Marseille, la nouvelle Athènes.
[img]http://www.culture.gouv.fr/culture/arcn…]
Massalia est une création des Phocéens ; elle est située sur un sol pierreux; son port s'étend au-dessous d'un rocher en forme de théâtre, qui regardé le midi. Ce port est entouré de bonnes murailles, ainsi que la ville entière dont la grandeur est considérable.
Dans la (ville) haute s'élèvent l'Ephésium et le temple d'Apollon Delphinien : ce dernier est commun à tous les Ioniens ; l'Ephésium est un sanctuaire dédié à Artémis d'Éphèse.
[img]http://college.belrem.free.fr/grec/colo…]
Cette maquette de Marseille grecque est située au musée d'histoire du centre bourse. La ville est enserrée par un rempart. On distingue la corne du port, aujourd'hui comblée, dans le jardin de la Bourse. L'entrée principale de la ville est au premier plan. Derrière, la rue principale (aujourd'hui Grand rue et rue Caisserie) qui sépare en deux parties la ville. A droite la ville haute, et à gauche la ville basse. Sur la colline sont aussi visibles les deux temples d' Apollon et d' Artémis.
cette photo provient du site du collège Belrem de Beaurainville
Comme les Phocéens partaient de leur pays, un oracle, dit-on, leur fut donné, qui leur enjoignait de prendre pour guide la personne que leur aurait désignée Artémis d'Éphèse : s'étant donc rendus à Éphèse, ils s'enquirent des moyens d'obtenir de la déesse ce guide qui leur était imposé.
Alors Aristarché, l'une des femmes les plus honorables du pays, vit en' songe la déesse qui, debout près d'elle, lui ordonnait de partir avec les Phocéens en emportant quelque représentation des choses consacrées à son culte.
Cela s'étant fait et la colonisation achevée, les Phocéens érigèrent le sanctuaire, et décernèrent à Aristarché des honneurs extraordinaires, en la proclamant prêtresse (d'Artémis).
Dès lors dans les villes, colonies de Massilia, on rendit partout les premiers honneurs à la même déesse, et pour la disposition de la statue comme pour les autres usages sacrés, on se fit une loi d'observer les mêmes rites que dans la métropole.
Les Massaliotes ont un gouvernement aristocratique, et il n'y en a pas dont les lois soient meilleures : ils ont établi un conseil de six cents membres qui gardent cette dignité toute leur vie ; et qu'on appelle timuques.
Ce conseil est présidé par quinze membres à qui est attribuée l'administration des affaires courantes : les Quinze sont à leur tour présidés par trois d'entre eux qui ont la plus grande puissance, sous la direction d'Un seul.
Nul ne peut être timuque s'il n'a pas d'enfants, et si le titre de citoyen n'est pas dans sa famille depuis trois générations.
Les lois sont celles de l’lonie : elles sont exposées en public.
Le pays est planté d'oliviers et couvert de vignes, mais il est bien pauvre en blé, à cause de sa sécheresse : aussi, ayant plus de confiance dans la mer que dans la terre, les habitants ont-ils préféré les ressources que leur offrait la navigation. Plus tard cependant, grâce à leurs mâles vertus, ils purent s'emparer d'une partie des campagnes environnantes, avec l'aide de cette même puissance militaire qui leur avait servi à fonder des villes pour s'en faire des remparts.
[img]http://www.culture.gouv.fr/culture/arcn…]
Les unes, du côté de l'Ibérie les défendent contre les Ibères, à qui ils ont transmis même leur culte national, - le culte d'Artémis d'Éphèse, - si bien que ce peuple sacrifie à la manière des Hellènes, les autres, comme Rhoè , Agathé , les protègent contre les Barbares qui habitent le long du Rhône, ou, comme Taurôentium , Olbie , Antipolis et Nicée, contre le peuple des Salyes et contre les Ligures qui habitent les Alpes.
Les Massaliotes, ont encore des abris pour les vaisseaux et des magasins d'armes : auparavant il y avait chez eux, en quantité et toujours prêts, des navires, des appareils, des machines pour armer les vaisseaux et assiéger les villes : ils avaient pu ainsi tenir tête aux Barbares et gagner l'amitié des Romains, en se mettant à même de leur rendre tant de services que ceux-ci aidèrent volontiers à l’accroissement de la puissance des Massaliotes.
Ainsi Sextius, celui qui défit les Salyes, ayant fondé non loin de Massilia une ville dont le nom, qui est le sien; rappelle aussi ces eaux chaudes devenues, dit-on, en partie froides, y établit une garnison romaine et chassa du littoral, à partir de Massilia jusqu'en Italie, les Barbares que les Massaliotes n'avaient pu en expulser tout à fait.
Lui-même, n'obtint guère d'autre résultat que de refouler, les Barbares à douze stades de la mer dans les parties où les côtes sont abordables, et à huit seulement, là où elles sont abruptes.
Mais le terrain abandonné par les indigènes, il le livra aux Massaliotes. On voit encore, dans la ville où elles sont exposées, un grand nombre des dépouilles conquises par les habitants dans des batailles navales contre tous les rivaux qui leur disputaient injustement la mer.
C'est ainsi que jadis ils jouirent d'une prospérité extraordinaire à tous égards, et, particulièrement en ce qu'ils gagnèrent l'amitié des Romains, dont on pourrait trouver maintes preuves : ainsi, il y a sur l'Aventin une statue d'Artémis qu'y érigèrent les Romains, et elle est disposée comme celle qui est chez les Massaliotes.
Mais au temps, de la lutte de Pompée contre César, ce peuple, s'étant attaché au parti qui fut vaincu, perdit la plus grande part de sa. prospérité.
Pourtant il reste encore chez lui des traces de ses anciens goûts, particulièrement pour la construction des machines et pour les armements maritimes.
Mais comme les Barbares du haut pays d'alentour s'apprivoisent sans cesse, et, grâce à la domination romaine, ont déjà abandonné la guerre pour la vie civile et l'agriculture, l'application aux travaux dont nous parlons ne saurait plus être aussi grande chez les Massaliotes, on le voit bien à l'esprit qui aujourd'hui y règne : tous les gens distingués s'y portent vers l'éloquence et la philosophie, si bien que leur ville, qui depuis peu était- devenue une école ouverte aux Barbares, et avait rendu les Galates philhellènes au point de rédiger leurs contrats en langue hellénique, a présentement persuadé aux plus illustres des Romains de renoncer au voyage d'Athènes et de venir à Massilia pour l'amour de l'étude.
Les voyant agir ainsi, et d'ailleurs résignés à la paix ; les Galates consacrent avec plaisir leur temps à de pareils genres de vie, et ce n'est pas là un caprice individuel, mais le goût public.
Aussi font-ils bon accueil à nos sophistes qui, comme les médecins, reçoivent chez eux un riche salaire soit des particuliers, soit des villes.
Mais'il y a toujours dans les habitudes des Massaliotes de la simplicité et de la modestie, et l'usage que voici n'est pas la moindre preuve que l'on en pourrait donner : la plus grosse dot est chez eux de cent pièces d'or, plus cinq pièces pour les vêtements et cinq antres pour les parures d'orfèvrerie : on ne permet pas davantage. - César et les princes qui sont venus après lui, en souvenir de l'amitié des Romains pour Massilia, ont apprécié avec mesure les fautes commises durant la guerre, et ont conservé à cette ville l'autonomie dont elle avait joui dès l'origine.
Ainsi elle n'obéit pas, non plus que les peuples qui sont sous son obéissance, aux préfets envoyés dans la province.
- Voilà ce qu'on peut dire au sujet de Massalia.
PAR STRABON
Venant du site de Philippe Remacle, Philippe Renault, François-Dominique Fournier, J. P. Murcia, et Thierry Vebr.
Ce site comprend des Traductions d'auteurs latins,grecs (et quelques auteurs arméniens, chaldéens, syriaques...)
Avoir sur ce site
Les relations avec Marseille grecque
Les relations avec Marseille grecque
Les Marseillais sont "entourés de tribus arrogantes et terrifiés par les rituels sauvages de leurs voisins barbares".
Silius Italicus (poète latin), Punica, XV, 169-172, IIIe s. avant notre ère.
600 : Fondation de Massalia (Marseille).
Amorce des échanges
-575 à -530 : Implantation d'autres comptoirs vers l'Ouest par les Phocéens: Agathe (Agde), Emporion (Ampurias), et dans la basse vallée du Rhône, des relais commerciaux entre Grecs de Marseille et indigènes : Rhodanousia (Saint-Gilles-du-Gard ?), Heraclea (peut-être) et Theline (Arles). Cette dernière prend la forme d'une colonie entre -500 et -400.
Amplification des échanges
-400 : Retrait des Grecs du centre de la basse vallée du Rhône (la colonie de Theline devient l'agglomération à population mixte d'Arelate) au profit d'un renforcement de la ligne de défense du littoral par la fondation de nouvelles petites colonies : Olbia (Hyères), Antipolis (Antibes), Agathe (Agde) refondée par Marseille.
-300 : Renforcement des circuits commerciaux contre les attaques répétées des Celto-ligures : fondations de colonies à Tauroeis (Le Brusc) et à Nikaia (Nice). Attaques répétitives
-181 à -125 : Les Marseillais sollicitent à plusieurs reprises l'intervention militaire de Rome.
-123 : Prise de l'ultime place-forte des Salyens par les légions romaines.
-100/-90 : Destruction violente et définitive de l'agglomération d'Entremont.
Du VIe au IIe siècle avant notre ère, les rapports entre la colonie grecque de Marseille et les sociétés indigènes qui l'entourent sont placés sous le signe de relations conflictuelles. A travers les allusions répétitives des textes antiques sur le danger et la pression militaire que ce milieu indigène fait peser sur la ville grecque, ses territoires de proximité et ses intérêts commerciaux littoraux, on peut saisir la force et la longévité des oppositions culturelles de ces partenaires régionaux. Même si l'expression de ces confrontations atteint un de ses paroxysmes avec l'existence de l'agglomération d'Entremont au IIe s. avant notre ère, on ne peut limiter les relations entre Grecs et Gaulois à la seule image de ces conflits rapportés par les sources historiques.
Cette violence, qui reste circonscrite à la proche région de Marseille grecque et de ses possessions côtières, résulte à l'évidence de causes spécifiques liées à cette proximité. La prégnance du milieu phocéen et l'ancienneté de la pression politico-économique exercée sur les populations limitrophes aux implantations grecques depuis le VIe s., ont favorisé dans cette partie du Midi des relations de dépendance de type colonial. Elles ont ralenti, voire en partie bridé les évolutions propres au milieu indigène telles qu'on les constate au plan culturel et économique dans les sociétés d'autres régions du Midi gaulois.
Marseille grecque aux IIIe et IIe siècles avant notre ère
La cité grecque à l'époque hellénistique couvre une superficie d'environ 50 ha, articulée sur trois collines, au nord de l'anse du Lacydon. Elle est délimitée au cours de la seconde moitié du IIe s. avant notre ère par une nouvelle ligne de défense en grand appareil. On ne connaît que peu de choses sur l'habitat et les principaux monuments (temples, théâtre, citerne publique, agora présumée), à l'exception d'un secteur du port et ses cales de halage, récemment fouillés. Pourtant, les traces d'une planimétrie urbaine sont désormais bien attestées. Plusieurs nécropoles sont connues alentour.
L'architecture monumentale fait appel au grand appareil en calcaire local ou régional, mais nombre d'habitations sont en briques de terre crue, couvertes de toitures en torchis, à l'instar de celles de l'habitat d'Entremont. Cette particularité urbaine notée par Vitruve, soulignent que les différences fondamentales constatées entre Massalia et les plus grands des habitats des communautés celto-ligures proches résident avant tout dans le fait urbain et l'organisation des rapports humains qui y président, davantage que dans les seules techniques employées
[img]http://www.culture.gouv.fr/culture/arcn…]
[img]http://www.culture.gouv.fr/culture/arcn…]
La grande ville grecque de l'extrême Occident
Si les rapports économiques avec les territoires de proximité sont importants pour le ravitaillement de la ville grecque, dont la chôra est peu propice aux cultures céréalières, l'essentiel des activités de la cité repose sur les relations maritimes et les activités de la mer.
Au IIIe s. ou au tout début du IIe s. avant notre ère, les colonies implantées au cours du siècle antérieur pour la protection du littoral sont renforcées par la création de deux nouvelles, Tauroeis (Le Brusc) et Nikaia (Nice). La cité frappe ses premières monnaies de bronze entre -250 et -230.
Marseille et Rome
Par ses connaissances des rivages de la Méditerranée et son alliance séculaire avec Rome, Marseille est entraînée au IIIe s. dans les conflits des deux premières Guerres. Elle sera payée en retour par l'aide militaire romaine, apportée en -154, contre l'agression des Ligures envers ses colonies de Nice et Antibes.
À nouveau, Rome interviendra à la demande de la cité grecque en -124 et -123 contre la fédération celto-ligure des Salyens, aux abords même de la ville. La défaite militaire des troupes de la fédération et la prise de sa dernière place de résistance sonnent une paix momentanée retrouvée pour Marseille.
Mais des troupes romaines sont demeurées sur place, à Aix-en-Provence, complétant ainsi, sur la rive gauche du Rhône, l'implantation amorcée antérieurement en Languedoc à partir de l'Espagne. La nouvelle prospérité de la cité grecque ne se fera plus désormais que dans la mouvance économique des negotiatores italiens, jusqu'à la perte totale de son indépendance en 49-48 avant notre ère
Veant du site du ministere de la culture francaise
http://www.culture.gouv.fr/culture/arcn…
Aller voir sur ce lien du departement Histoire ancienne de l Universite de Bourgogne,le sujet MARSEILLE GRECQUE : LES LÉGENDES FONDATRICES,sept pages fort interessantes
http://www.u-bourgogne.fr/STIMULUS/C004…
Aller voir sur ce site concernant l Origine du nom de Marseille
http://www.massalia.net/avant-propos2.h…
Et voir Marseille dans toute sa beaute dans ce meme site
http://www.marseille-images.net/sommair…
Aller voir aussi sur ce site de Philagora fort fort interessant
http://www.philagora.net/mar-nos/phenic…
En réponse à Les relations avec Marseille grecque par alex
PYTHEAS : explorateur, scientifique, ethnologue, ambassadeur
PYTHEAS : explorateur, scientifique, ethnologue, ambassadeur
Pythéas (en grec ancien Πυθέας) est un navigateur grec originaire de Massalia (l'antique Marseille) qui aurait effectué vers 340-325 avant J.-C. un voyage dans les mers du nord de l'Europe. Pythéas est le premier explorateur de l'Antiquité à avoir notamment décrit les phénomènes polaires ainsi que le mode de vie des tribus celtes de la Grande-Bretagne actuelle et des tribus germaniques des rives de la mer du Nord et peut-être de la mer Baltique. Pendant très longtemps, les habitants de Marseille l'ont appelé « le Menteur » car personne ne croyait en la véracité de son récit
Le voyage de Pythéas
Parti avec un seul navire de Massalia, il franchit les colonnes d'Hercule (détroit de Gibraltar), remonta vers le nord en longeant les côtes de la Gaule, accosta en Grande-Bretagne, atteignit les îles Shetland et, poussant plus au nord, atteignit un pays nommé Thulé qu'il ne put dépasser. Il revint par la mer du Nord ; puis en descendant vers les côtes de la Germanie, il aurait atteint des îles riches de leurs ressources en ambre, peut-être l'archipel d'Heligoland ou l'île de Seeland ou encore les côtes de la mer Baltique. Il retourna à Massalia, soit en empruntant le même trajet qu'à l'aller, soit en empruntant le Rhin et le Rhône.
Au point le plus septentrional de son périple, la durée de la nuit ne dépassait pas deux heures, ce qui fait situer Thulé en Islande, en Norvège ou aux îles Féroé[1]. Il reconnut l'influence de la lune sur les marées. Il avait aussi établi à quatorze minutes près la latitude de Marseille à l'aide d'un gnomon.
Pendant très longtemps, il fut considéré comme un affabulateur. C'est en particulier l'opinion du géographe grec Strabon, pour qui il est inconcevable qu'une mer puisse être entièrement gelée. Puis la véracité de son périple fut reconnue, et il est considéré à présent comme l'un des premiers explorateurs scientifiques. Depuis, les astronomes ont donné son nom à un cratère lunaire
Les découvertes de Pythéas
Devant la richesse de ses découvertes, et surtout leur aspect extraordinaire, voire merveilleux pour ses contemporains, Pythéas en a écrit un récit : De l'Océan (Περί του Ωκεανού). Cet ouvrage a disparu avec la bibliothèque d'Alexandrie, mais plusieurs auteurs antiques nous en ont transmis quelques bribes, principalement le géographe Strabon qui en est aussi le principal détracteur, allant jusqu'à l'accuser d'affabulation[2], mais aussi Pline le Jeune, Ératosthène et Polybe.
Pythéas rapporte de son voyage de nombreuses découvertes, dans le désordre :
Une exploration maritime dans l'atlantique nord, exceptionnelle à une époque ou les colonnes d'Hercule (détroit de Gibraltar) marquent l'extrémité occidentale du monde « civilisé », dont une description géographique et ethnologique détaillée des îles britanniques, y compris l'Irlande et ses coutumes nécrophages.
Il faut toutefois noter que les carthaginois connaissent à l'évidence à cette époque le détroit de Gibraltar et l'océan Atlantique.
Cette exploration n'est exceptionnelle que pour la civilisation grecque.
La « découverte » de peuples barbares (au sens grec ancien du terme, plus évolués que ne le laissent paraître encore de nos jours les livres d'histoire, décrivant leur habitat, leurs us et coutumes, leur alimentation, etc. (Celtes d'Armorique, Brittons d'Albion, Pictes, Goths).
La description du phénomène des marées, inconnu des méditerranéens, et leur synchronisme avec les phases de la lune, ainsi que l'influence des équinoxes sur leur amplitude. Si leur synchronisme semble lui avoir été décrit par les peuples rencontrés, il y ajoute sa connaissance astronomique pour en donner une description précise.
La description du pack polaire, la banquise sur la surface de l'océan (on ne sait pas trop s'il l'a lui-même vu ou s'il n'a que rapporté les témoignages des marins nordiques).
Strabon indique que Pythéas trouve Thulé à 6 jours de navigation de la Bretagne. Or son point de départ est les Îles Shetland, et il ne faut pas 6 jours de navigation à l'époque pour rejoindre la Norvège. Il est donc vraisemblable de penser qu'il est allé, (où qu'il évoque des descriptions), en Islande.
La preuve de la rotondité de la terre, ce que la majorité des astronomes de l'époque supputent. Ses mesures de latitude sont d'une précision étonnante pour l'époque, et démontrent chez Pythéas un esprit scientifique développé. Dix-sept siècles en avance sur son temps, il donne pour latitude à Massalia 43°3' N (au lieu de 43°17'). Aristote l'a démontré indirectement à la fin du IVe av. J.-C. par le calcul en observant l'ombre de la terre lors d'une éclipse de lune. Pythéas le confirme par un relevé des positions stellaires, entre autres le déplacement du nord stellaire, et par la mesure des durées diurnes et nocturnes.
La description du cercle polaire et des phénomènes qui en découlent.
La notion de durée fixe des heures. À l'époque, la journée se divise en 2 périodes de 12 heures, le jour et la nuit, la durée des heures varie selon la saison. Ce système devenant aberrant au niveau du cercle polaire, Pythéas propose de concevoir une journée de 24 heures de durées égales et constantes, et faire varier la durée du jour et de la nuit, plutôt que celle des heures.
Le calcul de l'obliquité de la terre, l'inclinaison de son axe de rotation par rapport au plan de l'écliptique, même si pour les grecs l'héliocentrisme reste une notion évoquée mais non acquise
Une mesure, très précise pour l'époque, de la circonférence de la Terre, estimée avec une erreur de moins de 10% de sa valeur exacte
Venant de ce site
http://fr.wikipedia.org/wiki/Pyth%C3%A9…
Allez voir sur ce site fort complet sur PYTHEAS
http://marseille.pytheas.free.fr/navig/…
Et ce site
http://transpolair.free.fr/routes_polai…
En réponse à PYTHEAS : explorateur, scientifique, ethnologue, ambassadeur par alex
Blason et hymne
Le blason de Marseille
[img]http://www.mairie-marseille.fr/vdm/webd…]
Historique du Blason
La première représentation conservée des armoiries de Marseille date de la fin du XIIIe siècle (ou début du XIVe siècle). Il s'agit d'une enluminure figurant la prestation de serment du viguier ("maire") dans le Livre rouge de la ville. Aux quatre angles est disposée la "croix d'azur sur fond d'argent", souvenir des croisades, en même temps que reprise de l'emblème porté au revers des monnaies marseillaises.
Ce blason va alors se multiplier sur les registres officiels, d'abord sous forme de dessins manuscrits ou peints, puis imprimé à partir du XVIe siècle.
La fantaisie des graveurs inventera au fil des siècles toutes sortes d'ornementations suivant le goût de leur époque et la mode (coquilles, feuillages, anges,...).
Les affiches municipales sont un bel exemple de cette évolution.
Mais on peut aussi retrouver cette image-symbole de la ville sur les monuments (Hôtel de Ville), les objets (clés, cierges, tapisseries,...) et lors des cérémonies où la personnalité morale de la ville doit figurer.
Officiellement, l'enregistrement de ces armoiries qui fait suite à l'édit de Colbert, réglementant les blasons, date du 10 Juillet 1699. Leur usage s'est perpétué jusqu'à la Révolution.
Le 21 Juin 1790 en effet l'Assemblée Constituante décréta la suppression des armoiries, trop associées à la noblesse et à l'ordre ancien. La croix d'azur disparut donc des papiers publics.
Il faut attendre le décret impérial du 17 Mai 1809 pour que les villes puissent à nouveau reprendre des armoiries. Aussitôt le Conseil Municipal de Marseille délibère de reprendre l'ancien écusson et d'obtenir l'autorisation de l'empereur. Cette demande aboutira en 1810, mais le nouveau blason où figuraient outre la croix, des abeilles et un vaisseau gravé par Poize en 1811 n'a pratiquement jamais servi.
Après la chute de Napoléon et le retour à la monarchie, Marseille reprend ses anciennes armoiries agrémentées cette fois d'un lion armé d'un caducée et d'un taureau armé d'un trident (lettres patentes de Louis XVIII du 25 Novembre 1815). Le décor des armoiries, surmonté à partir de 1826 d'une couronne murale, paraît se fixer à partir de cette date jusqu'en 1883: une corne d'abondance et un trident avec la devise Massilia civitas (cité de Marseille).
C'est ce blason qui sert de sceau aux actes officiels de la municipalité.
Pour le papier administratif en revanche, c'est le modèle réalisé en 1883 à la demande du Maire par le conservateur du Cabinet des Monnaies et Médailles Joseph Laugier qui a été retenu.
(Texte: Les archives municipales - l'Archiviste en chef de la Ville - Isabelle Bonnot)
Descriptif du blason
[img]http://www.mairie-marseille.fr/vdm/webd…]
- la couronne (en haut, au centre) représente les murailles de la ville
Sur le côté gauche
- le trident (en haut) symbolise "Mer et voyage"
- le Taureau (sur le côté) "Patience, travail et agriculture"
- la Croix bleue (en bas) "Foi et fidélité"
Sur le côté droit
- le Caducée (en haut) symbolise "Echange et Commerce"
- le Lion (sur le côté) "Force, puissance et vigilance"
- la phrase (bas du blason) "Actibus immensis urbs fulget Massiliensis" signifie: "La Ville de Marseille resplendit par ses hauts faits"
Etonnant de voir que le blason de la ville de Marseille est proche du drapeau de la Grece
venant du site de la Mairie de Marseille
http://www.mairie-marseille.fr/vdm/cms/…
Aller voir aussi sur ce site un condense de l histoire de la ville
http://www.mairie-marseille.fr/vdm/cms/…
La Marseillaise
[img]http://www.elysee.fr/elysee/root/bank_o…]
A l'origine chant de guerre révolutionnaire et hymne à la liberté, la Marseillaise s'est imposée progressivement comme un hymne national. Elle accompagne aujourd'hui la plupart des manifestations officielles.
L'histoire
En 1792, à la suite de la déclaration de guerre du Roi à l'Autriche, un officier français en poste à Strasbourg, Rouget de Lisle compose, dans la nuit du 25 au 26 avril, chez Dietrich, le maire de la ville, le "Chant de guerre pour l'armée du Rhin".
Ce chant est repris par les fédérés de Marseille participant à l'insurrection des Tuileries le 10 août 1792. Son succès est tel qu'il est déclaré chant national le 14 juillet 1795.
Interdite sous l'Empire et la Restauration, la Marseillaise est remise à l'honneur lors de la Révolution de 1830 et Berlioz en élabore une orchestration qu'il dédie à Rouget de Lisle.
La IIIème République (1879) en fait un hymne national et, en 1887, une "version officielle" est adoptée par le ministère de la guerre après avis d'une commission.
C'est également sous la IIIème République, le 14 juillet 1915, que les cendres de Rouget de Lisle sont transférées aux Invalides.
En septembre 1944, une circulaire du ministère de l'Education nationale préconise de faire chanter la Marseillaise dans les écoles pour "célébrer notre libération et nos martyrs".
Le caractère d'hymne national est à nouveau affirmé dans les constitutions de 1946 et de 1958 (article 2).
L'auteur
Né en 1760 à Lons-le-Saunier, Claude-Joseph Rouget de Lisle est capitaine du génie mais a mené une carrière militaire assez brève. Révolutionnaire modéré, il est sauvé de la Terreur grâce au succès de son chant. Auteur de quelques romances et opéras, il vit dans l'ombre sous l'Empire et la Restauration jusqu'à son décès à Choisy-le-Roi en 1836.
La partition
En quelques semaines, l' "Hymne des Marseillais" est diffusé en Alsace, sous une forme manuscrite ou imprimée, puis il est repris par de nombreux éditeurs parisiens. Le caractère anonyme des premières éditions a pu faire douter que Rouget de Lisle, compositeur par ailleurs plutôt médiocre, en ait été réellement l'auteur.
Il n'existe pas de version unique de la Marseillaise qui, dès le début, a été mise en musique sous diverses formes, avec ou sans chant. Ainsi, en 1879, la Marseillaise est déclarée hymne officiel sans que l'on précise la version, et un grand désordre musical pouvait se produire lorsque des formations différentes étaient réunies.
La commission de 1887, composée de musiciens professionnels, a déterminé une version officielle après avoir remanié le texte mélodique et l'harmonie.
Le Président Valéry Giscard d'Estaing a souhaité que l'on revienne à une exécution plus proche des origines de l'oeuvre et en a fait ralentir le rythme. C'est aujourd'hui une adaptation de la version de 1887 qui est jouée dans les cérémonies officielles.
Parallèlement, la Marseillaise a été adaptée par des musiciens de variété ou de jazz.
Les paroles
1er couplet
Allons enfants de la Patrie,
Le jour de gloire est arrivé !
Contre nous de la tyrannie,
L'étendard sanglant est levé, (bis)
Entendez-vous dans les campagnes
Mugir ces féroces soldats ?
Ils viennent jusque dans vos bras
Egorger vos fils, vos compagnes !
Refrain :
Aux armes, citoyens,
Formez vos bataillons,
Marchons, marchons !
Qu'un sang impur
Abreuve nos sillons !
2
Que veut cette horde d'esclaves,
De traîtres, de rois conjurés ?
Pour qui ces ignobles entraves,
Ces fers dès longtemps préparés ? (bis)
Français, pour nous, ah ! quel outrage
Quels transports il doit exciter !
C'est nous qu'on ose méditer
De rendre à l'antique esclavage !
3
Quoi ! des cohortes étrangères
Feraient la loi dans nos foyers !
Quoi ! ces phalanges mercenaires
Terrasseraient nos fiers guerriers ! (bis)
Grand Dieu ! par des mains enchaînées
Nos fronts sous le joug se ploieraient
De vils despotes deviendraient
Les maîtres de nos destinées !
4
Tremblez, tyrans et vous perfides
L'opprobre de tous les partis,
Tremblez ! vos projets parricides
Vont enfin recevoir leurs prix ! (bis)
Tout est soldat pour vous combattre,
S'ils tombent, nos jeunes héros,
La terre en produit de nouveaux,
Contre vous tout prets à se battre !
5
Français, en guerriers magnanimes,
Portez ou retenez vos coups !
Epargnez ces tristes victimes,
A regret s'armant contre nous. (bis)
Mais ces despotes sanguinaires,
Mais ces complices de Bouillé,
Tous ces tigres qui, sans pitié,
Déchirent le sein de leur mère !
6
Amour sacré de la Patrie,
Conduis, soutiens nos bras vengeurs
Liberté, Liberté chérie,
Combats avec tes défenseurs ! (bis)
Sous nos drapeaux que la victoire
Accoure à tes mâles accents,
Que tes ennemis expirants
Voient ton triomphe et notre gloire !
7
Nous entrerons dans la carrière
Quand nos aînés n'y seront plus,
Nous y trouverons leur poussière
Et la trace de leurs vertus (bis)
Bien moins jaloux de leur survivre
Que de partager leur cercueil,
Nous aurons le sublime orgueil
De les venger ou de les suivre
NB: le septième couplet, dont l'auteur reste à ce jour inconnu, a été ajouté en 1792.
Venant du site de l Elysee
http://www.elysee.fr/elysee/francais/le…
Marseille est l ame de la France
Aller voir aussi les Chroniques Historiques de Marseille de Roger Duchêne ,un homme et un historien specialiste de l histoire du XVII siecle qui etait un amoureux de Marseille
http://pagesperso-orange.fr/roger.duche…
Et aller voir des ecris du XVII siecle qui etait la passion de Roger Duchêne a voir su son site web 17
http://web17.free.fr/web17_toc.htm
En réponse à Blason et hymne par alex
L origine de la presence grecque au XVIII siecles a Marseille
L origine de la presence grecque au XVIII siecles a Marseille
La Diaspora grecque de Marseille est etroitement lie a celle d Alexandrie et du passage de Bonaparte en Egypte
Les Grecs s'installent dans la ville de Marseille entre 1816 et 1825.
Les raisons sont multiples : la guerre d'indépendance de la Grèce de 1821 et les nombreux bouleversements qui s'en suivent aux niveaux social, politique et économique; les massacres de Chio de 1822, qui obligent plusieurs familles commerçantes à fuir et à chercher un nouveau foyer pour leurs activités dans cette ville port; enfin, mais capitales, les guerres napoléoniennes (1801- 1815) avec leurs conséquences catastrophiques pour le commerce méditerranéen de Marseille, ont donné aux Grecs une chance en or de pénétrer ce marché occidental et de prendre en main une partie du négoce intermédiaire maritime, entre l'Ouest et le Levant, jusqu'à Odessa en Mer Noire.
Napoleon et la Legion grecque de l armee d Orient
Les auxiliaires de l'Armée d'Orient (1798-1801). La création de corps auxiliaires égyptiens et syriens
(Article de SPILLMANN Georges )
Bonaparte comprend fort bien la nécessité de donner aux Divans et aux responsables égyptiens des districts les moyens d'assurer la police, d'asseoir leur autorité. Il veut en effet que ce rôle n'incombe pas aux troupes françaises, lesquelles n'y étant nullement préparées, accumuleraient vite contre elles d'inexpiables haines. Les Français, bien groupés, bien logés dans des casernements extérieurs et non dans les agglomérations, observant une rigoureuse hygiène, constituent à ses yeux l'ultima ratio en cas d'événements graves ou de menaces d'invasion.
En conséquence, Bonaparte décide, le 25 juillet 1798, que le Divan du Caire aura à sa porte une garde française et une garde égyptienne.
Un ordre du même jour crée un corps turc de cinq compagnies pour être employé comme force de police par le général Dupuy, commandant la place du Caire. Ce corps a pour chef l'aga de police, appointé comme chef de bataillon et assisté d'un commandant en second, appointé comme capitaine de 3e classe.
Chaque compagnie de 65 hommes est aux ordres d'un odobachi en premier, appointé comme lieutenant de 2e classe, et d'un odobachi en second, appointé comme sous-lieutenant.
Une 6e compagnie est formée le 6 août, pour la police de Boulak et une 7e, le même jour, pour celle du Vieux-Caire. Toutes deux sont indépendantes du commandant des six précédentes compagnies du Caire.
Le même jour un aga, relevant du contre-amiral Perrée, est chargé de la police de la navigation sur le Nil, artère vitale pour le ravitaillement de nos troupes. Des volontaires grecs, dont le célèbre Nicole Papas Oglou, sont bientôt spécialisés dans cette mission dont nous parlerons plus en détail à propos de la Légion grecque.
Le 27 juillet 1798, Bonaparte généralise le système de forces de police en créant dans chaque province un aga des janissaires (en fait des Turcs), agissant en liaison avec le commandement local français, et qui "aura avec lui une garde de 60 hommes du pays, armés, avec lesquels il se portera partout où il sera nécessaire pour maintenir le bon ordre et faire rester chacun dans l'obéissance et la tranquillité". Le système est aussitôt mis en vigueur dans les provinces du Caire, d'Alexandrie, de Gizeh, de Kelioub, de Bahireh, etc. C'est ainsi que Selim-Tchorbadji, aga des janissaires, participe avec ses gens, soutenu par le chef de brigade Lefebvre et 300 Français, à une prise d'otages à Tanh, petite ville du Delta et sanctuaire vénéré de la Basse-Egypte.
Bonaparte, un mois seulement après le débarquement, peut donc s'estimer satisfait. L'administration égyptienne s'installe et commence à fonctionner avec les conseils et sous le contrôle des Français, les forces auxiliaires de police, purement égyptiennes, prennent corps, les impôts traditionnels sont perçus par des Coptes, qui exerçaient déjà cet office du temps des Mameluks, les villes deviennent un peu moins insalubres et les contraintes édictées à cet effet ne soulèvent pas de bien vives protestations.
Quant aux chorfa, aux ouléma, aux grands notables, ils sont sensibles aux égards que leur témoigne en toutes occasions, publiques ou privées, le jeune commandant en chef, sultan de la Guerre. Leurs coeurs sont certes loin d'être conquis, mais ils nous trouvent supportables, et même parfois utiles, ce qui est déjà beaucoup.
Dans ce climat apparemment serein, la foudre frappe soudain, terrible. Le 1er août 1798, Nelson surprend la flotte de l'amiral Brueys au mouillage dans la baie d'Aboukir alors qu'une partie de ses équipages est à terre. Il la détruit, à l'exception de la division du contre-amiral de Villeneuve (Guillaume Tell, Généreux, Diane, Justice), la plus éloignée du point initial de l'attaque. Mettant à la voile et sacrifiant ses ancres, Villeneuve parvient à gagner la haute mer où les Anglais, très éprouvés de leur côté, ne le poursuivront pas. Brueys, blessé dès le début, puis à moitié coupé en deux par un boulet, meurt à son poste de combat. Son navire-amiral, le formidable "Orient" fait alors explosion.
Voici, selon la formule consacrée, Bonaparte prisonnier de sa conquête, tout espoir de communiquer à peu près régulièrement avec la Métropole étant désormais perdu. Seules de petites unités, frégates rapides, corvettes, bricks, parviendront parfois à tromper la vigilance des croisières ennemies. L'armée est consternée, mais son chef reste impavide et comme insensible. De leur côté, nos ennemis en Egypte, tels certains ouléma d'El Azhar et les chefs mameluks Mourad-bey, Ibrahim-bey, reprennent espoir.
Ce revers ancre Bonaparte dans la conviction que pour mieux affronter les épreuves prochaines, il doit persister dans la politique de la main tenue d'une part, de l'autre recruter de nouveaux auxiliaires indigènes pour compenser quelque peu nos pertes au combat et diminuer, du même coup, le nombre de nos adversaires potentiels.
Aussi, le 2 septembre 1798, crée-t-il dans le corps d'élite des Guides une compagnie turque, commandée par le janissaire Omar el Koladi. Ayant la même organisation que les compagnies des Guides à pied, elle porte en guise de tenue une chemise égyptienne bleue, avec parements verts, et turban à la turque, bénéficie de la solde des guides à pied, est dotée d'un caporal fourrier français; 1 officier et 2 sous-officiers français des Guides sont chargés de son instruction. Au 20 octobre suivant, l'effectif de la compagnie est de 3 officiers et 121 hommes.
Le 4 septembre de la même année, Hassan Tchorbadji et Ibrahim Aga reçoivent le brevet de chef de bataillon et le commandement, l'un de la place de Suez, l'autre de la province d'Atfieh.
Le premier doit mettre sur pied une compagnie de 25 hommes, commandée par un lieutenant avec le nombre de sous-officiers nécessaires, le second, une compagnie de 60 hommes, commandée par un capitaine, un lieutenant et des sous-officiers nécessaires.
Chacune de ces unités reçoit un drapeau tricolore avec inscription bilingue, d'un côté en français, de l'autre en arabe, comportant une sentence du Coran et une imprécation contre les Mameluks. Les hommes n'ont pas d'uniforme mais portent la cocarde tricolore.
Et Bonaparte d'écrire à Hassan Tchorbadji: "... Indépendamment de votre compagnie, il y aura à Atfieh une compagnie de 60 hommes, sous les ordres de l'Aga, et que vous commanderez toutes les fois que le service l'exigera".
Enfin, le 7 septembre 1798, Bonaparte prescrit l'incorporation dans l'armée de tous les jeunes mameluks, âgés de plus de 8 ans et de moins de 16 ans, ainsi que tous les garçons esclaves, noirs ou blancs, du même âge, ayant appartenu aux Mameluks et se trouvant depuis chez des particuliers. Ils seront répartis à raison de 9 par bataillon et de 4 par escadron et revêtiront l'uniforme du corps. Ceux ayant moins de 14 ans seront employés comme tambours.
Anticipant sur cette décision, de nombreux chefs de corps ont déjà spontanément admis comme volontaires des Egyptiens, des Maghrébins, des Noirs, des Grecs, quelques Coptes, musulmans, chrétiens ou animistes. Nous connaîtrons beaucoup plus tard, et pour la même raison - grossir de trop maigres effectifs - un phénomène identique, que l'on appela le "jaunissement", après 1945, du corps expéditionnaire français en Indochine.
La révolte du Caire et dans le delta
Un autre souci préoccupe Bonaparte. Il est sans nouvelle de la négociation que Talleyrand devait mener à Constantinople. Qu'en est-il de ses pourparlers avec les Turcs ? Il ignore que le ministre des Relations extérieures, démissionnaire le 20 juillet, s'est retiré à la campagne sans désigner personne pour le remplacer auprès de Selim III. Bref, le chargé d'affaires anglais, Spencer Smith, et l'ambassadeur russe Vorontzov ont le champ libre pour circonvenir les Grands de la capitale ottomane, sensibles aux séductions dorées. Le 9 septembre, pressé de toutes parts, Selim III proclame enfin la Guerre Sainte contre la France, et la flotte russe de la Mer Noire, aux ordres de l'amiral Outchakov, ayant obtenu le droit de passage dans les Détroits, rejoint bientôt la flotte anglaise en Méditerranée orientale. Ainsi sont déjouées par la carence de Talleyrand les hardies combinaisons concertées avec Bonaparte.
On imagine la fureur de celui-ci quand il apprend la dure réalité. Son comportement n'en est pas affecté en apparence. Il apprendra aussi sans broncher que la peste a fait son apparition à Alexandrie et commence à décimer ses troupes. Il s'attend au pire sans que sa farouche résolution soit ébranlée.
Informés des événements par des émissaires venus de Palestine, comme par des agitateurs que débarque sur la côte le commodore Sydney Smith, frère du représentant anglais à Constantinople, les Egyptiens nous tiennent pour perdus et s'apprêtent à voler au secours de la victoire. Le 21 octobre, la population du Caire, soulevée, massacre les Français isolés et les petits postes. Ainsi périssent le général Dupuy, commandant la place, et Sulkowski, aide de camp du commandant en chef, membre de l'Institut d'Egypte. La situation n'est pas meilleure dans le Delta, où nos communications sont coupées entre Alexandrie et Le Caire.
Bonaparte réagit avec vigueur, bombarde la capitale, force les insurgés dans leur réduit sacré d'El Azhar, écrase partout la rébellion. 2.500 à 3.000 Cairotes, 300 Français ont péri. Un Grec de Chio, Barthélémy Serra, commandant une compagnie de la police auxiliaire du Caire, dite des Mameluks parce que composée de transfuges de cette origine, de Turcs et même de Grecs, se montre particulièrement féroces dans la répression, tout comme sa femme, amazone accomplie, maniant hardiment le sabre, vraie mégère sanguinaire.
Des colonnes parcourent inlassablement le Delta, brisant toute résistance et brûlant les villages où des Français ont été tués. Tout rentre finalement dans l'ordre mais il faut veiller attentivement, car le feu couve sous la cendre.
Ayant surmonté la crise, Bonaparte supprime les Divans et fait tomber quelques têtes, non des moindres. Nul ne doutant plus de sa résolution, le "sultan de la guerre" revient par calcul à la politique de la main tendue, de la coexistence pacifique et même cordiale avec les Musulmans. Il rétablit les Divans, leur restitue leurs attributions et dote même l'Egypte d'un Divan national de soixante cheiks et notables, représentant toutes les provinces. Un conseil restreint, choisi dans le sein du Divan, reçoit mission d'administrer le pays et de faire rendre justice à ses habitants. Un commissaire français lui est adjoint avec voix délibérative. Il servira en outre d'agent de liaison entre l'autorité militaire française et le Divan.
Il ne semble pas que le commandant en chef ait éprouvé de mécomptes, avec les forces auxiliaires en général car, bien loin de les dissoudre, il cherche au contraire à en augmenter le nombre. Mais le problème n'est pas simple. Il peut être dangereux, en effet, de recruter des musulmans en trop grand nombre. Et s'il est fait largement appel aux Chrétiens, Grecs ou Coptes, on risque de creuser le fossé entre eux et les autres Egyptiens. D'ailleurs ces Chrétiens, depuis qu'ils sont libérés de tout lien de subordination envers les musulmans, n'ont que trop tendance à relever la tête et à se montrer insolents envers eux. Et en même temps, ils mettent peu d'empressement à s'engager en masse dans nos rangs car, au fond d'eux-mêmes, ils sont inquiets de l'avenir. D'où de difficiles dosages pour maintenir un équilibre acceptable. Ceci ne peut fournir de gros bataillons, mais seulement quelques centaines d'hommes, deci-delà. Ainsi, en novembre 1798, Bonaparte autorise-t-il Desaix, qui poursuit la pacification du Haut-Nil, à former une compagnie de 50 sapeurs égyptiens. Ceux-ci "seront soldés sur les fonds mis à la disposition du Génie".
Pour assurer la police du Nil, le commandant en chef prescrit, après l'insurrection du Caire, la formation de trois compagnies grecques de 100 hommes chacune, au Caire, à Damiette, à Rosette, exclusivement chargées de l'escorte des diligences fluviales. Ces "hommes conservèrent les costumes de palikare: chéchia, soubre-veste à soutaches, fustanelle et jambières de maroquin" (G. Guémard).
Les déprédations des Arabes nomades, incorrigibles pillards, constituent un danger permanent pour les sédentaires du Delta et les caravanes, y compris celles du pèlerinage de La Mecque. Quelques tribus viennent plus ou moins à résipiscence, mais la plupart sont hors de notre portée.
Par ordre du 19 octobre 1798, Bonaparte confère la dignité de Kiaya des Arabes à Mohamed Aga ben Abd er Rahman et lui attribue une maison avec des appointements. Il lui fixe sa mission dans les termes suivants:
"Toutes les tribus des Arabes qui seront soumises à l'Armée devront envoyer des députés auprès dudit Mohamed Aga pour le reconnaître comme chef et jurer entre ses mains fidélité à la République.
"... Le Kiaya des Arabes devra connaître toutes les tribus qui sont en guerre avec la République, avoir des espions pour les suivre dans leurs mouvements, afin de pouvoir les soumettre et les obliger à rester dans l'obéissance.
"Le Kiaya des Arabes prendra des mesures pour que les Arabes chargés de la garde des routes y maintiennent une bonne police".
Dès son retour de Suez, Bonaparte crée, au début de l'année 1799, un régiment de dromadaires, composé uniquement de Français sélectionnés, pour faire la chasse aux nomades rebelles, razzier leurs caravanes et appuyer l'action du Kiaya des Arabes, Mohamed Aga.
Les directives politiques de Bonaparte depuis son débarquement et ses vues sur la police auxiliaire égyptienne constituent un ensemble cohérent, très en avance sur les idées du temps, visant, note M. François Charles-Roux dans son très remarquable ouvrage Bonaparte Gouverneur d'Egypte, à "étendre d'emblée au sommet de la hiérarchie locale l'application des principes d'association et d'administration indirecte qui, à un pouvoir étranger se réservant l'initiative et le contrôle, associent et subordonnent des conseillers et des agents d'exécution indigènes".
Pour Lord Rosebery, là comme en tant d'autres matières, les gouvernements de l'épopée coloniale du XIXe siècle ont suivi les traces de "cet homme d'Etat né" que fut Napoléon.
L'expédition de Syrie
Bien qu'apparemment rétablie, la situation - Bonaparte ne s'y trompe pas - reste lourde de dangers. En Palestine, les Turcs d'Ahmed Djezzar-pacha et les Mameluks d'Ibrahim-bey reçoivent des renforts de Damas, de Rhodes, de Constantinople, en vue d'une offensive sur l'Egypte. Un débarquement anglo-turc à Alexandrie ou Aboukir est fort possible. La conjugaison de ces deux nations déclencherait à coup sûr une nouvelle révolte au Caire et dans le Delta. En Haute-Egypte, Desaix lutte victorieusement contre Mourad-bey et les gens du Hedjaz, venus de Djeddah et de Yambo, mais il a besoin de tous ses maigres effectifs.
Quoiqu'il en soit, pendant cette accalmie, Bonaparte visite Suez dans les derniers jours de décembre 1799, prescrit de renforcer les fortifications et reconnaît en personne les vestiges du canal du pharaon Nechao, qui reliait autrefois Suez aux lacs Amer et, de là, au Nil.
Revenu à son Quartier-Général, il ordonne de construire de nouvelles batteries sur la côte du Delta, notamment à Alexandrie, et de tenir prêtes, le cas échéant, les dix compagnies de Garde Nationale du Caire prévues par son ordre du 3 octobre 1798, et organisées à raison d'une par quartier.
Elles étaient composées "de tous les employés et individus quelconques à la suite de l'Armée, et en général de tous les Européens qui se trouvent au Caire". Chaque homme, doté d'un fusil et de 30 cartouches, n'effectuait pas de service mais devait rejoindre le poste assigné dès que battait la générale.
Le commandant en chef ne juge pas nécessaire - ou prudent - d'augmenter sensiblement les forces indigènes auxiliaires. Mais il laisse les unités françaises enrôler de nouveaux autochtones. La 21e demi-brigade, qui avait déjà d'anciens esclaves noirs, recrute ainsi 200 Egyptiens en quelques semaines. Le 22e chasseurs à cheval de Lasalle engage des Noirs et il en est de même partout ailleurs.
La menace se précise en Palestine. Bonaparte décide de la prévenir, l'offensive étant à ses yeux la meilleure des défensives. Ne va-t-il pas néanmoins disperser par trop des forces insuffisantes, déjà dangereusement étirées?
Dans son esprit, il ne s'agit pas d'occuper longtemps par nous-mêmes une région aussi éloignée de nos bases, mais seulement de prendre la place fortifiée de Saint-Jean d'Acre, et, à partir de ce môle, que nous tiendrions solidement, d'organiser dans une contrée de caractère montagneux, un fort bastion défensif avec des populations guerrières et très particularistes, les Chrétiens Maronites, les Chiites Metaouïlis, et surtout les Druzes, à cheval sur le Liban-sud et la Galilée. Tous détestent les Turcs, tous ont déjà des accointances avec nous. Bonaparte compte ainsi lever 30.000 auxiliaires locaux, instruits et encadrés par des Français.
Les préparatifs commencent dès le mois de janvier 1799. Le corps expéditionnaire de Syrie (la Palestine et le Liban font partie de cette province turque) comprendra les effectifs suivants :
- Division Kléber 2.349 hommes
" Lannes 2.924 "
" Bon 2.499 "
" Reynier 2.160 "
- Cavalerie (Murat) 800 "
- Génie (Caffarelli) 340 "
- Artillerie (Dommartin) 1.385 "
- Guides (à pied et à cheval) 400 "
- Détachement du régiment des dromadaires 88 "
______ ______
Total 12.945 hommes
Ce contingent quasi squelettique représente près de la moitié de l'Armée d'Orient, compte tenu des pertes ou indisponibilités dues au feu, aux épidémies ou aux fatigues d'une Campagne épuisante. Marmont, Menou, Dugua (Le Caire), Desaix auront fort à faire pour maintenir l'ordre en Egypte avec ce qui leur restera de troupes. Bonaparte ne dispose que d'une artillerie de campagne, car les difficultés du désert sablonneux entre Salheyeh et El Arich ne permettent pas d'emmener des pièces de siège. Cette lacune sera fatale devant les épaisses murailles de Saint-Jean d'Acre.
Le commandant en chef se fait accompagner symboliquement de musulmans. Marchent à sa suite Mustapha-bey, ancien Kiaya du pacha turc d'Egypte, élevé pour la circonstance à la dignité d'émir, plusieurs membres du Grand Divan d'Egypte, 100 cavaliers et des hommes à pied de l'émir, ainsi que la médiocre compagnie turque d'Omar. L'expérience sera malheureuse: l'émir trahira, bien des Turcs déserteront.
Le 19 février 1799, Bonaparte enlève El Arich. Les Maghrébins (Africains du Nord) de la garnison turque passent à notre service et forment 3 compagnies affectées, l'une à la division Lannes, l'autre à la division Bon, la dernière à la division Kléber. Les Arnautes, musulmans albanais de la même garnison, fournissent de leur côté une compagnie à la division Reynier. El Gaza se rend le 24 février. Tout commence donc très bien. Mais nos affaires se gâtent, le 10 mars, à Jaffa, qui oppose une vive résistance. 6.000 Turcs y sont tués, dont 3.000, la plupart Albanais, qui s'étaient rendus à Eugène de Beauharnais, sous promesse de vie sauve. Bonaparte refuse en effet de tenir l'engagement pris par son beau-fils. Seuls sont épargnés de 60 à 100 hommes qui formeront une compagnie d'ouvriers, à la demande de Caffarelli.
Cette inexcusable boucherie nous déconsidère, écoeure nos vieux durs à cuire, pourtant blasés, et détermine nos adversaires à se défendre désormais à mort. Peyrusse, adjoint au Payeur général, futur Trésorier de l'Empire, écrit à ce sujet: "Cet exemple va apprendre à nos ennemis qu'ils ne peuvent compter sur la loyauté française et, tôt ou tard, le sang de ces victoires retombera sur nous". Effectivement, peu après, la peste, un instant écartée, décimera à nouveau nos rangs.
Caïfa (Haïfa) est pris le 16 mars. Du haut du Mont-Carmel, Bonaparte aperçoit au loin Saint-Jean d'Acre, toute dorée dans la brume qui se lève. Il l'investit par terre le surlendemain, mais les deux tiers de l'enceinte péninsulaire sont baignées par la mer et deux gros vaisseaux anglais de Sydney Smith, de 80 canons chacun, le Tigre et le Thésée, ancrés en rade, flanquent la cité de leurs feux. Des bâtiments légers les appuient.
La place est aux ordres du sanguinaire pacha Ahmed, dit Djezar (le boucher), seraskier (commandant en chef) des forces turco-arabes de Syrie, secondé par un émigré français, Le Picard de Phélippeaux, camarade de Bonaparte à Brienne. Sa solide garnison est renforcée d'officiers et de canonniers anglais, dont Hudson Lowe, et de canonniers turcs formés à Constantinople par les instructeurs français du général Aubert-Dubayet. La supériorité de l'adversaire en artillerie est incontestable. Enfin, comble de malheur, les fortifications d'Acre sont beaucoup plus sérieuses que Volney ne les avait décrites.
Tout en livrant aux assiégés des assauts furieux, coûteux, mais infructueux - "nous attaquons à la turque une place défendue à l'européenne", dira Kléber - Bonaparte s'efforce de rallier à lui Galiléens, Druzes, Metaouïlis, Maronites, Il n'obtient que des résultats partiels, tous attendant la chute d'Acre pour s'engager plus avant.
A peine le siège est-il mis qu'Abbas, fils survivant du puissant cheik Daher ben Omar, nous offre ses services. 200 ou 300 cavaliers l'accompagnent. Son père est un Bédouin du Jourdain, selon Volney, un Druze pour Guémard. Lié aux grands nomades arabes de la puissante tribu Anézé, il devient maître de la Galilée et d'Acre, luttant sans cesse contre les Turcs du pacha de Damas. Allié aux Metaouïlis, parfois à des clans Druzes, il périt finalement par trahison, tué d'une balle, à cheval, âgé de 92 ans. Sa famille est en grande partie massacrée et le Turc Ahmed, d'origine bosniaque, l'un des auteurs de sa chute, devient pacha d'Acre.
Bonaparte s'empresse de remettre une pelisse d'honneur au cheik Abbas Omar et de l'investir du commandement de Safed et de la Tibériade, ce qui couvre les assiégeants du côté de Damas. Les Druzes de Safed, en bons termes avec le clan Daher, se rallient aux Français lesquels confient au cheik Mustapha Bechir la défense de Safed et du pont de Beni Yacoub, sur le Jourdain. Des Metaouïlis apportent aussitôt leur aide à nos alliés dans ce district.
Afin de mettre en confiance les populations, des pointes audacieuses sont poussées bien au-delà du corps de siège. Au sud-est d'Haïfa, le général Damas, de la division Kléber, inflige une sévère leçon aux Naplousains, lesquels demandent la paix et offrent des otages. La compagnie de Maghrébins, issue de la garnison turque d'El Arich, se comporte fort bien en l'occurrence. Au nord, le général Vial, de la division Bon, pousse jusqu'à Sour (Tyr) au sud-Liban, en chasse les partisans d'Ahmed Djezar, et y laisse une garnison de 200 Metaouïlis.
Trois de nos orientalistes, Venture de Paradis, Amédée Jaubert et le padre Francesco, d'un couvent cairote, effectuent un remarquable travail de renseignements et d'apprivoisement grâce à leur excellente connaissance du turc et de l'arabe. A leur instigation, le cheik de Chef-Amer, Yacoub el Habaïby, sa famille, son clan, passent à notre service. Yacoub organise très vite une compagnie de cavaliers syriens avec des gens de son village, de Nazareth et des bourgs avoisinants. Ils étaient équipés à la mameluk: "vaste turban, robe d'indienne à raies, recouverte jusqu'aux coudes par un dolman brodé aux épaules, ceinture de soie, flottard" rouge, selle arabe, cimeterre, tromblon et "pistolets d'arçon". (Guémard)
L'ancien palais du pacha Daher abrite un hôpital pour 600 malades et un capitaine du détachement des Dromadaires exerce les fonctions de commandant d'Armes de Chef-Amer. Vial organise aussi une deuxième compagnie de janissaires - cavaliers syriens, dont le chef est Youssef Hamaoui.
Les Juifs, alors bien peu nombreux en Palestine, sont contactés de leur côté. Les Sionistes font état de la fameuse proclamation, dite de Jérusalem, par laquelle Bonaparte qui n'a jamais été dans cette ville sainte, aurait promis à la "Nation Juive" de la regrouper sur la terre de ses ancêtres. Rien n'authentifie ce document mais rien ne permet non plus de l'infirmer. Bonaparte a signé bien d'autres lettres ou déclarations analogues, rédigées par ses orientalistes à l'intention de l'émir Bechir du Liban, de Metaouïlis, de chefs bédouins, etc...
Dès son arrivée devant Acre, il écrivait à l'émir Bechir qu'il avait l'intention de rendre la Nation druze indépendante, d'alléger son tribut et de la mettre en possession du port de Beyrouth (1). La similitude avec la Proclamation de Jérusalem saute aux yeux.
Puis les "sonnettes" de Safed et de Nazareth tintent. Abdallah, pacha de Damas, est sur le Jourdain avec 25.000 hommes, dont de nombreux cavaliers. Le 8 avril, Junot et ses 500 Français tiennent en échec une grosse avant-garde turco-arabe, à quelques kilomètres de Nazareth. Kléber quitte aussitôt le siège pour venir en aide à son brigadier. Le 16 avril, ses 3.000 hommes, formés en carré, résistent aux assauts répétés de l'ennemi. Au moment où les munitions commencent à manquer, Bonaparte, accouru d'Acre, apparaît à la tête d'une petite division (Bon) et prend l'adversaire à revers. En pleine panique, Abdallah s'enfuit à Damas, abandonnant son camp, ses drapeaux, ses approvisionnements, des milliers de morts et de blessés. Les fuyards se heurtent à la cavalerie de Murat au pont de Yacoub et se précipitent dans le Jourdain en crue, où beaucoup périssent noyés.
Cette étonnante victoire conduit à nouveau au camp de Bonaparte les émissaires de l'émir du Liban, Béchir II, depuis longtemps déjà en relations avec lui par le truchement de Nakoula et Turki (1763-1828), et aussi ceux des Druzes, des Metaouïlis, des Bédouins et même de grands nomades arabes. Tous promettent de donner des milliers et des milliers de combattants soldés: 10.000, voire 15.000... dès qu'Acre sera tombé! Quant aux populations, elles nous fournissent volontiers bétail, grains, légumes, fruits, ce qui, avec les fréquents déplacements des troupes, limite de façon appréciable la propagation de la peste.
L'ultime assaut contre Acre ayant échoué, Bonaparte décide, le 17 mai 1799, de lever le siège pour rentrer en Egypte. Il a perdu trop de monde: 3.275 hommes tués, blessés ou morts de maladies, dont 3 généraux, Bon, Caffarelli, Rambeau, si l'on croit la version officielle; 4.500 (2.200 morts dont 1.200 au feu et 1.000 décédés des suites de maladies, 2.300 blessés ou malades), selon C. de la Jonquière. Par ailleurs il craint à juste titre un gros débarquement près d'Alexandrie.
L'armée se retire donc de Palestine sans être inquiétée par l'adversaire. La retraite n'en est pas moins pénible du fait de la chaleur, comme des difficultés de transport des blessés et des malades. Nous emmenons avec nous tous les volontaires syriens, palestiniens - et leurs familles - qui, s'étant compromis à nos côtés, quittent leur pays par crainte justifiée de terribles représailles.
Le 14 juin, Bonaparte est de retour au Caire. Le 25 juillet, il anéantit le corps de 18.000 Turcs de Mustapha-pacha, seraskier de Roumélie, débarqué à Aboukir, et fait prisonnier son chef, ainsi qu'un certain janissaire de modeste rang, Mehemet-Ali, lequel deviendra quelques années plus tard le puissant maître de l'Egypte, fondera une nouvelle dynastie et gardera, sa vie durant, de ce terrible contact avec nous un souvenir admiratif.
Il reçoit alors par l'obligeante entremise de Sydney Smith, qui espère ainsi saper le moral des Français, un paquet de journaux d'Europe relatant la perte de l'Italie, les menaces sur notre frontière du Rhin. Ses craintes ainsi confirmées, il décide aussitôt de rentrer en France à la première occasion favorable, laissant le commandement de l'Armée d'Orient à Kléber, car il compte bientôt utiliser Desaix en Italie.
Le 22 août au soir, il embarque près d'Alexandrie à bord de la frégate Muiron, qu'escortent la frégate Carrière et deux petits chebeks, la Revanche et la Fortune. Déjouant les croisières anglaises, il arrive à Fréjus le 9 octobre.
Le 11 novembre, Premier Consul, il est maître de la France.
La fin de l'armée d'Orient
Pendant que Bonaparte guerroyait en Palestine, ses lieutenants ne chômaient pas en Egypte.
L'étonnant Desaix, avec moins de 5.000 hommes, remontant le cours du Nil, battait Mourad-bey à Sediman (7.7.1798), puis à Samanhout (22.1.1799), prenait Siout dont il faisait son quartier-général, Thèbes, Karnak, Louksor, Assouan, atteignait la première cataracte, à 900 kilomètres du Caire, décidait enfin l'occupation de Koseïr, sur la Mer Rouge, pour empêcher l'arrivée des renforts d'Arabie. Sans cesse dispersés, les Mameluks, refoulés soit chez les Noirs, soit dans le désert, étaient fort affaiblis. Pour mieux les atteindre, Desaix commençait à utiliser des dromadaires montés par des Français. Un Copte influent du Saïd, le Maalem Jacob Youhana, ancien intendant de Soliman-bey, l'un des plus redoutables chefs mameluks, recommandé par Bonaparte à Desaix, sert fidèlement ce dernier durant cette difficile campagne, organise ses réseaux de renseignements, assure son ravitaillement, perçoit les impôts pour son compte, au besoin combat vaillamment et obtient de ce fait un sabre d'honneur. La conduite exemplaire de Desaix lui vaut d'être surnommé, dans le Saïd, le sultan juste. Il laisse à son départ pour la France (4.3.1801) Mourad-bey très amoindri.
Le général Duga tient bien en main la population du Caire, Marmont a donné de l'air à Alexandrie; Menou, à Rosette et dans le Bahireh, a fermement, mais non sans souplesse, réprimé maintes rébellions locales.
Après le retour en France de Bonaparte, tous sentent l'absolue nécessité de recruter des Egyptiens pour leurs troupes, décimées par le feu et la maladie, et de confier de plus en plus à des forces auxiliaires le soin du maintien de l'ordre. Kléber, nouveau commandant en chef, est, pour de semblables raisons, dans la même disposition d'esprit. En bon réaliste, il ne sous-estime pas les dangers de la situation.
Les effectifs de ses troupes sont squelettiques, alors que le Grand-Vizir turc, en personne, prépare en Palestine l'invasion de l'Egypte par une nombreuse armée que pourrait appuyer, à titre de diversion, une nouvelle tentative de débarquement sur le littoral du Delta. En Mer Rouge, des vaisseaux de la Compagnie anglaise des Indes, ayant à bord des troupes terrestres, tâtent les défenses de Koseïr et de Suez. Là encore, on peut craindre un débarquement.
Faisant flèche de tout bois, Kléber maintient, en septembre 1799, les deux compagnies syriennes de janissaires, qui restent commandées, l'une par Yacoub Habaïby, ancien cheik de Chef-Amar, l'autre, la seconde, par Youssef Hamaoui. Avec son autorisation, le Grec Barthélémy Serra, ancien chef de police impitoyable au Caire, réunit de son côté quelques dizaines de Mameluks montés, venus à résipiscence. Mais cet apport est insuffisant.
Dans ces conditions, Kléber voudrait disposer, en Bahireh, de la division Desaix, disséminée dans le Saïd. Mais il n'entend pas pour autant livrer cette province à l'anarchie, encore moins la voir se retourner contre nous. Barthélémy Serra lui propose alors de faire sonder les dispositions de Mourad-bey, réduit aux abois, par le renégat grec Husseïn le Zantiote. Celui-ci offrira le gouvernement du Saïd, sous réserve de faire acte d'allégeance aux Français et de les appuyer désormais. Cette proposition intéresse le chef Mameluk. Le 1er novembre 1799, les 1.000 hommes du général Verdier rejettent à la mer, près de Damiette, les 7.000 bons janissaires d'Ali-bey, débarqués par l'inlassable Sydney Smith. Ce succès décide Mourad-bey, et Desaix commence à se replier sur la Basse-Egypte, suivi de son fidèle collaborateur, le maalem Jacob, qui se réinstalle dans sa maison du Caire.
Fort de l'exploit de Verdier, Kléber entre en négociations avec le Grand-Vizir, comme Bonaparte l'y avait autorisé s'il le jugeait indispensable, et désigne comme plénipotentiaires Desaix et Poussieelgue. Un accord est conclu.
Aux termes de la convention d'El Arich, du 24 janvier 1800, l'Armée d'Orient se repliera avec armes et bagages, ainsi que ses auxiliaires indigènes, sur Alexandrie, Aboukir, Rosette, "pour y être embarquée et transportée en France, tant sur ses bâtiments que sur ceux qu'il sera nécessaire que la Sublime Porte lui fournisse". Mais Sydney Smith fait savoir que son Gouvernement ne donne pas son aval et exige que les Français se constituent prisonniers de guerre, purement et simplement. Kléber transmet le texte de l'ultimatum à ses troupes, avec ce bref commentaire: "Soldats! on ne répond à une telle insolence que par la victoire; préparez-vous à combattre". Le 20 mars 1800, Kléber, à la tête de 10.000 hommes, met en totale déroute, à Héliopolis, près du Caire, les 70.000 hommes du Grand Vizir, Nassif-pacha. Puis il mate, avec l'aide de Mourad-bey, la seconde rébellion des Cairotes, ainsi que celle des paysans de la Bahireh.
Le Grec Nicole (Nicolas) Papas Oglou, originaire de Tchesmé, près de Smyrne, ancien "amiral" de la flottille de guerre des Mameluks, rallié à nous après la bataille des Pyramides, avait fini par exercer le commandement des trois compagnies grecques créées par Bonaparte pour assurer la sécurité de la navigation sur le Nil. Desaix, Dugua, Menou le tenaient en haute estime. S'étant à nouveau distingué lors de la deuxième révolte du Caire et la reprise de l'important quartier de Boulak, il est nommé par Kléber chef de brigade, commandant la Légion grecque, formée des trois anciennes compagnies, successivement renforcées et portées jusqu'à 1.500 hommes "grâce à des marins recrutés parmi les équipages des bateaux marchands, saisis à Alexandrie" (G. Guimard).
Avant de rentrer en France à bord d'un voilier ragusain, Desaix avait d'autre part recommandé son précieux compagnon, le maalem Jacob, qui s'était encore bien comporté dans les combats de rues du Caire. Kléber le charge alors de créer une Légion copte avec les Coptes épars dans nos unités régulières et de nouveaux volontaires, soit bientôt de 700 à 800 hommes. Il confie aussi au maalem Jacob le soin du recouvrement de l'amende de douze millions de francs infligée aux Cairotes révoltés.
Désespérant de vaincre l'indomptable Kléber, Nassif-pacha et l'agent secret anglais Morier le font finalement assassiner dans son palais, le 14 juin 1800, par un jeune fanatique alépin, du nom de Soleïman. Parmi les troupes qui rendent les honneurs à la dépouille du héros, figurent la Légion grecque et la Légion copte. Le 2 novembre 1800, ces mêmes unités assistent, leurs chefs en tête, à la cérémonie funèbre commémorant la mort glorieuse de Desaix à la bataille de Marengo. Le Maalem Jacob est particulièrement affecté par la perte de son bienfaiteur et ami dont il admirait sans réserve la haute valeur morale.
Jacques Abdallah Menou, le converti à l'Islam, succède à Kléber par droit d'ancienneté. Quinquagénaire, il fait figure de vieillard dans cette Armée d'Orient où foisonnent les jeunes chefs de valeur. Bon administrateur, s'intéressant aux Egyptiens, il n'a ni le coup d'oeil, ni l'esprit de décision, ni la farouche énergie du chef de guerre né. Avec lui, l'Armée d'Orient ne sera pas commandée, alors que sa situation empire de jour en jour, que la peste continue à sévir. Desaix parti, Belliard a la responsabilité du Caire. Menou utilise au mieux les Légions grecque et copte dont il favorise le recrutement. Il nomme général de brigade le maalem Jacob, chef de cette dernière.
"Le 18 messidor an VIII (7 juillet 1800), par suite des nombreux apports venus principalement de la Haute-Egypte, après le traité avec Mourad-bey, une nouvelle organisation est décidée par le général Menou, et Syriens et Mameluks sont réunis en trois compagnies qui se fondent aussitôt en un seul corps sous le nom de "1er Régiment des Mameluks à cheval", ou encore de "Régiment des Mameluks de la République". Cette troupe est commandée par le chef de brigade Bartolomeo (Barthélémy) Serra qui a en même temps la première compagnie sous ses ordres; le chef d'escadron Yacoub Habaïby commande la seconde et le chef d'escadron Yousef Hamaoui la troisième. Son effectif est de 12 officiers et de 253 hommes" (Jean et Raoul Brunon).
De son côté, Bonaparte, Premier Consul, tente à diverses reprises, mais en vain, de faire parvenir renforts et matériel à son ancienne Armée, en voie de consomption, mais les événements se précipitent. Le 8 mars 1801, 16.000 Anglais, aux ordres du général sir Ralph Abercombrie, débarquent à Aboukir. Menou reste inerte. Le général Baird, avec 5.000 Anglais et cipayes venus des Indes, s'empare de Koseï, puis de Suez. 6.000 janissaires albanais et 15.000 Turcs, à bord de la flotte du capitan-pacha, ou concentrés à Gaza, s'apprêtent à coordonner leurs efforts. Pour comble de malheur, notre nouvel allié, l'énergique Mourab-bey, atteint de la peste, ne va pas tarder à mourir. L'heure du hallali a sonné pour l'Armée d'Orient...
Le 21 mars, Menou se résoud à se porter à la rencontre des Anglais, parvenus très lentement à Canope, à mi-chemin d'Aboukir et d'Alexandrie. Battu, il perd 4.000 hommes, dont cinq généraux tués. L'un d'eux, le bouillant Lanusse, l'interpelle ainsi avant de succomber à ses blessures: "Jamais un homme comme toi n'aurait dû commander les armées françaises; tu n'étais bon qu'à diriger les cuisines de la République!"
Du côté anglais, Abercombrie est tué, 2.000 hommes sont hors de combat. La Légion grecque s'est fait bravement décimer au cours de cette malencontreuse affaire, ainsi qu'une partie du régiment des dromadaires. Menou, que l'adversaire ne poursuit pas, s'enferme alors dans Alexandrie d'où il ne bougera plus, laissant l'envahisseur concentrer toutes ses forces afin d'accabler Belliard.
Celui-ci, cerné au Caire par les Anglais, les Albanais, les Turcs, les Arabes, la populace et ce qui reste de Mameluks, est vite à bout de vivres. Il se résoud donc à capituler le 27 juin 1801, ayant obtenu, non sans mal, du général Hutchinson les conditions mêmes prévues par la convention d'El Arich du 24 janvier 1800, à savoir d'être embarqué à Damiette avec ses troupes, armes et bagages compris, les savants de l'Institut d'Egypte, les auxiliaires syriens, égyptiens, grecs et coptes, dont le général Maalem Jacob resté fidèle jusqu'au bout; soit, au total, 13.654 hommes se répartissant comme suit:
11.168 soldats valides,
1.300 malades,
344 marins,
82 civils,
760 Grecs, Coptes, Syriens et Mameluks.
A son départ du Caire, le 10 juillet, il emporte le cercueil contenant les restes de Kléber auxquels Français, Anglais et Turcs rendent les honneurs militaires.
L'article XII de l'acte de capitulation spécifiait que "tout habitant de l'Egypte, de quelque religion qu'il soit, qui voudra suivre l'Armée Française sera libre de le faire sans qu'après son départ sa famille soit inquiétée ni ses biens séquestrés".
Et l'article XIII de préciser qu'"aucun habitant de l'Egypte, de quelque religion qu'il soit, ne pourra être inquiété ni dans sa personne ni dans ses biens, pour les liaisons qu'il aura eues avec les Français dans leur occupation d'Egypte". Nous n'avions donc pas failli à l'honneur en abandonnant nos auxiliaires. Ceux-ci n'usèrent pas tous de la faculté qui leur était donnée de partir. Par contre, beaucoup de ceux qui nous suivirent se firent accompagner de leurs familles.
Après notre départ du Caire, des vengeances furent certes exercées, nonobstant les garanties données. Ainsi, le cheik El Bekri, naqib des chorfa (descendants du Prophète) au Caire, fut-il promené nu dans les rues, monté sur un âne, bâtonné et couvert de crachats. Quant à sa fille, soupçonnée d'avoir eu des relations sexuelles avec Bonaparte, on lui trancha la tête. En l'occurrence, la honte retombe sur ceux qui, trahissant leur parole, se livrèrent à ces excès ou les tolérèrent.
Le 13 août, Belliard embarque à Damiette à bord de la frégate anglaise La Pallas, capitaine Joseph Edmonds, accompagné du général Maalem Jacob, de la famille et de compagnons de celui-ci, que beaucoup de ses Coptes ne suivirent d'ailleurs pas dans l'exil. Trois jours plus tard, Jacob mourait en mer. Grâce à la courtoisie d'Edmonds, le corps ne fut pas immergé, mais mis dans une barrique d'eau de vie et inhumé plus tard, non pas auprès de Desaix comme le défunt en avait exprimé le désir, mais dans un cimetière de Marseille (3).
Le triste Menou, après avoir flétri la conduite de Belliard, capitule à son tour, le 2 septembre 1801, aux mêmes conditions que celui qu'il accusait de faiblesse. La Légion grecque se désagrégea alors, comme la Légion copte peu auparavant, "la plupart des hommes ne voulant pas quitter le Levant. Quand Nicole (Papas Oglou) s'embarqua pour la France sur le vaisseau parlementaire anglais, le Dauphin, il n'emmena avec lui que 339 hommes; par contre, tous ses officiers l'avaient suivi (A. Boppe). La traversée de retour des survivants fut sans histoire notable. Menou, atteint de la peste, en guérit fort bien.
Ainsi prit fin la glorieuse épopée de l'Armée d'Orient. Aux prix d'efforts surhumains et de pertes considérables - la moitié environ de l'effectif initial de 35.000 combattants - privés de toutes communications avec la Métropole, dénuée de ressources, sans espoir de secours, elle avait tenu l'Egypte trois ans et deux mois, poussé une pointe audacieuse en Syrie, faisant l'admiration de tous, y compris de Mehemet-Ali, futur maître de l'Egypte, du Hedjaz et de la Syrie...
Bonaparte et ses deux successeurs avaient ainsi mis sur pied des forces auxiliaires de toutes confessions et de races diverses, fort utiles mais numériquement insuffisantes. En un si court laps de temps, ils ne pouvaient faire mieux. Les rangs des troupes françaises s'étaient par ailleurs ouverts aux jeunes Mameluks, aux Turcs, aux Egyptiens, aux Noirs, ces derniers échappant ainsi, ipso facto, à la condition peu enviable d'esclave.
François Charles-Roux note très pertinemment que, ce faisant, Bonaparte se proposait de "gagner par les satisfactions matérielles et d'amour-propre que comporte le métier des armes, et d'assimiler par la discipline militaire les éléments guerriers de la population égyptienne". Selon cet auteur très bien informé, le jeune commandant en chef aurait désiré aller plus loin, en instaurant le système de la conscription, mais il savait la mesure prématurée.
Cette importante réforme ne sera accomplie que beaucoup plus tard, et de façon très progressive, par Mehemet-Ali, avec l'aide d'instructeurs français, dont le fameux Joseph Sève, futur général de division Soliman-pacha.
D'autres solutions, aux résultats plus immédiats, vinrent à l'esprit de Bonaparte. L'une consistait à incorporer chaque année plusieurs milliers de Noirs de Nubie, c'est-à-dire du Sennaar, du Darfour, du Kordovan, dans les demi-brigades françaises, à raison de vingt hommes par compagnie; l'autre, à constituer une armée noire de 5.000, 10.000, voire 15.000 hommes, solidement encadrée par des Français. Il comptait tirer de l'Egypte 10.000 chevaux et 1.500 mulets pour sa cavalerie et son artillerie, 50.000 dromadaires pour ses transports.
Desaix pensait de même, mais avoir moins d'ampleur. Il proposait de créer dans le Saïd une pépinière de jeunes soldats comprenant 2.000 Mameluks, transfuges de Mourad-bey, 2.000 Noirs, 2.000 Arabes auxquels seraient amalgamés de jeunes Français, notamment les mousses des navires, l'ensemble étant aux ordres d'officiers confirmés.
Toutes idées qui seront reprises et réalisées une centaine d'années plus tard, notamment par le général Charles Mangin, ardent promoteur de l'armée Noire.
Venant de ce site sur Napoleon
http://www.napoleon.org/fr/salle_lectur…
Aller voir aussi ce site fort interessant concernant Bonaparte en Egypte,un site qui parle du temps des colonies vu par les vaincus
http://haineoccident.caloucaera.org/egy…
http://haineoccident.caloucaera.org/ind…
Bataillon des Chasseurs d'Orient 1802-1814
Ce bataillon est formé par décret du 17 nivôse an X (7 janvier 1802) des débris des légions grecque et copte, levées au cours de l'expédition d'Egypte, et est placé sous le commandement du colonel de la légion grecque, Nicolas Papas Oglou.
Il comprend 309 hommes à sa création, y compris une compagnie de canonniers forte de 14 hommes.
Il tient d’abord garnison à Marseille, puis à Toulon.
Le 1er juin 1806, il est envoyé à Raguse, et doit se recruter d’Albanais.
Le 1er juin 1807, il est organisé à 8 compagnies de 100 hommes et est placé à Céphalonie, avec une compagnie à Corfou, et une à Parga.
En 1810, le bataillon ne compte plus que 203 hommes ; son effectif descend à 104 hommes en 1812, et est réduit à 35 en 1813.
Le corps est licencié le 29 septembre 1814.
http://www.1789-1815.com/arfr3_ch_orien…
PAPAS OGLOU Nicolas (1758-1819) Officier grec, amiral de la flottille des mamelucks de Mourad Bey, il entra au service de la France en Egypte, puis en Dalmatie. Mort a Marseille
aller voir aussi l Histoire scientifique et militaire de l'expedition francaise en Egypte de Louis Reybaud
http://books.google.com/books?id=qgwGAA…
Attendez que les pages se load ou soit downlaoder tout le livre sous format PDF
En réponse à L origine de la presence grecque au XVIII siecles a Marseille par alex
Les Grecs de Marseille et le nationalisme grec
Les Grecs de Marseille et le nationalisme grec
Par rapport à d'autres communautés grecques, déjà très bien étudiées, comme celle d'Alexandrie, la communauté grecque de Marseille apparaît comme une grande oubliée, les monographies sur le sujet brillant plutôt par leur absence. En ce qui concerne la documentation à ce sujet - sur laquelle je travaille depuis deux ans - on peut signaler la thèse de Pierre Echinard (1973 ), Grecs et Philhellènes à Marseille, de la Révolution française à l'indépendance de la Grèce , qui couvre l'époque entre 1793 et 1830. Plus récemment (1998), Anna Mandilara a présenté à l'Université européenne de Florence sa thèse sous le titre The Greek Community in Marseille, 1816-1900 : Individual and Network Strategies . En dépit et au-delà de l'intérêt de cet ouvrage sur la question de la diaspora grecque, il apparaît que le sujet n'est traité par l'auteur que d'un point de vue strictement économique. Signalons aussi l'ouvrage de Sophie Basch, Le Mirage grec, La Grèce moderne devant l'opinion française (1846-1946) , qui étudie la perception qu'avaient les écrivains français de la Grèce, et qui fait quelquefois référence, mais rarement, aux deux principales communautés grecques du XIXe et du début du XXe siècle, celle de Marseille, et celle de Paris. Mis à part ces trois études et quelques articles quelque peu généraux, aucune étude approfondie n'a encore été effectuée sur l'ensemble de cette minorité dynamique en France. Il s'agit donc d'un champ nouveau d'investigation.
Cette minorité est faite de riches marchands, d'armateurs, d'intellectuels et de négociants internationaux disposant de maisons de commerce qui deviennent, au cours de la deuxième moitié du XIXème siècle, de véritables dynasties présentes dans toutes les grandes villes ports de l'Europe, de la Méditerranée et bien au-delà, jusqu'à Odessa, sur la Mer Noire, grâce notamment au contrôle que les négociants grecs exercent sur l'essentiel du commerce du blé russe. A preuve, ce constat d'un inspecteur de la Banque de France à propos des Grecs en 1860 : « A l'est et à l'ouest de la Méditerranée, à Constantinople et à Marseille, sont les sièges principaux de leurs affaires ». En ce qui concerne Marseille, en 1863, on peut y dénombrer, selon Echinard, une centaine de maisons de commerce grecques, « deux fois plus que Londres, trois fois plus que Vienne ou Livourne » et peut-être autant que Trieste. Un exemple éclatant de cette communauté florissante, révélé par les archives privées de la famille Zarifi, toujours présente à Marseille : la maison Zafiropoulo et Zarifi, dite la maison Z/Z, fondée en 1852 et vouée à l'importation de blé d'Odessa, prend une importance capitale en devenant une des plus prospères maisons du commerce marseillais. Outre Marseille, la Maison Z/Z a eu des agences à Constantinople (son siège central), à Londres-Liverpool, à Odessa et à Trieste. Les deux lettres Z/Z, inscrites sur les sacs de farine, furent connues et popularisées dans tout le midi de la France. Après la loi sur le blé (début 1900), d'inspiration nettement protectionniste, la maison se tourne vers l'industrie et la finance, contribuant puissamment à l'essor de Marseille. Deux autres exemples également révélateurs : d'abord la famille Argenti, venant de Chio, qui fonda à Marseille en 1820 la société « Argenti père et fils », réunissant ainsi les intérêts de ce réseau familial présent dans plusieurs villes européennes. Philip Argenti, né à Marseille vers la fin du siècle, devient par ses donations à la Grèce un des célèbres évergètes (bienfaiteurs). Puis, la famille Rodocanachi. Fuyant les massacres de Chio, la famille s'établit dès 1822 à Londres, Marseille, Livourne et Odessa. Parmi ceux qui sont restés en France, il faut citer Emmanuel (1859 - 1934), historien, membre par correspondance de l'Académie d'Athènes et couronné par l'Académie française pour l'ensemble de son oeuvre.
Pourtant, notre intérêt va bien au-delà de la dynamique évidente des réseaux des dynasties marchandes grecques installées à Marseille et dans d'autres pays. On s'intéresse avant tout aux mouvements d'idées qui contribuent (toujours par le biais de ces élites) à définir ou à renouveler les lieux culturels des villes. A l'arrière-plan de ce bouillonnement extraordinaire, il y a un thème phare expliquant en partie les balises chronologiques de cette présentation : la Grande Idée (Megale Idea) qui, surtout à partir des années 1850 et 1860 et jusqu'en 1922, enflamme une bonne partie de la diaspora grecque ; la Grande Idée qui, mêlant les souvenirs du passé grec de l'époque classique hellénistique et byzantine, aspire au retour du jeune royaume grec aux frontières géographiques de la « Grande Hellade » : les territoires peuplés par les Grecs, maintenus sous domination ottomane, ainsi que ces terres où avait rayonné autrefois la civilisation grecque. Et c'est là où le thème de la gréco-latinité, soit la longue durée de l'Hellénisme et ses prolongements dans le coeur même d'une France « latine », intervient de façon active.
Véritable réplique de la communauté d'Alexandrie, les Grecs de Marseille tantôt participent à la vie politique de la ville, tantôt patronnent la vie culturelle, artistique et sportive (et même la presse), et la Légion d'Honneur vient couronner l'oeuvre philanthropique de certains d'entre eux. En ce qui concerne la Grèce elle-même, la présence de ces mécènes grecs de Marseille se fait là aussi vivement sentir : ils dotent les écoles (comme, par exemple Auguste Ralli, qui, à sa mort en 1878, laissera des sommes considérables aux Lycées d'Athènes et de Chio), visant à la fois l'apprentissage de la langue grecque et une culture de haut niveau, ils érigent des hôpitaux, ils envoient des secours lors des grandes catastrophes naturelles, ils reçoivent avec tous les honneurs les représentants du gouvernement grec, ils soutiennent, discrètement et efficacement, l'insurrection crétoise etc. Mais les Grecs de Marseille, comme les documents le prouvent, et exactement comme ceux d'Alexandrie, soutiendront, on l'a dit, de façon dynamique la Grande Idée, diffusée depuis Athènes en direction de l'ensemble des communautés grecques de la diaspora et de l'Orient. A preuve, l'accueil et le soutien offerts par la communauté grecque à Jean Colettis (le grand représentant de la « Megale Idea ») à l'occasion de son voyage à Marseille. A preuve encore, l'Association Coray, dont le comité directeur, composé de Rallis et Zafiropoulos, espérait que la publication des quatre volumes de la correspondance du « grand homme» ait comme effet « l'imitation de ses sentiments patriotiques et l'extension de l'Hellénisme ». Enfin, capitale, la célébration en 1899 du 25 e centenaire de la fondation de la colonie hellénique : Massalia, et le discours de l'archimandrite de l'église orthodoxe de Marseille, Grégoire Zigavinos, sur « l'influence de l'esprit hellénique dans l'Occident ». S'y côtoient, en toutes lettres, gréco-latinité, longue durée de l'hellénisme, et défense de la Grande Idée.
La langue grecque étant un élément vital pour le maintien et la survie de cet hellénisme au-delà des frontières de la Grèce, un autre thème capital doit être ici mentionné : celui de l'histoire de la langue hellénique dans le pays d'accueil. On a voulu cerner les importantes questions suivantes. Comment, par exemple, la question linguistique s'articule-t-elle à la Grande Idée ? Quels efforts les Grecs de France font-ils pour que leurs enfants apprennent la langue de leur patrie ? Comment les intellectuels grecs se définissent-ils dans le débat entre la langue « démotique » (ou populaire) et la « katharevousa » (ou langue officielle) ? Déjà, il apparaît qu'à Marseille, les enfants grecs vont au réputé Lycée de Marseille (le Lycée Thiers) pour apprendre, entre autres matières, et à la demande des parents, le grec moderne. Les archives de ce lycée (couvrant la période allant jusqu'aux années 1870) nous donnent une image pittoresque du type d'enseignement ainsi que des moeurs de cette école.
Quant au philhellénisme français de la ville, il est intimement lié à la cause nationale grecque. De pair avec la communauté grecque, deux réseaux philhellènes français s'illustrent particulièrement par leur soutien à la cause de la Grande Idée : celui du quotidien Le Sémaphore de Marseille , qui depuis les années 1830, est sous les auspices de la famille Barlatier (Auguste Barlatier [1809-1885] a même été honoré du titre suprême, celui de chevalier de l'ordre du sauveur de la Grèce); et celui gravitant autour de Jules Blancard, traducteur et historien, qui, en tant que professeur de Grec Moderne, d'abord au lycée de Marseille et ensuite à la Faculté des Lettres de Marseille (1878- débuts des années 1880) plaide auprès de son public pour « les droits légitimes de la Grèce » en soutenant avec acharnement la cause grecque. Il faut également mentionner ici que la Revue d'études grecques , publiée à Paris , explorée pour la période allant de 1871 à 1914, ainsi que le journal L'indépendance hellénique , édité à Athènes, font tout naturellement le pont entre les Grecs de France et ceux de la grande diaspora hellénique.
On l'a compris, cette étude vise en dernière instance à rendre à la France une mémoire grecque, et à faire émerger en Grèce une mémoire française.
Venant de ce site
http://barthes.ens.fr/clio/revues/AHI/a…
Et allez voir aussi ceci The Greek Business Community in Marseille, 1816-1900 : Individual and Network Strategies
http://barthes.ens.fr/clio/revues/AHI/l…
La loge et l’étranger : les Grecs dans la Franc-maçonnerie marseillaise au début du XIXe s.
Mathieu Grenet
« Nous avons à Marseille des tribus étrangères qui s’y sont domiciliées à différentes époques, et qui, invariablement attachées à leurs coutumes, ont vécu au milieu des habitants du pays sans se mêler avec eux.
Nous rangeons dans cette classe les Israélites, les Catalans et les Grecs. »
Cette formule lapidaire n’est pas le fait de quelque voyageur égaré dans la cité phocéenne, mais bien d’un très fin connaisseur de Marseille, en l’occurrence le puissant comte Christophe de Villeneuve-Bargemont, préfet des Bouches-du-Rhône de 1815 à sa mort, en 1829.
Au-delà de la vaste problématique de la constitution des minorités comme objets politiques, ce constat découle donc d’une approche pratique de la figure de l’étranger : incarnant une altérité radicale, les Grecs, à Marseille comme probablement partout ailleurs, seraient ainsi porteurs d’une identité à la fois si singulière et si irréductible qu’il n’y aurait entre eux et les populations locales que de rares contacts et aucun mélange...
L’explication que l’on serait immédiatement tenté de donner d’un tel jugement est le caractère tardif de l’émigration hellénique en direction de la cité phocéenne : le cadre chronologique de notre étude, à savoir le premier quart du XIXe siècle, correspond en effet à ce que l’on pourrait qualifier de « proto-migration » grecque vers Marseille.
Au total, une petite centaine de Grecs arrivent sur le Vieux Port sous le Consulat et l’Empire, et cette première vague migratoire se caractérise par une instabilité des implantations due à une sensibilité aux conjonctures économiques et politiques : alternant courts séjours, tentatives d’implantation, départs précipités et prospections dans d’autres ports de la Méditerranée (en particulier Triste et Livourne), les Grecs de Marseille ne semblent dans un premier temps connaître d’installation que provisoire, et il faut attendre la fin de l’Empire pour les voir s’y installer de manière plus stable et durable, stabilité que vient confirmer l’étude des données démographiques de la colonie hellénique3.
Cependant, si les Grecs sont des nouveaux venus à Marseille à l’extrême fin du XVIIIe siècle, ils ne sont pas pour autant inconnus dans les circuits du grand négoce international, où leur présence remonte aux XVe et XVIe siècles, lorsque profitant de l’intensification des échanges commerciaux entre l’Europe occidentale et le Levant, ils parvinrent à s’imposer comme les intermédiaires indispensables entre les marchands européens et le monde ottoman, ne tardant pas à former des colonies tout autour du bassin méditerranéen, de l’Egypte à la Mer Noire, et de l’Asie Mineure à la péninsule italienne6.
La tentation est dès lors grande de tirer de ce constat d’un double cosmopolitisme (celui de la diaspora hellénique et celui de la cité phocéenne) des conclusions hâtives quant à la « nécessaire » intégration de ces étrangers dans la ville, conclusions qui viendraient « naturellement » s’opposer aux propos du comte de Villeneuve-Bargemont. Une autre approche consiste à l’inverse à définir un certain nombre d’« observatoires privilégiés » nous permettant de saisir la réalité de l’intégration de ces immigrés dans la cité, et la loge maçonnique nous semble à cet égard être une « échelle d’observation » pertinente : considérés comme un petit groupe replié sur lui-même et fermé sur la société d’accueil, les Grecs seraient-ils ainsi au nombre de ces « impossibles semblables » dont parle Pierre-Yves Beaurepaire à propos de ceux « qui diffèrent trop pour être admis dans la communauté des pairs »?
Notre propos n’est donc pas d’analyser un engouement massif des nouveaux arrivants pour la Maçonnerie phocéenne, mais bien plutôt de chercher puis de regrouper les témoignages épars d’engagements individuels qui, pris ensemble, pourraient nous permettre de donner un aperçu des rapports qu’entretinrent ces premiers immigrants grecs avec la Franc-maçonnerie marseillaise.
Extrait venant de ce site
http://cdlm.revues.org/document1169.htm…
Et aller voir la saga de la famille Zarifi sur ce site
http://www.christopherlong.co.uk/per/wh…
En réponse à Les Grecs de Marseille et le nationalisme grec par alex
Le martyre de Chios et l avenement du philhellenisme
Le Massacre de Chios fut perpétré par les Ottomans contre la population grecque de l’île de Chios en avril 1822. Il constitue un des épisodes les plus célèbres de la guerre d'indépendance grecque.
L'île était une des plus riches de la mer Égée et les insurgés grecs tentèrent de la rallier à leur cause.
L'Empire ottoman ne pouvait l'accepter. Il désirait faire un exemple qui impressionnerait ses sujets insoumis, voire aussi venger le massacre de Turcs par les Grecs lors du siège de Tripolizza.
Après un débarquement d'un millier de partisans grecs, la Sublime Porte envoya près de 45 000 hommes avec ordre de reconquérir puis raser l'île et d'y tuer tous les hommes de plus de douze ans, toutes les femmes de plus de quarante ans et tous les enfants de moins de deux ans, les autres pouvant être transformés en esclaves.
Le bilan est estimé à 25 000 morts tandis que 45 000 Grecs auraient été vendus comme esclaves. Seulement 10 000 à 15 000 personnes auraient pu s'enfuir et se réfugier principalement dans les autres îles de l'Égée.
Ce massacre de civils par les troupes ottomanes marqua l'opinion
publique internationale et participa au développement du philhellénisme.
Aller voir l histoire des massacres de Chios sur wikipedia
http://fr.wikipedia.org/wiki/Massacre_d…
En dépit de cette double menace qui plane sans cesse sur les habitants de l'île, tous les Grecs 'de bon ton' aimaient se dire originaires de Chios. Sa prospérité fut constante ou du moins toujours rétablie assez rapidement après une crise ou calamité, peut-être en raison de cet or blanc-gris dont les arbres recèlent et qui a fait sa fortune - le mastic, gomme parfumée tirée du lentisque et qui faisait fureur dans tous les salons et harems de l'Empire Ottoman -, mais plus sûrement en raison de l'esprit industrieux de ses habitants.
Comme le dit si justement Fustel de Coulange dans son Mémoire sur l'île de Chios, cité par W. Sperco (ibid):
"…Qui veut connaître les [habitants de Chios] les trouve partout. Où il y a des négociants, on est sûr de les rencontrer et parmi les plus riches. Chio n'est pas à Chio, elle est partout où est le grand commerce; elle est à Marseille, à Trieste, à Londres, à Odessa, à Syra, à Alexandrie….un frère prend pour lui Odessa, un autre Alexandrie, un troisième Marseille…toutes les affaires se font avec la famille jamais avec l'étranger".
La proximité géographique, le dynamisme commercial, axé sur le commerce maritime, les liens privilégiés avec Marseille et les autres grandes cités marchandes d'Europe ou de Méditerranée, la double menace de l'invasion ottomane et des tremblements de terrre, la forte influence des communautés latines, c'est à dire catholique…tout concourt à rapprocher Smyrne et Chios et explique leur traitement conjoint dans ce chapitre.
Veant de ce site fantastique a voir absolument
http://www.cercledulevant.net/chios_his…
Un temoignage
http://www.pages-tambour.com/grecs.html
Site en anglais fort interessant sur le massacre de Chios et sa diaspora avec des peinture de Delacroix
http://www.christopherlong.co.uk/per/ch…
Ce sujet est dedie a mon ami Benjamin le massaliote,l histoire de la diaspora grecque de Marseille est la meme que celle qu a vecu la diaspora martyre armenienne elle aussi condamner a l exil
Bonne lecture
Ta leme
En réponse à Les Grecs de Marseille et le nationalisme grec par alex
Re: Les Grecs de Marseille et le nationalisme grec
Bonjour à tous,
Pour ceux que l'histoire des Grecs de Marseille aux 18e-19e siècles intéresse, je me permets de signaler ma thèse de doctorat, récemment soutenue à l'Institut Universitaire Européen de Florence :
"La fabrique communautaire. Les Grecs à Venise, Livourne et Marseille, v.1770-v.1830", Thèse de doctorat, IUE, Florence, 2010, ix-603 p.
N'hésitez pas à me contacter !
Cordialement,
Mathieu
Re: Massalia et l origine de la diaspora grecque de marseille
Sur Pythéas, lire :
"Barry Cunliffe : Pythéas le Grec découvre l'Europe du Nord, IVe siècle av. J.-C."
Editions Autrement, Collection "Mémoires", n°91 - avril 2003, 175 p.
Barry Cunliffe est professeur d'archéologie européenne à l'Université d'Oxford, en Grande-Bretagne.
"A la manière d'un détective, grâce aux descriptions laissées par Pythéas - qui constituent les textes les plus anciens sur la Bretagne, les îles britanniques et l'Europe du Nord-, grâce aux connaissances géographiques et scientifiques actuelles - indices, fouilles inédites, vestiges de textes classiques - Barry Cunliffe part sur les traces de Pythéas et nous livre un récit unique, documenté, vivant, de ce voyage extraordinaire, aux confins du monde".
Traduit de l'anglais par MG L'Her.
Lavrendis
En réponse à Re: Massalia et l origine de la diaspora grecque de marseille par Lavrendis
Et aujourd'hui ?
Une communauté ne se limite pas qu'à son histoire.
http://www.greekinsight.com/?conID=8600…
Pour être exhaustive, la compilation d'Alex pourrait aussi mentionner les immigrations d'Asie Mineure-Constantinople et surtout du Dodecanese. Cette dernière composant la majorité des grecs du bassin industriel autour de Fos S/Mer