Je souhaite réagir à l’article de Joschka Fischer sur la Turquie du 02/10/2002, et plus précisément à ses propos sur Chypre.
Monsieur Fischer critique les Chypriotes grecs pour avoir rejeté le plan ANNAN, présenté de manière abusive comme un « plan de réunification de Chypre. » Or tout européen qui se respecte n’aurait pu que rejeter ce plan, très critiqué par tous les spécialistes du droit international et des droits de l’homme qui ont eu la curiosité de le lire dans son entier (par exemple M. Marcus Helmons, dans la libre Belgique du 21/10/2005). Ce plan privait les Chypriotes grecs des valeurs européennes qu’ils ont voulu embrasser en entrant dans l’Union. Ce plan était moins un plan de réunification qu’un plan de démantèlement de la République de Chypre et de légalisation de la république séparatiste du nord de Chypre, qu’il transformait en entité confédérale. Il légalisait l’épuration et la discrimination ethnique entre les citoyens chypriotes en autorisant la mise en place de quotas de résidence permanents sur base ethnique afin de s’assurer que le taux de Chypriotes grecs au nord ne pourrait jamais dépasser 30% de la population (alors que plus de 80% des terres leur appartient). Il organisait la spoliation de plus de la moitié des Chypriotes déplacés de leur terre entre 1974 et 1975, en les privant de droits que leur avait reconnus la Cour européenne des droits de l’homme.
Il est pour le moins étonnant de voir d’ex-libertaires ou marxistes, tels Cohn Bendit ou Joschka Fischer, ignorer à ce point le point de vue de la République de Chypre au mépris des valeurs européennes et de la simple honnêteté intellectuelle, et sacrifier les droits de l’homme en se faisant non les défenseurs, mais les propagandistes forcenés de la Turquie. Curieuse reconversion, à coup d’analyses bâclées et superficielles, autant dire de slogans. Ils n’aident ainsi à avancer ni la Turquie, ni l’Europe.
Bien à vous
Re: réponse à Joschka Fischer, lettre au figaro
Le péril grec
Vues de Paris, les émeutes grecques semblent un coup de revolver dans un ciel serein. Ça ne nous surprend guère. Pour la famille Bolloré-Parasol, la Grèce est avant tout un archipel doré, quasi une préfiguration de l'euro-méditerranée. Et cette richesse médiatiquement reflétée en un petit coin de paradis présidentiel est elle-même l'image du bel effort européen en faveur d'un pari économique réussi que les jeux olympiques ont finalement couronné. La récompense du bon athlète qui avait su passer à côté de tout contrôle intempestif, jusque là. Car l'Europe n'a pas attendu la crise des subprimes pour injecter massivement de l'argent frais dans le corps déprimé de la mère-de-la-démocratie. Le BTP et l'industrie automobile ont eu, là, leur part. En dix ans le parc automobile grec a été renouvelé ainsi que le réseau routier. Signe comme on sait que tout va et que ça roule. Cette transformation étendue à toute la société grecque, étant dans l'intérêt général et pour le bien de tous, le flic français moyen comprend d'autant moins cette brusque flambée de violence. Que ça bascule en Irak, ok! C'était prévisible, voire prévu. Mais, là-bas, dans le berceau de l'esprit européen qui en a terminé avec l'orage totalitaire, à part une manipulation ultra-violente des voies normalement réservées aux marchandises, y compris humaines, par « ceux que la presse appelle par euphémisme les anarcho-autonomes, qui sont en fait des professionnels de la violence nourris à l'abri d'une administration incompétente, sorte de talibans qui n'ont pas hésité lundi soir à mettre le feu au Musée archéologique d'Athènes », quoi d'autre? Voilà pour le côté SOS SAS! En France, comme l'a dit l'idiot à la botte invisible, on fait plus qu'aimer la police, on en a fait l'un des beaux-arts. Même le gendarme américain, pourtant soutenu par Hollywood et Wall Street réunis, l'envie au pays des droits de l'homme. C'est dire la grandeur de la palme à ramer dans l'étang européen du vilain petit canard français!
Cela dit, la Grèce, vue dans la perspective des Champs-Elysées, est actuellement l'homme malade de l'Europe. Car « la responsabilité de la classe politique est écrasante. Nous avons l'impression que le gouvernement actuel avoue qu'il est incapable de gérer la crise parce que sa spécialité, ce sont les affaires. Le pouvoir est partagé depuis le retour à la démocratie par quelques grandes familles politiques et leurs amis. Il fonctionne par passe-droits ». Ouf! Bruxelles est indemne de tout népotisme, clientélisme, affairisme et autres travers à dire vrai orientaux. Au contraire, il est clair, deuxième édition, que « la responsabilité du gouvernement est immense. Une succession de scandales, d'erreurs et de décisions inadéquates a abouti à un Etat sans chef et à une inertie qui nous empêche d'aller de l'avant ». Aucune main invisible du zouave européen, donc! Le chaos est l'affaire de la seule société grecque, encore truffée jusqu'à l'os d'archaïsmes. Maladies bien connues du Français d'avant la rupture. D'où le diagnostic logique sur la contagion grecque qui illustre du même coup le côté scientifique de l'action française, ayant à faire face à l'adversité du monde, en particulier celui que l'universel ne parvient pas à encadrer, ni à réduire. Sachant que la police en soi reste quand même un objet ténébreux et absolument hors de portée du commun. En tout cas quelque chose noir à ne pas mettre entre toutes les mains et qu'il convient d'éclairer, avec art justement. Manquerait sinon le maillon phénoménal qui montre mieux que tout l'inconcevable de la situation grecque. C'est l'affaire, en France, du chargé des voies inexplicables. « Les derniers événements sont l'expression d'une perte de confiance qui n'est pas sans rappeler les grandes peurs qu'avait connues Athènes au Ve siècle après Périclès ». On est très loin donc de ce qu'imaginent les jeunes là-bas qui reprennent, à tort, « le discours politique stéréotypé de leurs aînés. Ils dénoncent l'État policier alors que la police est un secteur public qui fonctionne mal, comme d'ailleurs tous les secteurs publics grecs. Dans ce pays, l'anarchiste, c'est aussi le directeur des impôts ou le policier qui fait ce qu'il veut. Cette jeunesse est le reflet d'une société en faillite. Elle en est la partie la plus sensible et exprime de façon plus bruyante une implosion du système politique, économique et social ». C'est la Grèce d'Alexandre, filmée par Théo Figaro-le-féroce. Tourner en rond, en suivant les événements, tout en donnant l'impression qu'on est devant à diriger et à savoir où l'on va, c'est la philosophie mimétique du Français caché et dévoué à ses affaires. Encore un peu de demande! Encore un coup d'offre! Le déranger dans sa circularité, c'est le rendre fou! Et alors attention! Car si une hirondelle ne fait pas le printemps, le bâton, avec ou sans mèche, oui! T'es cuit!