"Des équipes turque et allemande d'archéologues ont découvert une ruine qui relie un coin poussiéreux de la Turquie aux Etats-Unis, à 11 000 kilomètres et 1 800 ans de distance", rapporte le New York Times. A Patara, sur la côte sud de la Turquie, ces archéologues ont déterré les vestiges du bâtiment où se réunissaient les représentants élus des 23 cités-Etats de la Ligue lycienne, première confédération d'Etats de l'Histoire, fondée en 168 av. J.-C. sur des principes démocratiques et dont le mode de gouvernement est cité par deux fois comme modèle par les rédacteurs de la Constitution américaine, proclamée en 1787 à Philadelphie. Cette référence se trouve sous la plume d'Alexander Hamilton et de James Madison.
Ce parlement, appelé le Bouleuterion, a été exhumé des sables en bon état. "L'hémicycle en pierre, les voûtes des entrées principales, et le 'trône' sur lequel s'asseyait le 'lyciarque', le président élu de la Ligue, sont particulièrement bien conservés", décrit le journal américain.
La cité antique de Patara n'a pas été uniquement une cité lycienne. Elle a vu passer des personnages aussi illustres qu'Alexandre le Grand et saint Paul. Elle est mentionnée dans L'Iliade d'Homère comme ayant participé à la guerre de Troie. Elle a connu l'empire des Achéménides, des Antigonides, des Séleucides, de Rhodes et de Rome. "Patara est à la fois une ruine grecque, byzantine et romaine, ce qui fait du site, enterré depuis des siècles sous le sable, un nouveau venu d'importance sur la scène archéologique, du même rang que des cités de grande valeur archéologique comme Troie, Pergame ou Ephèse. Patara confirme aussi l'idée selon laquelle la Turquie possède plus de ruines d'origine grecque que la Grèce elle-même", estime le quotidien.
"Bien que Patara ait été visitée par de nombreux archéologues depuis plus de deux cents ans, les fouilles ont commencé assez récemment, en partie parce que l'endroit est particulièrement difficile à explorer, à cause des sables mouvants, de la végétation envahissante pendant l'automne pluvieux et de l'eau qui s'infiltre depuis la mer Méditerranée, toute proche. L'argent aussi manque, surtout pour la protection des inscriptions figurant sur les pierres, qui, maintenant qu'elles ne sont plus enterrées dans le sable, vont subir les dommages de l'érosion", explique le journal.
"En dehors du parlement, les archéologues ont également dégagé une nécropole impressionnante, des bains romains, un large théâtre semi-circulaire, une grande avenue menant à l'agora, la place du marché, une basilique byzantine et un mur de fortification." Des découvertes qui permettront d'en apprendre plus sur l'époque de la Ligue lycienne, encore relativement méconnue.