et voir le drapeau et entendre l'hymne "national" concoctés de l'extérieur pour la future république banannière d'Europe
40% des Chypriotes grecs sont des réfugiés chassés du nord de Chypre par l’armée turque en 1974 et remplacés par des colons venus de Turquie. Avant 1974, les Grecs constituaient la majorité de la population du nord de l’île.
Comment comprendre ce « NON » sans prendre en compte ce traumatisme ?
Or le plan ANNAN prévoit l’octroi de la citoyenneté chypriote aux colons turcs, qui constituent la majorité de la population actuelle du nord de Chypre (les Chypriotes turcs, installés depuis le 16e siècle, sont estimés à seulement 95.000 personnes).
Le plan ANNAN donne la possibilité au futur état fédéré chypriote turc d’interdire l’installation des citoyens chypriotes grecs au nord de Chypre pendant 19 ans, s’ils dépassent un quota de 18% de la population dudit état. Et cela, en violation totale de la liberté d’installation dont jouira n’importe quel autre citoyen de l’Union européenne.
Le même plan prévoit encore la possibilité pour chaque état constituant de s’opposer, sans limitation de durée, au-delà de la période de 19 ans, à l’installation de citoyens parlant une langue différente de sa langue principale, ceci afin de « préserver l’identité dudit état ».
Le plan ANNAN prévoit également que les réfugiés chypriotes grecs chassés du nord en 1974 et 1975, ne pourront récupérer leurs propriétés situées sur le territoire du futur « état chypriote turc ». En remplacement, des indemnisations ridicules basées sur la valeur de ces biens à l’époque de la spoliation (c'est-à-dire en 1974-1975) sont prévues. Elles devront être payées, pour l’essentiel, c’est un comble, par Chypre elle-même et non par la Turquie.
En bref, le plan ANNAN prévoit le « gel ethnique » de l’île, afin d’empêcher les Chypriotes grecs de redevenir majoritaires au nord de Chypre. Il reprend ainsi l’idée turque de purification ethnique et de partage de l’île – TAKSIM - dont les premiers plans, dans les années 50, rêvaient d’une confédération sur base ethnique après déplacement des populations. C’est la raison pour laquelle le oui l’emporte au nord. Mais peut-on reprocher aux Chypriotes grecs de n’en pas vouloir ? Cela devrait réveiller la conscience des citoyens européens que nous sommes.
Enfin, le plan ANAN prévoit que Chypre devra nécessairement soutenir l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne.
Le plan ANNAN est en recul par rapport aux résolutions de l’ONU qui prévoyaient le retour des colons et le départ de l’armée turque. Il est en recul par rapport à la décision LOIZIDOU c/ TURQUIE de la Cour européenne des droits de l’homme, qui posait le principe du respect intégral du droit de propriété de réfugiés chypriotes et de la réparation de leur préjudice pour la privation de leurs biens pendant 30 ans.
Je n’aborde pas les aspects institutionnels et constitutionnels du plan, qui sont tout aussi choquant puisqu’ils octroient un véritable droit de veto à la minorité turque.