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La yia yia grecque

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Soumis par Stella Justice le

Voilà un sujet qui ne va pas intéresser grand monde. La yia yia grecque, même relativement jeune, se consacre à prendre soin des enfants de son fils ou de sa fille. On lui demande pas son avis. Elle se doit de vivre pour sa famille. Elle n'ose pas trop contredire son mari qui quelquefois, très aimablement, lui dit: "gria!"et lui demande de faire telle ou telle tâche.
Les yia yia, elles cuisinent et partagent généreusement. Elles sont heureuses de rendre service et ne manquent pas d'être prévenantes et attentives. Mais diriez-vous si votre yia yia, se mettait à dire: "je ne peux pas garder tes enfants, j'ai ma vie! j' ai telle ou telle distraction ou activité". La yia yia grecque qui se mettrait à être un peu égoïste, ne serait-elle pas considérée comme "indigne"? A quand la rébellion des yia yia?

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kouki

C'est mieux les maisons de retraite peut-être?
Au moins les giagiades grecques se sentent encore utiles à qqchose.
En tout cas mes deux giagiades n'ont jamais eu d'oppression de la part de leurs maris je dirais même le contraire puisque c'était elles qui commandaient la famille.
Des activités les plus appréciées pour les giagiades grecques c'est d'avoir à s'occuper de leurs petits-enfants.
Moi, personnellement je ne suis pas au courant de quelles autres activités pourraient bien mes giagiades avoir ? Du tennis par exemple ou la visite de musées c'était pas leur genre.
Les giagiades grecques ne sont jamais soumises et si elles veulent se manifester à quoique ce soit elles connaissent bien la manière de le faire.

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sam 13/07/2002 - 23:03 Permalien
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Stella Justice

En réponse à par kouki

Kouki, il n'est pas utile de mettre en opposition ce qui existe en France avec ce qui existe ailleurs. Les maisons de retraite accueillent des personnes qui sont dépendantes et crois-moi, il y a en a qui sont excellentes. Je connais bien les Maisons de Retraite et il s'y fait un travail remarquable. (en France)
Les personnes valides restent chez elles.
C'est vrai que les yia yia expriment presque toujours le bonheur d'avoir des petits enfants. Est-ce que cela doit devenir pour cela une activité presque à plein temps et une responsabilité quelquefois contraignante? On lui attribue ce rôle mais je pense que dans quelques années, ceci aussi sera dépassé dans la société grecque. Les activités culturelles, les associations, le bénévolat de toutes sortes ne manquera probablement pas d'exister en Grèce comme ils existent partout ailleurs pour celles que nous appelons nous, les mamies. Et, des tas d'autres sorties même sans être accompagnées par des membres de la famille. Allez, disons dans dix ans. Cela ne les empêchera pas d'être aussi tendres et attentionnées qu'elles le sont aujourd'hui.

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dim 14/07/2002 - 21:28 Permalien
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kouki

En réponse à par Stella Justice

Est-ce que tu crois que les activités culturelles, les associations, le bénévolat de toutes sortes ont un intérêt plus fort que son propre sang, les petits enfants?

A quoi bon de transformer les mamies, les giagiades en gadgets et consommatrices acharnées fut-il de culture ?

Au bout du compte est-ce que tu crois que les activités dont tu parles rendent-elles les giagiades plus heureuses que la "corvée" que leur cause la garde de leur propres petit-enfants ?

Crois-tu qu'elles seraient plus heureuses à vendre leur service à leurs enfants ou à leurs voisins et avec cet argent s'offrire des activités culturelles et de thalasso ?

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lun 15/07/2002 - 01:19 Permalien
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CHRIS

La yiayia grecque n'abandonnera jamais ses enfants ou petits enfants ou aller bronzer ses fesses au Sénégal.

Moi je suis bien content qu'elles soient aimantes, et crois moi, elles ne sont pas plus malheureuses ni moins épanouies que les grand-mères françaises.

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dim 14/07/2002 - 13:41 Permalien
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Stella Justice

En réponse à par CHRIS

Chris, la vie de nos grand parents ne nous appartient pas, ils ne sont pas à notre disposition. Beaucoup de jeunes parents abusent de leur dévouement. Je ne vois pas pourquoi les yia yia ne se paieraient pas du bon temps sur les îles grecques ou ailleurs, avec leurs copines. Mes propos te semblent complétement déraisonnables. Possible.

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dim 14/07/2002 - 21:35 Permalien
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papous

Vivement que les giagiades montent un MLG (Mouvement de Libération des Griès) et qu'elle aillent se faire une jeunesse dans un concert de Rakintzis. Au moins comme ça elles nous ficherraient la paix.

Gria mou S.A.G.A.P.O.

Enosis Epanastatimenon Papoudwn

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lun 15/07/2002 - 01:23 Permalien
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Stella

J'abandonne le "c'tait la justice" dont le clin d'oeil passe mal. Les Yia Yia et les Papou sont la mémoire vivante de la vie en Grèce, ce dernier siècle. Leur histoire personnelle est souvent très intéressante et pleine d'anecdotes et eux-même n'ont pas forcément conscience que leurs témoignages parlent mieux que des discours convenus et solennels. Les africains disent: "un ancien qui s'en va, c'est une bibliothéque qui disparaît".
Pourtant, la vie qu'ils croient toute simple de chacun de nos grands parents pourrait nourrir l'essence d'un roman où s'inscriraient les moments tragiques d'événements historiquement reconnus tout autant que les péripéties du quotidien. Leurs récits ne connaissent pas la fadeur et leurs souvenirs peuvent donner le goût du miel comme celui de l'amertume. Surtout, quand ils ne seront plus là, nos questions resteront sans réponse.

Pour celui qui ne connaît pas trop la Grèce, il n'y a pas de banalité quand il s'agit d'un souvenir raconté simplement et ayant pris place dans une société bien sûr, transformée aujourd'hui. Pourriez-nous faire écouter par cyber interposé, même un tout petit morceau de vie de ces grands-parents qui vous en ont raconté des tonnes.

Je prenais mon petit café grec avec une yia yia qui faisait des merveilles avec son crochet. Tout un petit monde géométriquement parfait. Je le faisais remarquer à sa petite-fille qui, elle n'avait pas l'air de vraiment apprécier. (Normal, ce genre de goût, vient souvent après l'ado., avant on se démarque de toute sa force ravageuse). Nous en sommes venues à la question qu'après un peu de temps, on pose toujours, "comment as-tu rencontré ton époux?". A l'époque, les jeunes gens chantaient leurs louanges sous les fenêtres de la jeune fille. Ils jouaient du bouzouki et leur chantaient des chansons en hommage à leur charme. Son futur mari chantait sous la fenêtre de sa maison. Le père de la jeune fille a attrapé un grand seau d'eau et l'a jeté sur le garçon. Mille seaux ne l'auraient jamais découragé.

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jeu 18/07/2002 - 13:40 Permalien
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Stella

Toula Keramidas a quitté, il y a bien des années, sa belle île natale de Mytilène pour rejoindre sa famille au Maroc. Elle et son mari, Théodoros, se sont ensuite installés en France où ils vivent depuis plus de 40 ans maintenant. Leur maison se trouve dans le même quartier que la mienne.
Toula a raconté sa vie dans un livre complétement autobographique qui est un chant d'amour pour sa mère mais aussi un chant d'amour pour sa terre natale.
Je viens de lui téléphoner pour lui demander son accord pour évoquer ses souvenirs.
le kafeneio, qu'elle décrit ci-dessous, est identique à un de ces kaféneio où vous pourriez vous installer pour boire très lentement votre kafédaki en conversant posément.

" Un soir, pendant la veillée devant la cheminée, une énorme souris fit son apparition. Ma mère, terrorisée par cette bestiole, me chargea d'aller chercher mon père au café Vassilis.
En arrivant au café, j'ai regardé à travers les carreaux d'une fenêtre embuée par la fumée des cigarettes. J'ai aperçu mon père, assis à une table, au milieu de la salle, occupé à jouer aux cartes avec d'autres hommes.

J'étais une fillette farouche et la présence des hommes, surtout dans un café où aucune femme n'entrait, me mettait mal à l'aise. Mais, rassemblant tout mon courage de petite fille, je suis entrée et je me suis précipitée vers mon père. Les hommes me regardaient avec étonnement et curiosité.

Je me suis penchée et j'ai murmuré à l'oreille de mon père qu'une grosse souris s'était permis de pénétrer dans notre cuisine et que ma mère m'avait envoyé le chercher. Il s'est tout de suite levé en s'excusant auprès de ses amis d'abandonner la partie de cartes."

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sam 20/07/2002 - 12:26 Permalien
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Toula

Harilkia, c'était le prénom de ma mère. Elle portait à l'époque le traditionnel costume de mon île, qui se composait d'un long sarouel appelé vraka avec des petits corsages seyants. Ses cheveux étaient tressés derrière sa nuque et un foulard couvrait sa tête.
Elle avait sa crevati, son instrument de tissage. Elle s'en servait comme une artiste, faisant travailler aussi bien se mains que ses pieds posés sur les pédales du métier. Des objets hétéroclites régnaient là en maîtres: les pitharias en terre cuite, enfoncés dans la terre, alignés le long des murs, remplis d'huiles; en face les fûts qui nous servaient à faire notre vin.
De Toula Keramidas.

Cette évocation puise sa source dans les années 1930, sa véracité se prolonge au delà.
Dans les années 80, 90, le crevati (lit) servait aussi de meuble de rangement.
Les villageois gardent leur huile dans une cantine et achètent le pain enfourné à l'aide du "tfiari" dans le four campagnard proche. Ils mettent dans des petits sacs de lin les pâtes (zimaria), les lentilles et les haricots. Les étudiants gardent chez eux à Athènes ces précieux petits stocks. Même de temps en temps, le père ou la mère, se rend à la ville où les enfants étudient pour leur porter ces "trophima" avec de l'eau de source. J'ai pour ma part voyagé avec des personnes qui avaient choisi l'autobus pour porter à leurs enfants, étudiants en Italie, un tas de "fayita". Pour beaucoup de familles qui avaient connu des privations dans les 40, 50, 60, tout l'espoir était mis dans les études des enfants. Les jeunes villageois et les jeunes villageoises faisaient leurs études à Athènes ou à Salonique, sans pratiquement, un sou d'argent de poche. La peur de manquer qui a ses racines dans les années difficiles a accompagné le sentiment de responsabilité parentale. Stella.

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dim 21/07/2002 - 11:51 Permalien