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La Grèce en guerre 1940-1941. Troisième phase de la guerre (du 29 décembre 1940 au 26 mars 1941), par le maréchal A Papagos, suite 11.

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Soumis par efthymiouthomas le

[i] En exécutant les ordres du Haut-Commandement hellénique, le IIe Corps d'armée commença son offensive le 30 décembre, en engageant la 1e Division d'infanterie, la Ve Brigade et la 15e Division d'infanterie, et réussit, jusqu'au 10 janvier 1941, à occuper, en Albanie, la ligne Garonín' – Podgoráni et le nœud de Klissoúra.

L'ennemi réagit vigoureusement à l'attaque du IIe Corps d'armée. Les positions qu'il occupait et, plus spécialement, la région de Klissoúra, étaient aménagées par un système de tranchées et de barbelés, et leur défense assurée par les unités des 3e Division alpine Julia, 5e Division d'infanterie Poustéria, 47e Division d'infanterie de Bari, toutes récemment reconstituées, et par des unités de la 6e Division d'infanterie Cuneo, qui montait pour la première fois au front.

L'ennemi engagea, pour arrêter les unités helléniques, au N de Garonín', une nouvelle division, la 7e Division d'infanterie, dite « Loups de Toscane». Cette division s'apprêtait à contre-attaquer. La 15e Division hellénique, en pleine tempête de neige, attaque, culbute et débande la division italienne des Loups de Toscane. Poursuivant son avance, notre division progresse vers le N, et, soutenue par une partie de la 11e Division d'infanterie, franchit la rivière Apsos (le reste de la 12e Division d'infanterie était à l'E de la rivière, dans la région de Dobroússia). Elle occupe la région de Spandarít. Le 22 janvier 1941 nos unités occupent la ligne de crête Garonín' – Spandarít. Plus à l'O, la 1e Division, repoussant les Italiens, arrive aux contreforts N du Mt Trébéssína.

De nouvelles forces italiennes sont amenées dans ce secteur : la 24e Division d'infanterie Pinérolo, la 22e Division d'infanterie, dite « Chasseurs des Alpes », ainsi que des unités et des 37e Division d'infanterie de Modène et de la 51e Division d'infanterie de Sienne, qui avaient été reconstituées.

Nous devons faire les remarques suivantes sur les opérations de notre IIe Corps d'armée, du 30 décembre 1940 ou 25 janvier 1941 :

- Les 1e, 15e Division d'infanterie, la 5e Brigade d'infanterie et une partie de la IIe Division d'infanterie, qui combattaient sur le front depuis les premières heures de la guerre, et dont nous n'avions pu, qu'en partie, combler les pertes, attaquèrent avec succès les armées italiennes. Celles-ci étaient fortes de neuf divisions, dont les quatre : 6e Division Cuneo, la 7e Division des Loups de Toscane, la 24e division Pinérolo et la 22e Division des Chasseurs des Alpes, étaient engagées pour la première fois. Les cinq autres Divisions : 3e Julia, 47e Bari, 5e Poustéria, 37e Modène et 51e Sienne avaient été regroupées et reconstituées en hommes et matériel. En plus de la grande disproportion numérique des forces engagées, les Italiens bénéficient encore de leur supériorité en aviation et en artillerie à trajectoire courbe, très efficace dans les combats de montagne. Enfin, nos véritables difficultés de ravitaillement augmentaient par le fait que nous nous éloignions de nos bases en avançant, alors que l'ennemi, en se repliant, se rapprocher des siennes.

- Durant cette même période, la situation sur le reste du front d'Albanie fut relativement calme. Les combats se confinèrent à quelques engagements locaux, à des duels d'artillerie, à des opérations limitées de nos unités pour améliorer leurs positions et qui, toutes, réussirent. L'ennemi avait regroupé toutes ses unités déjà engagées, et jeta dans la zone du Ie Corps d'armée des forces fraîches : le Bataillon des Chemises noires Varèze et la 18e Légion de Chemises noires, composée des 18e et du 19e Bataillons dans le secteur de Chimára. Le bataillon de Chemises noires Albrio dans la région de Vravísta, le 110e Bataillon de mitrailleuses dans le secteur de Liouzets – rivière Béntzia et dans la région de Tépéleni, le 36e Bataillon de Chemises noires et le 3e Bataillon de mitrailleuses, se livrèrent à plusieurs attaques, certaines soutenues par des chars d'assaut. Toutes échouèrent. Sur la côte de la mer Ionienne, la flotte italienne bombarda à plusieurs reprise nos positions. L'aviation italienne, chaque fois que le temps le permettait, fut extrêmement active contre nos unités et nos positions durant cette période.

Pendant ce même laps de temps, les troupes helléniques, mettant à profit la pause des grandes opérations offensives sur presque tout le front d'Albanie, purent se regrouper, tentant de combler plus ou moins leurs pertes en hommes, animaux, subsistance et matériel.

La Ve Brigade d'infanterie hellénique dut être dissoute à cause des très nombreuses pertes en hommes qu'elle avait subie. Ses hommes furent incorporés aux autres unités du IIe Corps d'armée. La IIIe Brigade d'infanterie et le détachement de Thesprotie avaient subi le même sort. Leurs hommes furent incorporés aux unités du Ie Corps d'armée. La 5e Division d'infanterie fut déplacée de la région de Korytsá au secteur du IIe Corps d'armée. La 16e Division d'infanterie, du secteur d'Amyntéon', passa dans celui de Korytsá.

Le dispositif hellénique, surtout le front d'Albanie, fut désormais :

- Armée de Macédoine occidentale, d'E en O, les 13e, 9e, 10e Divisions en première ligne, et la 17e Division en réserve. La 16e Division fut affectée à cette zone pour relever les unités de la 10e Division, dont les importantes pertes avaient le plus besoin d'être reconstituées.
- IIe Corps d'armée, d'E en O, les 11e, 15e et Ie Divisions d'infanterie, en deuxième ligne.
- Ie Corps d'armée, d'E en O, les 2e, 8e, 3e Divisions en première ligne. Certaines unités de ses divisions servent de réserve en deuxième ligne.
- Réserves générales : la Division de cavalerie (Kónitsa – Élaia), et la 4e Division d'infanterie (Libóchovo – Kakavia).

La ligne des crêtes de la Trébéssína, à la suite des opérations du 29 décembre 1940 au 25 janvier 1941, avait été conquise par quelques sections helléniques. Elles avaient dû être retirées du sommet, à cause des très violentes tempêtes de neige des derniers jours de janvier, et ramenées sur les pentes E de la montagne.

Profitant de ce déplacement, les skieurs italiens des bataillons alpins s'installèrent sur le sommet. Ils furent bientôt renforcés par la 26e Légion de Chemises noires, composée des 7e et 53e Bataillons. Couvertes par ces troupes, des unités fraîches de la 58e Division d'infanterie, nouvellement amenées au front, se concentrèrent sur les pentes O de la Trébéssína. Attaquant le 29 janvier 1941, elles repoussèrent nos sections, en tachant d'atteindre la route carrossable et de menacer Klissoúra.

Nos forces du IIe Corps d'armée, qui se trouvaient sur place, avec quelques renforts, réussirent à arrêter les Italiens sur les pentes E de la Trébéssína. L'intervention d'un régiment de notre 5e Division d'infanterie, juste arrivé, rétablit la situation. Les Italiens furent rejetés sur les pentes O de la montagne. Ces très durs combats durèrent jusqu'au 30 janvier 1941.

En même temps, l'ennemi attaqua les hauteurs S de l'Aoos, dans le secteur de Maléssíova, cherchant à forcer aussi de ce côté le défilé de Klissoúra. Il lança ses chars d'assaut dans le défilé lui-même, et jeta une nouvelle unité fraîche dans la bataille, le 68e Bataillon de Chemises noires. Toutes ces tentatives ennemies, poursuivies, même après l'échec de la Trébéssína, avec une obstination particulière, furent repoussés par les nôtres. D'autres attaques violentes italiennes, entre le 1er et le 10 février 1941, dans la région de Boubéssi, échouèrent également.

Toutes ces tentatives italiennes pour reconquérir Klissoúra nous imposaient de détruire tout leur dispositif, et d'assurer la défense de Klissoúra sur un périmètre plus étendu.

Nos opérations avaient été prévues pour la mi-janvier. Les conditions atmosphériques extrêmement mauvaises et l'altitude du sommet de la Trébéssína (1923 m) n'en permirent pas la réalisation.
Notre attaque fut remise au 3 février. Elle devait être entreprise avec la plus grande partie de la 5e Division, au N de l'Aoos, et une partie de la 2e Division au S du fleuve, avec comme objectif la conquête, au N de l'Aoos, du massif Sén Délí, et des régions de Métzigórani et de Péstáni au S du fleuve.
Le très mauvais temps persistant, l'opération dut être remise, une fois de plus, au 13 février.
Étant donné qu'en engageant la 5e Division d'infanterie dans cette attaque le IIe Corps d'armée n'aurait plus de réserves suffisantes, la 17e Division d'infanterie reçut l'ordre, début février de se rendre, à marches forcées, de la région de Korytsá à celle de Préméti. La 6e Division d'infanterie, transportée par chemin de fer de Macédoine orientale à Phlorina, irait, à marches forcées, vers Korytsá dès son débarquement, pour remplacer la 17e division, comme réserve de l'Armée de Macédoine occidentale.

Dans la première dizaine de février, un Commandement hellénique commun aux Ie et IIe Corps d'armée fut institué, sous le nom d'Armée d'Épire, et mis sous les ordres du Général en chef. Jusqu'aux 14 février le Haut commandement hellénique se trouvait à Iôánnina, avec un échelon de l’État-major général, et commandait ces deux Corps d'armée.
Le danger d'une attaque allemande ou germano-bulgare obligea le Haut commandement hellénique à quitter Iôánnina pour s'installer dans une région plus centrale des objectifs de théâtres d'opérations, albanais et bulgare.
Cette nécessité avait imposé la création de l'Armée d'Épire. [/i]

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