chansons, les sentiments des gens.

i-GR – Vous interprétez une myriade de chansons populaires contemporaines, quelles sont celles de votre propre répertoire que vous aimez particulièrement.

N. Oi.Koita na mathainis (Regarde pour apprendre), ma première chanson ; Akoussa (J'ai entendu), un zeïmbekiko ; Ola gia sena (Tout pour toi) et Doro gia sena (Un cadeau pour toi). Cette dernière est une chanson d'amour. J'ai demandé expressément à Eleni (Giannatsoulias) de me l'écrire pour la dédier à tous ceux qui me soutiennent depuis tant d'années ; je voulais que y figurent les mots « cadeau pour toi », pour pouvoir leur dire : « C'est un cadeau pour vous qui m'aimez ».

i-GR – Une jolie façon de rendre l'amour...

N. Oi. – C'est tout naturel. Ce sont eux qui me donnent ce que j'ai. Ce sont eux qui m'applaudissent. Ce sont eux qui m'aiment. Moi aussi je les aime et j'ai besoin d'eux.

Χανόμαστε / Chanomaste

Εμείς δε ζούμε, σαν δυο σκιές ψάχνουμε φως για να φανούμε
μέσα απ' το τίποτα να βγούμε δε μπορούμε, εμείς δε ζούμε
Εμείς δε ζούμε, την επιφάνεια της αλήθειας αγνοούμε
μέσα στα δάκρυα της μετάνοιας θα πνιγούμε, εμείς δε ζούμε

Χανόμαστε, στο δε βαριέσαι τελικά παραδινόμαστε
στου εγωισμού μας τα μαχαίρια καρφωνόμαστε, χανόμαστε
Χανόμαστε, γιατί κατάματα ποτέ δεν κοιταζόμαστε
σωματικά και ψυχικά δε συναντιόμαστε, χανόμαστε

Εμείς δε ζούμε, έξω απ' τα σώματα μας πάλι θα βρεθούμε
στην ίδια θάλασσα ποτάμια θα χαθούμε, εμείς δε ζούμε
Εμείς δε ζούμε, στο περιθώριο του χρόνου ακροβατούμε
Φάροι σβηστοί χωρίς ελπίδα να μας δούνε, εμείς δε ζούμε

Χανόμαστε, στο δε βαριέσαι τελικά παραδινόμαστε
στου εγωισμού μας τα μαχαίρια καρφωνόμαστε, χανόμαστε
Χανόμαστε, γιατί κατάματα ποτέ δεν κοιταζόμαστε
σωματικά και ψυχικά δε συναντιόμαστε, χανόμαστε
Χανόμαστε

Paroles : Spyros Giatras / Musique : Alekos Chrysoverghis
(de l'album Tha eimai edo)

« Grec et fier de l'être »

i-GR – Avez-vous donné des concerts hors de Grèce ?

N. Oi. – A Chypre, en fin d'année 2010 et, de nouveau, il y a six mois. Je suis allé une fois en Afrique, avec Anna Vissi ; nous y avions donné un concert ensemble en 2007 à Johannesburg. On me fait de nombreuses propositions chaque année pour que j'aille au Canada, en Amérique, en Australie, en Angleterre, en Allemagne, en Afrique… Quand je ferai cette tournée pour les Grecs de l'étranger, je veux leur présenter un beau spectacle.

i-GR – Comment imaginez-vous cette tournée ?

N. Oi. – Dans de grandes salles, mais pour le public grec. En tout état de cause, la chanson grecque n'est pas très connue du grand public à l'étranger comme l'est, disons, la chanson anglaise. Nous, nous représentons la Grèce et les Grecs. Moi, je pense que c'est le grec qui devrait être la première langue à être diffusée mondialement et non l'anglais. Ici a commencé la civilisation. Ici a commencé la démocratie. Ne nous bornons pas à la situation actuelle qui est déplorable. Un jour, j'espère que la Grèce occupera la place qu'elle mérite au sein de la société.

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Un style inhabituel et plutôt original pour un chanteur de laïko…

i-GR – Vous avez donc tant d'amour pour la Grèce...

N. Oi. – Puisque je suis Grec ! Chacun aime son pays. On peut visiter un pays et l'apprécier. Prenons, par exemple, la France, Paris : je n'y suis jamais allé, mais on dit que Paris est une très belle ville. Ne le dirais-je pas moi aussi ? Ne serais-je pas objectif ? Si, bien sûr. Mais en tant que Grec, j'aime ma patrie, j'aime ses gens, j'aime nos îles. C'est un autre peuple. C'est sans doute pour cela qu'on nous envie à l'étranger. Nous avons le soleil, nous avons la mer. Nous aimons nous divertir. Nous sommes plus spontanés. Nous ne sommes pas un peuple froid. Je suis fier de mon pays. Je suis fier pour tout ce que la Grèce a offert au monde. Pourquoi ne le serais-je pas ? C'est de nos hommes politiques que je ne suis pas fier. C'est la raison pour laquelle je ne vote jamais pour eux. Eux, ils n'ont rien à voir avec la Grèce.

i-GR – Vous savez que les médias étrangers – surtout allemands – ont les Grecs dans le collimateur, et ceux, en particulier, qui se divertissent dans les boîtes de nuit.

N. Oi. – Ça les dérange ?

i-GR – On est en droit de le penser en voyant la virulence de leurs campagnes de dénigrement.

N. Oi. – De fait, ils ont réussi à faire en sorte que notre nuit en Grèce ressemble désormais à la leur : ne plus sortir que les vendredi et samedi. Avant, en Grèce, les gens se divertissaient tous les jours, même du temps où ils n'avaient pas d'argent, et j'insiste là-dessus. Maintenant ce n'est plus le cas pour cause de crise économique. Ils veulent nous déposséder de tout. Qu'ils sachent cependant que jamais ils ne nous prendront quoi que ce soit, et ce, quoi qu'ils fassent. Le Grec – qu'il ait de l'argent ou pas – sait se divertir, prendre du bon temps. Bref, que ça leur plaise ou non à l'étranger, nous avons le plus beau pays. Que voulez-vous ? C'est comme ça. S'ils veulent qu'ils viennent donc nous le prendre !

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Nikos engendre toujours une grande complicité avec le public. (photo i-GR/KT)

i-GR – C'est bien ce qu'ils tentent de faire…

N. Oi. – Que les Allemands s'occupent de leurs oignons ! Cela dit, je ne m'en prends pas aux gens. C'est la faute aux politiques qui, avec leur propagande, jettent de l'huile sur le feu et font croire à leurs concitoyens des choses qui ne sont pas vraies. Ce sont les politiques qui provoquent tout, qui sont à l'origine de tout. Ce sont eux qui ont distribué, en Grèce, l'argent factice, les cartes de crédit. Ce sont eux qui nous ont fait croire que nous étions riches, alors que nous ne l'étions pas. Un piège en bonne et due forme. Tout ce qu'ils nous ont donné c'était de l'argent qu'ils ont pris à d'autres pays. Ce n'est pas nous qui l'avons pris. Ce n'est pas le peuple qui est allé le demander cet argent. Avant les gens vivaient avec ce qu'ils avaient et ils vivaient très bien. Ce sont les politiques qui ont réduit notre peuple ainsi. Ce sont eux les coupables. Pas le peuple ! On ne peut pas être tous intelligents comme eux s'imaginent l'être ! Ce n'est pas de l'intelligence, mais de la tromperie pure et simple.

i-GR – La crise économique vous a-t-elle touché ?

N. Oi. – Mais bien sûr. Il fut un temps où nous travaillions cinq et six jours, maintenant nous ne travaillons plus que deux. L'argent que nous gagnons est bien moindre que celui que nous gagnions. Bien que je n'aie pas eu la chance de connaître l'époque où l'argent coulait à flots. Mais, Dieu merci, le plus important ce ne sont pas les sommes que l'on gagne, le plus important c'est d'avoir du boulot, pouvoir avoir du boulot. Moi, en ce moment, je me réjouis et suis reconnaissant d'en avoir. Je peux travailler et gagner très dignement ma vie. Mais il y a pas mal de monde qui souffre terriblement et qui ne peut nourrir sa famille, qui ne peut acheter les choses les plus élémentaires : du pain et du lait. Pas seulement en Grèce. La crise est désormais mondiale. Il existe des pays beaucoup plus endettés que le nôtre, simplement c'est nous que l'on a pris pour cible.

i-GR – Malheureusement, il en est ainsi.

N. Oi. – Je voudrais ajouter un dernier mot...

i-GR – Avec plaisir.

N. Oi. – ... pour les Grecs de France. Je vous aime beaucoup. Je vous souhaite d'être toujours heureux, de prendre la vie du bon côté, d'avoir du boulot. Et aimez toujours la Grèce. Je vous remercie aussi, Chère Cassandre, ainsi que toute votre équipe, de faire connaître mon travail hors les murs. Mille fois merci!

i-GR – C'est nous qui vous remercions, Cher Niko.

Entretien avec
Kassandra Toscani
à Athènes

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Avec le directeur de Minos-EMI, Margarita Matsa, lors de la cérémonie de remise du triple disque de platine pour « Doro gia sena », en mai 2011.
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