Un témoignage sur la situation en Grèce
la situation des Grecs, dramatique pour beaucoup d’entre eux. Et qui sera peut-être bientôt la nôtre … Il est signé d’un juriste autrichien qui y possède une résidence secondaire et a paru dans le journal viennois Die Presse. Il circule en ce moment sur les listes de discussion de gauche alternative.
Faits :
- Réductions des salaires et des retraites jusqu’à 30%.
- Baisse du salaire minimum à 600 euros.
- Hausse des prix dramatique (fioul domestique + 100% ; essence + 100%, électricité, chauffage, gaz, transports publics + 50%) au cours des 15 derniers mois.
Le renflouement de l’UE repart à 97% vers l’Union
- Un tiers des 165.000 entreprises commerciales ont fermé leurs portes, un tiers n’est plus en mesure de payer les salaires. Partout à Athènes, on peut voir ces panneaux jaunes avec le mot "Enoikiazetai" en lettres rouges – "A louer".
- Dans cette atmosphère de misère, la consommation (l’économie grecque a toujours été fortement axée sur la consommation) a plongée de manière catastrophique. Les couples à double salaire (dont le revenu familial représentait jusqu’alors 4.000 euros) n’ont soudain plus que deux fois 400 euros d’allocations chômage, qui ne commencent à être versées qu’avec des mois de retard.
- Les employés de l’Etat ou d’entreprises proches de l’Etat, comme Olympic Airlines ou les hôpitaux, ne sont plus payés depuis des mois et le versement de leur traitement est repoussé à octobre ou à "l’année prochaine". C’est le ministère de la Culture qui détient le record. De nombreux employés qui travaillaient sur l’Acropole ne sont plus payés depuis 22 mois. Quand ils ont occupé l’Acropole pour manifester (pacifiquement !), ils en ont rapidement eu pour leur argent, à coups de gaz lacrymogène.
- Tout le monde s’accorde à dire que les milliards des tranches du renflouement de l’UE repartent à 97% directement vers l’Union, vers les banques, pour éponger la dette et les nouveaux taux d’intérêt. Ainsi le problème est-il discrètement rejeté sur les contribuables européens. Jusqu’au crash, les banques encaissent encore des intérêts copieux, et les créances sont à la charge des contribuables. Il n’y a donc pas (encore ?) d’argent pour les réformes structurelles.
- Des milliers et des milliers d’auto-entrepreneurs, chauffeurs de taxis et de poids lourds, ont dû débourser des milliers d’euros pour leur licence, et ont pris des crédits à cet effet, mais ils se voient aujourd’hui confrontés à une libéralisation qui fait que les nouveaux venus sur le marché n’ont presque rien à payer, tandis que ceux qui sont présents depuis plus longtemps sont grevés par leurs énormes crédits, qu’ils doivent néanmoins rembourser.
- On invente de nouvelles charges. Ainsi, pour déposer une plainte à la police, il faut payer sur le champ 150 euros. La victime doit sortir son porte-monnaie si elle veut que sa plainte soit prise en compte. Dans le même temps, les policiers sont obligés de se cotiser pour faire le plein de leurs voitures de patrouille.
- Un nouvel impôt foncier, associé à la facture d’électricité, a été créé. S’il n’est pas payé, l’électricité du foyer est coupée.
- Cela fait plusieurs mois que les écoles publiques ne reçoivent plus de manuel scolaire. L’Etat ayant accumulé d’énormes dettes auprès des maisons d’édition, les livraisons ne sont plus effectuées. Les élèves reçoivent désormais des CD et leurs parents doivent acheter des ordinateurs pour leur permettre de suivre les cours. On ignore complètement comment les écoles – surtout celles du Nord – vont régler leurs dépenses de chauffage. Où est passé l’argent des dernières décennies ?
- Toutes les universités sont de fait paralysées jusqu’à la fin de l’année. Bon nombre d’étudiants ne peuvent ni déposer leurs mémoires ni passer leurs examens.
- Le pays se prépare à une vague d’émigration massive et l’on voit apparaître des cabinets de conseil sur la question. Les jeunes ne se voient plus aucun avenir en Grèce. Le taux de chômage atteint 40% chez les jeunes diplômés et 30% chez les jeunes en général. Ceux qui travaillent le font pour un salaire de misère et en partie au noir (sans sécurité sociale) : 35 euros pour dix heures de travail par jour dans la restauration. Les heures supplémentaires s’accumulent sans être payées. Résultat : il ne reste plus rien pour les investissements d’avenir comme l’éducation. Le gouvernement grec ne reçoit plus un sou d’impôt.
- Les réductions massives d’effectif dans la fonction publique sont faites de manière antisociale. On s’est essentiellement débarrassé de personnes quelques mois avant qu’elles n’atteignent leur quota pour la retraite, afin de ne leur verser que 60 % d’une pension normale.
La question est sur toutes les lèvres : où est passé l’argent des dernières décennies ? De toute évidence, pas dans les poches des citoyens. Les Grecs n’ont rien contre l’épargne, ils n’en peuvent tout simplement plus. Ceux qui travaillent se tuent à la tâche (cumul de deux, trois, quatre emplois). Tous les acquis sociaux des dernières décennies sur la protection des travailleurs ont été pulvérisés. L’exploitation a désormais le champ libre ; dans les petites entreprises, c’est généralement une question de survie. Quand on sait que les responsables grecs ont dîné avec les représentants de la troïka [Commission européenne, BCE et FMI] pour 300 euros par personne, on ne peut que se demander quand la situation finira par exploser.
La situation en Grèce devrait alerter la vieille Europe. Aucun parti prônant une raisonnable orthodoxie budgétaire n’aurait été en mesure d’appliquer son programme : il n’aurait jamais été élu. Il faut s’attaquer à la dette tant qu’elle est encore relativement sous contrôle et avant qu’elle ne s’apparente à un génocide financier. »
[Merci à Susan George]
[Et en bonus, ceci :
« On est dans la soute à poudre du bateau et il y a une quinzaine de bonshommes qui se baladent avec des torches allumées ! Ça peut exploser de partout. Et puis il faut bien mesurer l’état de la Grèce : leur économie est totalement arrêtée, la fuite des capitaux est extrêmement importante, les usines sont à l’arrêt, les salaires dans un certain nombre d’endroits ne sont plus payés, la tension sociale est en train de monter, on va avoir des émeutes. Pas des manifestations, des émeutes. » C’est du Jacques Sapir dans le texte, et c’est tiré de l’excellente chronique d’Anne-Sophie Jacques titrée :“ Pourquoi Jacques Sapir ne doit jamais être invité au JT de France 2” que vous lirez (je vous le conseille vivement) sur le site d’ASI "]
Re: Un témoignage sur la situation en Grèce
Merci pour cet éclairage, il est très difficile de savoir exactement la situation, on dirait qu'il va falloir aller toucher le fond, pourvu qu'il ne soit pas trop dur.... en tout cas merci les banques, merci les politiques vereux et merci Evropi ....
Re: Un témoignage sur la situation en Grècee
Les témoignages des bobos de gaûûche qui ont leur villa dans les îles grecques, merci bien !
En réponse à Re: Un témoignage sur la situation en Grècee par Philippe
ReRe: Un témoignage
Si c'est le seul, il faudra bien s'en contenter....ca ne change pas grand chose a l'affaire.
Question; quel genre s'oppose a Bobo? ........ Blaireau?
En réponse à ReRe: Un témoignage par emmanouil
Re: ReRe: Un témoignagee
C'est juste qu'on a lu cela 100 fois. Il n'y a rien de nouveau. Grosso modo, la Grèce va mal, c'est la faute au gouvernement. Merci mais cela ne fait pas avancer le problème. Et bonjour les approximations et parfois exagérations.
Je ne suis pas un amoureux de Papandréou mais où voulez-vous qu'il trouve de l'argent ailleur que là où c'est possible de le prendre (taxes essence, cigarettes, DEH...) car il y a toujours un gros problème avec les recettes fiscales.
En réponse à Re: ReRe: Un témoignagee par Philippe
Dans le mur
Ca ne sert pas a grand chose d'en parler pendant 107ans, le mal est fait, mais il suffisait peut etre a un chef d'etat digne de ce nom de bien regarder la situation a l'arrivee du FMI pour comprendre que cela irait dans le mur de toutes les facons et que tant qu'a faire autant y aller tout de suite, l'Islande l'a fait, elle a refuse de casquer, elle souffre c'est sur, mais sa situation est moins malsaine.....mais bon, on en est la.
On se debrouillera, quand ca va commencer a merder serieusement en France, on pourra toujours aller en Grece, qui a une longue habitude de la galere....
a+
En réponse à Dans le mur par emmanouil
Re: Dans le mur
Je reviens de Grèce, où en fait, j'ai fait un petit tour dans les Balkans (Grèce, PGDM, et Bulgarie).
Je ne suis pas resté longtemps à Thessalonique ni à Polykastro pour que mon témoignage ait une quelconque importance. Et j'éviterais de parler du conflits à PGDM qui ne sont pas mes oignons.
donc, à la sortie de l'aéroport, j'ai été directement halluciné par le cout de la vie dans un pays ù les salaires sont la moitié de ce qu'ils sont en France.
Parlons concrètement plutôt que de +100% etc...
Ticket de bus:
1- 0.90 € , soit un peu plus de la moitié de ce que pratique a RATP
2- Qui dit Grèce, dit Frappé. A la station KTEL , un frappé: 3.50€
3- Bon, je dois prendre le KTEL Kilkis jusqu'à Polykastro à 50km : 6€ (presque prix SNCF)
4- Bon, à Polykastro, taxi jusqu'à la frontière. On m’avait dit 20€/60km, j'ai eu droit à 20€....pour 20 km
5- Je regarde le prix de l'essence: 2€ le SP100
6- Des files interminable de voitures Grecque à Gevgelija
7- Des touristes "consommateurs" par centaine à Strumica, les commerçants commencent même à apprendre la Grec
8- Retour en Grèce, un petit goodie's : 7€ , le prix d'un macdo en France
9- On va visiter la tour Blanche : 4€ (elle est d'ailleurs prise d'assaut par des "Turques de Salonique")
10- Bon, il fait chaud, et on est fatigué: un elliniko avec un jus d'ananas: 6€
11- Bon, on va prendre des clopes : 4€ (moins cher qu'en France, mais plus cher par rapport aux salaires)
Ensuite, dans le groupe Expatparty, un nombre de plus en plus nombreux de Grecs qui fuient la misère et s'en vont à Paris. A Salonique, j'ai pu parler avec quelques Macédoniens qui m'ont dit qu'ils avaient qu'une seule volonté: fuir leur pays, certains même pour ouvrir un business ...en Bulgarie.
A vérifier mais des Bulgares m'ont dit que le prix de l’immobilier en Grèce avait atteint un prix défiant toutes concurrence, et que de nombreux Salves achetaient désormais du côté de Parallia
Autres trucs; dans le no man's land entre les postes frontières, c'est vraiment le marché aux puces entre serbes et Grecs. :-)
En réponse à Re: Dans le mur par Eleutère
Loyers divisés d'1/3
- Loyer pour particulier pour 50 m2 à Athènes, hors quartiers chics et batiment neuf : vers les 300 Euros (1/3 en moins qu'il y a 2 ans)
- Loyer pour un magasin 40 m2 dans la place centrale de Kallithea (un exemple qu'on m'a donné) 2500 euros il y a 2 ans... 400 euros en ce moment ! Les proprios préfèrent un tout petit loyer que rien du tout, vu que les magasins ont beaucoup moins de clients et risquent de fermer.
C'est aussi un bon moment d'acheter.
L'essence est bien trop chère, mais les pompistes profitent de la situation pour s'accorder des marges hors proportion avec les nouvelles taxes, je pense. Beaucoup d'entre eux continuent de ne pas donner de facture.
Cigarettes : on s'en fiche. (je sais facile !)
DEH et EYDAP n'ont jamais été bien cher en Grèce. Espéront que cela reste ainsi.
En réponse à Loyers divisés d'1/3 par Philippe
Re: Loyers divisés d'1/3
En effet, c'est le moment d'acheter, encore faut il que les prix remontent si tu veux revendre par la suite. Je ne parierais pas dessus.
De toutes façons "la propriété, c'est le vol" :D