La Turquie déçue mais résignée devant l'offre européenne
BRUXELLES (Reuters) - La Turquie s'est déclarée vendredi déçue par l'offre de l'Union européenne sur son adhésion, qui est conditionnée à la reconnaissance implicite de Chypre, mais a paru résignée à l'accepter faute d'alternative.
Le Premier ministre néerlandais Jan Peter Balkenende, dont le pays préside pour l'instant l'UE, et son homologue turc Recep Tayyip Erdogan se sont rencontrés par deux fois depuis que les dirigeants européens ont arrêté jeudi soir leur position.
La Turquie, ont-ils décidé, pourra entamer des négociations le 3 octobre 2005 avec pour objectif l'adhésion pleine et entière, sans garantie de résultat final positif.
Mais une condition majeure devra être préalablement remplie: les autorités turques devront avoir signé un protocole à l'accord d'Ankara, qui étend aux 10 nouveaux membres de l'UE, dont Chypre, le bénéfice de l'union douanière UE-Turquie.
Cela signifierait une reconnaissance implicite de la république grecque de Chypre, un geste que les Turcs ont toujours refusé de poser tant que l'île, dont ils occupent la partie Nord-Est depuis 1974, n'aura pas été réunifiée.
Le projet de conclusions demande même que la Turquie paraphe cet accord dès vendredi pour montrer sa bonne volonté, ce qui constituerait une énorme victoire pour Chypre et la Grèce.
Une reconnaissance formelle est une condition pour l'adhésion elle-même, qui n'est pas prévue avant dix ans.
La Turquie, qui a envoyé jeudi des signaux contradictoires sur ce dossier, Erdogan affirmant qu'il défendrait "l'intérêt national turc", n'a pas caché ses sentiments vendredi.
SCHRÖDER OPTIMISME
"Il y a de la déception du côté turc", a déclaré un responsable de la délégation turque à Bruxelles.
Selon lui, Erdogan s'est montré très "franc" lors de ses réunions avec Balkenende, qui doit faire rapport aux Vingt-Cinq afin qu'ils décident de modifier ou de maintenir leur offre.
"Vous choisissez 600.000 Grecs (chypriotes) contre 70 millions de Turcs et je ne peux pas expliquer cela à mon peuple", aurait-il déclaré à son interlocuteur.
Mais une certaine résignation semble gagner la Turquie, qui ne pense visiblement pas pouvoir infléchir leur position.
"Les chances de procéder à des changements importants du projet sont faibles", souligne-t-on dans la délégation turque.
Les dirigeants européens ont confirmé cette impression.
"C'est à la Turquie de décider si elle veut être membre", a déclaré le Premier ministre suédois Goran Persson. "Nous pouvons les inviter, mais nous avons certaines conditions."
Le chancelier Gerhard Schröder s'est montré optimiste.
"Je pense que nous pouvons trouver des modalités qui permettront aux deux parties d'accepter", a-t-il déclaré.
Le Royaume-Uni, l'un des meilleurs alliés de la Turquie dans l'UE, s'est quant à lui chargé d'amadouer Ankara.
L'extension "technique" de l'union douanière "n'implique pas une reconnaissance formelle ou informelle du gouvernement de Chypre et nous tentons de rassurer la Turquie sur ce fait", a expliqué le secrétaire au Foreign Office, Jack Straw.
Pour Londres, on peut avoir des relations commerciales avec un pays sans le reconnaître, comme le prouve Taïwan.
Pour le reste, les conditions dans lesquelles les négociations s'ouvriront et se tiendront pendant les dix ou 15 prochaines années font pratiquement consensus.
LONDRES APPLAUDIT CHIRAC
La date du début des pourparlers a été fixée au 3 octobre prochain, à l'occasion d'une réunion des ministres des Affaires étrangères, une date suffisamment éloignée du référendum français sur la Constitution européenne envisagé au printemps, afin de minimiser les interférences entre les deux dossiers.
Jack Straw a d'ailleurs "applaudi le courage et la stature d'homme d'Etat du président (Jacques) Chirac qui, contre la tendance de l'opinion publique en France a défendu ce texte" qui prévoit l'adhésion et non un simple "partenariat privilégié".
"L'objectif commun des négociations est l'adhésion", peut-on lire dans le texte du sommet de Bruxelles.
Mais les dirigeants européens sont convenus que le processus serait "ouvert", sans "garantie" de succès, ce qui va sans dire, mais les Vingt-Cinq ont tenu à l'exprimer de manière explicite.
Ils ne veulent pas se lier les mains en préjugeant du résultat de la négociation et ont décidé d'insister sur le fait qu'en cas d'échec des pourparlers des dispositions seront prises "pour que le candidat concerné soit pleinement ancré dans les structures européennes par le lien le plus fort possible."
Il s'agit là d'une réponse aux propositions françaises pour bien démontrer que le processus ne mènera pas inéluctablement à l'adhésion afin de rassurer une opinion publique hostile.
D'autres conditions sont également fixées.
L'unanimité sera la règle pour l'ouverture et la clôture de chaque chapitre, qui dépendront en outre de la mise en oeuvre des réformes sur le terrain, et les pourparlers pourront être suspendus en cas de violation des droits de l'homme.
L'adhésion ne pourra être conclue avant 2014, lorsque l'UE aura révisé son budget et, peut-être, ses politiques communes.
Enfin, le projet de conclusions évoque la possibilité permanente pour les Etats membres actuels de l'UE de fermer leurs marchés aux travailleurs turcs, mais cette question divise encore les Vingt-Cinq et n'est guère du goût des Turcs.
Re: PETIT SUPPLEMENT
Médias
Turquie: La presse turque évoque une "crise" sur Chypre au sommet européen
17/12 09:38 La presse turque estimait vendredi qu'une reconnaissance par la Turquie de la République de Chypre demandée à Ankara par l'Union européenne à son sommet de Bruxelles avait provoqué une "crise".
"La crise chypriote avec l'UE", titrait Radikal.
Le journal pro-européen estimait que la menace d'un veto chypriote-grec en l'absence d'une reconnaissance de Chypre par la Turquie avait jeté une "ombre" sur la date "tant attendue" par les Turcs pour l'ouverture de pourparlers d'adhésion à l'Union europénne.
Le sommet de Bruxelles a proposé d'ouvrir les négociations d'adhésion à l'UE le 3 octobre 2005 à condition qu'Ankara s'engage à reconnaître la République de Chypre.
"Impasse chypriote-grecque", titrait de son côté Vatan, soulignant que les tractations diplomatiques sur Chypre se sont poursuivies à Bruxelles jusqu'aux premières heures de vendredi entre diplomates turcs et européens.
Les dirigeants de l'Union européenne tablent sur l'engagement vendredi de la Turquie à reconnaître Chypre, selon le projet de conclusions du sommet de Bruxelles obtenu par l'AFP.
"Le Conseil européen salue la décision de la Turquie de signer le protocole relatif à l'adaptation des accords d'Ankara en prenant compte de l'adhésion des 10 nouveaux Etats membres (de l'UE)", indique le document, en référence aux accords d'association qui lie les Européens et les Turcs depuis 1963.
L'extension par la Turquie de l'accord d'Ankara à l'ensemble des 10 nouveaux membres de l'UE, dont fait partie la République de Chypre, équivaudrait à une reconnaissance juridique des autorités de Nicosie à laquelle le gouvernement turc s'est refusé jusqu'ici.
Selon le journal à gros tirage Hurriyet, les diplomates turcs qui se sont réunis à plusieurs reprises avec le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan à l'hôtel où loge la délégation turque, lui ont conseillé de rejeter cette demande.
"La bataille de Chypre", titrait ainsi ce quotidien alors que Aksam parlait d'une "désillusion" à Bruxelles.
Re: La Turquie déçue mais résignée devant l'offre européenn
Merci Mr ERDOGAN
L'intransigeance de la Turquie sur le problème chypriote va peut-être enfin ouvrir les yeux des dirigeants européens et leur faire comprendre quelle est le véritable objectif de Mr ERDOGAN.
L'UE c'est un formidable tiroir caisse à investir et rien d'autre.
Pauvres naïfs européens ! C'est Mr BUSH qui va être content !
Pauvres Chypriotes,pauvres Arméniens,pauvres Grecs d'Asie Mineure,pauvres Kurdes vous ne pesez pas lourd dans la balance.
En réponse à Re: La Turquie déçue mais résignée devant l'offre européenn par mustafa
Re: La Turquie déçue mais résignée devant l'offre européenn
salut mustapha.
il y a une donnée que tu semble ignorer et elle est de taille, les turcs sont pragmatique.
et puis la fierter s'enfuit quand l'appel de l'or se fait entendre a moins que mr erdogan a peur d'aller en pison(nouveau code penal turcs) si il reconnaissait la republique de chypre ce qui rendraient service a tous les chypriotes mais pas au militaire et au colon anatolien.
En réponse à Re: La Turquie déçue mais résignée devant l'offre européenn par kara
Re: La Turquie déçue mais résignée devant l'offre européenn
J'espère que Erdogan ne fera pas grand chose pour son entrée afin que la Grece et d'autres pays puissent dire NON à son entrée.
En réponse à Re: La Turquie déçue mais résignée devant l'offre européenn par atyla
La signature des accords douaniers n'est pas une reconnaissance
Ce n'est pas moi qui le dit c'est Erdogan...
Je ne vois pas comment on peut signer un contrat liant deux parties en ignorant la partie cosignataire...
Vous remarquerez au passage que même lors du referendum on n'a pas autant parlé de Chypre qu'aujourd'hui...
Les Français n'avaient semble-t-il pas encore compris le problème! et on se demande en les écoutant aujourd'hui si ils ont compris...
En réponse à La signature des accords douaniers n'est pas une reconnaissance par Christos
Re: La signature des accords douaniers n'est pas une reconnaissa
non et le seule a l'avoir dit est alexandre del valle sur c'est dans l'air l'emission de france 5.
il a explique que le plan annan etait illegal du point de vue du code internationnal et que les chypriotes grecs avaient eu raison de le refuser.