LE MONDE | 17.05.04
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POUR PROGRESSER AVANT LES JO D'ATHENES, LE JUDO GREC A PRIS L'ACCENT GEORGIEN
A Bucarest, les championnats d'Europe ont accouché d'une hiérarchie déconcertante.
Bucarest de notre envoyé spécial
L'Espagne, la Roumanie et la Turquie ont terminé, dans cet ordre, en tête du classement des médailles des championnats d'Europe de judo, qui se sont déroulés du 14 au 16 mai à Bucarest (Roumanie). La Russie et la France, traditionnellement les deux nations majeures du judo européen, se sont classées respectivement dix-huitième et dix-neuvième, sans disputer la moindre finale.
C'est que la proximité des Jeux d'Athènes, qui débuteront le 13 août, fausse les perspectives. Pour certains, Bucarest était la dernière occasion de décrocher la qualification olympique. D'autres, mieux pourvus, se sont contentés d'un tour de piste en vue d'accumuler les informations, misant tout le mois d'août.
La Grèce n'avait pas ces problèmes. Qualifiée automatiquement pour les Jeux, en tant que pays-hôte, dans toutes les catégories, elle était considérée jusque-là comme une nation mineure du judo.
"Il y a un an, je n'aurais pas donné une chance sur cent aux Grecs d'obtenir une médaille aux Jeux olympiques, déclare Fabien Canu, le directeur technique national du judo français. Maintenant, je pense qu'ils peuvent au moins en décrocher deux."
En général, les moyens déployés par le pays organisateur des Jeux permettent à ses représentants de se faire une place grandissante sur les podiums internationaux dans l'olympiade précédant l'échéance. Les judokas grecs auront vraiment attendu le dernier moment : à Bucarest, ils ont obtenu leurs deux premières médailles internationales, hissant leur pays au septième rang des nations.
Ilias Iliadis, 18 ans, a remporté le titre européen chez les moins de 81 kilos, alors que Revazi Zidiridis se contentait de la médaille d'argent des moins de 60 kilos. Tous deux sont nés en Géorgie. C'est également le cas de six des sept judokas de l'équipe masculine grecque.
Il y a quelques années, les Turcs avaient montré l'exemple, naturalisant des judokas tchétchènes pour former l'ossature de leur équipe nationale. Faute de judokas susceptibles de briller aux Jeux, les Grecs ont suivi l'exemple.
A un détail prêt : les six "Géorgiens" de l'équipe sont issus de la communauté des Pontios, une population d'origine grecque établie au Ve siècle avant notre ère sur les rives de la mer Noire et dont les caprices de l'histoire ont conduit plusieurs dizaines de milliers de représentants à s'installer en Géorgie soviétique, après avoir été chassés de Turquie au début du XXe siècle.
Les dirigeants du judo grec s'appuient sur les liens que les Pontios ont toujours tenté de maintenir avec leur pays d'origine pour justifier cette opportune vague de naturalisations. Il se trouve également que plusieurs dizaines de milliers de Pontios ont rejoint la Grèce à l'époque du démantèlement de l'Union soviétique.
Ilias Iliadis, dont deux cousins participaient également aux championnats d'Europe, à Bucarest, est ainsi arrivé sur les rives de la mer Egée en 1992, à l'âge de six ans.
"Nous avons quitté la Géorgie dès que la frontière s'est ouverte", explique son père, Nikos, aujourd'hui responsable de l'équipe nationale de judo.
Giorgi Vazagashvili, lui, n'a endossé les couleurs du pays d'origine de sa mère qu'en 2003, après avoir été deux fois vice-champion du monde des moins de 66 kilos et médaillé olympique (en 2000) quand il était géorgien. Les responsables grecs restent discrets sur les modalités de ce transfert et préfèrent insister sur la politique sportive mise en place depuis quatre années.
"Nous nous sommes donné les moyens d'avoir des résultats, explique Vangelis Soufleris, le secrétaire général de la Fédération grecque de judo, qui compte aujourd'hui environ 6 000 membres (contre 550 000 pour la Fédération française). Mais cela ne veut pas dire que nous disposons de beaucoup d'argent : notre comité olympique ne donne des subventions qu'aux sports qui obtiennent des résultats. Ceux-ci arrivent maintenant, les moyens devraient donc suivre..."
Les judokas grecs ont cependant pu bénéficier des installations du centre d'entraînement omnisports, qui a ouvert ses portes en 2003 à Athènes. Ils ont aussi pu effectuer des stages à l'étranger, essentiellement en Europe de l'Est - et en Géorgie - parce que, explique Vangelis Soufleris, "cela revient moins cher".
La langue qu'ils utilisent entre eux porte la marque de leur parcours mouvementé : "Un mélange de grec et de géorgien", reconnaît Nikos Iliadis.
Gilles van Kote
Re: les "caprices de l'histoire" (sic)
Evidemment pas de problème, ils sont Grecs. On le sait tous, on est Grec par le sang, voire par adoption, et non par le sol. :-)
En réponse à Re: les "caprices de l'histoire" (sic) par Nicolas
Re: les "caprices de l'histoire" (sic)
Il y a bien une "loi du retour" pour Israël...C'est un exemple de solidarité,de fraternité & de bon sens démographique.D'ailleurs nous devrions souvent suivre l'exemple des Juifs,peuple ancien & ayant traversé l'histoire -& ce qu'elle comporte- avec perpétuation de son identité.Disant celà je suis loin de négliger ce que subit un autre peuple,celui des Palestiniens.
La natalité grecque est faiblissime.
Le retour en Grèce après une,deux ou trois générations d'exil ou d'émigration,souvent forcés,soit par la pauvreté,soit par les persécutions (il y a eu une élimination systématique des Pontiques...),n'est pas toujours facilité & accompagné,malgré le besoin démographique.
Il y a peu,le président de la Comm. hell. de Paris,parlant,en public, de la génération née en France,de parents le plus souvent "Tourkomérites", disait:"Gallii hellinikis katagogis", (Français d'ascendance hellénique).
Ce n'est que quand j'ai protesté que l'assistance a réagi...Faite surtout de Grecs de Grèce (& non de Turquie),venus travailler en France & se partageant entre les deux pays,elle avait le même reflexe qu'en Grèce.On y dit:rossopontios (non hellin Rossias),vorio-Ipirotis (non héllin Ipirou),aigyptiotis (& non hellin Aigyptou...
Les réfugiés romii de Cons/nople ont eu beaucoup de peine à s'installer.On répondait à ces frères dans la peine,l'exil & l'abandon de leurs biens:"Ma prépi na mini to hellinikon stichion s'tin Polin!" (mais l'élément hellénique doit persister à Con/nople).
Pas une seule famille turque lausanogrecque n'a "en échange" été amenée à quitter la Grèce,y abandonnant tout,"symétriquement & lausaniquement"!
racisme
alcyon tu as raison de rappeler les origines grecques pontiques de ces "georgiens"
malheureusement les media occidentaux insistent beaucoup, disant que piros dimas est albanais (alors qu'il est grec d'albanie) et les autres georgiens
c'est incroyable quand on pense que les pays occidentaux ont des centaines d'athletes issus de leurs anciennes colonies!
que dirait on si les grecs rappelaient sans arret les origines guyano africaines de marijo perec, les origines maghrébines de zidane, etc?
en plus dans le cas grec, la plupart de ces athlètes ont des origines grecques
En réponse à racisme par Panos
Re: racisme
Je crois que c'est Yannick Noah qui plaisantait lui-même de cela en racontant comment les commentateurs, en cas de victoire, ne parlaient que du Français Noah, mais le désignaient par ses origines africaines (camerounaises par son père, je crois - et breton par sa mère) s'il venait à perdre !
En réponse à Re: racisme par Alcyon
Re: racisme
N'importe quoi !
Yannick Noah c'est un chanteur, pas un sportif !
"Saga Afrika... lalala"
En réponse à Re: racisme par Naucratis
Re: racisme
;-) ;-D :-P 8-)