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Le pape Benoît XVI se prépare à affronter l'hostilité des islamistes en Turquie

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Le pape Benoît XVI se prépare à affronter l'hostilité des islamistes en Turquie
LE MONDE | 27.11.06

Le pape doit s'envoler, mardi 28 novembre, pour la Turquie et Ankara, où il devrait rencontrer le président, Ahmet Necdet Sezer, peut-être le premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, et le grand mufti, Ali Bardakoglu. Il sera, mercredi 29 novembre, à Ephèse, au lieu dit de la Maison de Marie (où aurait vécu la mère du Christ), et restera à Istanbul, jeudi 30 et vendredi 1er décembre, pour des rencontres et des cérémonies avec le patriarche Bartholomée Ier de Constantinople, primat d'honneur de l'orthodoxie, et les minorités chrétiennes du pays.

Chronologie

12 septembre. Le pape soulève la colère du monde musulman dans un discours prononcé à l'université de Ratisbonne (Allemagne) sur la religion et la violence. Il dénonce le djihad (guerre sainte) et cite un empereur chrétien de Constantinople, au XIVe siècle, qui ne voyait dans l'islam que des "choses mauvaises et inhumaines" et chez le prophète Mahomet un chef de guerre qui défendait "par l'épée la foi qu'il prêchait".

17 septembre. Devant les manifestations qui embrasent des pays musulmans, Benoît XVI se dit "attristé" et précise qu'il n'a pas voulu exprimer une "opinion personnelle".

22 septembre. Le pape reçoit au Vatican 22 ambassadeurs de pays musulmans, auxquels il affirme que le dialogue entre chrétiens et musulmans est une "nécessité vitale".

Le pape va brièvement rencontrer le premier ministre turc
Le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a prévu de rencontrer le pape Benoît XVI à son arrivée mardi à l'aéroport d'Ankara avant de se rendre en Lettonie pour le sommet de l'OTAN, a indiqué lundi son porte-parole Mehmet Akif Beki. L'entretien pourrait durer entre 15 et 30 minutes, selon les chaînes de télévision turques. (Avec AFP)

Benoît XVI visite pour la première fois un pays d'islam, dans un climat de nervosité sans précédent. Il devra y affronter une opinion indifférente ou hostile, voire des manifestations de rue comme celle qui est annoncée pour jeudi à Istanbul par les Loups gris, noyau extrémiste du parti national-islamiste de la Grande unité (BBP), qui ont déjà pris d'assaut l'ex-basilique Sainte-Sophie le 22 novembre. Le nom de Loups gris - groupe dont était issu Ali Agça, qui avait tiré sur Jean Paul II en 1981 - crée à Rome un certain effroi.

Ce voyage n'avait au départ qu'un but religieux. Le pape Benoît XVI, qui a fait de la réunification des Eglises sa priorité absolue, voulait marcher sur les traces de Paul VI (1967) et de Jean Paul II (1979) pour rencontrer à Istanbul le patriarche de Constantinople. Effacer le souvenir d'un millénaire d'anathèmes et de violences, consolider les liens entre catholiques et orthodoxes tissés depuis la réconciliation des années 1960 (à l'initiative de Paul VI et d'Athénagoras), voilà qui suffisait largement à remplir son programme.

Mais la polémique engendrée dans les pays musulmans par son discours du 12 septembre à Ratisbonne (Allemagne) et le scepticisme qu'on lui prête sur la candidature de la Turquie à l'Union européenne ont fait déraper ce voyage, désormais très politique et à hauts risques. Les explications et regrets fournis par le pape depuis Ratisbonne n'ont pas convaincu l'opinion musulmane extrémiste de Turquie ni celle des milieux officiels, si l'on en juge par la valse-hésitation de M. Erdogan, qui a fait mauvaise impression au Vatican.

Les protestations ont pris un tour symbolique extrême. Elle visent les lieux saints d'Istanbul, près desquels aura lieu la manifestation annoncée jeudi par les Loups gris. La visite du pape à Sainte-Sophie - musée de la Turquie laïque que les islamistes souhaitent transformer en mosquée (comme sous l'empire ottoman) -, ainsi qu'au Phanar, la résidence du patriarche orthodoxe, enclave chrétienne au coeur d'Istanbul, est perçue par les extrémistes comme une volonté de reconquête et d'"alliance chrétienne" contre l'islam. Selon les services secrets turcs, outre le pape, le cardinal Walter Kasper, président du conseil pontifical pour l'unité des chrétiens, artisan du dialogue entre Rome et les orthodoxes, serait aussi menacé.

Le pape est vu en Turquie, écrit le quotidien romain Il Messagero de dimanche, "comme la pointe de diamant d'un monde occidental à la fois rêvé et redouté". Et, pour chasser les fantasmes, Benoît XVI a décidé de se rendre à la "Mosquée bleue", la fameuse mosquée aux six minarets d'Istanbul, le plus haut lieu saint de l'islam turc, voisin de l'ex-Sainte-Sophie. Il entend renouveler ainsi le geste sans précédent de Jean Paul II qui, à Damas, en mai 2000, était entré se recueillir dans la mosquée des Ommeyades. Mais on doute que ce geste de Benoît XVI puisse désamorcer la colère des islamistes.

Les autorités turques ont mis en place le même dispositif que pour la visite du président américain George Bush : 10 000 hommes seront stationnés sur le parcours du pape à Istanbul, dont des tireurs d'élite et des spécialistes de l'antiterrorisme. Dimanche, lors de la prière de l'angelus, le pape s'est déclaré "confiant dans le cher peuple turc, riche d'histoire et de culture". Le Vatican affiche sa sérénité : "Nous sommes tranquilles", assure le porte-parole, Federico Lombardi. Personne ne cache toutefois que ce séjour turc sera périlleux et que les discours du pape seront très convenus et prudents, aussi bien sur l'islam que sur l'orthodoxie. Car celle-ci a aussi très mal digéré le discours de Ratisbonne, qui a porté tort aux minorités chrétiennes des pays d'islam.

En Turquie, le pape devra résoudre plusieurs équations à la fois : montrer qu'il n'est pas l'ennemi de l'islam, mais répéter autrement ce qu'il avait dit à Ratisbonne, à savoir que le dialogue entre les religions passe par des présupposés communs comme la raison, le refus de toute violence et la liberté. Montrer qu'il n'est pas l'ennemi de l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne, mais affirmer - ce que fait déjà son ministre des affaires étrangères, Mgr Dominique Mamberti, dans le quotidien catholique Avvenire de samedi - que le pays doit remplir les conditions d'adhésion, notamment respecter la liberté religieuse de ses minorités chrétiennes. C'est sur ce dernier point que la parole du pape pourrait résonner le plus fort.

Henri Tincq
Article paru dans l'édition du 28.11.06.

Ca va etre dur pour le Pape qui de plus sera entourer d une cinquantaine de garde du corps,premiere dans les anales d un voyage de Pape,la Turquie joue gros avec cette visite ,au moindre derapage,ca sera pour elle un Warerloo politique qui aura un effet Tsunami,qui pourrait balayer tout sur son passage ????

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